InicioEthnologie et sciences du corps

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Publicado el miércoles 21 de noviembre de 2007

Resumen

Appel à contribution pour un colloque à Nanterre, 22-28 mai 2008

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COLLOQUE ETHNOLOGIE ET SCIENCES DU SPORT - CORPS, MOUVEMENT ET SPORT

Convergences et pistes d’interrogation Nanterre, 22 - 23 MAI 2008

2 ème Appel à communication Propositions à envoyer avant le 15 décembre 2007

Il suffit de porter le regard sur la multiplication et le foisonnement des recherches qui abordent le corps, le mouvement et le sport dans le champ des sciences humaines et sociales pour comprendre l’importance prise par ces questions ces dernières années. Longtemps contenu aux extrêmes, corps biologique des médecins d’une part, corps ontologique des philosophes d’autre part, le mouvement et les pratiques corporelles n’ont suscité que récemment les interrogations des anthropologues. Bien sûr, l’existence d’un imposant matériau consacré aux rites physiques (Frazer, 1931), comme la présence d’études ponctuelles anciennes témoignant de l’intérêt des anthropologues pour la signification culturelle des substances corporelles (Mensignac, 1892), obligent à nuancer ce point de vue, et ce d’autant plus que les intuitions fameuses de Mauss (1934) et son essai de systématisation de l’étude des « techniques du corps » ont déjà rejoint le rang des classiques. Cependant, il faut attendre les années 1970 pour que le corps entre véritablement dans les préoccupations des sciences sociales.

En effet, les recherches sur les pratiques corporelles et le sport sont handicapées par la manière dont le corps s’est historiquement construit, dans la pensée occidentale, à partir d’une séparation du corps et de l’esprit. Le premier rabaissé du côté de la chair et des sens, et le second élevé avec l’âme et la conscience (le moment clef est constitué avec Descartes). Cette distinction fondatrice refoule le corps et valorise l’esprit. La matérialité du corps est triviale et renvoie à l’animalité. Ce à quoi il est légitime de s’intéresser alors, c’est au développement de l’esprit, aux valeurs, aux symboles. Par ailleurs, ces questions résistent à l’analyse et le corps apparaît souvent comme un impensé des théories sociales qui tendent à l’abandonner du côté de la nature ou de la biologie. D’où la primauté historique donnée par l’anthropologie à l’anthropologie physique et biologique sur les dimensions culturelles et sociales, ainsi que la prise en compte tardive par les sciences du sport de la dimension sociale des pratiques physiques.

Fortement préoccupées par la dimension du symbolique, les recherches sur le corps se situent pour l’essentiel dans la continuité de quelques grands paradigmes fondateurs, par exemple celui de l’analyse « biopolitique » des relations de pouvoir (Fassin & Memmi, 2004), celui de l’affectivité et du sensible (Héritier & Xanthakou, 2004), celui de la production symbolique de l’ordre social (Godelier & Panoff, 1998), celui des représentations culturelles (Bianquis & al., 1997), ou celui de l’identité sociale (Bromberger & al., 2005). Cependant, depuis quelques années le sport et la question du mouvement ont retenu l’attention des ethnologues et participent à renouveler leur questionnement (Augé, 1982 ; Segalen, 1994 ; Raveneau, 1994 ; Bromberger, 1995 ; Darbon, 2002, 2003 ; Boutroy, 2005 ; Grau & Wierre-Gore, 2006).

Mais ce foisonnement, s’il prouve bien la vitalité du champ considéré, n’en laisse pas moins subsister une interrogation quant aux problèmes épistémologiques soulevés par l’objet en question. Si le corps ou le mouvement est souvent envisagé comme un concept, et ainsi unifié, comment rendre justice de la variété des formes qui l’incarnent ? Derrière les pratiques corporelles et le mouvement eux-mêmes - qui peuvent faire l’objet de traitements scientifiques multiples - comment aborder anthropologiquement la question de la diversité de leurs usages sociaux et culturels ?

Par ailleurs, l’ethnologie, ses concepts et ses méthodes ont été récemment admis dans le champ des sciences du sport. Cette situation a eu deux types de conséquences : l’utilisation de méthodologies ethnologiques par les spécialistes des sciences du sport et l’intérêt de certains ethnologues pour des objets de recherche liés au sport et au mouvement. D’abord cantonnées aux sciences intéressées par la dimension physique du corps (anatomie, médecine, biologie), les sciences du sport ne se sont ouvertes que par la suite à des analyses qui prenaient mieux en compte les aspects psychologiques et sociaux liés au corps et aux phénomènes sportifs. Ainsi, elles ont en quelque sorte suivi un chemin inverse de l’anthropologie. En effet cette dernière, généraliste à ses débuts au point d’englober l’anthropologie physique, ne s’est spécialisée que plus tard sur les aspects culturels et sociaux. Cette apparente symétrie semble fondamentale pour interroger les différences, mais aussi les convergences, entre les champs scientifiques de l’ethnologie et celui des sciences du sport.

