AccueilTerritoires d'Éthiopie. Histoires, espaces, pouvoirs

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Publié le mardi 02 décembre 2008

Résumé

L’histoire des territoires de l’Éthiopie s’est souvent écrite du point de vue du pouvoir central, l’État chrétien, par un biais inhérent à la documentation employée. Effectivement, la majeure partie des textes historiques sont le produit de l’État central et livrent par conséquent une vision centrée et idéalisée de la construction de cet État depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours. Le propos de ce colloque est de décentrer le regard afin d’examiner les relations qui unissent un souverain installé dans une région centrale mobile et un espace constitué de multiples territoires qui n’ont pas tous le même statut ni le même degré d’interaction avec l’administration royale. La particularité de ce colloque est d’envisager la territorialisation de ces espaces dans son rapport au temps, particulièrement en considérant les utilisations politiques de l’histoire.

Annonce

L’histoire des territoires de l’Éthiopie s’est le plus souvent écrite du point de vue du pouvoir central, l’État chrétien, selon trois thématiques : la conquête de nouvelles régions par le pouvoir chrétien, la christianisation de ces régions conquises, le contrôle des marches par la fiscalité et la guerre. Ce biais est inhérent à la documentation employée. Effectivement, la majeure partie des textes historiques sont le produit de l’État central et livrent par conséquent une vision centrée et idéalisée de la construction de cet État depuis le xiiie siècle jusqu’à nos jours.

Le propos de ce colloque est de décentrer le regard afin d’examiner au plus près les relations qui unissent un souverain installé dans une région centrale mobile et un espace constitué de multiples territoires qui n’ont pas tous le même statut ni le même degré d’interaction avec l’administration royale. Il s’agira ici de décrire la territorialisation de ces espaces.

Deux régions retiendront plus spécifiquement notre attention : le Lasta et le Godjam. Ce choix s’explique par plusieurs raisons. Lasta et Godjam présentent tout d’abord des évolutions divergentes au sein du royaume éthiopien – de région centrale du pouvoir, le Lasta est passé à un statut de second ordre, tandis que le Godjam connaissait un changement inverse. De plus, la documentation sur le Godjam comme sur le Lasta permet de reconsidérer l’histoire du royaume – et la structure même de celui-ci – d’après d’autres textes que ceux produits par l’État central, tout en s’interrogeant sur la construction de ces territoires, leurs identités mouvantes et la production d’une histoire propre. Toutefois, on ne saurait se priver de l’apport de contributions portant sur d’autres régions de l’Éthiopie (comprise dans ses frontières actuelles) et de l’Érythrée qui pourront témoigner d’autres expériences de territorialisation.

Nous n’excluons a priori aucune approche, privilégiant au contraire le jeu des échelles, depuis une vision micro-régionale s’intéressant par exemple à un point de passage (frontière, étape) entre deux régions à une vision macro-régionale qui, par l’étude d’itinéraires ou de réseaux, mettrait en valeur l’intégration de territoires à un ensemble plus vaste.

La particularité de ce colloque est d’envisager cette territorialisation dans ses rapports au temps, particulièrement en considérant les utilisations politiques de l’histoire, et l’un de ses enjeux réside dans l’établissement de passerelles entre les travaux sur le contemporain et ceux menés sur le passé, en confrontant les approches méthodologiques et conceptuelles.

Le colloque s’organisera autour des trois sessions suivantes :

1. Territorialisation : frontières, routes, réseaux et hiérarchies

La territorialisation d’un espace passe par la définition de limites. Si on ne peut être précis pour l’ensemble des frontières régionales, quelques éclairages sur des espaces-frontières particuliers, qu’ils soient représentatifs ou au contraire insolites, pourront apporter des éléments de réflexion autour notamment de la perception de l’espace en Éthiopie.

Par ailleurs, les routes imposent une autre linéarité, différente de celle de la frontière. C’est peut-être plus dans le cheminement le long d’une route traversant plusieurs régions que les régions se distinguent justement. On sait à quel moment (par le franchissement d’une rivière, par l’arrivée sur un plateau, par l’accès à un ravin, par le passage près d’une église, par l’acquittement de droits de douane…) on quitte une région pour entrer dans une autre. Mais pour autant, sait-on où court ensuite la frontière entre deux régions, de part et d’autre de cette route ? Peut-être ici faut-il introduire une distinction entre une perception locale de la limite régionale et une perception exogène, celle du voyageur, du représentant de l’État central, qui percevait autrement ces limites, marquées dans les itinéraires plus que d’un point de vue zonal. C’est donc une question d’échelle. La route est aussi la ligne que trace un pouvoir supérieur en mouvement pour contrôler un espace à côté des réseaux religieux, lettrés et commerciaux qui constituent un autre maillage de l’occupation et du contrôle de l’espace.

