AccueilCirculations et territoires dans la migration internationale

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Circulations et territoires dans la migration internationale

Colloque international, Toulouse, 16-18 mars 2005

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Publié le mardi 13 juillet 2004

Résumé

Appel à contributions pour le Colloque international, Toulouse, 16-18 mars 2005 : CIRCULATIONS ET TERRITOIRES DANS LA MIGRATION INTERNATIONALE

Annonce

Appel à communications

Toulouse, 16-18 mars 2005

Les processus de migration internationale sont aujourd'hui caractérisés par d'importantes dynamiques de reconfiguration et de complexification à l'échelle mondiale. Les facteurs qui contribuent à cette transformation des logiques migratoires se situent à plusieurs niveaux et ils agissent selon des modalités et des temporalités variées. On peut tout autant les considérer en termes de transformation des environnements dans lesquels se situent les mouvements qu'en termes de conditions de mise en œuvre de cette mobilité par les acteurs du fait migratoire. Selon ces grandes catégories, l'amélioration des modes de communication et de transport, la diffusion des images de la modernité et des modes de vie qui lui sont ordinairement associés et -plus largement - l'augmentation des logiques de mobilité et de flux dans un monde en voie de globalisation constituent un élément majeur de transformation du contexte actuel. Du point de vue des acteurs de la migration, le besoin de multiplier les stratégies de réponse à des situations de crise et la nécessité de s'adapter à des conditions d'entrée, de séjour ou d'accès au marché du travail toujours très fluctuantes ont conduit à multiplier les formes du déplacement. Au-delà de l'élargissement des profils des individus en mouvement (en termes d’âge, de genre, de qualification professionnelle ou de statut migratoire) cette complexification s'exprime aussi aujourd'hui à travers les temporalités du déplacement (durée, fréquence, répétitivité individuelle ou générationnelle) comme à travers les formes spatiales du mouvement (diversification des parcours et élargissement des destinations, multiplication des lieux successifs d'installation, utilisation de lieux de transit, etc…).

De façon générale, cette multiplication des formes migratoires se manifeste par une intensification des logiques de circulation et d'échange entre les pôles des espaces du déplacement. C'est ici de mobilité autant que de migration dont il est question, et celle-ci ne se limite pas aux seuls individus que recouvre l'image traditionnel du migrant, à savoir des hommes jeunes à la recherche d'une intégration sur le marché du travail de tel ou tel pays. Elle concerne tout autant les familles et les proches de ces individus, de même que l'ensemble des familles des membres installés depuis longtemps à l'étranger et qui, dans le désir de maintenir des liens avec leurs régions d'origine, vont et viennent entre deux ou plusieurs lieux d'installation. Dans le même temps, on sait que la circulation des individus ne constitue qu'une dimension de la mise en relation des lieux par le fait migratoire : les transferts de biens, de capitaux, d'idées ou de pratiques accompagnent ou prolongent ces mobilités et fonctionnent comme autant de vecteurs d'échange et d'interaction sociale et économique entre les groupes constitués à l'étranger et les communautés d'origine. L'ensemble des flux, de même que les infrastructures qu'ils génèrent et entretiennent, contribuent à la structuration progressive de champs migratoires significatifs et dynamiques, où des pratiques individuelles qu'on pourrait croire marginales s'agrègent pour donner lieu à de véritables dynamiques de transformation des sociétés et des territoires qu'elles affectent.

Les questions relatives à la circulation migratoire ont donné lieu à un certain nombre de recherches sur les modalités d'organisation et les impacts de ces flux. Le colloque de Toulouse entend approfondir et prolonger cette réflexion en posant comme élément fédérateur la question de l'articulation de ces circulations avec le fonctionnement, à différentes échelles, des espaces sur lesquelles elles se produisent. L’objectif général du colloque s’inscrit dans une double logique. Celle tout d’abord de répondre à un besoin de réflexion théorique sur l’idée de circulation migratoire : la pertinence de la notion, sa portée théorique et méthodologique sont à discuter, tout comme le positionnement des travaux relevant de cette approche dans le contexte plus général de problématiques telles que celles des mobilités, de la mondialisation ou du multiculturalisme. La seconde logique correspond à un besoin de mise en perspective, voire en comparaison, de travaux empiriques sur l’inscription socio-spatiale des formes migratoires dans le monde.

