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Football et politique en Afrique

Dossier de la revue Politique africaine

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Publié le lundi 11 mai 2009

Résumé

La Coupe du monde de football, qui se jouera en 2010 en Afrique du Sud, est annoncée comme un moment important pour l’Afrique du Sud et pour l’ensemble du continent. Elle est présentée comme une alternative audacieuse à l’afro-pessimisme, qui devrait replacer « l’Afrique » au cœur de la scène internationale. À travers cet événement, la FIFA et les organisateurs entendent célébrer explicitement « l’humanité » de l’Afrique, personnifiée par Zakumi, la mascotte de 2010 qui « symbolise les valeurs de l’Afrique du Sud et du reste du continent africain : confiance en soi, fierté, hospitalité, accueil chaleureux et sociabilité. » Au-delà de cette vision officielle, la Coupe du monde 2010 dévoile de multiples enjeux et significations politiques sur lesquels ce dossier se propose de revenir.

Annonce

 Appel à contributions, Revue Politique africaine :

Football et politique en Afrique (publication prévue en juin 2010)

La Coupe du Monde de football, qui se jouera en 2010 en Afrique du Sud, est annoncée comme un moment important pour l’Afrique du Sud et pour l’ensemble du continent. Elle est présentée comme une alternative audacieuse à l’afro-pessimisme, qui devrait replacer « l’Afrique » au cœur de la scène internationale. A travers cet événement, la FIFA et les organisateurs entendent célébrer explicitement  « l’humanité » de l’Afrique, personnifiée par Zakumi, la mascotte de 2010 qui « symbolise les valeurs de l’Afrique du Sud et du reste du continent africain : confiance en soi, fierté, hospitalité, accueil chaleureux et sociabilité. »[1] Au-delà de cette vision officielle, la Coupe du Monde 2010 dévoile de multiples enjeux et significations politiques sur lesquels ce dossier se propose de revenir.

La Coupe du Monde offre effectivement l’occasion de s’interroger sur l’importance du football en Afrique dans ses rapports au politique. Ce numéro de Politique Africaine souhaiterait solliciter des contributions qui se penchent sur la force, la singularité et l’ambivalence des rapports entre football et politique sur le continent africain, en Afrique du Sud et dans les communautés africaines de la diaspora. Les interrogations peuvent porter aussi bien sur le football au quotidien que sur les économies politiques internationales du football ; sur les équipes locales autant que sur les événements mondiaux tels que la Coupe d’Afrique des Nations ou la Coupe du Monde de la FIFA ; sur les processus transnationaux et les particularités nationales du monde du football ou encore les soutiens publics dont il bénéficie. Les articles privilégiant un ou plusieurs des thèmes suivants seront les bienvenus.

-    Le rapport au politique des équipes, des associations et des fédérations de football, dans ses multiples dimensions locales, nationales ou internationales. Darby a bien montré le rôle important des organisations supranationales de football dans les décolonisations de l’Afrique et dans le mouvement anti-apartheid, ainsi que l’influence du football africain dans la politique intérieure de la FIFA.[2] Récemment, il y a eu plusieurs conflits entre les gouvernements nationaux et la FIFA portant notamment sur « l’ingérence » de cette dernière dans les associations nationales. Il est de fait assez courant que des leaders politiques locaux ou nationaux mobilisent le football comme une ressource. On peut donc se demander quels sont les liens entre football et organisations politiques partisanes et s’interroger sur  les rapports du monde politique au football en général.

-    L’impact des économies politiques sur le monde du football. Les interférences entre football et politique s’expriment souvent à travers des accusations de corruption, des suspensions, ou la création de comités de « normalisation », qui ne constituent que quelques manœuvres parmi d’autres dans la lutte pour le contrôle des ressources – qui pourra être interrogée. Plus généralement on pourra se demander pourquoi certaines équipes nationales sont plus fortes structurellement que d’autres et comment les ressources sont distribuées entre les différents clubs d’un pays et l’équipe nationale. Le déclin de la plupart des ligues nationales africaines et des clubs en Afrique concurrencés par le succès médiatique mondial des matches des ligues européennes (la Premier Ligue anglaise, La Liga, etc) pourra aussi être mis en relation avec les « migrations » des joueurs africains en Europe dans une économie du foot de plus en plus internationalisée.

