AccueilPerformance, art et anthropologie

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Publié le mercredi 18 février 2009

Résumé

La circulation des pratiques culturelles constitue une source de mutations qui ne cesse d’étonner. Ce colloque propose une analyse croisée des rituels issus des sociétés traditionnelles et des performances produites par les artistes contemporains. Ce rapprochement mettra à contribution deux cultures scientifiques : d’une part, l’anthropologie, héritière d’un débat nourri sur la question du rituel, et, d’autre part, l’histoire de l’art, discipline directement concernée par les performances artistiques, mais aussi curieuse des traditions non occidentales. Les dénominateurs communs entre performances artistiques et performances rituelles concernent la spatialité en jeu, la nature des éléments de la manipulation, le temps hors norme de l’action et la production de symbolique. Il est opportun de se pencher sur ces convergences de significations. Nous aborderons, dans ce cadre, trois thématiques qui nous paraissent centrales. La première concerne une mise en perspective historique de la performance, la seconde est liée à l’implication du corps, la troisième questionne la valeur épistémologique des rituels et de la performance.

Annonce

Musée du Quai Branly Théâtre Claude Lévi-Strauss 11-12 mars 2009

Organisateurs : 

  • Caterina Pasqualino (CNRS)
  • et Arnd Schneider (Université d'Oslo)

 La circulation des pratiques culturelles constitue une source de mutations qui ne cesse d’étonner. Ce colloque propose une analyse croisée des rituels issus des sociétés traditionnelles et des performances produites par les artistes contemporains. Ce rapprochement mettra à contribution deux cultures scientifiques : d’une part, l’anthropologie, héritière d’un débat nourri sur la question du rituel, et, d’autre part, l’histoire de l’art, discipline directement concernée par les performances artistiques, mais aussi curieuse des traditions non occidentales. Les dénominateurs communs entre performances artistiques et performances rituelles concernent la spatialité en jeu, la nature des éléments de la manipulation, le temps hors norme de l’action et la production de symbolique. Il est opportun de se pencher sur ces convergences de significations. Nous aborderons, dans ce cadre, trois thématiques qui nous paraissent centrales. La première concerne une mise en perspective historique de la performance, la seconde est liée à l’implication du corps, la troisième questionne la valeur épistémologique des rituels et de la performance.

1)    L’évolution actuelle des performances artistiques et rituelles. Nombreux sont les artistes qui se sont inspirés de pratiques rituelles : quelles sont les conséquences de tels déplacements ? Il semble que les rituels ne s’orientent pas nécessairement, contrairement à ce que l’on a pu penser, vers une uniformisation des pratiques découlant de la globalisation. Les processus d’emprunt sont complexes et restent à étudier.

2)    La transformation du corps au cours de la performance. Les performances artistiques et rituelles unissent, le temps de l’action, acteurs et spectateurs. Elles établissent dans ce dessein un hors temps pendant lequel le corps est soumis à un ensemble de transformations pouvant aller jusqu’à plonger les participants dans un état second. Comment analyser ces phénomènes qui atteint au point de déposséder de son identité ?

3)    La valeur épistémologique du rituel et de la performance. Au même titre que les performances studies, l’anthropologie théâtrale ou certains dispositifs d’échange proposés par les artistes contemporains, le travail de l’anthropologue sur le terrain peut être considéré comme une "performance interculturelle". Dans cette perspective, nous envisagerons les différents médias permettant de travailler au-delà de l'analyse discursive.

Présentation du comité d’organisation

  • Caterina Pasqualino chercheur au CNRS (CNRS IIAC Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain), Maison des Sciences de l’Homme, 54, bd. Raspail, 75006 PARIS. Tél : 0149542198 cpasqualino@noos.fr

Enseignante à l’EHESS/INHA (Institut National d’Histoire de l’Art): « La performance filmée ». Direction  de l’axe « Circulation des pratiques culturelles : esthétisation et ethnicisation » du GDRI Anthropologie et L’Histoire de l’Art dirigé par Anne Christine Tylor au Quai Branly.

Comment des objets d’art ou des pratiques rituelles acquièrent de nouvelles significations et de nouvelles valeurs, dès lors qu’ils franchissent les aires géographiques, les clivages sociaux et culturels qui leur sont habituellement impartis ? Caterina Pasqualino travaille plus spécifiquement sur l’étude de l’ensemble des productions artistiques non matérielles. Elle aborde les actions rituelles des sociétés dites traditionnelles, non seulement comme un complément indispensable à la compréhension des objets (l’objet masque ne saurait être appréhendé sans la prise en compte du rituel auquel il participe), mais comme des pièces artistiques à l’instar des performances ou des films produits par les artistes de la scène contemporaine. Depuis 2006, à partir de son enseignement « La performance filmée » dispensé à l’EHESS/INHA, elle travaille sur la comparaison des performances artistiques et rituelles.

