AccueilPeut-on prétendre à des espaces de qualité et de bien-être ?

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Publié le jeudi 22 janvier 2004

Résumé

Annonce

Peut-on prétendre à des espaces de qualité et de bien-être ?

Colloque international, les 23-24 septembre 2004 à Angers

Organisé par l’UMR 6590 "Espaces géographiques et Sociétés" (ESO)

Dans leur ouverture vers les questions de santé et de bien-être, les sciences sociales font fréquemment référence à la définition, très générale, de la santé comme "état de bien-être complet, physique, moral et social" proposée par l’OMS en 1948 déjà. Or, les évolutions démographiques (allongement de l’espérance de vie, vieillissement de la population notamment) et leurs conséquences physiologiques (dépendance, pathologies chroniques) obligent à distinguer le bien-être (well being) de la bonne forme (wellness). Une personne âgée en perte d’autonomie est-elle interdite de bien-être ?

Le monde biomédical s’est quant à lui penché sur le bien-être sous l’angle de la qualité de vie des malades. De nombreuses évaluations ont été proposées (Herisson, Simon, 1993 ; Leplege, Rude ; 1995, Moati, 1997), mais aussi critiquées car "ne tenant pas toujours compte du contexte culturel et social, de l’histoire de vie et du parcours des individus qu’elles sont sensées mesurer" (Hubert, 1997).

L’écologie humaine décline la qualité de vie comme une notion subjective liée au contexte socio-économique et cultural (Lefevre-Witier, 1997). Malgré cette subjectivité, il est des domaines (l’habitat, la santé, l’activité, l’éducation …) pour lesquels des données mesurables permettent une tentative d’évaluation, de gestion et d’amélioration. Il serait, par conséquent, a priori possible d’utiliser certains indicateurs pour définir une qualité de vie et par extension une qualité d’espaces de vie.

Qualité de vie et bien-être sont liés mais ne se superposent pas : le bien-être assure la qualité de vie ("quand la santé va, tout va"), la qualité de vie est un bien à défendre ou à conquérir. Pourtant, n’en va-t-il pas du bien-être comme de la cohésion sociale, si l’on ne s’en préoccupe que lorsqu’il est menacé ou altéré ou lorsque l’on perçoit une opportunité de l’améliorer sensiblement ? D’autant plus que cette prise de conscience de la marge de manœuvre individuelle varie selon le moment et selon les individus.

Dès lors qu’il s’agit de penser le bien-être (Fleuret, Séchet et al., 2002) les politiques publiques ne peuvent se satisfaire du bien-être considéré comme absence d’altération physiologique. "Envisager une véritable planification spatiale, c’est intégrer la notion de rentabilité sociale et de qualité de vie à diverses échelles" écrivait Antoine Bailly en 1981. L'immense majorité des pays occidentaux sont dotés de systèmes de protection sociale et d’assurance maladie ouverts à tous ou presque. Depuis la Charte d’Ottawa (1986), l’OMS encourage la promotion de la santé ; elle a fait de la santé une ressource que chacun doit individuellement gérer au quotidien, mais aussi une responsabilité collective pour les acteurs politiques.

Les politiques publiques doivent répondre aux besoins des populations en assurant un accès aux soins et aux services de proximité pour tous dans le cadre de systèmes nationaux de santé et de politiques de santé publique, mais également en leur offrant des espaces de qualité. À l’heure où l’environnement devient une préoccupation majeure, où la malbouffe est dénoncée, où les villes doivent être belles, les campagnes propres et saines, les rues sûres, les nuisances loin de ma cour (Nimby), la qualité des espaces est un enjeu à bien des titres.

Appliquée à la santé et au bien-être, la notion d’espace de qualité suppose une vision globale de l’espace, de son organisation et des rapports entre les groupes sociaux qui le pratiquent. Un espace public de qualité n’est-il-pas nécessairement un espace pensé pour tous, accessible à tous ? Un espace partagé, qui répondrait aux besoins de chacun et n’imposerait pas des parcours d’évitement ou de renoncement ? Les politiques de santé sont alors étroitement liées aux autres politiques publiques, et notamment aux politiques de la ville qui intègrent la dimension sanitaire dans des pans entiers de leurs interventions : transport et handicap, logement et salubrité, éducation et hygiène deviennent indissociables.

