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Formation des sciences de gouvernement

La formation des sciences de gouvernement en Europe, XIXe-XXe siécle

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Publicado sexta, 30 de junho de 2000

Resumo

Lieu : Grenoble, Institut d'Etudes Politiques Maison Rhône-Alpes des Sciences de l'Homme (MRASH) Date : 16-17 novembre 2000 Comité d'organisation Olivier Ihl, I.E.P. Grenoble- CIDSP-CNRS Martine Kaluszynski, CERAT-CNRS Renau

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Lieu : Grenoble, Institut d'Etudes Politiques
Maison Rhône-Alpes des Sciences de l'Homme (MRASH)
Date : 16-17 novembre 2000

Comité d'organisation

Olivier Ihl, I.E.P. Grenoble- CIDSP-CNRS
Martine Kaluszynski, CERAT-CNRS
Renaud Payre, CIDSP-CNRS
Gilles Pollet, I.E.P. Lyon-CERAT-CNRS
Rachel Vanneuville, CERAT-CNRS

Thématique du Colloque

La thématique du colloque porte de manière générale sur l'analyse socio-historique des tentatives d'institutionnalisation de savoirs théoriques et pratiques sur le politique et l'action publique. Elle s'attache à l'étude des différents moments et figures historiques ayant visé, explicitement ou plus implicitement, à fonder des "sciences" de gouvernement, analysant ces entreprises de rationalisation savante ou ordinaire de la "conduite des conduites" dans l'Europe des XIXe et XXe siècles qui est celle de l'affirmation de l'Etat, de la nation et de la démocratie représentative, celle aussi de la bureaucratisation des savoirs, du développement de la grande industrie et de la redéfinition des rapports entre les âges, les sexes et les groupes sociaux.

L'ambition est moins d'étudier l'histoire d'une discipline en partant des représentations qu'on en a et de ses problématiques contemporaines que d'aller explorer des moments au cours desquels ont pu émerger et s'organiser des "sciences" qui ont pris le gouvernement des corps et des esprits comme mobile et comme motif. Nés de l'action de groupes militants ou de réseaux scientifiques, ces "arts" de gouvernement ont prétendu se hisser à la hauteur d'une science du politique. Au terme de quelles difficultés et de quelles tractations ? Sous le poids de quelles nécessités et à partir de quels contextes économique, social ou démographique ? Poser la question, c'est se donner les moyens de comprendre les usages de la notion de scientificité dans l'espace des productions savantes ayant le politique pour objet. L'histoire de la science politique a en effet trop souvent les allures d'une mémoire, à la fois univoque et enchantée. Son écriture risque constamment de rencontrer deux écueils : celui de l'anachronisme ­ rendre compte du passé à partir du seul point de vue qu'offre la situation présente ­, celui de l'académisme ­ rendre compte du passé dans les termes des disciplines autour desquelles se construit de nos jours sa légitimité institutionnelle.

L'objet de ce colloque vise ainsi à interroger le degré d'indépendance de ces savoirs par rapport au politique et de mettre en lumière les conditions qui ont rendu possible leur autonomisation. En déplaçant le regard vers ce qui est souterrain, périphérique, équivoque, ces journées aspirent alors à saisir la pluralité et la complexité des approches, modèles, techniques, institutions, réseaux, acteurs qui ont historiquement oeuvré à la constitution de ces savoirs, représentations et actions sur le politique. Le caractère européen du colloque permettra à la fois de mettre en lumière l'existence éventuelle de réseaux de circulation des idées et pratiques et tout autant d'ouvrir une perspective comparatiste essentielle à la restitution des spécificités nationales et historiques.

L'institutionnalisation de ces savoirs a supposé la mobilisation de soutiens spécifiques, elle a requis la mise en oeuvre de stratégies et de supports de publicisation : quels sont-ils ? Comment se constituent-ils ? Elle a également nécessité l'obtention de signes de reconnaissance et de ressources diverses pour transformer des préoccupations militantes en discours universitaire, prétention académique ou simplement formulation doctrinale : comment la production de savoirs en matière politique débouche-t-elle sur des "sciences d'Etat", légitimées et mobilisées par des administrations publiques confrontées à des problèmes spécifiques ? Quelles figures et quelles assurances ont pu donner sens à ce gouvernement du savoir qui désormais subordonne et habilite le gouvernement du nombre ? De quelles "vertus" académiques jouissent les savoirs érigés en sciences du pouvoir ?

