Accueil« Des hommes et des rats ». Animal et animalité dans l’histoire des sciences du psychisme

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« Des hommes et des rats ». Animal et animalité dans l’histoire des sciences du psychisme

"Of Men and Mice". Animals, Animality and the "Psy Sciences".

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Publié le mercredi 04 mars 2009

Résumé

La Société d’histoire des savoirs sur le psychisme organise les 11 et 12 juin 2009 une journée d’études intitulée « "Des hommes et des rats". Animal et animalité dans l’histoire des sciences du psychisme » ("Of Men and Mice". Animals, Animality and the "Psy Sciences"; English speakers: see translation in the call for papers). Il s’agira d’étudier la relation ambivalente que les sciences du psychisme ont entretenue avec le problème de l’animalité au cours de leur histoire (l’expression « sciences du psychisme » étant ici entendue au sens large : la triade psychiatrie, psychologie, psychanalyse, mais aussi tous les savoirs qui ont prétendu faire science sur le psychisme). Car si les sciences « psy » sont censées porter sur l’étude voire le soin de l’esprit humain, excluant donc a priori l’animalité de leur champ de recherche ; elles n’ont en réalité jamais cessé de s'en préoccuper. De l’étude de la « psychologie animale », à l’emploi de chevaux ou de dauphins pour traiter divers désordres mentaux, les animaux ont ainsi tenu des rôles très divers chez les spécialistes « psy », rôles que cette journée se propose d’étudier, analysant ce que la place de l’animal dans les savoirs « psy » révèle de leur histoire.

Annonce

Journées d’étude de la Société d’Histoire des Savoirs sur le Psychisme (SHSP)

(English speakers: see translation at the end)

L’animal tient une place ambiguë dans l’histoire des sciences du psychisme – (l’expression « sciences du psychisme » est ici entendue au sens large : la triade psychiatrie, psychologie, psychanalyse, mais aussi tous les savoirs qui ont prétendu faire science sur le psychisme, les limites disciplinaires n’étant pas toujours pertinentes en ce domaine). L’animal est souvent ce qui permet de penser le propre du psychisme humain. À l’animalité supposée de l’animal, répond l’humanité de l’homme, une construction en négatif qui permet aux sciences « humaines », et à la psychologie en particulier, de se définir et de restreindre leur objet aux productions inscrites dans le cadre de la culture et du langage. A priori l’animal se voit donc chassé de savoirs qui se veulent centrés sur l’étude voire le soin de l’esprit humain et renvoyé vers les sciences naturelles, la zoologie, l’éthologie.

Pourtant, quoi qu’elles aient pu dire, les sciences du psychisme n’ont en réalité jamais exclu l’animal de leur champ de recherche. D’abord parce que la question de l’existence d’un psychisme animal, certes distinct de celui de l’homme mais néanmoins présent, n’a jamais complètement été évacuée, ce qui ouvrait, dès lors, la possibilité d’une « psychologie animale ». Une psychologie animale dont la place a pu être d’autant plus grande qu’à la question : « le fou, l’enfant, le primitif ont-ils plus d’esprit que le singe ? », les psychologues n’ont pas toujours répondu oui. Interroger les capacités psychiques des animaux, chercher à évaluer leur intelligence, leurs capacités émotionnelles, affectives, ou autres, ou bien encore comparer les opérations réalisées par les grands singes et les enfants humains en bas âge etc., a ainsi pu être vu comme un moyen de parvenir à situer les limites du psychisme humain. En outre, il est possible de faire des expériences sur les animaux qu’on ne saurait tenter sur les hommes, ce qui explique aussi pourquoi l’animal n’a jamais quitté les laboratoires.

À côté de l’animal objet de réflexion ou cobaye, les savoirs « psy » ont encore produit d’autres figures originales de l’animalité. On peut penser à l’animal-fou, contaminé par la maladie de son maître, animal-patient donc, ou, au contraire, à l’animal-médecin, qu’il soit cheval, dauphin ou autre, dont les mérites ont pu être vantés par divers spécialistes des maux de l’âme. Inversement, du délire de lycanthropie, à la « folie des antivivisectionnistes » de Valentin Magnan, en passant par la zoophilie de Krafft-Ebing, les disciplines « psy » ont aussi admis que les animaux, s’ils n’étaient pas à l’origine des troubles psychiques, pouvaient néanmoins contribuer à fixer certaines formes de délires. Pour finir, on évoquera encore l’animal-source d’inspiration, divers spécialistes ayant insisté sur la capacité de la présence animale à susciter le processus de pensée. On se souviendra, par exemple, du fameux chien de Marie Bonaparte, qui parvint à convaincre Sigmund Freud de l’intérêt d’une présence canine à ses côtés.