Parmi les publications de l’auteur :

. 2005, « Ecorchés vif. Pour une anthropologie des affects », Systèmes de pensée en Afrique noire, numéro spécial dirigé par Dominique Casajus : « L’excellence de la souffrance », n° 17, 2005, pp. 51-69.

. 2007, « Filming emotion: The Place of Video in Anthropology », Visual Anthropology Review, special issue on European Anthropology, co-editors Peter di Biella and Colette Piault.

. 2007, « Le ralenti comme instrument de connaissance. Filmer les chants gitans » in Ethnomusicologie et anthropologie musicale historique de l'espace français, co-éditeurs Yves Defrance and Luc Charles-Dominique, L’Harmattan.

. 2008, « The Gypsies, Poor but Happy: A Cinematic Myth”, Third Text.

. 2008, Flamenco gitan,  CNRS éditions, Paris.

  • Arnd Schneider : professeur à l’Université de Oslo (Departement d’Anthropologie Sociale) P. O. box 1091 Blindern, N-0317 Oslo, Norway. Tlf: 22856526, Fax: 22854502 arnd.schneider@sai.uio.no

Le travail de Arnd Schneider concerne, de façon générale, le rapport entre l'art contemporain et l'anthropologie et, plus spécifiquement, l'appropriation des méthodologies anthropologiques (comme le terrain) et des cultures indigènes par les artistes contemporains. Il a effectué ses recherches en Amérique latine, particulièrement en Argentine, en Uruguay et en Equateur. Ses travaux concernent l'éthique du croisement entre art et anthropologie, et le transfert des identités dans le processus de globalisation.

Parmi les publications de l’auteur :

. 2003, “On ‘appropriation’: a critical reappraisal of the concept and its application in global art practices”, Social Anthropology, 11, (2) 2003, 215 - 229.

. 2004, “Rooting Hybridity: Globalisation and the challenges of mestizaje and crisol de razas for contemporary artists in Ecuador and Argentina”, Indiana, 21, 2004, 95 -112.

. 2006, Contemporary Art and Anthropology, co-edited with Chris Wright,(With contributions from Jonathan Friedman, George E. Marcus, Susanne Küchler, Chris Pinney, and Nicholas Thomas, amongst others). Oxford: Berg Publishers.

. 2006, Appropriation as Practice: Art and Identity in Argentina,

Institute for the Study of the Americas(University of London)/Palgrave, New York.

. 2008, “Three modes of experimentation with art and ethnography”, Journal of the Royal Anthropological Institute (N.S.), 14, (1), 171 – 194.

Liste de participants

  • Paul Ardenne (faculté des arts, Amiens)
  • Miquel Barcelo (artiste)
  • Lucien Castaing-Taylor (université de Harvard)
  • Francesco Careri et Lorenzo Romito (artistes, Université de Roma TRE -Stalker / Osservatorio Nomade)
  • Catherine Choron-Baix (CNRS)
  • Craigie Horsfield (artiste)
  • Kjersti Larsen (université de Oslo)
  • George Marcus (université de Californie, Irvine)
  • Barbaro Martinez-Ruiz (université de Stanford)
  • ORLAN (artiste)
  • Caterina Pasqualino (CNRS/EHESS Paris)
  • Richard Schechner (université de New York, NYU),
  • Arnd Schneider (université de Oslo)
  • Marthe Torshaug (artiste)
  • Barthélemy Toguo (artiste)
  • Chris Wright, (Goldsmiths, université de Londres)

11 mars 2009

10.00-10.15 Introduction, Caterina Pasqualino et Arnd Schneider

 Modérateur : George Marcus

 10.15-11.00 Craigie Horsfield (artiste, Londres), The Translation of Souls

11.00-11.15 Discussion

11.15-11.30 Pause

11.30-12.00 Paul Ardenne (Faculté des arts, Amiens), Miquel Barceló et Josef Nadj, Paso Doble, présentation

12.00-12.45 Miquel Barceló (artiste, Majorque/Paris), à propos de Paso doble, extraits de la vidéo-performance de Miquel Barceló et Josef Nadj

12.45 -13.00 Discussion

13.00-15.00 Déjeuner

Modérateur : Giovanni Careri

15.00-15.30 Arnd Schneider (université d’Oslo), Contested Grounds: Appropriation and Performance in Collaborations with Artists in Argentina

15-30-15.45 Discussion

15.45-16.15 Marthe Torshaug (artiste, Oslo), Comancheria
(extraits du film et présentation)

16.15-16.30 Discussion

16.30-16.45 Pause

Modérateur : Marc Abélès

16.45-17.15 Chris Wright (Goldsmiths, université de Londres), Observation and Context