-    Genre, identité et politique. La présence de footballeurs africains dans les clubs européens a bien souvent cristallisé les débats sur le nationalisme et le racisme en Europe. Parallèlement, les équipes locales, régionales ou nationales en Afrique ont pu servir à la construction du nationalisme et de l’ethnicité. Les contributeurs sont invités à interroger la formation des imaginaires et des représentations politiques à travers le football en Afrique, la signification des noms donnés aux équipes et les pratiques sociales et culturelles des supporters. Comme ailleurs dans le monde, le football est un domaine essentiellement masculin. Si le football féminin progresse, il demeure marginalisé même si deux des trois femmes présidentes d’associations nationales de football dans le monde ont été des africaines.

-    Le football comme arène de conflit, de réconciliation et comme outil de « développement ». Le football peut être aussi un terrain propice à la violence politique ou à la réconciliation. En Afrique du Sud, au Rwanda, en Sierra Leone, au Liberia et en Côte d’Ivoire, il a été perçu comme une force œuvrant pour la réconciliation. Cependant, il a été aussi mobilisé pour canaliser et renforcer des identités ethniques, provoquant violence et conflits au Kenya ou au Rwanda. Le football a émergé au cours de la dernière décennie comme un « nouvel outil de développement » pour les agences multilatérales, les Etats et les ONG. Il est ainsi fréquemment convoqué pour résoudre une gamme de problèmes sociaux et politiques (pauvreté, SIDA, consommation de drogues, reconstruction post-conflit, réinsertion des réfugiés et inégalités de genre).

-    Football, gouvernement, infrastructures et espace. La construction des stades et autres aménagements pour la Coupe du Monde de 2010 est un exemple manifeste des usages politiques de l’espace dans le domaine du football.[3] Les rapports entre gouvernement, idéologie, infrastructures sportives et politiques de l’espace étaient au cœur du régime de l’apartheid. Cependant, d’autres gouvernements coloniaux et postcoloniaux en Afrique ont aussi mis en œuvre des politiques d’infrastructure et des politiques de jeunesse qui ont pu être inclusives ou exclusives, et qui n’ont pas seulement influencé l’évolution du football local ou national, mais qui reflètent aussi différentes formes de gouvernement.

Ces quelques éléments ne constituent que quelques pistes exploratoires des rapports entre football et politique dans le temps et dans l’espace. Ce dossier voudrait attirer l’attention sur la multiplicité des expériences africaines. Il souhaite aussi poursuivre la réflexion sur les cadres théoriques et méthodologiques des rapports au politique, formels et informels, locaux ou mondialisés, du monde du football. Est-il important de comprendre le football africain pour comprendre la politique africaine ? Constitue-t-il une simple fenêtre ou une loupe qui permettent de focaliser sur quelques-uns de ses aspects les plus significatifs? Quelle est l’influence du football sur le et la politique ? Étant donné l’histoire particulière de ce sport, le football permet-il de comprendre des expériences politiques africaines singulières et insaisissables à travers d’autres formes de loisir, de cultures populaires et de sociabilité ? Des contributions portant sur une ou plusieurs de ces problématiques seront les bienvenues.

  • Les articles peuvent être soumis en français, en anglais ou en portugais.
  • Un résumé d’environ 250 mots doit être envoyé aux coordinatrices avant le 15 juin 2009.
  • Une réponse vous sera donnée avant le 15 juillet 2009.
  • Les articles (40,000 signes) doivent être envoyés aux coordinatrices pour le 1er octobre 2009.

Coordinatrices:

Martha Saavedra (martha@berkeley.edu) et Susann Baller (susann.baller@unibas.ch)


[1] GCIS, « Meet Zakumi », Official website of the 2010 committee, 8 October 2008, http://www.sa2010.gov.za/.

[2] P. Darby, Africa, football and FIFA: politics, colonialism and resistance, London, Frank Cass, 2002.

[3] P. Alegi, « ‘A Nation To Be Reckoned With’: The Politics of World Cup Stadium Construction in Cape Town and Durban, South Africa, » African Studies, vol. 67, no. 3, 2008, p. 397-422.


Dates

  • lundi 15 juin 2009

Fichiers attachés

Mots-clés

  • football, Afrique

Contacts

  • Martha Saavedra
    courriel : martha [at] berkeley [dot] edu
  • Susann Baller
    courriel : sballer [at] dhi-paris [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Marie-Emmanuelle Pommerolle
    courriel : mepommerolle [at] free [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Football et politique en Afrique », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 11 mai 2009, https://doi.org/10.58079/e13

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