AccueilLa parole des rois (couronnes d’Aragon et de Castille, XIIIe-XVe siècle) (II)

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Publié le mardi 13 novembre 2007

Résumé

Deuxième journée d’études sur la parole des rois (El hablar de los reyes) dans les couronnes d’Aragon et de Castille aux XIIIe-XVe siècles, avec la participation d’historiens, de linguistes et de spécialistes des littératures hispaniques médiévales.

Annonce

La parole des rois (couronnes d’Aragon et de Castille aux XIIIe-XVe siècle) (II)

Journée d’études le 14 janvier 2008

Maison de la recherche, 28 rue Serpente, 75 006 Paris, salle D 223

Coordinateurs : Sophie Hirel-Wouts (Université Paris-Sorbonne), Georges Martin (Université Paris-Sorbonne) et Stéphane Péquignot (EPHE)

Institutions organisatrices : SEMH-Sorbonne (CLEA, EA 4083), EPHE

« Sobre todo es mayor la palabra del rey »

Castigos de Sancho IV, chapitre XI

Une première journée d’études sur la parole des rois dans les couronnes de Castille et d’Aragon aux XIIIe-XVe siècles (Madrid, Casa de Velázquez, 9 juin 2006) a permis tout à la fois de dresser une typologie des sources mettant en œuvre la parole des rois, de détailler les caractéristiques d’énonciation de cette parole (quand, où, comment et à qui parle le roi) et de s’interroger sur l’autorité et l’effectivité de cette dernière. Textes juridico-politiques (Segunda partida, Espéculo), actes de la pratique (discours d’ouverture aux Cort(e)s, conversations diplomatiques, serments royaux), production historiographique (De dictis et factis Alphonsi regis du Panormita), fiction exemplaire (Calila e Dimna, Sendebar, Conde Lucanor) : la mise en regard de sources a priori hétérogènes a révélé d’importantes correspondances entre les discours normatifs sur la parole royale et la façon dont cette dernière est mise en scène. Il ressort en effet de ce premier tour d’horizon sur la parole des rois – et notamment de la confrontation d’approches jusqu’alors éclatées de cet objet – que la retranscription, la ré-élaboration, voire la réinvention de la parole royale dans les différentes sources qui la consignent n’entament en rien la possibilité d’accès à cette parole. Il apparaît même que les moules formels, communément perçus comme un obstacle majeur à l’accès à la parole royale, participent du sens et de la fonction de cette dernière. La parole du roi, en effet, se distingue dans sa forme de toute autre parole : souveraine, mesurée, impérieuse, elle s’énonce et se reçoit selon une gestuelle et des règles précises qui lui donnent force et légitimité. On la voit dès lors prise au piège de sa propre formalisation, qu’elle ne cesse de renforcer pour plus d’efficacité, sombrant de la sorte dans l’étourdissante spirale de l’interaction entre performance et formalisme. La question de la simple vérité de l’énoncé se trouve ainsi imperceptiblement déplacée vers celle de l’autorité de l’énonciation : face à la primauté de la manière de dire, le contenu reste aussi révocable qu’indécis. L’ambiguïté intrinsèque (soulignée dans le cas de Jacques Ier d’Aragon ou dans le récit du Sendebar) d’une parole royale indéniablement prestigieuse du point de vue de son effectivité mais vouée à toutes les manipulations rappelle, de fait, que la parole royale ne peut être perçue que dans sa relation au reste de la société. En effet, si le roi est bien souvent le porte-voix des exigences de la cour, il est indéniable qu’une partie de l’entourage du roi est le porte-parole de ce dernier. Il est dès lors légitime de s’interroger sur le caractère médiat de la parole royale. Cette réflexion peut emprunter au moins trois voies. La médiation pourra tout d’abord être traquée dans la modélisation de la parole royale : à quels référents, à quels modèles et à quels schémas préexistants renvoie la parole du roi ? Comment ces modèles furent-ils exploités ? Quelles en furent les modulations, les évolutions majeures ? Dans quels buts ? Enfin, peut-on inférer de ces évolutions des styles de parole royale ? Le cas échéant, ce style – élément codé d’une règle, pour reprendre la définition de Roland Barthes (Le bruissement de la langue) – est-il propre à un royaume, à une période, à une dynastie ou à une personne ? L’ensemble de ces questionnements sous-tend une question majeure : y aurait-il « une » façon royale de s’exprimer en péninsule Ibérique ? En quoi la réception et l’interprétation de la parole royale auraient-elles divergé d’un royaume à l’autre, voire d’une langue à l’autre au sein d’une même Couronne ? Ces divergences, dans l’hypothèse où elles seraient discernables, sont-elles fonction de l’évolution disjointe des régimes politiques des royaumes péninsulaires aux XIIIe-XIVe siècles ?