Du point de vue des logiques territoriales, les formes de va et vient, de renouvellement des mouvements et d'investissement dans différents lieux placent en effet les migrants dans des situations de multipolarité des espaces de vie. De même, l'organisation de ces mouvements au-delà de différents types de découpages spatiaux et au travers de plusieurs types de frontières implique une remise en question des entités territoriales communément considérées. Et cela aussi bien au sens des territoires de fonctionnement institutionnel et politique qu'au sens des espaces de vie et des territoires d'identification. Enfin, les logiques de réorganisation du travail à l'échelle mondiale continuent de produire des différentiels spatiaux dont les logiques migratoires sont le plus souvent les reflets directs. Dans un contexte général marqué à la fois par une plus grande fluidité des échanges et la persistance de contraintes politiques ou géographiques au déplacement, la question du rapport dynamique entre circulation migratoire et transformation du rapport aux lieux apparaît particulièrement intéressante.

La multiplication et l’articulation des niveaux possibles de l’analyse donnent à cette perspective une certaine richesse. Les dynamiques et les impacts des circulations migratoires peuvent simultanément être considérés à différentes échelles (locales, régionales ou continentales) mais aussi être observés comme des éléments forts de l’articulation entre ces échelles, en mettant en relation dynamique et permanente le local et le global. Pour chacune des échelles en question, les circulations produisent des dynamiques spécifiques. A l'échelle locale d’abord, à la fois dans les lieux d'émission et de réception des flux, des processus comme la reconfiguration de l'équilibre entre les activités en milieu rural dans les pays de départ, la spécificité du fonctionnement de certains quartiers de ville dans les lieux de polarisation des flux ou encore le rôle essentiel des mouvements dans la production des espaces frontaliers témoignent de ces dynamiques. A l'échelle régionale, la circulation des hommes et des biens influence de façon forte la polarisation et le développement des territoires, de même qu'elle en définit dans une certaine mesure les perspectives de gestion et d'aménagement. A l'échelle internationale, l'émergence de dispositifs transnationaux, les infrastructures qu'ils suscitent ou le rôle politique des migrants comme acteurs du développement dans leurs pays d'origine relèvent en grande partie de ce rapport entre circulations et territoires. A toutes ces échelles, un regard spécifique peut être porté sur la question des formes socio-spatiales émergentes, par exemple sur la reconfiguration du rural et de l’urbain, voire sur l’apparition d’une catégorie spatiale transnationale.

Enfin, au-delà même des échelles spatiales, ces circulations migratoires présentent la constante particularité de mettre en relation des environnements différenciés, entre groupes et individus aux statuts différents, entre milieu urbain et milieu rural, entre pays développés et en développement, entre cœur et périphérie de l'économie mondiale, etc… Les dispositifs que ces circulations produisent s’appuient sur des réseaux de différents types, plus ou moins formels, plus ou moins organisés, mais qui présentent la particularité d’articuler sur des espaces distants un jeu des acteurs en interaction avec des environnements différenciés. Dans ce sens, c’est aussi la transgressivité des processus de circulation vis-à-vis d’un certain nombre de constructions, territoriales mais aussi normatives ou lexicales, qui constitue l’une des dimensions qui méritent analyse.

Le colloque organisé à Toulouse en mars 2005 visera à rendre compte des travaux sur ces questions et à échanger à partir d'expériences dans des contextes régionaux variés. De façon générale, les organisateurs du colloque postulent que la prise en compte des formes de la circulation migratoire internationale et l'analyse des significations que ces mouvements recèlent, sont à la base d'une compréhension plus fine des logiques de réajustement des systèmes territoriaux. En même temps, l'observation et l'analyse de processus précisément situés et contextualisés permettront d'enrichir la réflexion sur le fonctionnement des migrations internationales pour lesquelles la demande de la part des acteurs publics est particulièrement importante aujourd'hui. C’est pour cela que la confrontation de travaux menés dans des ensembles régionaux différents sera privilégiée et qu’une ouverture aussi large que possible à un public autre qu’universitaire sera recherchée.

Les propositions de communication pourront donc porter sur toutes les aires culturelles. De même, il n'y a pas de restriction sur les types de courants migratoires analysés (migration économique, déplacements forcés, réfugiés, main d'œuvre peu ou très qualifiée, migration régionale ou inter-continentale, légale ou clandestine, etc…). S'agissant d'une perspective centrée sur les circulations, il est bien évident que les flux s'entendent aussi bien dans le sens du déplacement initial de la migration (lieux d'origine vers lieux d'installation) que dans le sens inverse, celui à destination des lieux de départ. Abordant les espaces migratoires dans leur ensemble, le colloque est également ouvert à la prise en compte des espaces « intermédiaires » de la circulation (frontières, lieux de transit et d échange, relais de la migration, etc…).