17.15-17.30 Discussion

17.30-18.00 Francesco Careri et Lorenzo Romito (artistes/architectes, université de Rome III Stalker / Osservatorio Nomade), Fermer les « Campi Nomadi » d’Italie et d’Europe

18.00 - 18.15 Discussion

18.15-18.45 Barthélémy Toguo (artiste, Cameroun/Paris), vidéo-performance Circumcision, série (extraits et présentation)

18.45-19.00 Discussion

12 mars 2009

Modérateur : Arnd Schneider

 

10.00-10.30 Caterina Pasqualino (CNRS Paris), Voix d’au-delà : du rituel à l’art contemporain

10.30-10.45 Discussion

10.45-11.30 Richard Schechner (université de New York, NYU), Self-Inflicted Wounds/Art/Ritual/Popular Culture

11.30-11.45 Discussion

11.45-12.00 Pause

12.00-12.45 Lucien Castaing-Taylor (université de Harvard), Hell Roaring Creek and Into-the-jug (geworfen): An Artist’s Talk

12.45-13.00 Discussion

13.00-15.00 Déjeuner

Modérateur : Richard Schechner

 

15.00-15.30 Kjersti Larsen (université d’Oslo), Ritual, Performance and Bodily Transformation

15-30-15.45 Discussion

15.45-16.30 Catherine Choron-Baix (CNRS Paris), Shirin Neshat et les cours d’amour au Laos (titre provisoire. Film projeté en avant-première)

16.30-16-45 Discussion

16.45-17.15 Barbaro Martinez Ruiz (université de Stanford), Kongo Atlantic Body Language

17.15-17.30 Discussion

17.30-17.45 Pause

Modérateur : Anne-Christine Taylor

 

17.45-18.15 ORLAN (artiste, Paris), Des self-hybridations aux biotechnologies

18.15-18.30 Discussion

18.30-19.15 George Marcus (université de Californie, Irvine), Further Inspirations from Theater and Conceptual Art in the Refunctioning of Ethnography

19.15-19.30 Discussion

Paul Ardenne, Miquel Barceló et Josef Nadj, Paso Doble, présentation.

Performance à quatre mains (Festival d’Avignon, 2006), Paso Doble met en scène Miquel Barceló, plasticien, et Josef Nadj, chorégraphe, aux prises avec un mur d’argile. Quarante minutes durant, les deux protagonistes de cet exercice de sculpture en live décorent la matière molle, la triturent, s’y fondent enfin. Fruit de l’imaginaire de mudmen hors norme, cet étonnant ballet tient à la fois de l’art, du rituel, de la transe païenne ou sacrale, de la gymnastique, au choix. Paul Ardenne examine ici cette synthèse créative à la lumière des pratiques corporelles, artistiques ou non, élisant avec la matière molle un rapport d’élection, entre décoration primitive du corps, recouvrements rituels et performances plus récentes recourant à la terre, telle Lutter dans la boue, demeurée fameuse, de Kazuo Shiraga, artiste affilié au mouvement Gutai (années 1950, Japon).

Ecrivain, historien de l’art. Universitaire (Faculté des Arts, Amiens), collaborateur, entre autres, des revues Art press et Archistorm, Paul Ardenne est l’auteur de plusieurs ouvrages ayant trait à l’esthétique actuelle : Art, l’âge contemporain (1997), L’Art dans son moment politique (2000), L’Image Corps (2001), Un Art contextuel (2002), Portraiturés (2003), outre diverses monographies d’architectes, un essai sur l’urbanité contemporaine, Terre habitée (2005), et deux romans. Autres publications : Extrême - Esthétiques de la limite dépassée (2006), Images-Monde. De l’événement au documentaire (avec Régis Durand, 2007), Working Men. Art contemporain et travail (avec Barbara Polla, 2008), À Flux tendu. La création plastique au tournant du 21ème siècle (2009).

Miquel Barceló, A propos de Paso Doble.

A l’occasion de la 60e édition du Festival d’Avignon, Miquel Barceló crée avec Josef Nadj Paso Doble, un spectacle qui conjugue l’univers artistique de l’un et l’univers chorégraphique de l’autre.  A partir de cette œuvre,  l’artiste parlera de son rapport à la performance.

Artiste espagnolMiquel Barceló est l'un des artistes contemporains les plus en vue sur la scène artistique internationale. Ses travaux sont orientés vers le dessin, la peinture, mais aussi la sculptureL’artiste vient entre autres de terminer une intervention à l’ONU (Palais des Nations Unis à Genève) sur l'immense voûte de la « Salle des droits de l'homme et de l'alliance des civilisations », un espace circulaire de 1500 mètres carrés. Depuis quelques années, Miquel Barceló vit et travaille en alternance à Majorque, à Paris et au Mali., la céramique et la performance comme supports de création artistique alternatifs. ,

Lucien Castaing-Taylor, Hell-Roaring Creek et Into-the-Jug  (geworfen)  : propos d’artiste. 

