AccueilProcessus sociaux créateurs de discours légitimes sur le passé

AccueilProcessus sociaux créateurs de discours légitimes sur le passé

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Publié le lundi 14 mai 2007

Résumé

La notion de mémoire, entendue comme souvenirs partagés par des individus appartenant à un moment donné à un groupe social donné, occupe une place croissante sur la scène publique. En dehors du corps universitaire des historiens, acteurs classiquement autorisés à produire ce type de savoirs, d’autres s’impliquent dans la lutte autour de leur « bonne version » ou de leur « bon usage ». Ce qui est en question, c’est une définition légitime du passé, qui s’avère à l’analyse inséparable des institutions et des processus sociaux supposés aptes à la produire. Nous nous intéresserons, à travers ces deux journées d’études, aux différents registres d’expression publique et aux mécanismes institutionnels qui, de façon plus ou moins délibérée, se disputent des mises en forme prétendument légitimes du passé : celles-ci, quelles que soient les valeurs dont elles se réclament, peuvent recouvrir des intérêts socio-politiques et des enjeux de pouvoir. Après un état des lieux des enjeux théoriques à travers quelques exemples de constructions conflictuelles de légitimité, nous examinerons d’abord les ressources et les formes de l’invocation du passé puis nous Nous verrons ensuite comment ces versions du passé sont mises en forme, remodelées, intégrées et transmises par des institutions telles que la famille, l’école, les institutions religieuses, professionnelles et politiques.

Annonce

 

Colloque interdisciplinaire du LaSSP, l’IEP et du LISST-Centre d’anthropologie sociale, avec le soutien de la MSH, Toulouse

 

« Les processus sociaux créateurs de discours légitimes sur le passé et les mécanismes de transmission et réception de ces mémoires. »

 

22 et 23 mai 2007

 

IEP de Toulouse - Salle du Conseil – 2ter, rue des puits creusés, 31000 Toulouse

 

 

 

Coordonnateurs : Jean-Pierre Albert, Isabelle Lacoue-Labarthe et Alexandra Oeser

La notion de mémoire, entendue comme souvenirs partagés par des individus appartenant à un moment donné à un groupe social donné, occupe une place croissante sur la scène publique. En dehors du corps universitaire des historiens, acteurs classiquement autorisés à produire ce type de savoirs, d’autres s’impliquent dans la lutte autour de leur « bonne version » ou de leur « bon usage ». Ce qui est en question, c’est une définition légitime du passé, qui s’avère à l’analyse inséparable des institutions et des processus sociaux supposés aptes à la produire. Nous nous intéresserons, à travers ces deux journées d’études, aux différents registres d’expression publique et aux mécanismes institutionnels qui, de façon plus ou moins délibérée, se disputent des mises en forme prétendument légitimes du passé : celles-ci, quelles que soient les valeurs dont elles se réclament, peuvent recouvrir des intérêts socio-politiques et des enjeux de pouvoir. Après un état des lieux des enjeux théoriques à travers quelques exemples de constructions conflictuelles de légitimité, nous procéderons en deux temps.

Nous examinerons d’abord les ressources et les formes de l’invocation du passé : archives familiales ou publiques, musées d’histoire, d’archéologie et d’ethnographie, monuments, commémorations et fêtes « historiques », sont autant d’espaces où le passé est incarné, véhiculé et mis en scène dans la sphère privée et publique.

Nous verrons ensuite comment ces versions du passé sont mises en forme, remodelées, intégrées et transmises par des institutions telles que la famille, l’école, les institutions religieuses, professionnelles et politiques. L’étude des modalités diverses de cette institutionnalisation doit permettre de comprendre les mécanismes sociaux aussi bien de la lutte même de définition des mémoires légitimes que des différents modes de leur appropriation. Il s’agit de comprendre également les effets de ce processus, à savoir les usages comme instrument de pouvoir des politiques de mémoire et le renforcement des rapports sociaux de domination existants à travers les mécanismes de réinterprétation, réappropriation ou d’autocensure.

Première journée : De la théorie aux institutions de mémoire

 

Matin : Problèmes et cadres théoriques

9h30 – 12h

Il s’agira ici de présenter de façon critique les instruments théoriques disponibles pour penser la construction des traditions mémorielles et des patrimoines culturels. Les formes, attendues ou inédites, des discours et les pratiques politiques construisant les interprétations du passé au cours des dernières décennies seront examinées : introduction de procédures juridiques de régulation, affirmation de nouveaux « devoirs de mémoire », requalification des objets archéologiques ou ethnologiques en termes religieux ou identitaires, prétention émise par certains groupes à se réapproprier de façon plus ou moins exclusive la gestion de leur passé. Par ailleurs, une réflexion sur les conditions sociales des réceptions de ces pratiques politiques et les possibilités de leur analyse sera menée. L’étude des controverses universitaires autour de ces questions permettra à la fois d’identifier les formes de légitimité invoquées par les acteurs sur différents niveaux (« public » et « privé ») et de mettre à l’épreuve notre capacité de clarifier les logiques sociales qui les sous-tendent.

 

-         Sarah Gensburger (sociologue, EHESS, Paris)

« Le concept de « politiques de mémoire » et son utilité empirique ».

-         Alexandra Oeser (sociologue, EHESS, Paris)

Pédagogies de mémoire et appropriations du passé à l'école: problèmes théoriques et empiriques autour de la « réception ».

 

Discussion générale

Déjeuner : 12h – 13h30

Après midi : Mécanismes d’institutionnalisation.

