AccueilExiste-t-il une science du journalisme sans frontières ?

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Publié le lundi 13 février 2006

Résumé

Colloque international, Bucarest (Roumanie), 6-8 juillet 2006 Existe-t-il une science du journalisme sans frontières? Autrement dit, les analyses qui sont faites des pratiques journalistiques transgressent-elles les frontières disciplinaires, les écoles et les pays? Ce colloque a également pour objectif de réfléchir aux liens entre recherche et enseignement du journalisme, donc sur le degré d'autonomie ou d'hétéronomie de la recherche scientifique sur l'objet « journalisme ».

Annonce

Dans de nombreux pays, des chercheurs étudient les journalistes : qui sont-ils ? comment sont-ils formés et recrutés ? quels savoir faire mettent-ils en œuvre ? quelles sont les conceptions de leur(s) métier(s) ? etc.. Il en résulte des enseignements théoriques et pratiques, des rencontres (colloques, panels, ateliers), des revues et sites scientifiques ou professionnels, des ouvrages de recherche et de vulgarisation, des associations savantes, etc. Pour autant, peut-on en conclure qu’il existe une « science du journalisme » sans frontières ?

On entend par cette expression une science (ou communauté scientifique) qui serait unifiée (ou convergente) autour d’un ensemble de techniques d’investigation, de rapports à l’objet étudié, d’outils conceptuels, de questions jugées pertinentes, d’acquis incontestés et d’auteurs de référence, le tout par-delà les frontières nationales, disciplinaires et linguistiques. Sont concernées par ce colloque les dimensions recherche et enseignement à propos du journalisme, et notamment les connexions entre les deux.

Plusieurs problèmes de méthode sont liés aux formes d’existence différentes du journalisme selon les pays (culture, histoire, stratification, droit, politique, etc.). D’autres proviennent du cloisonnement des disciplines académiques développant chacune un point de vue séparé : communication, histoire, sociologie, économie, droit, sémiologie, cultural studies, science politique, gender studies, etc.. D’autres sont dus à un phénomène de domination culturelle des pays anglo-saxons ou à un isolement (relatif, évolutif, variable) de certains pays ou aires linguistiques. Les formes d’institutionnalisation du « journalisme » dans chaque société ne sont pas non plus identiques.

Au-delà, la thématique générale ne doit pas être oubliée : existe-t-il une science du journalisme (ou Journalism Studies) sans frontières ?

Axes de réflexion :

1/ Terminologie. L’une des questions cruciales de ce colloque consiste à se demander si les savants parlent de la même chose quand ils emploient le vocable « journalisme » (journalism, giornalismo, etc.) . Autrement dit, le fait d’utiliser le même mot sous-entend-il une réalité identique dans différents pays et continents ? Si elle n’est pas exactement identique, est-elle au moins comparable ? Est-il pertinent de parler de journalisme sans frontières dans la mesure où les milieux professionnels diffèrent d’un pays à l’autre : droit et déontologie, formation et sélection, organisation et régulation internes, relations avec les autres champs sociaux (politique notamment) ? Quels sont les autres termes utilisés pour désigner les journalistes (periodista, newsman, reporter...) ? Tous ces mots opèrent-ils une distinction entre la « profession » et les métiers exercés par les journalistes ? etc.

2/ Comparatisme. Quel est l’usage de la comparaison par les chercheurs à propos des journalistes ? Comment comparer en tenant compte des différentes formes de construction symbolique du journalisme ? Quels usages les savants font-ils des découvertes effectuées dans une étude de cas ? Est-il opportun d’établir un glossaire universel des outils conceptuels élaborés par les chercheurs en précisant leur niveau d’acuité, de transposabilité et d’actualité (« gatekeeper », par exemple) ? Peut-on parler d’emblée de « profession » quand on sait la polysémie et complexité de cette notion ? Etc. Autrement dit, il s’agit de rendre possible un comparatisme raisonné en évitant les dangers inhérents à cette méthode (juxtaposition de monographies, ethnocentrisme, évolutionnisme, oubli de la diffusion des modèles, etc.).

