AccueilMai-juin dans les années 68

AccueilMai-juin dans les années 68

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Publié le mardi 13 mars 2007

Résumé

La contestation politique, sociale et culturelle dont les semaines échevelées de mai-juin 1968 furent le paroxysme, est désormais un objet d'histoire presque comme un autre, qui mobilise les chercheurs en sciences, sociales français et étrangers. C'est pourquoi, il importe de poursuivre les travaux universitaires qui, depuis une vingtaine d'années se sont efforcés de sortir de la gangue journalistique, pour analyser l'événement, sa chronologie, sa diffusion sociale et géographique, tant nationale qu'internationale.

Annonce

La contestation politique, sociale et culturelle dont les semaines échevelées de mai-juin 1968 furent le paroxysme, est désormais un objet d’histoire presque comme un autre, qui mobilise les chercheurs en sciences sociales français et étrangers. C’est pourquoi, il importe de poursuivre les travaux universitaires qui, depuis une vingtaine d’années se sont efforcés de sortir de la gangue journalistique, pour analyser l’événement, sa chronologie, sa diffusion sociale et géographique, tant nationale qu’internationale.

On peut à cet égard repérer deux moments importants, jalonnés par deux colloques. Le premier, organisé par le CRHMSS, l’Université de Paris-I et la FNSP en 1988, a largement permis de prendre en compte le rôle des organisations politiques et syndicales et de saisir la dimension nationale du mouvement de mai-juin[1]. Dix ans plus tard, une équipe réunie sous les auspices de l’IHTP a tenté de d’élargir l’enquête aux années 68, vaste période de contestation protéiforme qui traverse les pays industrialisés occidentaux comme ceux du bloc soviétique, et dont les mois de mai et juin constituent l’acmé en France[2].

Il est désormais possible de prolonger ces travaux et de les enrichir, en profitant de ressources archivistiques nouvelles. En effet, en même temps que des associations ont engagé une collecte de fonds provenant d’acteurs des différents mouvements politiques et sociaux – étudiant, syndical, féministe, d’extrême gauche[3] – les archives publiques se sont progressivement ouvertes tant au CAC à Fontainebleau que dans les départements ou les communes, de même que celles du Parti communiste. Cette manne archivistique se double de nouvelles problématiques. Si le triptyque crise étudiante, crise sociale, crise politique est désormais caduc, il n’en reste pas moins nécessaire de confronter les différentes facettes du mouvement de mai-juin (étudiant / ouvrier et salarié par exemple), mais plus encore leur coalescence, leur agrégation successives dans des chronologies complexes selon les échelles d’analyse. De même, si l’ancrage social et géographique s’avère fondamental, une interrogation à partir du genre doit permettre de prendre en compte le rôle des femmes dans le temps court, et d’interroger la manière dont les années 68 font évoluer (ou pas) la construction des identités féminines et masculines. Comme on le voit, il s’agit d’interroger la manière dont l’événement se (ou est) construit, en quoi mai et juin font événement. C’est la raison pour laquelle, il convient également de prendre en compte la dimension internationale de 68, c’est-à-dire la manière dont le « Mai français » se nourrit d’échos étrangers, et comment il alimente en retour la contestation internationale. De tels transferts sont facilités par la circulation des images, sinon des clichés ; d’où la nécessité de se poser des questions sur la manière dont 68 est mis en images mais également sur la production imagière par les militants des différents mouvements. Enfin, les sciences sociales peuvent également envisager un examen réflexif et s’interroger tant sur la manière dont elles ont presque immédiatement construit et analysé les semaines de mai-juin et, au-delà, les années 68 que sur la manière dont elles pensent ce mouvement ici et maintenant.

Devant l’ampleur du chantier, il nous est apparu préférable de déconstruire 68 en une série de journées d’études sur plusieurs sites, se déroulant en région parisienne comme en province, afin d’associer le maximum d’institutions universitaires, de permettre à de nombreux chercheurs de participer à ces rencontres, et faire toute leur place aux travaux entamés par des étudiant(e)s à ceux de leurs aîné(e)s plus confirmé(e)s.

