AccueilLangues locales et décentralisation. Dire et traduire les pratiques démocratiques

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Publié le jeudi 28 mai 2009

Résumé

Les réformes de décentralisation dans de nombreux pays du monde, à la fin des années 1990, ont reposé, avec une acuité nouvelle, le problème de la fracture linguistique entre la langue des élites et de l'administration et celles des citoyens. Ces journées d'étude se proposent d'examiner de telles situations et d'analyser les réponses qui ont pu y être apportées par des associations, des ONG ou des pouvoirs publics.

Annonce

ARTESS – CORENS

Journées d’étude
12 et 13 juin 2009
salle 524, 54 boulevard Raspail
75 006

Ces journées d’étude sont organisées par ARTESS (Atelier de Recherche et de Traduction en Sciences Sociales) et l’association CORENS (Collectif regional pour la Coopération Nord-Sud). ARTESS, Programme de Recherches Interdisciplinaires de l’EHESS , rassemble des chercheurs et des traducteurs qui pratiquent une traduction “délibérative” et mènent des recherches sur la circulation des idées et des concepts (y compris entre les langages formels et les langues naturelles) à partir des choix de traduction et des politiques éditoriales. Cette journée est un moment exploratoire pour ARTESS qui souhaite mettre au point, en partenariat avec d’autres équipes, un projet international de recherche : Langues et démocraties à l’heure des décentralisations. 

CORENS organise début juillet à Bamako, avec le Centre de Formation à la Décentralisation (CFD) du cercle de Diéma et l’Assemblée régionale de Kayes au Mali, un atelier de réflexion qui prolongera ces journées d’étude. Il s’agira de partager les enseignements que nous aurons pu tirer des expériences menées ailleurs dans le monde (juin 2009), en dégager des pistes de travail pour un grand forum international organisé à Kayes en 2010, et arrêter la conception d'un concours régional permettant de récompenser les meilleures initiatives (3 options : documents techniques, récits historiques et fictions) en matière de valorisation des langues locales.

Argumentaire de la rencontre des 12 et 13 juin 2009 à l’EHESS

La dernière décennie du XXème siècle a été marquée notamment par des réformes de décentralisation dans de nombreuses régions du monde. Dans les pays du Sud, ces réformes ont en général bénéficié du soutien de la communauté internationale, au motif que cette nouvelle organisation politico-administrative serait plus à même de contribuer au développement local. Grâce à l’appui financier qui leur a été ainsi apporté, ces jeunes collectivités territoriales ont pu réaliser des infrastructures (écoles, postes sanitaires, aménagements divers, etc.) et offrir des services publics aux habitants. D’autre part, on attend de ces décentralisations qu’elles contribuent au renforcement de la démocratie, en « rapprochant le pouvoir de la population ».

Cette réforme, en décentralisant une administration dont la langue officielle est le français, a rendu plus visibles qu’auparavant les problèmes de langue auxquels les démocraties sont confrontées : au Mali, par exemple, alors que la langue officielle est le français, la majorité de la population parle d’autres langues dans la vie quotidienne et au sein des conseils des collectivités territoriales.

La traduction des concepts et des pratiques de la démocratie dans ces langues devient un enjeu majeur de la réforme elle-même : comment faire vivre un espace public politique de proximité lorsque la langue officielle n’est pas parlée par la majorité de la population ?
Les décentralisations, en démultipliant les lieux de rencontre entre les locuteurs de ces langues orales et les normes linguistiques de l’administration, ont rappelé avec force que la reconnaissance des langues et leur usage dans la vie publique sont également des questions politiques. 

Comment prendre en charge les affaires de la cité si celles-ci se gèrent et se disent dans une langue qui n’est pas celle dans laquelle on pense ? « Ma langue, c’est ma patrie » écrivait un poète. Et Hannah Arendt, interviewée en 1963, alors qu’elle vivait aux USA depuis 1941, répondit au journaliste qui lui demandait ce qu’elle avait gardé de l’Allemagne pré-hitlérienne  : « Je n’en ai aucune nostalgie. Ce qui en est resté ? Il en est resté la langue. (…) J’écris en anglais, mais avec une certaine distance. Il y a une différence incroyable entre la langue maternelle et tout autre langue ».  