Lucien Tylor projettera deux de ses films récents sur la temporalité et posera la question de leurs relations avec l’art et l’anthropologie. Ces travaux font partie d’un projet plus vaste qui est une ode a l’Ouest américain – une évocation sensorielle de la vie des derniers bergers qui, l’été, guident leurs troupeaux à travers les pâturages de la montagne de Bear Tooth au Montana. Sans voix-off et ne cédant à aucun compromis, les films révèlent un monde dans lequel la nature et la culture, les animaux et les humains, les paysages et les climats, la vulnérabilité et la violence sont intimement liés.

Cinéaste, artiste et anthropologue, Lucien Castaing-Taylor a récemment mené à terme une série de huit installations vidéo utilisant différents registres stylistiques pour évoquer l’attraction et l’ambivalence de la vie rurale en justapposant des paysages monumentaux et mythologiques de l’Ouest américain avec plusieurs prises de son rapproché et synchrone. Parmi les publications de Castaing-Taylor : Visualizing Theory (ed., Routledge, 1994), Cross-Cultural Filmmaking (avec Barbash, University of California Press, 1997), Transcultural Cinema, une collection d’essai du cinéaste David MacDougall (ed., Princeton University Press, 1998), et The Cinema of Robert Gardner (coed., avec Barbash, Berg, 2008). Il a été un des fondateurs de la revue de l’American Anthropological Association, le Visual Anthropology Review (1991–94). Lucien Castaing-Taylor est directeur du Film Study Center et du Laboratoire d’ethnographie sensorielle à l’Université de Harvard.

Francesco Careri et Lorenzo Romito (Università di Roma TRE - Stalker / Osservatorio Nomade), Fermer les « Campi Nomadi » d’Italie  et d’Europe.

Depuis 2007, le collectif d’artistes et de chercheurs Stalker - Osservatorio Nomade, mène, en collaboration avec le Dipartimento di Studi Urbani de l’Università di Roma Tre, un travail de recherche avec les communautés Rom installées dans la périphérie romaine, en recourant à des actions de terrain, des cours universitaires et des actions d’art civique. Les Rom sont le plus grand peuple européen sans état (environs 15 millions d’individus). En Italie, ils sont confinés dans des camps nommés « Villages de la Solidarité », où leur culture et leur mode de vie sont gravement menacés. Hors de tout dispositif légal, leurs droits y sont suspendus.

Le travail de recherche présenté ici, intitulé « Nomadisme et ville. Habitats informels, camps nomades, abris occasionnels, lus à travers des pratiques et des expériences d’art public », a commencé par une marche exploratoire le long des berges du Tibre où l’on rencontre plus de cinquante bidonvilles (Sui letti del fiume, 2007). Il s’est poursuivi par un séminaire international itinérant, prenant la forme d’un voyage à la rencontre des habitats marginaux, à travers dépôts de containers, zones barbelées équipées d’un réseau de vidéosurveillance, constructions spontanées (Campus Rom 2008). Ce projet s’est achevé par la mise en place, à l’intérieur du Campo Rom Casilino 900, d’un chantier ouvert à l’auto-construction en bois et à la multiculturalité (Savorengo Ker – la casa di tutti, brûlé en décembre 2008).

Catherine Choron-Baix, Shirin Neshat et les cours d’amour au Laos (titre provisoire).

En Octobre 2008, l’artiste Shirin Neshat filme à Luang Prabang, l’ancienne capitale royale du Laos, des cours d’amour, chants alternés d’hommes et de femmes qui s’affrontent dans des joutes improvisées. Ses images d’une performance qui s’enracine dans les anciens rites lao d’accordailles, donnent à cet art poétique et vocal, qui se fait rare aujourd’hui, une tout autre résonance. Elles seront projetées en avant-première à Paris, et commentées dans la double perspective des travaux d’ethnologie menés sur cette tradition orale et des interprétations de l’artiste.