3/ Journalism Studies ? Comment s’organise une éventuelle « science du journalisme » dans les différents pays et continents : discipline autonome ou éclatement pluridisciplinaire ? Quels débouchés en termes de publication et de reconnaissance publique ? Les savants conçoivent-ils leur travail comme une science autonome ou une science pratique ? Quels sont les statuts des écoles spécialisées ? Les Journalism Studies sont-elles connectées à la formation scolaire des journalistes ou séparées ? Doivent-elles être dedans ou hors du milieu journalistique ? Quels sont les postures et les rapports à l’objet les plus féconds heuristiquement ? Une « science du journalisme » doit-elle se limiter à la sociologie ou inclure d’autres angles disciplinaires ? Une « science du journalisme » est-elle un luxe que seuls les pays riches peuvent se payer ? Quels sont les enjeux de la formation des journalistes dans les pays où une vie politique pluraliste est récente, en gestation ou étouffée ? Etc.

4/ Rapports à l’objet. Enfin, les chercheurs, en avalisant la définition instituée du journalisme ou en tentant d’agir sur sa régulation interne, concourent-ils eux-mêmes à créer le groupe professionnel qu’ils étudient (hypothèse d’unification symbolique) ? Les savants participent-ils, par exemple, à l’élaboration d’une mythologie professionnalisante ou aux instances de régulation du milieu professionnel ? Quels sont les effets de la frustration des savants qui essaient vainement de voir leurs travaux reconnus et promus par les gens de médias eux-mêmes ? Les chercheurs ont-ils, dans leur parcours sociobiographique, connu une expérience de journaliste ? Quels effets ces expériences ont-elles sur leur rapport à l’objet journalisme ? Etc.

Le colloque pourra donc réunir plusieurs types de contributions :

-  des états des lieux par pays
-  des évocations socio-historiques
-  des comparaisons internationales
-  des réflexions épistémologiques

Sur... :
-  les journalistes ou les Journalism studies
-  l’institutionnalisation du journalisme
-  l’autonomie ou la dispersion disciplinaire
-  les débats scientifiques intra et inter-disciplinaires
-  les modèles transnationaux et le lexique
-  les acquis internationaux reconnus
-  le rôle des revues scientifiques et d’internet
-  le rapport savant à la pratique professionnelle

Contributions :

Ce colloque s’adresse à des contributeurs s’intéressant à des contextes nationaux différents. La langue principale sera le français, mais des interventions sont possibles en anglais. Les interventions se feront en session plénière et non en ateliers séparés. Chaque proposition se présentera sous la forme d’un résumé de 15-20 lignes accompagné des coordonnées complètes du ou des auteurs (d’ici le 1er avril). Le texte dans un état avancé sera transmis par e-mail (fichier attaché de 30 à 60000 signes) pour le 15 juin afin de confectionner un text-book et permettre aux discutants d’en prendre connaissance. La publication d’un ouvrage collectif est envisagée. Pour l’organisation, il est possible de prendre en charge vingt personnes à l’exception du voyage.

Coordination : Jacques Le Bohec (jacques.le.bohec@wanadoo.fr)

Comité scientifique : (avec peut-être quelques ajoûts par la suite) Mihai COMAN, Faculté de Journalisme, Université de Bucarest ; Ioan DRAGAN, Faculté de sociologie, Université de Bucarest ; Jacques LE BOHEC, Institut de la communication, Université Lyon II ; Michel MATHIEN, Centre universitaire d’enseignement du journalisme, Université Strasbourg 3 ; Erik NEVEU, Institut d’études politiques de Rennes ; Stéphane OLIVESI, Institut de la communication, Université Lyon II ; Nicolas PELISSIER, IUT de journalisme, Université de Nice ; Rémi RIEFFEL, Institut français de presse, Université Paris II.

Bucarest, 6-8 juillet 2006 (Roumanie)
Contact: J. Le Bohec, Professeur à l'Icom, Université Lyon 2: [jacques.le.bohec@wanadoo.fr->jacques.le.bohec@wanadoo.fr]
Appel à contributions ouvert aux chercheurs confirmés comme aux doctorants et post-doc

Lieux

  • Bucarest (Roumanie)
    Bucarest, Roumanie

Dates

  • samedi 01 avril 2006

Source de l'information

  • Liens socio
    courriel : Pierre [dot] Merckle [at] ens-lsh [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Existe-t-il une science du journalisme sans frontières ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 13 février 2006, https://doi.org/10.58079/ehe

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