On a pu repérer dans des communautés scientifiques distinctes une convergence d'intérêts identifiée par un petit nombre de travaux, assez récents, qui oscillent entre histoire politique, histoire(s) des sciences et socio-histoire des modèles et des catégories d'action publique et qui peuvent servir de référence pour cadrer la problématique de ce colloque. Certains s'attachent à repérer et à expliciter les contextes et les enjeux de la constitution d'une nouvelle gouvernementalité d'État basée sur la maîtrise et la légitimation de l'outil et de la technique statistiques. Concernant les transformations techniciennes des modes de gouvernement et les relations entre les savoirs et questionnements sur l'État et l'administration publique d'un côté, leurs tentatives de réalisations empiriques de l'autre, la période de la IIIè République et de Vichy ont été particulièrement explorées, principalement par des historiens et des spécialistes de l'histoire ou de la sociologie du droit et des institutions. La dimension comparée de l'analyse a été ici bien mise en valeur tant les processus de mimétisme institutionnel et d'échanges croisés entre différents pays, et notamment entre l'Europe et les États-Unis, sont importants et nombreux. Par ailleurs, des travaux ont abordé, voire pour certains "défriché", sous des angles d'attaque différents mais complémentaires les questions que nous sommes amenés à nous poser.

Enfin, des thèses soutenues récemment ou en cours de réalisation ont commencé à baliser directement la thématique que nous souhaitons développer pour ce colloque, soit en réinvestissant des objets canoniques de la discipline comme l'École libre des Sciences Politiques pour en analyser les références et les fondements idéologiques centraux, soit en analysant les processus complexes qui ont - ou non - mené à l'institutionnalisation de savoirs différenciés concernant des modes de gouvernement spécifiques, leurs représentations et théorisation, à travers la technologie de l'évaluation, soit encore en s'interrogeant dans des perspectives distinctes mais pour une même période (la III République) sur les modalités d'établissement et les usages de la figure du citoyen dans la constitution d'un "modèle" républicain, sur la formation d'une science coloniale dans ses dimensions française et britannique, sur les politiques de régionalisation ou sur l'impossible institutionnalisation d'une science communale (1900-1950). En s'attachant à l'objectivation des théories et pratiques de gouvernement, le colloque met ainsi l'accent sur les processus et formes qu'elle a pu prendre, les usages sociaux dont elle a été l'objet, les acteurs et matériaux qui l'ont portée, les échecs et réussites qu'elle a connus. Une perspective qui conduit à adopter quatre axes structurant le déroulement de ces journées et offrant des éclairages différents sur cette question de la formation des sciences de gouvernement en Europe :

1. La production des savoirs : lieux et acteurs
Il s'agit de focaliser le regard sur la naissance des savoirs comme éléments contribuant à l'art de gouverner et fondant l'action politique. L'accent est ici mis sur le contexte, les conditions d'émergence et de production de ces manières de penser le politique. Quels sont les moments, les acteurs ou communautés d'acteurs qui favorisent l'émergence de ces savoirs, fournissent les conditions de légitimité nécessaires à leur utilisation comme instruments de gouvernement ?

2. Faire savant
L'objectif est de réfléchir à la mise en forme des habits savants du politique. Il faudra nous interroger sur les choix, souvent multiples, des espaces et modalités d'expression et de diffusion des savoirs sur le politique : réseaux, revues, congrès, associations, etc. Associative, internationale, locale, administrative..., la nature de ces supports peut offrir des clés d'explication quant à la façon dont ces savoirs circulent, s'ancrent, voire s'institutionnalisent.

3. Le politique saisi par les sciences de gouvernement
Il s'agit de poser la question de la capacité de ces savoirs à investir le politique et à participer à sa définition. On peut ici prendre l'idée des "cibles", des territoires, des institutions sur lesquels vont agir les savoirs et techniques. Dans quelle mesure contribuent-ils à la reconnaissance (voire au façonnement et à la structuration) d'un problème politique en champ d'intervention de l'action publique (ex. : la ville, le crime, l'enfance, etc.) ? Quel est le rôle de la figure de l'expert dans le champ politique ?
4. Les usages politiques de l'académisme
On voudrait ici s'interroger sur la façon dont les savoirs instrumentalisés par les gouvernants ont pu se transformer en académisme conduisant à leur rigidification. Peut-on réussir à repérer quelles sont les utilisations ­ réelles, détournées ­, quelles sont les articulations, les moyens de transmission des sciences ainsi déployées par les gouvernants, qu'il s'agisse de la mise en oeuvre de politiques publiques, de l'élaboration de lois ou de l'institutionnalisation d'enseignements et de disciplines ?