Catherine Choron-Baix est ethnologue au Laboratoire d’anthropologie urbaine du CNRS. Après une thèse de 3è cycle et une thèse d’habilitation consacrées à la diaspora lao en France, elle poursuit sa réflexion sur le changement social dans la société lao, partageant ses recherches entre les sociétés d’exil et la RDP Lao, et s’intéresse tout particulièrement aux pratiques de création. Elle a notamment publié  Le choc des mondes. Les amateurs de boxe thaïlandaise en France. Paris, 1995 Ed. Kimé (Collection « Anthropologies »). « La danse, objet patrimonial. A propos des Lao de France », in Yves Goudineau et Michel Lorillard (eds), Recherches nouvelles sur le Laos, Etudes thématiques n°18, EFEO, Paris, Vientiane, 2008, pp. 385 - 402. Art and virtue. Gold thread embroidery in ancient court of Luang Prabang in Grant Evans (ed) The Last Century of Lao Royalty. A documentary History,  Chiang Mai, 2009, Silkworm Books : 303-314. Elle est l’auteur réalisateur de Mémoire d’or, mémoire de soie, film documentaire, 51 minutes, Vidéo numérique, co-production CNRS Images Media/CNRS-LAU.

 Craigie Horsfield, Le transfert des âmes.

La discussion porte sur le contexte et la pratique de ce qu’on appelle, dans le champ artistique, « projet social ». Considérant l’artiste et l’anthropologue comme protagonistes, la communication concerne les notions de séparation, d’interactivité, de discursivité et de performatif. Des questions pratiques seront mises en avant, avec des exemples concernant l’île el Hierro dans les Canaries et la ville de Nola en Campanie (Italie). Ce panorama conduira, d’une part, à une proposition concernant le rituel, et, d’autre part, à faire le point sur les engagements actuels et futurs des artistes et des spectateurs dans les projets sociaux.

À partir de 1988, date de sa première exposition, Craigie Horsfield devient un acteur essentiel de la scène artistique contemporaine en proposant une nouvelle approche de la photographie. Il a défendu pendant plus de trente ans l’introduction des œuvres sonores au musée, le potentiel des projections sur écrans multiples comme espace social, et le rôle central du public. Pour l’artiste, "la réalisation d’une œuvre, que ce soit son tirage, sa contemplation ou son effet émotionnel, s’effectue dans notre espace commun, se déroule dans un présent relationnel". L’artiste utilise la photographie comme un moyen pour aborder la séparation entre le monde de la fiction et le monde de l’expérience. Il associe film, photographie, travail sur le son, gravures et dessins pour interroger à la fois l’art et la vie, le familier et l’extraordinaire, l’épique et le quotidien, le "temps lent" du présent qui garde trace du passé et amorce le temps à venir.

Kjersti Larsen, Rituel, Performance, et Transformation du corps.

Kjersti Larsen analyse la transformation du corps dans des rituels où les participants acquièrent différentes identités. A Zanzibar, pendant les cérémonies du ngoma ya sheitani, les esprits habitent les participants dans le but de se matérialiser et d’agir parmi les hommes. La parodie - un jeu de répétition et de distance critique - y joue un rôle décisif. Les protagonistes sont engagés dans une création interactive. Ils explorent leurs savoirs sur le différent et le même, sur ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas. Donnant la possibilité d’endosser successivement plusieurs identités et de se projeter dans des contextes différents, la performance se révèle être comme une discipline mentale visant la production de connaissances nouvelles.

Kjersti Larsen est Professeur associé d’Anthropologie Sociale au département d’ethnographie du Musée d’histoire culturelle de l’Université d’Oslo. A partir de 1984, elle mène des recherches de terrain à Zanzibar et,  à partir de 1997, dans le nord du Soudan. Ses centres d’intérêts sont l’identité, le genre et les notions de différence ; le rituel et la performance ; la religion, la modernité et le multiculturalisme, l’émigration et la mobilité.

George Marcus,  Considérations sur le théâtre contemporain et l’art conceptuel pour le renouvellement de l’ethnographie.

Ces dernières années, George Marcus a exposé ses propositions pour un renouvellement de l’anthropologie et des méthodes de l’ethnographie dans diverses discussions et collaborations (Navigators of the Contemporary : Why Ethnography Matters, par David Westbrook, 2008 ; Designs for an Anthropology of the Contemporary, 2008 ; Centre d’Ethnographie de l’ Université de Californie, Irvine – http://www.socsci.uci.edu/~ethnog). Son travail consiste à repenser l’imaginaire à partir « des scènes de rencontres » et des transactions effectuées sur le terrain. Amplement reconnu dans la littérature ethnographique, depuis 1980, cet imaginaire est devenu de plus en plus « réflexif ». Cependant, les sujets et les objets ethnographiques contestent cette pensée réflexive. Aux Etats-Unis, l’innovation tend à délaisser l’anthropologie critique pour se tourner vers une anthropologie « active » ou « participative ». Dans cette perspective, les enquêtes ethnographiques sur les productions théâtrales, sur les projets d’art conceptuel et sur les performances, deviennent une source d’inspiration pour une anthropologie ethnographique revisitée. Tandis que l’anthropologie reste généralement incapable de reconnaître ses présupposés poétiques, son engagement « actif» et « participatif» la conduit à se rapprocher de certaines pièces théâtrales et artistiques.  L’intervention de Georges Marcus vise à encourager ces connections.