13h30 – 18h

La construction d’un passé légitime passe par des mécanismes d’institutionnalisation qui formalisent l’interaction entre d’un côté des politiques de mémoires constituées et inculquées par diverses institutions d’encadrement et entrepreneurs de mémoire, en concurrence les uns avec les autres, et de l’autre côté des groupes sociaux, tels que la famille, des groupes professionnels, mais aussi des générations (par exemple les personnes ayant vécu des évènements tels que « 1968 ») qui s’approprient ces politiques pour les transformer, réécrire et transmettre aux générations futures.

Les politiques de patrimonialisation, l’invocation d’un « devoir de mémoire », la pluralisation de mémoires communautaires sont autant de manières, parfois inconciliables, de construire politiquement le passé. Cette construction s’appuie sur la mobilisation d’arguments tels que la « vérité historique », la « tradition », le « respect d’une identité culturelle », la « fidélité à soi-même » ou à des « principes éthiques universels ». Les pratiques familiales ou professionnelles, l’invocation d’un passé glorieux familial, l’érection de règles d’un « travail bien fait » sont à leur tour des manières de réinterpréter les politiques existantes, de les reprendre pour les utiliser en tant que ressources ou de les refuser pour leur opposer des discours qui revendiquent d’autres sources de légitimité.

Première séance : Constitutions de politiques de mémoire.

13.30 – 15.30

-         Eric Fassin (sociologue, ENS), « L'histoire est-elle à la mémoire ce que le savant est au politique ? Passé colonial et présent postcolonial, entre continuité et discontinuité. »

-         Valérie Robin Azevedo (ethnologue, Université Toulouse 2 le Mirail,  LISST – Centre d’anthropologie sociale), « Politiques de mémoire et victimes légitimes. Un mémorial de la guerre au Pérou au cœur de la tourmente »

-         Patrick Pérez (ethnologue, LISST - Centre d’Anthropologie Sociale, et Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse), « Des crânes, des fétiches et une certaine idée de l'Amérique... »

Discussion

Pause Café : 15.30 – 16h.

Deuxième séance : Mécanismes de transmission et de réappropriation. Constitution de mémoires familiales, scolaires, professionnelles etc.

16h – 18h

-                     Isabelle Lacoue-Labarthe (historienne, IEP, Toulouse), « Les historiens et leur passé. Une écriture des marges ? »

-              Marina Chauliac (anthropologue, Direction régionale des affaires culturelles de Lorraine, chercheuse associée au CETSAH et au Centre Marc Bloch, Berlin), « Ostalgie ou utopie ? La mémoire « close » des nostalgiques de la RDA »

 

Deuxième journée.

Incarnations des mémoires : ressources documentaires, mises en scènes et enjeux

 

Une représentation légitime du passé doit s’appuyer sur des sources publiques et privées – archives écrites, objets, documents iconographiques, monuments, traditions orales, commémorations coutumières – qui valent comme autant de preuves d’une authenticité tout en occultant les processus d’interprétation, sélection, reconstruction qui conditionnent la mise en forme d’un passé souhaité. Si la critique historique hiérarchise sans peine la crédibilité de ces données, elle ne parvient pas pour autant à assurer au seul historien le monopole du discours légitime : restent l’autorité dont peuvent se prévaloir contre lui le témoin direct, le tenant de la tradition, le porte-parole ou le membre exemplaire du groupe concerné par l’étude, etc. On s’intéressera ici aux relations (ajustements ou conflits) qui se nouent entre ces figures hétérogènes de la légitimité en les référant aux contextes sociaux de leur expression et au type de ressources qu’elles mobilisent

 

Matin : Les supports de la mémoire

10h – 12h.

-         Tiphaine Barthélémy (ethnologue, Paris VIII), « Mémoires familiales et archives »

-         Solène Billaud (sociologue, ENS/EHESS) : « L'usage des transmissions d'objets dans l'affirmation des porteurs de mémoire au sein de la famille. Réflexions à partir d'une étude de cas. »

-         Marlène Albert-Llorca (UTM) et Dominique Blanc (EHESS), (ethnologues,

(LISST – Centre d’Anthropologie Sociale),  « Histoire et mémoire dans les "fiestas de Moros y Cristianos" (Espagne, Pays valencien) » 

Discussion  

Déjeuner : 12h – 13.30

L’après midi : Mise en scène de la mémoire

13.30 – 15.30.

-         Aurélie Roger (politiste, IEP de Bordeaux), « Muséographier. La mémoire du colonial. Choix de mise en scène et perspectives de rénovation pour le Musée Royal de l’Afrique centrale, en Belgique »

-         Christian Gudehus (Etudes culturelles, KWI Essen) : « Holocaust narratives in German memorials »

Discussion

Pause café : 15.30 – 16h

Table ronde finale (16h – 17h)

-         Jean-Pierre Albert (anthropologue, LISST- Centre d’Anthropologie Sociale, Toulouse)

-         Isabelle Lacoue-Labarthe (historienne, IEP, Toulouse)

-         Alexandra Oeser (sociologue, EHESS, Paris)

 

Lieux

  • Salle du Conseil, IEP de Toulouse, 2 ter rue des Puits Creusés, 31000 Toulouse
    Toulouse, France

Dates

  • mardi 22 mai 2007
  • mercredi 23 mai 2007

Mots-clés

  • Mémoire, Transmission, Musées

Contacts

  • Isabelle Lacoue-Labarthe
    courriel : isabelle [dot] lacoue-labarthe [at] sciencespo-toulouse [dot] fr

Source de l'information

  • Isabelle Lacoue-Labarthe
    courriel : isabelle [dot] lacoue-labarthe [at] sciencespo-toulouse [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Processus sociaux créateurs de discours légitimes sur le passé », Journée d'étude, Calenda, Publié le lundi 14 mai 2007, https://doi.org/10.58079/bjx

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