[Proposition: 1500 signes maximum]

En parallèle, l’exposition organisée au printemps 2008 au Musée d’histoire contemporaine-BDIC à l’Hôtel national des Invalides, qui donnera lieu à la réalisation d’un « ouvrage-catalogue », permettra une valorisation auprès d’un public plus vaste.

 

Cette série de journées d’études, colloques, tables rondes et manifestations est envisagée selon le calendrier suivant  :

-          novembre 2007 : Films des années 68 et 1968 en films, dans le cadre du Mois du film documentaire 2007. Lieu : Paris et/ou Nanterre

-          janvier 2008 : Les mouvements étudiants. Journées d’études. Lieu : Reims (Mission CAARME et GERME)

-          21 - 22 mars 2008 : 68 et l’international. Colloque. Lieu : BDIC à Nanterre.

-          juin 2008 : La conflictualité sociale et politique. Colloque. Lieu : Dijon

-          septembre 2008 : Hommes et femmes : la construction du genre  dans les années 68. Colloque. Lieu : Lyon.

-          octobre 2008 : 1968, libération et libéralisation. Colloque. Lieu : Saint-Denis.

-          novembre 2008 : Les sciences sociales et 1968. Colloque. Lieu : Dijon

-          novembre 2008 : 68 en héritage, dans le cadre du Mois du film documentaire 2008. Lieu : BDIC à Nanterre (à partir de films réalisés par les étudiants de master du Département Arts du spectacle de Paris-X participant aux ateliers audiovisuels de la BDIC).

 

Le comité de pilotage est chargé de l’articulation scientifique entre les différentes journées. Il comprend : Geneviève Dreyfus-Armand (BDIC), Robert Frank (Université Paris-I, UMR IRICE), Nicolas Hatzfeld (Université d’Évry), Jean-Philippe Legois (Mission CAARME/ GERME), Michel Margairaz (Université Paris-VIII), Robi Morder (GERME / Université de Reims – Champagne-Ardenne), Rosa Olmos (BDIC), Irène Paillard (BDIC), Vincent Porhel (IUFM de Lyon), Danielle Tartakowsky (Université Paris-VIII), Franck Veyron (BDIC), Xavier Vigna (Université de Dijon), Jean Vigreux (Université de Dijon), Serge Wolikow (Université de Dijon), Michelle Zancarini-Fournel (IUFM de Lyon, UMR LARRHA).

 

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Les diverses rencontres scientifiques

• Films des années 68 et 1968 en films. Journée d’études. Paris et/ou Nanterre, novembre 2007.

À l’instar d’autres modes d’expression, le film s’inscrit dans l’intense remous qui affecte le monde des représentations dans les années 68. Irruption d’images télévisées de l’immédiat et grève à l’ORTF, crise du cinéma en place et de ses institutions (interruption du festival de Cannes et états généraux du cinéma), formation de réseaux cinéastes et production d’images engagées, usage de films dans le cours des mouvements et diffusion de thèmes « soixante-huitards » dans le cinéma documentaire et de fiction etc.. De différentes manières, les remises en cause et les renouvellements se manifestent. Le sens des images filmiques, les modalités de leur production et leur rôle dans le jeu social et politique donnent lieu à des contestations, à des projets alternatifs, à des pratiques oscillant entre traditions déroutées et dynamiques de l’engagement. Les réemplois ultérieurs de ces images, lors de revisites de 68, sont également riches de signification. La journée proposée entend contribuer à l’étude des références, des pratiques, des acteurs, des institutions impliqués dans ces recompositions. À partir des images du mai-juin français, elle entend prendre aussi en considération la circulation internationale des références et inscrire ce moment dans la temporalité plus ample des années 68.

Contact : nicolas.hatzfeld@wanadoo.fr

• À la redécouverte des mouvements étudiants des années 68. Journée d’études GERME-HEME-Mission CAARME, Reims, fin janvier 2008.