Références bibliographiques


Michel Foucault définit ces entreprises comme l'"ensemble des procédures et des moyens déployés par les groupes et les organismes dirigeants pour s'assurer, dans une société donnée, la régulation de la conduite de vie des autres" (Michel Foucault, "La gouvernementalité", Actes, été 1986, pp. 6-15). Voir CURAPP, La gouvernabilité, Paris, PUF, 1996
Des travaux se sont déjà penchés sur la naissance de la discipline science politique : Pierre Favre, Naissances de la science politique en France, 1871-1914, Paris, Fayard, 1989; Dominique Damamme, Histoire des sciences morales et politiques et leur enseignement des lumières au scientisme, thèse d'Etat de science politique, Université de Paris I, 1982.
Pour la statistique, Alain Desrosières, La politique des Grands Nombres. Histoire de la raison statistique (Paris, La Découverte, 1993). Un autre exemple pourrait être emprunté au travaux de Jonathan Kahn relatifs au budget. L'auteur envisage cet instrument comme un outil puissant de connaissance du gouvernement; il met en évidence les conséquences que son introduction a eues sur les règles du jeu politique américain du début du siècle (Jonathan Kahn, Budgeting Democracy. State Building and Citizenship in America (1890-1928), Cornell, Cornell University Press, 1997). Marc-Olivier Baruch, Servir l'Etat fançais : l'administration en France de 1940 à 1944, Paris, Fayard, 1997
Sur le gouvernement technicien, voir par exemple: Gérard Brun, Technocrates et technocratie en France (1914-1945), Paris, Albatros, 1985; Vincent Dubois, Delphine Dulong (dir.), La question technocratique. De l'invention d'une figure aux transformations de l'action publique, Presses Universitaires de Strasbourg, 1999. Cf. l'ouvrage déjà cité dirigé par Vincent Dubois et Delphine Dulong ; voir aussi, dans le même ordre d'idées: Loïc Blondiaux, La fabrique de l'opinion. Une histoire sociale des sondages (Paris, Seuil, 1998) qui analyse avec une dimension fortement comparatiste (France/États-Unis) la montée en puissance d'une technique d'enquêtes par questionnaires mais également des représentations et valeurs qui lui sont attachées, le tout étant transformé en véritable technologie de gouvernement imposant un tribunal de l'opinion dans les démocraties modernes.
Pour les échanges internationaux voir Mil neuf Cent, revue d'histoire intellectuelle. Les Congrès, lieux de l'échange intellectuel 1850-1914, numéro 7, 1989 ; Christian Topalov (dir.), Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France 1880-1920, Paris, éd. EHESS, à paraître.
Sous la direction de Michel Offerlé le dossier "Etatisations " de Genèses, numéro 28, septembre 1997.
Rachel Vanneuville, La référence anglaise à l'École libre des Sciences Politiques. La formation de gentlemen républicains, 1871-1914, Thèse de science politique, I.E.P. de Grenoble, 1999. Vincent Spenlehauer, L'évaluation des politiques publiques, avatar de la planification, Thèse de science politique, I.E.P. de Grenoble, 1998. Des travaux sont en cours sur le Conseil supérieur de la magistrature : voir le projet de thèse d'Anne-Laure Guyot, Les modes de régulation des relations entre la justice judiciaire et le politique. Analyse politique comparée des cas allemand, français, italien, I.E.P. Grenoble, 1995.
Voir les thèses de: Frédéric Caille, Les instruments de la vertu. L'Etat, le citoyen et la figure du sauveteur en France: construction sociale et usages politiques de l'exemplarité morale, de la fin de l'Ancien Régime à 1914, Thèse de science politique, I.E.P. de Grenoble, 1997 et Damien Deschamps, La République aux colonies: le citoyen, l'indigène et le fonctionnaire. Citoyenneté, cens civique et représentation des personnes, le cas des Etatblissements français de l'Inde et la genèse de la politique d'association (vers 1848, vers 1900), Thèse de science politique, I.E.P. de Grenoble, 1998. Véronique Dimier, Formation des administrateurs coloniaux français et anglais entre 1930 et 1950. Développement d'une science politique ou science administrative des colonies, Thèse de science politique, I.E.P de Grenoble, 1999.
Philippe Veitl, Les régions économiques. Clémentel et l'invention de la région des Alpes françaises, Thèse de science politique, I.E.P. de Grenoble, 1992.
Voir la thèse en cours de Renaud Payre: La "science communale", Les écoles de gouvernement municipal et la formation des "conducteurs de villes" (1908-1950)



Locais

  • Grenoble, França

Datas

  • quinta, 16 de novembro de 2000

Fonte da informação

  • Site ENS (http://barthes.ens.fr/clio/news/grenappel.htm) ~
    courriel :

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Para citar este anúncio

« Formation des sciences de gouvernement », Colóquio, Calenda, Publicado sexta, 30 de junho de 2000, https://doi.org/10.58079/6jf

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