George Marcus a puissamment contribué à la critique de l’anthropologie des années 1980 et a formulé les célèbres Writing Culture (Clifford et Marcus, 1986). Son projet est explicitement collaboratif. Il participe à la ré-articulation et à la ré-invention des normes et des formes classiques de la recherche en anthropologie sociale et culturelle. Récemment, ses travaux ont porté sur la noblesse portugaise, les hommes politiques européens, les artistes sud-américains, les banquiers nord-américains et les intellectuels brésiliens. Parmi ses très nombreuses publications : The Late Editions series of annuals, 1993-2000, University of Chicago Press; Lives in Trust: The Fortunes of Dynastic Families in Late Twientieth Century America, Westview Press (1992); Anthropology as Cultural Critique: An Experimental Movement in the Human Sciences, University of Chicago Press (1986) with M. Fischer; Writing Culture, University of Chicago Press (1986) with J. Clifford; and Elites: Ethnographic Issues, University of New Mexico Press (1983).

Barbaro Martinez-Ruiz,  Le langage du corps des Kongo.

Cette intervention porte sur l’agencement entre langage corporel, gestes et performance, en tant qu’éléments inhérents à la culture des Kongo. L’auteur montre comment ces différents modes d’expression s’intègrent sans rupture notable. De tels ensembles incluent aussi des mambos, des rythmes syncopés, ainsi qu’une très grande variété de symboles, écrits ou de tradition orale, partagées par les Bakongos. La présentation incorpore des exemples clés du peuple Kongo à travers le monde, tant dans le nord de l’Angola que dans le sud de la RDC, tant dans les manifestations religieuses de l’intérieur du Kongo que dans les Caraïbes ou en Amérique du Nord. Cette lecture explore des questions de cognitivité, de mémoire et d’identité, prenant en compte tant le point de vue multiculturel, que la culture visuelle, l’histoire de l’art et l’anthropologie.

ORLAN, Des self-hybridations aux biotechnologies.

Le parcours artistique d’ ORLAN l’a amené à croiser des thèmes de prédilection des anthropologues. A partir de ses travaux sur l’hagiographie (Sainte ORLAN), sur la self-hybridation (précolombienne, africaine…), mais aussi à partir de son travail sur l’hybridation des cellules souches, elle montre dans quelle mesure elle prend en considération et dialogue - ou s’oppose - avec les cultures dont elle s’inspire.

Depuis 1964, ORLAN pratique la peinture, la sculpture, la poésie, la danse, le théâtre et la performance. Elle réalise ses premières œuvres photographiques en considérant son propre corps comme une sculpture. Très tôt, elle en fait le sujet d’un débat public, réalisant parfois des performances provocantes dans les institutions les plus prestigieuses. Explorant des voies multiples et utilisant toutes sortes de supports, de la performance à la vidéo, de la photographie aux installations, l’œuvre d’ORLAN se révèle complexe et s’articule autour de thèmes récurrents : problématiques du corps et de la sexualité, questions sur l’identité de la femme, dialogue entre le virtuel et le réel, défiguration et refiguration.

Caterina Pasqualino, Voix de l’au-delà : du rituel à l’art contemporain.

Existe-t-il un point commun entre les voix rauques, cassées, tremblées ou saccadées, venant d’univers culturels aussi différents que le culte du Palo Monte à Cuba, le flamenco des Gitans d’Andalousie ou les créations avant-gardistes des artistes occidentaux (Schwitters, Dubuffet…) ? Pour les cultures dites traditionnelles, les voix faites de sons gutturaux ou altérés renvoient à la parole inarticulée des morts. Pour les artistes occidentaux, elles constituent la quête d’un sens originel libéré du carcan des conventions. Dans les deux cas, la déconstruction de la voix et de la parole exprime une même volonté de s’affranchir du commun des mortels. L’auteur propose ici de dépasser les clivages religieux ou esthétique qui distinguent actions rituelles et artistiques, pour tenter de mettre à profit une même approche en vue de l’élaboration d’une théorie générale de la performance.

Après plusieurs études sur les minorités du bassin méditerranéen (dont un ouvrage, Da Milocca a Milena. Un villaggio siciliano vent’anni dopo, Edizioni Scientifiche italiane, 1989, Napoli ), elle entreprend un travail sur les populations gitanes. Son second ouvrage, Dire le chant. Les Gitans flamencos d'Andalousie (CNRS édition MSH, Paris, 1998), innove entre autres en abordant le flamenco andalou, genre musical habituellement entrevu en termes pittoresque ou musicologique, dans une perspective anthropologique. Ses recherches récentes la  conduisent à s’interroger sur la notion de performance artistique et rituelle, ceci en relation à des nouveaux terrains entrepris à Cuba et à Madrid, ainsi qu’à des thèmes tirés de l’art contemporain tels que la marche, la transe et l’expérimentation vocale.