Beaucoup d’arguments peuvent être avancés pour justifier l’usage d’une langue unique sur le territoire national, qui doivent être entendus. La fragmentation linguistique ne risque-t-elle pas de conduire à des incompréhensions voire à des conflits au sein de la population ? Mais dans le même temps, peut-on raisonnablement espérer que les populations s’approprient leurs institutions politiques de proximité, si une fracture linguistique les tiennent à distance des procédures, des outils de gestion, des notions mêmes sur lesquelles repose la réforme qui est censée leur permettre de prendre leur avenir en main ?

Certes, lorsqu’on compare différents pays, la diversité des situations est grande : langues locales reconnues ou non par la constitution, langues locales écrites par un petit ou un grand nombre de personnes, existence ou non d’une littérature, élitiste ou populaire, diffusion de journaux, à la capitale et en province, etc. Mais elles partagent en général un trait comment : une rupture historique qui a instauré une dualité entre les langues orales du peuple et la langue écrite du pouvoir et des élites.

La valorisation des langues locales est souvent traitée comme une question relevant de la culture. Programme d’éducation et d’alphabétisation, soutien à l’édition, etc. répondent avec plus ou moins de bonheur à cette approche. Les réformes de décentralisation nous semblent apporter des modifications au contexte dans lequel se pose cette question récurrente des langues « dominées ». Et ces journées d’étude sont consacrées à ce thème.
Il s’agit :

  • de comparer les formes que prennent ces clivages linguistiques dans différents territoires
  • d’analyser les initiatives qui ont été prises et expérimentées par les associations, ONG ou collectivités, nationales ou locales pour réduire ces fractures 
  • et de partager les réflexions que ces actions ont pu susciter chez les chercheurs et les praticiens.
     
    PROGRAMME

Vendredi 12 juin 2009

9.30h. Introduction :

Jean-Marie Schaeffer
EHESS École des Hautes études en Sciences Sociales

Michèle Leclerc-Olive
Langues et décentralisation. Quelques enjeux
ARTESS-EHESS

Langues locales, Media et Espace Public

Michèle Leclerc-Olive et G. Dumestre
Langues locales et décentralisation au Mali

10.45 – 11h Pause Café

Sylvie Capitant
Expériences au Burkina Faso : L'association des Editeurs de Presse et de Journaux en Langues Nationales
IEDES

 Jacques Guyot
Politiques publiques et initiatives en faveur des langues régionales en Europe: les enjeux pour l'espace public démocratique.
Université de Paris 8- Vincennes UFR-SAT de communication

12 – 13h Débat

13h- 14.30 Déjeuner Libre

14.30 Education et culture

Seraphin Kandem
Langues locales, decentralisation et communication sociale: L’experience camerounaise
School of Oriental and African Studies, University of London

Henry Morales.
La pluriculturalidad y la multiculturalidad (cultura y la educación), condiciones imprescindibles para las transformaciones políticas y sociales de los pueblos.
Association d’Amis du Guatemala Movimiento Tzuk Kim Pop

Karla Aviles,
Mesurant forces, liant efforts: principes, expériences et propositions du projet « Revitalisation, maintenance et développement linguistique et culturel »
Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología   Social Districte Federal du Mexique CIESAS-D.F     

16.30 - 17.30h Débat

18h. Cocktail

Samedi 13 juin 2009

9h. Café

9.30 L’Administration locale et les langues régionales

Mikihiro Moriyama
Regional Language and Decentralisation in Indonesia since Socio-Political Changes in 1998
Professor of Indonesian Studies
Nanzan University Department of Asian Studies, Japan

Ferran Lozano
La langue de la fonction publique communale en Catalogne
Directeur du Centre de Normalisation linguistique de Terrassa i Rubí. Linguamón-Casa de les llengües

Mlle. Mercè Monjé
Association CORENS
Bilan d’une enquête sur les pratiques de promotion de langes locales dans les programmes d’appui dans la décentralisation


11.30 Débat final

12.15 Clôture  des journées Michèle Leclerc-Olive

Lieux

  • EHESS, salle 524, 54 boulevard Raspail
    Paris, France

Dates

  • vendredi 12 juin 2009
  • samedi 13 juin 2009

Fichiers attachés

Mots-clés

  • démocratie, langues locales, participation, pouvoirs locaux

Contacts

  • Michèle Leclerc-Olive
    courriel : mleclerc [at] ehess [dot] fr
  • Mercè Monjè
    courriel : languesdecentralisation [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Michèle Leclerc-Olive
    courriel : mleclerc [at] ehess [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Langues locales et décentralisation. Dire et traduire les pratiques démocratiques », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 28 mai 2009, https://doi.org/10.58079/e4n

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