Quand « on » parle de « 68 », « on » parle souvent de mouvements étudiants… Et quand « on » parle de mouvements étudiants, « on » parle souvent de « 68 »… Nous vous invitons à déconstruire ce duo devenu inséparable en continuant à dépasser les images convenues régulièrement rediffusées. Nous voulons aller au-delà de l’ « écume des jours », d’une histoire-bataille faite de manifs ou d’une analyse culturaliste masquant les rapports de force sociaux et politiques qui constituent encore trop souvent l’horizon commun des analyses en présence. Nous voulons rendre intelligibles les différents possibles de ce « moment critique » en veillant à ne pas regarder et donner à voir ces « événements » et cette période qu’avec les lunettes des « gagnants » d’aujourd’hui ou de la veille.

Approfondir l’analyse comparée des scènes locales de ces interventions étudiantes multiformes, creuser le rapport de ces mouvements étudiants avec les institutions –  et avec l’Université au premier chef -, inventorier davantage les modalités d’ « ouverture du ghetto étudiant » et de liaisons étudiants-ouvriers (voire paysans), explorer plus avant le « réel de(s) l’utopie(s) » véhiculées et/ ou vécues par les militant-e-s étudiant-e-s et, sur tous ces points, et par tous ces points, élargir la focale en embrassant toute la dimension internationale des mouvements étudiants de ces années 68, telles sont les chemins de traverse que nous souhaitons emprunter à la redécouverte du mai étudiant.

Contacts : jplegois@caarme.fr, RobiMorder@aol.com.

• 68 et l’international. Journées d’études. UMR IRICE (Paris-1/CNRS), BDIC,  Nanterre, 21-22 mars 2008.

Les journées de mai-juin s’inscrivent à double titre dans un contexte international. On sait par exemple comment le répertoire d’actions des étudiants est importé d’Allemagne, et comment la guerre contre le Vietnam fut un catalyseur dans différents pays occidentaux, et on connaît les icônes du Che, de Castro ou de Mao. Il reste cependant à mesurer la manière dont mai-juin fut marqué par d’autres références internationales, et les apories, les difficultés ou les références qu’il éluda. De manière réciproque, il reste beaucoup à apprendre sur la façon dont le mai français fut lu, interprété à l’étranger sur son rôle éventuel dans la circulation de la contestation à l’échelle internationale. On sera ainsi particulièrement attentif aux trajets et aux trajectoires des militants, des répertoires d’action, et des références croisées ainsi qu’à la manière dont le mouvement communiste international d’un côté, les États-Unis de l’autre sont questionnés en ces années. On sera attentif à des espaces où la question de 68 est encore mal connue, notamment l’Europe de l’Est, l’Amérique latine et le Japon.

Contacts : Robert.Frank@univ-paris1.fr, Genevieve.Dreyfus-Armand@bdic.fr

• La conflictualité sociale et politique. Dijon, juin 2008. UMR Georges Chevrier 5605

Plus qu’une succession de monographies, il s’agit de privilégier l’entrée par l’événement qui bouscule le répertoire d’actions, interroge les organisations syndicales et politiques mais aussi conteste l’État et ses appareils. Au-delà de la scène parisienne (de la Sorbonne à Billancourt), il s’agit aussi de décentrer l’analyse vers les banlieues et les régions, de faire varier les échelles, de proposer des scènes inédites et des acteurs méconnus dans des configurations qui enrichissent et nuancent le récit national, à partir de matériaux archivistiques nouveaux. De même, nous espérons des interrogations sur le partage entre scène sociale et scène politique, sur une redéfinition du politique dans le temps court, sur la politisation des classes populaires ou sur les réactions des élites (politiques, bourgeoises, économiques, etc.).

Contacts : Xavier.Vigna@u-bourgogne.fr, Jean.Vigreux@wanadoo.fr, Serge.Wolikow@u-bourgogne.fr

• Hommes et femmes : la construction du genre dans les années 68. Lyon, septembre 2008, Institut des sciences de l’homme (CNRS, Université Lumière Lyon-2 et Université Jean Moulin Lyon-3)