 

Comme on le voit, à travers l’ambivalence et la fluctuation des positions des savoirs « psy » sur l’animalité, son inclusion, son exclusion hors des frontières disciplinaires, c’est finalement la question même de l’identité des sciences du psychisme qui est ici posée. C’est pourquoi, dans le cadre de ce colloque, nous proposons de réfléchir à la façon dont les diverses sciences « psy » se sont intéressées à l’animal et de voir ce que ceci révèle de leur histoire, en France et ailleurs. Au-delà de l’anecdote, on pourra se demander à quelles visions du psychisme humain renvoient les diverses figures de l’animal précédemment évoquées (l’animal-cobaye, l’animal-fou, l’animal-soignant…), comme il serait intéressant de repérer si ces changements dans la forme de l’intérêt porté aux animaux correspondent à des évolutions plus générales dans les discours « psy ». Une autre piste de réflexion pourra être celle des frontières disciplinaires et de leur variation, selon les époques et les pays. Il faudrait, par exemple, s’interroger sur le statut de la « psychologie animale » : Quels types de pratiques et de discours cette discipline a-t-elle véhiculés ? À quoi correspondent ses divers changements d’appellation ? (de « psychologie animale »/« animal psychology » à « psychologie comparée »/« comparative psychology », en passant par « psychologie zoologique »/« zoological psychology », etc.) ? Et où, aujourd’hui, les terrains de cette défunte ( ?) discipline ont-ils migré ?...

 

Il va sans dire que ces quelques pistes de réflexion ne prétendent pas à l’exhaustivité et n’ont aucun caractère obligatoire. Par ailleurs, si la période d’étude privilégiée sera celle des XIXe-XXe siècles, temps du triomphe des disciplines « psy », nous n’excluons pas l’analyse d’autres époques, où la question des relations entre psychisme humain et animal a aussi pu se poser en termes « scientifiques ».

Date limite d’envoi des propositions : 13 avril 2009.

Les propositions de communication (abstracts), de 250 mots maximum, devront être envoyées à Aude Fauvel aude-fauvel@hotmail.fr et/ou à Rémy Amouroux amouroux.remy@gmail.com.

Le colloque aura lieu les 11 et 12 juin 2008 à Paris (l’emplacement précis sera divulgué ultérieurement).

Les communications pourront être acceptées aussi bien en langue française qu’anglaise.

 

Colloque organisé par la Société d’Histoire des Savoirs sur le Psychisme, avec le soutien du Centre Alexandre Koyré et de la Société Française d’Histoire des Sciences de l’Homme/ Of Men and Mice is organised by the Society for the History of the Mind Sciences, and is sponsored by the Centre Alexandre Koyré for the History of Sciences (Paris) and the French Society for the History of Human Sciences.

 

Comité scientifique/Scientific committee : Rémy Amouroux (EHESS), Stéphanie Dupouy (ENS Ulm), Aude Fauvel (University of Cambridge), Marion Thomas (Université de Strasbourg)

Comité d’organisation/Organisation committee : Rémy Amouroux (EHESS), Aude Fauvel (University of Cambridge), Elisabeth Chapuis (Université Paris VII).

 

English version

 

« Of Men and Mice »
Animals, Animality and the ‘Psy Sciences’

 

 

Animals hold an ambiguous place in the history of ‘psy sciences’ (broadly understood here as including not merely the ‘psychiatry/psychology/psychoanalysis’ triad but any discipline purporting to produce a scientific discourse on the mind, since disciplinary boundaries have only limited relevance in this particular field). What seems to define animals as such is commonly seen as a clue to differentiating what makes humans ‘human’. On a basic level, we assume that humanity is what transcends animality – a posit that marks out ‘human’ sciences and more particularly psychology, which is only supposed to deal with what occurs within the realms of language and culture. Thus animals seem to fall outside the purview of those disciplines that focus on the study and/or the healing of the human mind, and, accordingly, they are confined to natural sciences such as zoology or ethology.