Bibliographie : «The Gypsies, Poor but Happy: A Cinematic Myth”, Third Text, 2008 ;  « Le ralenti comme instrument de connaissance. Filmer les chants gitans », Ethnomusicologie et anthropologie musicale historique de l'espace français, L’Harmattan, 2008 ; « Filming emotion: The Place of Video in Anthropology », Visual Anthropology Review, spécial issue on European Anthropology, coéditeurs Peter di Biella et Colette Piault, 2007. Elle est également réalisatrice de films documentaires (Des chants pour le ciel. Les saetas des Gitans d’Andalousie, Espagne, produit par CNRS image-média, avec le concours du Centre National de la Cinématographie, 52 mn., 2003 ; Petit  théâtre napolitain, CNRS, 56’, Naples-Paris, 2006.

Richard Schechner, Blessures infligées à soi-même ; art, rituel et culture populaire.

Les individus qui se blessent intentionnellement le font à travers un large champ d’action qui va de la sub-incision jusqu'à des formes d’automutilation raffinées, en passant par la performance artistique. Pourquoi ? Certaines blessures sont exigées par la religion, d’autres sont l’expression d’un goût personnel ou d’une culture populaire, d’autres encore sont de l’art. L’auteur aborde ce thème sous différents angles. Ces champs d’expression ont-ils un lien entre eux ? Se rapportent-ils tous à un acte de chirurgie ? Les automutilations constituent-elles une catégorie spéciale de l’art ? Existe-il une proposition théorique pouvant rendre compte de toutes les catégories de l’automutilation ?

Richard Schechner est Professeur de Performance Studies à la Tisch School of the Arts, à la New York University. En mars 2005, a été inauguré le Richard Schechner Center for Performance Studies, au sein du Shanghai Theatre Academy où Schechner est Professeur honoraire. Il est l’éditeur de TDR : A Journal of Performance Studies, et Directeur artistique de East Coast Artists. Schechner est l’auteur de nombreux livres parmi lesquels Public Domain, Environmental Theatre, The End of Humanism, Performance Theory, Between Theatre and Anthropology, The Future of Ritual, Performance Studies—An Introduction, and Over, Under, and Around. Ses livres ont été traduits en espagnol, coréen, chinois, japonais, français, polonais, serbo-croate, allemand, italien, hongrois et bulgare. En 1967, Schechner a fondé The Performance Group à New York. Avec TPG, Schechner a dirigé entre autres Dionysus in 69, Mother Courage and Her Children, Oedipus, The Tooth of Crime et The Balcony. En tant que Directeur artistique de East Coast Artists, Schechner a mis en scène ses propres versions du Faust, Faust/gastronome, Three Sisters, Hamlet, and YokastaS Redux (co-dirigé avec Saviana Stanescu). Il a dirigé The Cherry Orchard avec le Repertory Theatre de la National School of Drama à New Delhi, Ma Rainey’s Black Bottom de August Wilson pour le Grahamstown Festival en Afrique du Sud, Tomorrow He’ll Be Out of the Mountains de Sun Huizhu au Shanghai ’Peoples’ Art Theatre et The Oresteia (dans son adaptation) avec le Contemporary Legend Theatre de Taiwan. En 2007 à Shanghai, il a dirigé Hamlet: That Is the Question – une version expérimentale des pièces de Shakespeare en tournée en Europe en 2009. Schechner a dirigé des workshops sur la performance en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Arnd Schneider, Appropriation et Performance en collaboration avec des Artistes en Argentine.

Chaque année, les habitants du village de Sainte Ana en Argentine célèbrent leur saint patron. Fruit d’une collaboration entre l’auteur et des artistes de Corrientes, chef-lieu de région, ce projet est basé sur une série de travaux impliquant plusieurs modes de participation à la procession (plutôt qu’une « observation de »), qui vont de la production d’une vidéo et de prise de notes de terrain, à la conception d’un nouveau vêtement pour la statue du Saint. Produisant des connaissances hybrides, l’appropriation de et l’intervention dans le cadre de la religion populaire soulève des questions sur le statut épistémologique des collaborations entre art et anthropologie. 