Du côté des spécialistes des sciences du sport, l’ouverture à l’ethnologie a été assez tardive, tant la dynamique propre à leur champ les cantonnait dans la recherche d’une légitimité scientifique difficile à atteindre (Vigarello, 1975). Il a ainsi fallu attendre les années 1970 pour voir l’enseignement de l’éducation physique se soucier des sciences sociales. Cette réticence initiale était due en grande partie au fait que les sciences sociales apparaissaient comme nouvelles et encore peu légitimes par rapport à l’anatomie ou à la médecine, qui avaient antérieurement assuré l’essentiel de la production scientifique concernant les sports et l’éducation physique (Defrance, 1998), et qui ayant formé un grand nombre de cadres du monde sportif continuaient à assurer l’entretien et à nourrir la pensée scientifique sur le sport. Par ailleurs, la position de certains historiens, attachés à une vision classique de la discipline centrée sur l’analyse des grands équilibres internationaux, empêcha que ne se développent, jusqu’au mouvement initié par les nouveaux historiens (Le Goff & Nora, 1974) et poursuivi par l’anthropologie historique (Schmitt, 1990), des enquêtes et des analyses relevant des sciences sociales et consacrées à de « nouveaux problèmes » et à de « nouveaux objets », dont le sport et les cultures corporelles apparurent seulement alors comme des exemples significatifs.

Du côté des ethnologues, en revanche, il est possible de trouver des intuitions assez précoces ayant trait au sport comme un objet potentiel de recherche. Le patient catalogage des rites physiques des sociétés traditionnelles, assuré par les folkloristes et les anthropologues culturels dès la fin du 19e siècle, constitue sans aucun doute une première clef d’accès pour penser la question des activités physiques et sportives. Frazer et Boas d’abord, puis Mauss et Van Gennep décrivent ainsi de nombreux sports et jeux traditionnels, le tir à la corde saisonnier des Esquimaux étant un des exemples les plus fameux. Par ailleurs, la formation généraliste en ethnologie et en anthropologie, telle qu’elle s’institua dans le contexte racialiste du 19e siècle, comprenait une part importante d’enseignements tournés vers l’anthropologie physique, incluant des mesures anatomiques, qui devaient servir l’archéologie, la préhistoire, et visaient une connaissance totale de l’homme. Pourtant, malgré la pérennisation de ce type d’enseignements dans les cursus d’ethnologie jusqu’à la fin des années 1960, les délires racistes auxquels aboutirent l’emploi non critique de l’anthropologie physique (Meyran, 2005), ou encore l’eugénisme des anthropologues vichystes pendant la 2e Guerre Mondiale, accentuèrent le divorce de plus en plus accusé entre l’anthropologie physique et l’anthropologie sociale et culturelle.

Ainsi, dans les années 1970, au moment même où les sciences du sport se libéraient des préjugés portés par la médecine et poussaient l’éducation physique à s’ouvrir à la réflexion anthropologique, les anthropologues abandonnaient le projet d’une connaissance totale de l’homme et se rabattaient sur l’anthropologie sociale. Le projet d’une étude de la vie physique de l’homme, projet dont les bases avaient été posées magistralement par Mauss (1934) lorsqu’il évoquait des notions telles que les « techniques du corps » ou la perspective d’un « continuum physio-psycho-sociologique », était ainsi mis entre parenthèses. Rapportée au temps long de la vie des disciplines scientifiques, l’histoire comparée de l’ethnologie et des sciences du sport apparaît alors dans une large mesure comme l’histoire d’une rencontre manquée ou perpétuellement différée, ce qui rend légitime le projet de la mieux connaître et de comprendre à quoi elle a abouti aujourd’hui.

En dépit de ce mouvement de fond, on assiste à des convergences entre les deux champs scientifiques considérés que le colloque vise à interroger dans leur diversité et dans leur complexité, et ce dans une perspective réflexive et épistémologique. Comment, autour d’une constellation d’objets communs - le sport, mais aussi plus largement les activités physiques et les cultures corporelles, le mouvement et les gestes - se concrétisent les relations entre les chercheurs formés à l’ethnologie et les chercheurs qui utilisent cette discipline au sein des sciences du sport ?