La confrontation entre les modèles de parole des rois et les différents styles de paroles prononcées par les rois de Castille et d’Aragon devrait conduire à une interrogation sur les adaptations des paroles par les rois suivant leurs différents contextes d’énonciation : en particulier, le roi d’Aragon use-t-il des mêmes paroles, de la même rhétorique pour s’adresser aux Catalans, aux Valenciens, aux Majorquins et aux Aragonais ? La présence des Trastamare sur les deux trônes à partir du début du XVe siècle se traduirait-elle par un rapprochement des styles avant l’union des territoires ? De manière plus générale, les paroles des rois de Castille et d’Aragon correspondent-elles au schéma mis en lumière par Jacques Le Goff pour saint Louis ? À quoi imputer ces variations ? Enfin, à travers la parole du roi, ne décèle-t-on pas aussi un ou des modèles de conversations royales ?

L’hypothèse d’un recoupement entre contexte d’énonciation et style invitera à approfondir en particulier deux aspects : les critères de définition du style (entendu aussi bien au sens rhétorique restreint qu’au sens général) et le rôle de l’évolution du contexte politico-institutionnel. Corrélativement, il conviendra de s’interroger sur la circulation, sur la diffusion de cette parole « des crieurs à l’historiographie ». La parole royale n’émanant pas toujours de la bouche même du roi, il faut aller la recueillir dans celle des divers « porteurs ». Au plus près de la parole des rois, celle des reines pourra être convoquée, à travers la correspondance de ces dernières, notamment. On insistera tout particulièrement sur le rôle et sur la nature de la parole de la reine dans son rapport à la parole du roi, dans la lignée des études menées ces dernières années sur le concept de « réginalité » (Cf. Theresa Earenfight et le principe de queenship / reginalidad). Mais on pourra aussi examiner les modalités et les raisons des incarnations multiples de la parole des rois par des porte-parole privilégiés, les chanceliers, les messagers, les ambassadeurs. Quels sont les fondements et les limites de cette parole incarnée, projetée, transportée ? Où s’exerce et où s’arrête son efficacité ?

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9 h : Sophie Hirel-Wouts (Université Paris IV-Sorbonne)
Introduction

La fabrique de la parole

9h15-10 h : Inés Fernández – Ordóñez (Universidad Autónoma de Madrid)
« Latín frente a romance: La selección de la lengua en las cancillerías regias de Castilla, Navarra y Aragón en el siglo XIII ».

10h-10h45 : Stéphane Péquignot (EPHE, IVe section)
« La voix de son maître ? Les instructions aux ambassadeurs du roi (XIIIe-XVe siècles) ».

Pause

Paroles de reines

11h-11h45 : Patricia Rochwert (Université Paris XIII)
« La parole de la reine dans les chroniques de Ferran Sánchez de Valladolid (XIVe siècle) ».

11h45-12h30 : Claire Ponsich (Université de Pau)
« Des paroles d'apaisement aux lettres de reproches, des glissements rhétoriques du conseil ou l'engagement politique d'une reine d'Aragon ? ».

Les rois en leurs discours

14h30-15h15 : Amaia Arizaleta (Université Toulouse-Le Mirail)
« L'éloquence royale dans le Poème de Benevivere ».

15h15-16h : Alexandra Beauchamp (Université de Limoges)
« Les représentants généraux du roi d'Aragon à la fin du Moyen Âge : médiateurs de la parole du prince ou voix de la royauté ? »

Pause

16h15-17h : Sophie Hirel-Wouts (Université Paris IV-Sorbonne)
« Le discours royal dans la Corónica de Vagad (1499) : la voix de l'Aragon?»

17h : Nicole Bériou (Université Lyon II) & Gabriel Martínez-Gros (Université de Paris VIII)

Conclusions

Lieux

  • Maison de la Recherche 28 rue Serpente (salle D 223)
    Paris, France

Dates

  • lundi 14 janvier 2008

Mots-clés

  • Moyen Age, péninsule Ibérique, parole, royauté, reines, pouvoir, chroniques, chancelleries

Contacts

  • Stéphane Péquignot
    courriel : stephane [dot] pequignot [at] ephe [dot] sorbonne [dot] fr
  • Sophie Hirel-Wouts
    courriel : sophie [dot] hirel [at] laposte [dot] net

Source de l'information

  • Stéphane Péquignot
    courriel : stephane [dot] pequignot [at] ephe [dot] sorbonne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La parole des rois (couronnes d’Aragon et de Castille, XIIIe-XVe siècle) (II) », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 13 novembre 2007, https://doi.org/10.58079/c0t

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