Est-ce une utopie de prétendre à de tels espaces de bien-être ? En 1981, Antoine Bailly se demandait si en s’attachant au bien-être, le géographe ne faisait pas fausse route : "Ne va-t-il pas masquer sous la découverte de progrès marginaux dans la vie matérielle et de l’homogénéisation des conditions de vie, la reproduction des logiques d’un système social inégalitaire ?". À l’heure du développement durable, l’étude des inégalités reste une nécessité : aux progrès et aux améliorations de la qualité de vie de certains s’oppose toujours, et peut-être de plus en plus fortement, la pauvreté et la marginalisation des autres. Les questions sont donc à poser en termes de garantie de la santé de chacun (inégalités sociales et spatiales de santé ou d’accès aux soins) mais aussi de pratiques quotidiennes et tout particulièrement de pratiques spatiales (par exemple les mobilités). Ceci conduit immanquablement à prendre en compte les problématiques spécifiques des populations les plus vulnérables (vieillissement, pauvreté, handicap …) sans pour autant renoncer à une lecture en termes d’inégalités.

Le colloque "Peut-on prétendre à des espaces de qualité et de bien-être ?" entend être un espace de discussion et de débat ouvert à l’ensemble des sciences sociales.

Les enjeux de la construction d’espaces que l’on pourrait qualifier "de qualité" ou "de bien-être" se poseront en termes de systèmes d’organisation de l’espace (des réseaux par exemple) et des services de proximité ainsi qu’en termes de politiques publiques et d’aménagement du territoire.

Les contributions devront s’inscrire dans l’un des trois axes thématiques suivants :

1) L’espace et le temps du bien-être

Comment peut-on définir des espaces de qualité et de bien-être ? Sans renier une certaine filiation avec les écrits de K. Lynch, les contributions porteront sur les représentations et pratiques spatiales liées au bien-être dans une dimension qui pourra être géographique, sociologique ou historique. La notion de capacité sera tout particulièrement développée dans l’admission d’une distinction possible entre "espaces capacitants" et "espaces invalidants". Les différenciations spatiales se feront en fonction des types d’espaces (exemple : espace public vs espace privé) et des échelles de lecture.

2) Penser le bien-être

Existe-t-il réellement des politiques du bien être ? La santé n’a pas échappé à la dynamique d’appropriation du mot "territoire" par les politiques publiques. Celle-ci traduit un triple phénomène :

- un ancrage local des politiques, en termes de services de proximité à la personne, dans les conceptions de la ville (exemple : Soziale Stadt en Allemagne) comme dans la gestion des espaces ruraux ...

- Une volonté (dans le discours du moins) de se rapprocher des citoyens et des communautés. À ce titre les expériences anglo-saxonnes de pratiques communautaires en santé sont particulièrement riches d’enseignements.

- Le développement d’une certaine intersectorialité. La santé ne doit plus être cloisonnée mais s’ouvrir sur le social, l’aménagement du territoire ne doit plus être uniquement pensé en termes de plus-value fonctionnelle mais dans une logique de développement durable, etc.

3) Outils, méthodes, théorie, terrains

Quels indicateurs pour mesurer le bien-être ? Quelles méthodes pour évaluer une évolution dans le temps ou des disparités socio-spatiales ? Quels cadres théoriques adopter ? Quels terrains comparer ?

S’il ne s’agit pas d’un colloque sur les mesures de la qualité de la vie, la question de l’évaluation ne saurait être absente, notamment dans un souci de compréhension du bien-être ici et maintenant, c’est à dire comme une notion extrêmement variable autant dans la durée (comment se définissait le bien-être il y a 50 ans ?) que d’un pays à l’autre (peut-on d’ailleurs parler de bien-être dans des pays meurtris par la guerre, la famine ou le SIDA ?).

Les propositions de contribution ne devront pas excéder deux pages (3500 caractères/pages) et être soumises en français ou en anglais.

La date limite de réception des propositions est fixée au 21 mai 2004

Il sera demandé à chaque participant une version dactylographiée (disquette Word ou fichier joint) de son intervention, cartes et figures comprises. Lors du colloque, les interventions seront mises en ligne. Il est aussi prévu une publication réunissant les textes retenus par le comité scientifique.

Les inscriptions au colloque se feront prioritairement avant le 30 juin 2004. Frais de participation (possibilités d’hébergement en sus)

Doctorant : 75 €

Post-doctorant : 95 €

Chercheur, Enseignant-chercheur : 110 €

Catégories

Lieux

  • Angers, France

Dates

  • vendredi 21 mai 2004

Mots-clés

  • géographie de la santé

Contacts

  • Sébastien Fleuret
    courriel : sebastien [dot] fleuret [at] univ-angers [dot] fr

URLS de référence

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Peut-on prétendre à des espaces de qualité et de bien-être ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 22 janvier 2004, https://doi.org/10.58079/8w6

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