Cependant, du point de vue de la discipline ethnologique, parler à propos du sport d’une extension de l’ethnologie à de nouveaux objets ne saurait être suffisant. Pour les ethnologues en effet, il ne s’agit pas seulement de se saisir de nouveaux objets (sports, activités physiques et ludiques, loisirs) mais bien d’appréhender un nouveau champ scientifique, ses acteurs, sa diversité, ses problématiques et ses dynamiques propres. Aussi, les débats devront nécessairement prendre en compte deux séries distinctes d’éléments. D’abord, il s’agit de clarifier le statut des objets de recherche qui occupent les champs scientifiques ainsi mis en relation, afin de confronter les représentations singulières des objets qui ont lieu de part et d’autre. Qu’est-ce que le sport, le mouvement ? Comment définir des notions telles que la performance, les activités physiques, le jeu, les loisirs ? Quelles sont les catégories à travers lesquelles ces différents objets sont pensés et analysés ? Quelles conceptions spécifiques du social informent la perception de ces catégories de part et d’autre ? Comment sont mises en œuvre les études ? Quel est le degré de perméabilité des analyses à l’environnement social général ? Ensuite, comment se distribuent les problématiques à l’intérieur du nouveau champ scientifique ainsi formé ? Comment appréhender la coloration spécifique des recherches mises en œuvre par les uns et par les autres ? De même, les spécialistes des sciences du sport s’impliquant dans la démarche et les concepts de l’ethnologie sont confrontés à des difficultés similaires. Que retiennent-ils de l’ethnologie ? De quels éléments se servent-ils prioritairement dans le stock de connaissances accumulées par cette discipline ?

Objectifs du colloque

A travers ce faisceau d’interrogations initiales, les objectifs scientifiques du colloque peuvent se décliner en quatre grands thèmes qui renvoient chacun à une série de questions :

1- La place de l’ethnologie et des ethnologues dans les sciences du sport : comment l’ethnologie peut-elle se situer par rapport aux autres disciplines des sciences humaines et sociales qui avaient abordé le champ des sciences du sport avant elle (en premier lieu la sociologie, mais aussi l’économie, l’histoire, la psychologie, la praxéologie) ? Quelle place concrète a-t-elle aujourd’hui dans le champ des sciences du sport ? Comment les ethnologues y sont-ils reçus ? Comment eux-mêmes s’y positionnent-ils ?

2- Les usages de l’ethnologie : l’ethnologie, lorsqu’elle intègre le champ des sciences du sport, est-elle nécessairement une ethnologie appliquée au sport, ou peut-elle se servir du cas du sport pour progresser en termes de théorisation et de modélisation ? Le sport, le mouvement et les pratiques physiques sont-ils des objets « bons à penser » pour la discipline ? En quel sens ces objets peuvent-ils mettre à l’épreuve les catégories qui constituent le fondement de ses interrogations ?

3- Les formes d’appropriation de l’ethnologie : Quels sont les thèmes récurrents et les objets traités dans les sciences du sport qui utilisent les méthodes et les concepts de l’ethnologie et de l’anthropologie ? Qu’entend-t-on dans cet espace par ethnographie, ethnologie et anthropologie ? A quelle bannière se raccroche-t-on et pour quelles raisons ?

4- Les héritages ethnologiques : Quels sont, en ethnologie, les outils (observation participante, description, enquête de terrain, comparatisme...) et les courants théoriques et méthodologiques (technologie culturelle, culturalisme, structuralisme, anthropologie sociale...) les plus utiles et les plus heuristiques pour les sciences du sport ? A quels accommodements l’ethnologie est-elle conduite en travaillant sur ces nouveaux objets ? L’objectif du colloque est d’apporter des éléments de réponse à ces questions comme à d’autres interrogations que les propositions de communication ne manqueront pas de faire surgir. Pour cela, si le colloque « Ethnologie et sciences du sport » vise d’abord à recueillir des témoignages d’ethnologues impliqués dans le champ des sciences du sport, il s’adresse aussi aux spécialistes des sciences du sport et aux professionnels du domaine sportif qui utilisent les méthodes et les concepts de l’ethnologie et de l’anthropologie dans leurs travaux.

Propositions de communication Les propositions seront présentés sous la forme d’un document word d’une à deux pages, comprises entre un minimum de 2000 signes et un maximum de 4000 et comprendront 5 mots clés : elles devront mentionner nom et prénom, discipline d’origine, statut, rattachement institutionnel de l’auteur et adresse électronique. Elles seront acceptées en anglais ou en français uniquement. Les propositions seront impérativement rédigées en Times New Roman de 12 points, interligne 1,5. Le fichier informatisé du résumé envoyé aux organisateurs par voie électronique sera simplement nommé par les nom et prénom de l’auteur sous la forme : NOM Prénom.

Les intentions de communications seront argumentées et devront parvenir à Gilles Raveneau (gilles.raveneau@mae.u-paris10.fr) et Laurent Sébastien Fournier (laurent.fournier@univ-nantes.fr) pour le 15 décembre 2007. Les auteurs seront informés des décisions du Comité scientifique à la mi-janvier 2008.

{{Les propositions sont à envoyer avant le 15 décembre 2007 à :}}
gilles.raveneau@mae.u-paris10.fr
laurent.fournier@univ-nantes.fr

Lugares

  • Nanterre, Francia

Fecha(s)

  • sábado 15 de diciembre de 2007

Palabras claves

  • sport

Fuente de la información

  • Liens socio
    courriel : Pierre [dot] Merckle [at] ens-lsh [dot] fr

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« Ethnologie et sciences du corps », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el miércoles 21 de noviembre de 2007, https://doi.org/10.58079/ep5

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