However, despite their claims to the contrary, mental sciences have never really managed to cast animals aside. The notion that there might be such a thing as an animal psyche, albeit distinct from that of humans, has, for a start, never been entirely ruled out, hence leaving potential room for the study of the ‘animal psychology’. Furthermore, as there were times when it was considered that the brains of children, lunatics or ‘primitive’ humans were possibly not any more developed than those of apes, it then seemed quite logical to include the study of animals in the sphere of the human sciences. Probing faculties of animals, trying to gauge their intelligence as well as their aptitude for emotional and affective responses, or assessing the capacities demonstrated by young apes against those of human infants etc., all are means that have appeared in order to delineate the limits of the human psyche. Lastly, a simpler element also explains the reason for which animals have never left laboratories: without them, certain experiments simply could not be performed for obvious ethical reasons, so that psychologists and psychiatrists had to get used to extrapolating from animals to humans.

Mental sciences have thus contributed to the shaping of ‘laboratory animals’, but they have also given birth to other ways of perceiving animals. Some researchers have, for example, developed the idea of ‘mad animals’ contaminated by their insane owners, considering that these animals could be patients of ‘psy’ practitioners. Others, on the contrary, have reckoned that animals could be ‘physicians’, praising the healing talents of horses, dolphins or other creatures on various ailments of the mind. Conversely, through such cases as ‘lycanthropic delirium’ (‘lycomania’), ‘antivivisectionists’ mania’ (Valentin Magnan’s ‘folie des antivivisectionnistes’), or zoophilia, as described by Krafft-Ebing, various authors have also admitted that even if animals could not directly cause psychic disorders, they could nevertheless contribute to creating certain specific forms of delirium. One can finally think of animals as sources of inspiration, since their role in triggering thought processes has often been emphasised by mental specialists. This is famously exemplified by Marie Bonaparte’s dog, which had Sigmund Freud convinced of how beneficial some form of canine presence by his side would be.

 

As it can be seen, the question of whether or not animality belongs to the field of mental sciences is a crucial issue that has strongly affected the identity of the various sciences of the mind throughout history. This workshop thus aims at exploring the ways in which the various ‘psy sciences’ have dealt with animals in different countries. Indeed, it seems that the question of whether there is such thing as an animal psyche and of what it might consist of has formed a special locus for debate and scientific ‘transfers’, especially after the spreading of Charles Darwin’s theories.

Contributors may, for example, wish to study how animals have been variously described by mental specialists (as patients, sources of inspiration, of mental disorders…), and see what these changes in the way of perceiving animality reveal on the identity of ‘psy sciences’.

This workshop also seeks to examine the question of disciplinary boundaries and the ways in which they are gradually set up. This would involve investigating the history of ‘animal psychology’, comprehending why this discipline has been given so many names (‘animal psychology’/‘psychologie animale’, ‘comparative psychology’/‘psychologie comparée’, ‘zoological psychology’/‘psychologie zoologique’, and so on), as well as assessing what is left today of its fields of research.

 

These, of course, are simply suggestions of topics; they are by no means exhaustive and do not by far cover the range of possible questions. We would also like to add that if the workshop will obviously focus on modern times (19th and 20th centuries), as it is then that the sciences of the mind gained recognition in the academic field, papers may also analyse other periods, provided that they fit in the general framework of questioning.

 

 

Deadline for abstracts: 13 April 2009

Abstracts should not exceed 250 words and can be either written in French or English.

They are to be sent to Aude Fauvel aude-fauvel@hotmail.fr and/or Rémy Amouroux amouroux.remy@gmail.com.

The workshop is scheduled for June 11th/12th, 2009 in Paris (the precise location will be disclosed afterwards).

The conference will be held both in French and English.

Lieux

  • Paris, France

Dates

  • lundi 13 avril 2009

Contacts

  • Aude Fauvel
    courriel : Aude [dot] Fauvel [at] chuv [dot] ch

Source de l'information

  • Aude Fauvel
    courriel : Aude [dot] Fauvel [at] chuv [dot] ch

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « Des hommes et des rats ». Animal et animalité dans l’histoire des sciences du psychisme », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 04 mars 2009, https://doi.org/10.58079/dr6

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