2. La perception de l’espace dans la constitution des identités territoriales

Un territoire se définit aussi parfois par des catégories culturelles (langues, religions…) ou des critères naturel (la vigueur du relief, le climat, un type de culture…). Quel rôle celles-ci jouent-elles dans l’individuation du Lasta ou du Godjam, par exemple, vis-à-vis du royaume chrétien ? Par exemple, l’identité agaw est-elle un élément clé pour définir le Lasta ? Ou encore, le parti qebat au Godjam constitue-t-il une marque distinctive de la région ?

3. Histoire et mémoire : réécritures et utilisation dans la construction de l’espace étatique

S’il est possible de déterminer à une période donnée ce qui constitue l’identité régionale, il faut aussi s’intéresser au rôle de la mémoire dans la perception régionale et aux reconstructions qui donnent aux limites une histoire linéaire, imposant l’idée d’une construction nationale toujours en marche selon un plan préétabli et donnant à lire une situation contemporaine comme étant l’aboutissement logique d’un long processus tendant toujours vers le même objectif, la justification territoriale d’une Éthiopie historique et idéalisée. En parallèle, il faudra analyser les différentes étapes d’écriture de l’histoire par les groupes de pouvoir, dans leurs enjeux et leurs objectifs.

Tuesday the 9th of December

5 pm – Welcoming drink

Screening of the film of Alessandron Triulzi, “Like a Man on Earth”

Wednesday the 10th of December

Morning, 9-12 am
Chairman : François-Xavier Fauvelle

Claire Bosc-Tiessé & Marie-Laure Derat, Introduction

Marie-Laure Derat, The Territory of the Zagwe Dynasty in the 12th and 13th Centuries

Claire Bosc-Tiessé, The Geographical and Political Identity of Lasta (c. 1660-1750)

Bertrand Hirsch, Itineraries and Territories in the Muslim Kingdoms of Ethiopia, 13th-16th Centuries

Afternoon, 2-6 pm
Chairman : Bertrand Hirsch

Hiluf Berhe, The Sabeans in Ethiopia

Ayda Bouanga, The Integration of the Gafat into the Kingdom of Ethiopia, 13th-18th Centuries

Alessandro Triulzi, Negotiating Power within the Empire: a Letter Exchange Between Naqamte and Addis Ababa

Chikage Ôba, The Abyssinian Conquest from the Perspective of Boorana

Thursday, the 11th of December

Morning, 9-12 am
Chairman : Shiferaw Bekele

Eloi Ficquet, The First Cartographic Representations of the Territorial Divisions of the Ethiopian Contemporary State, 1909-1935

Simon Imbert-Vier & Shiferaw Bekele, The Railway Territory from 1894 to 1959

Stéphane Ancel, Territories, Ecclesiastic Jurisdictions and Centralization Process : the Improvement of the Ethiopian Patriarchate Authority (1972-1983)

Afternoon, 2-6 pm
Chairman : Alessandro Triulzi

Colette Dubois, Banking and Territory Networks. The Bank of Indochina in French Somalia and the Bank of Abyssinia (and its successors) in the Ethiopian Empire operating in the other Territories

Simon Imbert-Vier, The Making of the Djibouti Territory (1888-1954): Accomplishment of the International Terrestrial Boundaries of the Côte Française des Somalis (1184-1954)?

Bezounesh Tamrou, Current Cities Network and Territorial Resettling in Ethiopia

Bernard Lortic, Ethiopia from the Space

Friday, the 12th of December

Morning, 9-12 am
Chairman : Anaïs Wion

Manuel Ramos, The Space of the Oral in the History of the Construction of Kingly Territories in Gondar, Northern Ethiopia

Thomas Osmond, Heritage Claims and National Imaginations. The Churches of Lalibela in the Ethiopian Federal State

Wolbert Smidt, Re-Interpretation and Tigrinnisation of the History in Oral Tradition of Tigrinnya Groups

Afternoon, 2-6 pm
Chairman : Claire Bosc Tiessé

Anaïs Wion, Aksum Seyon Church Territory: First Steps for a Micro-Analysis of its Tributary Lands and the Challenges in the Writings of its Charters, Regulations and History

Manfred Kropp, Nominal Property Transfer of Private Land and Tax Exemption as Age Insurance: the Traditional Economic Structure of an Ethiopian Monastery (Estifanos, Hayq)

Habtamu Mengistie, Land Tenures and Territorial identity, 18th-19th Centuries

 

Conclusion

Lieux

  • Centre français des études éthiopiennes (CFEE)
    Addis-Abeba, Éthiopie

Dates

  • mercredi 10 décembre 2008
  • jeudi 11 décembre 2008
  • vendredi 12 décembre 2008

Contacts

  • Claire Bosc-Tiessé
    courriel : claire [dot] bosc-tiesse [at] inha [dot] fr
  • Marie-Laure Derat
    courriel : ml [dot] derat [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Claire Bosc-Tiessé
    courriel : claire [dot] bosc-tiesse [at] inha [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Territoires d'Éthiopie. Histoires, espaces, pouvoirs », Colloque, Calenda, Publié le mardi 02 décembre 2008, https://doi.org/10.58079/d1r

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