Accueil« Race », « classe », « genre » comme catégories de la différence et de l’inégalité
« Race », « classe », « genre » comme catégories de la différence et de l’inégalité
Comment profiter des approches de l’intersection. « Colloque junior » du Ciera
Publié le mercredi 22 avril 2009
Résumé
Annonce
Appel à contribution “Colloque junior” du Ciera / Tagung für ‘NachwuchswissenschaftlerInnen’
Paris, EHESS, 11 Septembre 2009
Deadline: 21.5. 2009
‘Race’, ‘Classe’, ‘Genre’ comme catégories de la différence et de l’inégalité : Comment profiter des approches de l’intersectionalité en sciences humaines et sociales ? /
‘Race’, ‘Class’, ‘Gender’ als Differenzkategorien und der Zusammenhang von Ungleichheitsstrukturen: Welche Perspektiven ergeben sich aus der Intersektionalitätsforschung für die Gesellschafts-, Geistes- und Kulturwissenschaften?
Conception: Vera Kallenberg, Jennifer Meyer
Alors que les études ayant trait au genre ou à la race se développent et s’établissent en France, le concept d’intersectionalité, pouvant être défini comme la théorie analysant l’interaction des catégories de la différence et de l’inégalité – réduites le plus souvent au triptyque race/classe/genre – et leur production des rapports sociaux, est encore peu connu du monde académique français. Il semble donc nécessaire de faire un état des lieux avec des chercheurs dont les travaux s’intéressent autant à sa théorisation qu’à son utilisation pour la démarche analytique.
Nous souhaiterions donc réunir le 11 septembre 2009 des doctorants et post-doctorants français et allemands qui présenteront leurs recherches traitant des rapports entre « race », « genre », « classe » et autres catégories de la différence – comme l’ethnicité, la sexualité, la religion ou l’âge – dans le cadre d’un Colloque junior du CIERA intitulé :
‘Race’, ‘Classe’, ‘Genre’ comme catégories de la différence et de l’inégalité : Comment profiter des approches de l’intersectionalité en sciences humaines et sociales ?
Conçu comme une rencontre de travail, ce colloque souhaite encourager les démarches comparatistes, axées notamment sur la France et l’Allemagne. Il se veut à la fois interdisciplinaire, s’adressant aux chercheurs en Sciences Humaines et en Lettres, et international, proposant des communications en français, en allemand ou en anglais.
De quelles possibilités d’action dispose une domestique juive « autochtone » et célibataire devant les tribunaux alsaciens en 1800 par rapport à un commerçant juif « étranger » ?
De quelle manière les représentations de la masculinité dans la littérature de la République de Weimar sont-elles corrélées aux catégories structurelles du « peuple », de la « nation » et de la « race » ?
Quelles relations entre les structures d’inégalité la « crise des banlieues » de 2006 a-t-elle révélées ?
Le récent paradigme de l’intersectionalité permet de renouveler le débat théorique et méthodologique des Sciences Humaines et Sociales en matière d’« identité », de « subjectivité » et d’« expérience », de « possibilités d’action » et de structures d’inégalité sociale. La métaphore de l’intersectionalité annonce en effet une position multidimensionnelle pour laquelle il faut donner une analyse globale des possibilités d’actions et du positionnement du sujet dans un champ hétérogène mais non arbitraire de discours, d’institutions et de pratiques sociales.
Ce concept, dont les origines remontent à l’étude des mouvements de femmes et pour les droits civiques du 19ème siècle, est ancré au cœur des Gender Studies. La réalisation de son ambition globalisante et la délimitation de ses différents objets d’application ne peuvent se faire néanmoins que dans un cadre de travail interdisciplinaire.
L’intersectionalité est considérée comme un « concept itinérant » (travelling concept), dont la conception a évolué selon les phases de sa réception au sein des différentes cultures scientifiques. La diversité et la complexité de l’imbrication entre les catégories de la différence ont été analysées depuis les années 1980 à partir des USA. De nombreux colloques et publications ont entre-temps témoigné que ces débats avaient également trouvé une place dans la discussion scientifique européenne. Les questions relatives à l’intersectionalité sont actuellement discutées dans les espaces germanophone et anglophone dans les domaines de la sociologie, des Gender et Cultural Studies, mais également au sein des sciences de l’éducation et de l’ethnologie. De premières applications empiriques font l’objet de discussions, mais les études de cas historiques restent encore rares, notamment pour ce qui concerne l'époque pré-moderne. Par contraste avec les cultures scientifiques mentionnées, le concept d’intersectionalité est encore relativement peu connu en France. Il sera donc possible, dans le cadre de ce Colloque, d’interroger et de comparer les évolutions de ces débats dans les contextes germanophone et francophone.
Cependant, les approches et travaux hétérogènes qu’il est possible de regrouper sous l’appellation « recherche intersectionnelle » partagent l’idée selon laquelle les diverses catégories sociales de la différence sont interdépendantes. Chaque objet d’étude doit être interrogé selon la constellation de ces catégories, déterminantes pour le contexte historique concret, et en fonction des phénomènes d’imbrication et d’interférence qui surviennent entre elles. Pour le contexte moderne, il s’agit principalement des points d’intersection entre les concepts d’« ethnicité / nationalité », de « statut économique et social » et de « genre ».
Au sein de l’analyse des diverses formes de différenciation et d’inégalité sociales, le « buzzword » (Kathy Davis) d'intersectionalité permet de penser ensemble les domaines sociaux et culturels liés aux sujets, aux institutions et à la société. La sélection et le nombre de niveaux d’interrogation sont déterminés par la problématique du chercheur et le contexte historique concret de l’étude.