Dire que 1968 a été le moment de la « révolution sexuelle » fait partie des lieux communs, comme d’affirmer que la « deuxième vague » du mouvement féministe est née en 1970. Nous souhaitons dans cette journée d’étude revisiter les chronologies, les formes de mobilisation collective et leur articulation avec la législation – faire donc jouer les jeux d’échelle -, mais aussi comprendre comment des « individus ordinaires » se sont saisis de ces revendications et de ces mutations du genre dans les années 1968. Il s’agira à la fois de revisiter les modes d’intervention et les parcours d’acteurs et d’actrices avant 1968 (comme, par exemple dans Arcadie ou le Planning familial), et de comprendre l’articulation ou la décentration des différents mouvements et revendications politiques féministes et homosexuels nés à la suite des événements de mai-juin 1968. Voir aussi comment l'expression des diverses formes de masculinités s'est modifiée de ce fait. Nous souhaitons faire connaître les études portant sur des individus et des groupes dans les villes et/ou les entreprises de province pour examiner comment les mutations de genre ont transformé l’ensemble du corps social dans les années 68.

Contacts : michelle.zancarini-fournel@wanadoo.fr , vincent.porhel@laposte.net

• 1968 : libération et libéralisation. Saint-Denis, octobre 2008, Université de Paris-VIII, CNRS/EA 1571 (Pouvoirs, savoirs, sociétés) et IDHE (Institutions et dynamiques historiques de l’économie).

On se propose de réunir des travaux portant à la fois sur des projets ou des mesures – peu antérieures à 1968 – de libéralisation ou de dérégulation économique, sociale ou financière dans le domaine des politiques publiques et sur des tentatives de libération individuelle ou collective de la part de certains des acteurs sociaux. Notre propos consiste à souligner la concomitance dans les pratiques et les discours qui les accompagnent entre des formes de libéralisation souhaitées par les dirigeants politiques et administratifs et des aspirations libératrices émanant de groupes au sein de la société française. Double mouvement, certes contrarié par les grèves de mai-juin 1968 et certains de ses prolongements politiques de moyenne durée mais dont il s’agira néanmoins de mesurer les traces postérieures et la dynamique sur la plus longue durée.                                     

Contacts : dane.tartakowsky@wanadoo.fr et margairaz.michel@wanadoo.fr

• Les sciences sociales et 1968. Dijon, novembre 2008. MSH de Dijon

Les sciences sociales se sont immédiatement emparées de Mai-Juin pour en proposer des interprétations. Si certains ont eu recours à l’essai, d’autres, notamment en sociologie du travail, ont privilégié des enquêtes qui interrogent aussi les répercussions de l’événement. Ces deux interventions participent d’ailleurs de la construction de la sociologie comme outil central d’expertise des sociétés contemporaines. On peut aujourd’hui revisiter ces constructions immédiates à l’aune des archives des SHS, mais aussi les confronter avec des lectures contemporaines, et, ce faisant, interroger la manière dont l’histoire et les autres sciences sociales se saisissent de cet objet, construisent des problématiques d’analyses et les étayent. Par là, il s’agit d’enrichir le questionnement épistémologique sur la construction de l’événement en sciences sociales.

Contacts : Xavier.Vigna@u-bourgogne.fr, Jean.Vigreux@wanadoo.fr,

Serge.Wolikow@u-bourgogne.fr

 


 

[1]René Mouriaux, Annick Percheron, Antoine Prost, Danielle Tartakowsky (dir.), 1968, Exploration du Mai français, 2 vol., Paris, L’Harmattan, 1992.

[2] Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Les Années 68. Le temps de la contestation, Bruxelles, Complexe, 2000.

[3] Parmi celles-ci, citons pêle-mêle le Groupe d’étude et de recherche sur les mouvements étudiants (GERME) et la Mission CAARME (pour la création, à Reims, d’un Centre d’animation, d’archives et de recherches sur les mouvements étudiants), l’association Mémoires de 68 qui publia un ouvrage sous ce même titre chez Verdier en 1993, ou les diverses associations membres du CODHOS (Collectif des Centres de documentation en histoire ouvrière et sociale).

Lieux

  • Paris, France

Dates

  • jeudi 31 mai 2007

Source de l'information

  • Jean-Philippe Legois
    courriel : jean-philippe [dot] legois [at] cyu [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Mai-juin dans les années 68 », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 13 mars 2007, https://doi.org/10.58079/bdp

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