Arnd Schneider est professeur au Department d’Anthropologie Sociale de l’Université de Oslo. Il a obtenu son Ph.D.  de LSE (1992), et l’habilitation de l’Université de Ambourg (2006). Among his books are  Futures Lost: Nostalgia and Identity among Italian Immigrants in Argentina  (Berne/New York: Peter Lang) Appropriation as Practice: Art and Identity in Argentina (New York: Palgrave, 2006), and Contemporary Art and Anthropology (co-edited with Christopher Wright; Berg, 2006). Arnd Schneider co-organized  Fieldworks: Dialogues between Art and Anthropology, at Tate Modern, 2003, organized the International Symposium, Art/Anthropology: Practices of Differences and Translation, at the Museum of Cultural History, Oslo, 2007, and was the co-curator of The World Kaleidoscope: Images and Objects from Fieldwork in Anthropological Research, at Galleri Sverdrup and the Museum of Cultural History, University of Oslo, 2008.

Marthe Thorshaug, Comancheria.

L’artiste norvégienne Marthe Thorshaug montre des extraits de son film Comancheria,  road movie sur les Indiens comanche vivant en Oklahoma (USA). Cette projection est pour elle une tentative d’attribuer à l’artiste le statut de « trickster ».

Marthe Thorshaug est artiste. Elle vit et travaille en Norvège. Ses films et ses photographies s’inspirent tant de la réalité que de la fiction.

Barthélémy Toguo, Circoncision, série.

Circoncision, série, est un ensemble de trois vidéos dans lesquelles l’artiste montre le trauma causé par la brutalité de la circoncision des jeunes enfants dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Dans la première, habillé d’un pagne blanc taché de sang et assis sur une pile de bois, il coupe à la hache le tronc d’arbre qui le soutient. L’action lente, comme rythmé par un métronome, se termine par un cri. Dans la deuxième, filmé à l’aide d’une caméra posée au sol, il enlève lentement ses vêtements en se balançant et en se roulant par terre ; la dernière prise de vue montre les taches du sang apparaissant sur la culotte. Enfin, assis sur un fauteuil, il se réveille entouré d’une serviette ensanglantée.

Barthélémy Toguo est un artiste camerounais dont la stature est aujourd’hui reconnue au plan international. Il vit et travaille entre Paris et Bandjoun (Cameroun). Il réalise des performances, des sculptures, des aquarelles, des vidéos. Son travail procède par l’accumulation et la prolifération de signes propres à perturber et à interroger les clichés et les clivages entre monde « occidental » et monde « non-occidental ». Dans sa pratique, deux esthétiques s’affrontent, stigmatisant son parcours personnel et le déracinement. Dès 1996, il entreprend la série des Transit. Ces performances ont toujours lieu dans des aéroports, gares, ou autres lieux de passage. C’est ainsi que l’artiste se présente à l’embarquement de son vol à l’aéroport Roissy-Charles De Gaulle, muni d’une cartouchière… remplie de carambars. Ou bien, récupérant ses bagages en provenance d’Afrique, il se fait interpeller par la douane à cause de ses valises en bois plein. Habillé en éboueur, il prend place en première classe du Thalys Cologne-Paris. Incommodant les voyageurs, cette tenue pousse le contrôleur à le menacer de lui faire quitter le train. L’humour et une certaine forme de provocation prennent ainsi place dans son œuvre.

Christ Wright, Observation et Contexte.

Certains anthropologues critiquent le travail d’artistes contemporains qui oeuvrent en dehors de tout contexte, élément qu’ils considèrent essentiel à leur discipline. Mais inversement, l’excès de contextualisation de certains films des anthropologues donne un manque de vitalité. En revanche, des critiques d’art ont qualifié la façon qu’à l’artiste Cameron Jamie de documenter des éléments de la culture populaire de « jardin anthropologique ». Utilisant un extrait d’un de ses derniers films, l’auteur montre que, contre toute attente, la compréhension des événements peut découler du manque de contexte. Cet argument sera développé en utilisant des extraits des films dits d’« observation » de John Marshall et de Ron Lapid.

Ayant reçu une formation visuelle, Chris Wright, dirige actuellement la Maîtrise d’anthropologie visuelle à la Goldsmiths de Londres. Ses recherches concernent la relation entre photographie, matérialité et mémoire dans les îles Salomon. Il est co-éditeur (avec Arnd Schneider) de L’art contemporain et l’anthropologie (Berg 2006).   En 2000, il a co-organisé la conférence « Au-Delà du texte ? »,  à l’Université de Manchester.

Lieux

  • Musée du quai Branly, 37, quai Branly ou 218 rue de l’Université
    Paris, France

Dates

  • mercredi 11 mars 2009
  • jeudi 12 mars 2009

Mots-clés

  • performance, art, anthropologie, histoire de l'art

Contacts

  • Anna Gianotti Laban
    courriel : anna [dot] laban [at] quaibranly [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Anna Gianotti Laban
    courriel : anna [dot] laban [at] quaibranly [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Performance, art et anthropologie », Colloque, Calenda, Publié le mercredi 18 février 2009, https://doi.org/10.58079/dow

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