Cependant, la diversification des catégories descriptives et analytiques ainsi que des niveaux d’interrogation est à l’origine de nouvelles difficultés. Il reste par conséquent à déterminer l'ensemble des catégories disponibles et à conceptualiser chacune d'entre elles. Il est indispensable que ces catégories soient décrites selon leurs formes d’émergence historique, sans que leur soient appliqués des modèles théoriques ou des concepts modernes. Ces « axes de la différence » (Knapp, Klinger) ne « fonctionnent » cependant pas toujours de manière identique, comme le montre la comparaison des catégories de « classe » et de « genre ». Ils peuvent être symétriques ou dominants, et peuvent se retrouver en situation de hiérarchie, se croiser ou se représenter l’un l’autre.
La critique de l’approche intersectionnelle suppose que celle-ci, trop chronophage, se laisse difficilement mettre en place. En outre, il serait impossible de maîtriser de la même façon toutes les catégories structurelles et tous les concepts sociaux. Ainsi, il est indispensable de déterminer comment il est possible de poursuivre une recherche intersectionnelle sans désespérer face à la complexité de l’objet.
A la suite de congrès récents, ce Colloque junior franco-allemand souhaite permettre la discussion et le développement d’approches théoriques et méthodologiques au sein des sciences historiques, humaines et culturelles à partir de travaux (thèse de doctorat, recherches post-doc) traitant des formes de la différence et de l’inégalité. Les pratiques sociales sont concernées au même titre que les questions relatives à la production de savoir et aux représentations aux niveaux micro et macro. Un axe central du colloque sera consacré aux analyses historiques. Conçu comme une rencontre de travail, ce colloque s’adresse à des jeunes chercheurs en cours de travail qui poursuivent des objectifs interdisciplinaires et transculturels.
Considéré comme un « travelling concept », l’intersectionalité invite également à interroger et analyser les différentes réceptions (trans-)disciplinaires et à déterminer selon quels codes nationaux et historico-culturels elle est intégrée et utilisée. Les démarches comparatistes, axées notamment sur la France et l’Allemagne, sont ainsi vivement souhaitées.
Des communications traitant des questions suivantes sont les bienvenues :
1. Les recherches en intersectionalité dans une perspective historique
Selon Klinger et Knapp (2005), le triptyque « classe », « race / ethnicité » et « genre » affecte de manière différente mais durable la structure sociale de presque toutes les sociétés modernes. Outre ce triptyque, certaines approches nécessitent de prendre en compte les catégories d’« âge », de « handicap », de « religion » ou de « niveau d’éducation ».
Que peut-on dire des sociétés pré-modernes si le triptyque évoqué s’est constitué en « axe de l’inégalité » (Klinger, Knapp) tout au long des 18ème et 19ème siècles ?
Il existe en effet dans les sociétés pré-modernes des « broussailles de catégories » (Michaela Hohkamp). Ainsi on se réfère entre le 15ème et le 18ème siècles aux catégories de la différence d’« état », d’« appartenance religieuse » ou de « genre » mais on différencie également entre célibataires, veuf/ves et marié/es, entre « étrangers » et « locaux », ou entre adultes et enfants. La différenciation entre Catholiques, Luthériens et Non-croyants jouait un rôle important, la « religion » constituant le système de référence central de la société.
Quelles autres catégories pourraient remplacer ce triptyque contemporain dans le cas des sociétés pré-modernes ? Quelles approches théoriques et quels travaux historiques peuvent permettre l’analyse du contexte pré-moderne dans une perspective intersectionnelle ?
2. Les recherches en intersectionalité selon une perspective comparatiste
Une analyse « intersectionnelle » doit définir chacune des catégories d’analyse utilisées et décrire les relations existant entre elles. En effet, les définitions des catégories descriptives et structurelles mentionnées ci-dessus divergent selon les disciplines et, au sein de chaque discipline, selon l’approche théorique et l’objectif scientifique poursuivi. Quelles recherches comparatistes sont alors envisageables lorsqu'apparaissent de telles différences supplémentaires, dues à la diversité des contextes historiques « nationaux » et des cultures scientifiques – notamment dans l’usage des termes non équivalents de race et Rasse ?
3. Réception et critique
Quelles « traditions », quels types de comportement politiques et quels autres facteurs façonnent et influencent la réception des paradigmes de l’intersectionalité ? Quelle influence a la position républicaine française sur la réflexion relative aux constellations complexes de l’inégalité ? En quoi la situation en Allemagne est-elle différente ?
Les personnes intéressées sont priées d’envoyer un exposé d’environ une page en allemand, francais ou anglais ainsi qu’un CV scientifique avant le 21.05.09 à :
Vera Kallenberg
kallenberg@mpier.uni-frankfurt.de
Sous réserve d'indication contraire, le colloque se tiendra à l’EHESS, 96, boulevard Raspail, 75006 Paris. Les langues de travail sont le français, l’allemand et l’anglais. La prise en charge des frais de transport et d’hébergement pourra être envisagée au cas par cas. La publication des communications est prévue. Les participants retenus seront informés au plus tard le 16.06.09.
Catégories
- Histoire (Catégorie principale)
Dates
- jeudi 21 mai 2009
Mots-clés
- intersectionalité, race, classe, genre, inégalité, différence
Contacts
- Vera Kallenberg
courriel : kallenberg [at] mpier [dot] uni-frankfurt [dot] de
Source de l'information
- Jennifer Meyer
courriel : jennifer_meyer [at] hotmail [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« « Race », « classe », « genre » comme catégories de la différence et de l’inégalité », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 22 avril 2009, https://doi.org/10.58079/dy3