AccueilParoles libres, paroles captives ? Écrits de « jeunes placés » dans les dossiers de justice

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Paroles libres, paroles captives ? Écrits de « jeunes placés » dans les dossiers de justice

Appel à contribution pour la Revue d'histoire de l'enfance irrégulière n°11

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Publié le vendredi 10 octobre 2008

Résumé

La Revue d'histoire de l'enfance irrégulière (RHEI) est une publication consacrée au champ de l'enfance et de la jeunesse marginales ou marginalisées. Elle consacrera son prochain numéro (n°11) au thème : « Paroles libres, paroles captives ? Écrits de « jeunes placés » dans les dossiers de Justice ». Les propositions d'articles (synopsis de 2000 signes maximum) doivent être adressées avant le : 15 novembre 2008.

Annonce

La Revue d'histoire de l'enfance "irrégulière" est une publication consacrée au champ de l'enfance et de la jeunesse marginales ou marginalisées. Elle s'intéresse donc à l'enfant de justice (délinquant), mais aussi à l'enfant victime, à l'orphelin, au vagabond…, ainsi qu'aux politiques législatives et institutionnelles et aux pratiques pédagogiques mises en œuvre pour prendre en charge cette jeunesse et cette enfance " irrégulières " en France et hors de France.

Elle consacrera son prochain numéro (n°11) au thème : « Paroles libres, paroles captives ? Écrits de « jeunes placés » dans les dossiers de Justice ».

Étant donnée la nature particulière des établissements habilités par la Justice des mineurs, les dossiers individuels constitués sur chaque nouvel arrivant sont souvent denses, quelle que soit la durée de leur séjour. Les moindres faits et gestes sont consignés par toute une gamme d’observateurs et le jeune lui-même sans le savoir est parfois appelé à contribution. Dans les dossiers figurent en effet, outre les pièces administratives classiques (enquête sociale, ordonnance du juge, rapport de gendarmerie…), de très nombreux écrits rédigés de la main des mineurs (rédactions et dessins provoqués ; correspondances, notes, journaux intimes confisqués) ainsi que leurs paroles retranscrites par des médiateurs que sont le policier, l’éducateur, le greffier ou le psychologue (entretiens, tests, rapports, notes de comportements…).

Dans ce contexte disciplinaire, voire même d’enfermement, toutes ces paroles recueillies sont-elles seulement biaisées, captives, tronquées ou langue de bois ? Sont-elles le reflet de l’emprise institutionnelle, des stratégies du jeune faisant l’objet de la prise en charge ou bien aussi la manifestation d’une liberté d’expression ? Ces exercices montrent-ils seulement l’efficacité de cette méthode projective inventée par les psychiatres et psychologues pour détecter les troubles du comportement, sont-ils une nouvelle tactique judiciaire pour susciter un aveu ? Ou bien ne deviennent-ils pas un moyen d’expression utilisé, parfois à contrecœur, par les jeunes pour se raconter, évoquer leurs ressentis et leurs opinions, pour combler leur ennui ? Lorsque les jeunes écrivent ou parlent, cherchent-ils à se dédouaner de leurs délits, à se présenter sous leur meilleur jour afin de clamer leur innocence et de protester contre l’injustice ou bien se contentent-ils de témoigner, de porter un regard sur leur quotidien, leur itinéraire, leur condition sociale, leur futur et sur la société en général ?

L’utilisation des dossiers policiers et judiciaires en histoire est depuis longtemps une pratique avérée (Arlette Farge, Jean-Claude Farcy...). Le contenu des dossiers de mineur offre ainsi la possibilité de porter un nouveau regard sur la prise en charge des mineurs en Justice en permettant non seulement de croiser les pratiques des différents acteurs mais aussi de les confronter avec le ressenti et les réactions des principaux concernés par ces mesures que sont les jeunes eux-mêmes. Leurs paroles ne peuvent-elles pas révéler les décalages entre les intentions et l’interprétation qui peut en être faite, pointant par exemple les ambiguïtés de cette justice des mineurs qui, au nom de la rééducation, esquive ou module les sanctions en s’intéressant avant tout au milieu dont sont issus les jeunes, au risque de paraître pour ces derniers aléatoires ou partiales ?

Mais sont-ils uniquement symptomatiques de la délinquance juvénile, de la marginalité ? Si l’engrenage judiciaire et l’expertise auxquels ils sont soumis à un moment donné de leur existence constituent une opportunité pour l’historien en créant l’archive et rendant bavards des gens qui normalement laissent peu de trace, ces dossiers n’offrent-ils pas d’autres pistes pour la recherche ?

Pour une histoire de la minorité et de la majorité qui ne se limiterait pas aux débats et batailles législatives, mais à la façon dont ces seuils d’âges sont perçus par les jeunes mineurs eux-mêmes ?

Pour une histoire de la scolarité des jeunes, avec pendant longtemps l’enjeu du CEP, comme rite de passage décisif pour acquérir une certaine autonomie ?

Pour une histoire de la guerre vécue par les jeunes, ces enfants de la guerre qui se retrouvent souvent à faire la guerre (Indochine) ?

Pour une histoire de l’immigration et en particulier de l’immigration maghrébine en métropole (avec en filigrane une histoire de la guerre d’Algérie), en mettant en lumière le phénomène des jeunes dits "isolés" souvent absents des statistiques migratoires ?

Pour une histoire des sociabilités des jeunes et de leurs loisirs, vues par eux-mêmes, phénomène antérieur à celui des Blousons noirs (1959-1964) qui les cristallisent autour de la notion de bande ?

Pour une histoire de la sexualité des jeunes, par exemple de l’homosexualité, et du regard portée par la société sur ce phénomène considéré comme déviant ?

Pour une histoire du travail des jeunes, de l’autonomie des jeunes dès l’âge de 13-14 ans, avec comme corollaire une histoire de l’apprentissage et du rapport au CAP ?

Pour bien d’autres histoires encore….

Les propositions d'articles (synopsis de 2000 signes maximum) doivent être adressées, avant le : 15 novembre 2008

Par messagerie à Mathias Gardet : m.gardet@noos.fr

Les propositions retenues (les auteurs en seront informés dès la fin novembre) pourront devenir un article de 50.000 signes maximum qui devra être rendu impérativement fin février 2009 par messagerie à Mathias Gardet : m.gardet@noos.fr, le numéro 11 de la revue RHEI devant paraître fin 2009.


Dates

  • samedi 15 novembre 2008

Mots-clés

  • histoire du social, dossiers de jeunes, justice des mineurs, éducation spécialisée, jeunesse

Contacts

  • Gardet Mathias
    courriel : m [dot] gardet [at] noos [dot] fr

Source de l'information

  • Mathias Gardet
    courriel : info [at] cnahes [dot] org

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Paroles libres, paroles captives ? Écrits de « jeunes placés » dans les dossiers de justice », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 10 octobre 2008, https://doi.org/10.58079/d4q

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