Axes thématiques :

De façon à organiser au mieux les trois journées de travail, les communications seront présentées au sein de quatre ateliers thématiques qui donneront lieu à une demi-journée de synthèse et de discussion en dernière partie du colloque. Il est entendu qu'une communication pourra porter simultanément sur plusieurs des dimensions signalées ici. Nous attirons l’attention sur le fait qu’il est souhaitable que les communications se situent dans une perspective intégrant une réflexion sur la pertinence de la notion de circulation migratoire, en lien avec une étude de cas spécifique.

Axe 1 = La circulation des personnes : flux, temporalités, systèmes socio-spatiaux

Les communications de cet atelier pourront porter sur toutes les dimensions relatives à la mobilité des individus dans un contexte migratoire. Les dynamiques de flux de travailleurs migrants, de populations déplacées ou réfugiées, de demandeurs d'asile pourront faire partie des catégories de l’analyse. Les distinctions en termes de formes d’organisation de la circulation pour ces individus et ces groupes seront privilégiées : les migrations saisonnières, la mobilité induite pour les familles, les retours ponctuels ou durables, la mobilité professionnelle des entrepreneurs, les visites et pratiques de nature touristique ou le va-et-vient des responsables communautaires etc… sont à considérer. A partir d'une réflexion sur la diversité des profils des individus-migrants, les questions débattues ici pourront être relatives aux effets de la répétitivité des mouvements et aux temporalités et catégories pertinentes pour appréhender à moyen et long terme la nature des systèmes socio-spatiaux que ces circulations produisent. De même, il sera intéressant qu’un regard soit porté sur les effets des environnements dans lesquels se situent ces circulations, sur les interactions entre les mobilités et l’évolution politique et/ou économique des contextes régionaux concernés. Un questionnement en rapport avec les dimensions éventuellement structurelles de ces mobilités et sur le rôle des effets de conjoncture (fermeture ou ouverture de frontières, restrictions des conditions de séjour, transformation des marchés de l’emploi, etc…) sera bienvenu. L’idée directrice est ici d’éclairer la portée et la permanence des systèmes socio-spatiaux organisés autour de la circulation migratoire.

Axe 2 = La circulation des biens et des capitaux : contexte, organisation et impacts

Les communications de cet atelier aborderont les modalités des transferts de nature matérielle entre les lieux d'origine et d'installation des migrants et les impacts de ces flux dans les lieux concernés (à l’échelle du village ou du quartier, de la ville, de la région…). Les dynamiques liées aux flux d'argent générés par les migrants constitueront un objet important d'analyse, mais on s'intéressera ici également aux circulation de marchandises, que ce soit dans un contexte d'échange commercial (entrepreneuriat "ethnique" dans les lieux d'installation, approvisionnement des commerces dans les lieux d'origine par exemple) ou dans un contexte de transfert au sein de la sphère privé ou communautaire (transfert de matériel d'équipement pour le foyer, équipement de nature socio-médicale ou éducative à destination de la communauté d'origine, etc…). Les questions débattues pourront porter sur les formes d’organisation et les impacts de ces transferts, de même que sur leur insertion dans des logiques d’échange plus larges. Par exemple, la façon dont elles s’articulent avec les dynamiques de construction d’espaces économiques intégrés et de libéralisation des échanges pourront être discutées. L’analyse des différences et/ou similitudes de nature qui peuvent être repérées entre les différents modes de mises en relation territoriales produites par les logiques d’échange font partie des attendus de cet atelier. Plus largement, les apports pourront se situer dans une réflexion renouvelée sur les impacts des flux en termes de développement dans les régions concernées par les échanges circulatoires.

Axe 3 = Valeurs et usages : les pratiques sociales et culturelles de la circulation

L'atelier sera consacré au thème des pratiques sociales et culturelles développées dans un contexte marqué par les réseaux qui supportent les dynamiques de circulation migratoire. En arrière plan, la question des valeurs et des significations dont ces pratiques témoignent servira de cadre aux analyses. D’un côté, il s’agira de prendre en compte la diversité des flux qu’on peut qualifier d’« informatifs » (par opposition aux flux matériels) qui accompagnent en permanence la mobilité des individus et des biens au sein de la sphère familiale ou communautaire. L’évaluation des influences dans les environnements de départ et d'installation que ces transferts génèrent fera partie de l’analyse (dans des domaines aussi variés que la transformation des pratiques familiales, des modèles de consommation, des statuts des individus, des rapports à l’espace local, etc…) D’un autre côté, il s’agira de questionner en quoi les modes d’organisation spécifiquement liés à la mobilité, tels que l’organisation en réseau ou la mise en œuvre de stratégies multi-locales, autorisent et expliquent le maintien des circulations. Un fil directeur de l’atelier pourra être un questionnement sur la façon dont les pratiques sociales issues de ces modes d’organisation sont tour à tour des produits et/ou des supports de la circulation migratoire. Des manifestations comme les pratiques festives et religieuses, les choix en matière d’éducation ou le développement de stratégies résidentielles et économiques originales pourront être à la base de ces analyses. A partir de là, la réflexion pourra porter sur les multiples aspects de la reformulation des identités sociales, politiques et culturelles que ces circulations produisent à différents niveaux, en termes notamment de lien au territoire et de production de nouveaux environnements transnationaux.

Axe 4 = Supports et vecteurs de la circulation : dispositifs et jeu d’acteurs

L'analyse des significations de la circulation migratoire ne se conçoit qu'à partir d'une lecture fine des multiples processus et du jeu des acteurs qui organisent, de façon plus ou moins formelle, les flux entre les différents pôles des espaces migratoires. Les dispositifs mis en œuvre par les migrants pour rendre possible des formes de circulation variées seront ici au centre de l’analyse. Une attention particulière sera portée sur la capacité de ces dispositifs à s’insérer, se développer et éventuellement se transformer pour perdurer dans des contextes législatifs, politiques et économiques variables. A partir de ces notions d’initiative et de jeu d’acteurs, l’analyse pourra aborder deux dimensions du thème : celle relative aux supports de la circulation d’une part (l’évolution de l’usage des infrastructures de transport, la mobilisation de diverses technologies de communication, etc…), celle relative aux modes opératoires des différents acteurs de cette mise en relation permanente par la circulation d’autre part (l’organisation des échanges au sein des familles, chez les commerçants ou les acteurs publics, les initiatives des entrepreneurs du transport, les activités des passeurs, le mode de fonctionnement des collectifs de migrants organisés à l’étranger, etc…). Les communications réunies dans cet atelier devraient permettre un questionnement quant au rôle des échanges comme vecteurs originaux de création d'un espace social continu sur un espace géographique multipolaire entre les communautés d'origine et leurs proches à l'étranger.

Le colloque est organisé conjointement par les équipes CIRUS-CIEU, IPEALT et Dynamiques Rurales de l’Université de Toulouse le Mirail et l’équipe Mutations des Territoires en Europe de l’Université de Montpellier3.

Comité scientifique du colloque :

Michel Agier, IRD, CEAf-EHESS Paris

Chantal Bordes-Benayoun, EHESS Toulouse

Michel Bruneau, CNRS-MITI

Luc Cambrézy, IRD

Maria-Eugenia Cosio, Université Paris 3

Christian Grataloup, Université Paris 7 – Denis Diderot

Rémy Knafou, Université Paris 7 – Denis Diderot

Emmanuel Ma Mung, CNRS-Migrinter

Catherine Quiminal, Université Paris 7 – Denis Diderot

Alain Tarrius, Université Toulouse 2

Catherine de Wenden, CNRS-CERI

Comité d’organisation :

Virginie Baby-Collin, Université Paris 10

Guénola Capron, CNRS-CIEU

Geneviève Cortes, Université de Montpellier 3

Laurent Faret, Université Paris 7 – Denis Diderot

Hélène Guétat, Université Toulouse 2

Dominique Coquard, INP-ENSAT

Marie-Christine Jaillet, CNRS-CIEU

Richard Marin, IPEALT-Université Toulouse 2

Les propositions de communication sont à adresser avant le 30 juillet 2004. Elles devront comporter un titre, un résumé d’une page et les coordonnées complètes de l’auteur. Elles seront adressées par courrier électronique à : colloque.circulation@free.fr ou par voie postale à l’adresse suivante :

Laurent Faret

Colloque circulations et territoires

Maison de la Recherche
CIRUS-CIEU

Université de Toulouse le Mirail
5 allées Antonio Machado
31058 Toulouse cedex< />

Les modalités d’inscription au colloque seront communiquées ultérieurement. Les frais d’inscription, incluant l’accès au colloque et les documents de travail, sont fixés à 40 euros. La langue de travail du colloque sera le français. Cependant, des communications en anglais et en espagnol pourront être accueillies, avec dans ce cas-là diffusion auprès des participants d’un résumé traduit en français.

Catégories

Lieux

  • Toulouse, France

Dates

  • vendredi 30 juillet 2004

Contacts

  • Laurent Faret
    courriel : Colloque [dot] TriMigBloc [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Laurent Faret
    courriel : Colloque [dot] TriMigBloc [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Circulations et territoires dans la migration internationale », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 13 juillet 2004, https://doi.org/10.58079/986

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