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Penser le développement du tourisme au XXe siècle : territoire, économie, patrimoine

Autour d’Octave-Louis Aubert (1870-1950), promoteur de la modernisation régionale

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Publié le lundi 24 août 2009

Résumé

Au tournant du XXe siècle, se conjuguent de multiples ambitions et désirs autour de la question touristique qui s’invite très tôt dans le débat social et politique sur fond de concurrences des intérêts. Ceci requiert de sonder dans une perspective résolument pluridisciplinaire, la perception du territoire, l’obsession des identités, le jeu des réseaux qui développent l’urbain et le tourisme, l’essor de la nation et l’influence des divers avatars de la patrie. Il s’agira avant tout de voir comment les intellectuels peuvent contribuer au développement économique local, lier esthétique et rationalité, injecter du sens synonyme de pérennisation et préparer les indispensables ré-appropriations des paysages raisonnés.

Annonce

Laboratoire CERHIO – Université Rennes 2

Appel à communication

Saint-Brieuc – 3 et 4 juin 2010

« Breton adoptif » — pour reprendre le fragment du titre d’un ses ouvrages écrit en 1921 et paru en 1928, — parce que né à Paris et mort à Saint-Brieuc, Octave-Louis Aubert a été au carrefour de multiples réseaux et influences. Le point culminant de cette carrière est sans doute matérialisé par la publication de la revue La Bretagne touristique (1922-1939), mais ce serait réducteur. Jeune journaliste, on le voit militer pour la république radicale et lutter contre l’alcoolisme ; avec la fougue du prosélyte, il invite aux découvertes pittoresques, avant de penser les fondements du tourisme patrimonial ; d’abord tourné vers le passé, dans la pure tradition du collectage folkloriste, il participe ensuite à la reconfiguration de la scène culturelle bretonne et la projette vers l’avenir ; épris des marquages paysagers, il n’en réclame pas moins la fin de la « Bretagne-musée », au profit de l’énonciation de choix économiques, d’infrastructures et d’aménagement. Editeur, publiciste, bibliophile, homme de théâtre, historien, président de la fédération des syndicats d’initiative bretons et de la chambre de commerce de Saint-Brieuc, Octave-Louis Aubert a finalement jeté les bases du débat de modernité entre identité et valorisation des territoires.     

A l’occasion du centenaire du syndicat d’initiative de Saint-Brieuc, dont O.-L. Aubert a été l’initiateur, un colloque est organisé afin de mieux comprendre les dynamiques volontaristes liant tourisme et développement régional — qui ne sauraient se limiter au seul cas de la Bretagne. Au tournant du XXe siècle, se conjuguent en effet de multiples ambitions et désirs dans des séquences où se succèdent le plus souvent : « invention » d’un lieu par un peintre ou un écrivain, vision intellectuelle d’un objectif économique, investissement du territoire vierge par des promoteurs capitalistes — qui achètent les dunes et ouvrent le premier lotissement, hôtel, établissement de bains servant de trame à la cité balnéaire, — planification étatique, résistance régionaliste (et le plus souvent passéiste) au processus de modernisation conduisant en dernière instance les élites locales à se recomposer... Bref, la question touristique s’invite très tôt dans le débat social et politique sur fond de concurrences des intérêts, notamment des populations exposées à un tel surgissement. Tout ceci requiert de sonder la perception du territoire, l’obsession des identités, le jeu des réseaux qui développent l’urbain et le tourisme, l’essor de la nation et l’influence des divers avatars de la patrie. Pour faire cependant pièce à une approche trop souvent segmentée et mono-disciplinaire de l’avènement touristique, il s’agira avant tout de voir comment les intellectuels peuvent contribuer au développement économique local, lier esthétique et rationalité, injecter du sens synonyme de pérennisation et préparer les indispensables ré-appropriations des paysages raisonnés.

La rencontre aura lieu les 3 et 4 juin 2010, à Saint-Brieuc, sur quatre demi-journées. Les actes du colloque seront publiés.

< Aux origines de la mise en tourisme

L’objectif est, d’abord, de réévaluer l’action individuelle des « inventeurs » touristiques dans leur globalité. On a trop souvent isolé les divers pans et facettes de leur travail, ou de leur œuvre, sans prendre la mesure de la profonde cohérence et des processus d’engendrements qui ont contribué à des remises en causes ou des reformulations. L’inventaire, nécessaire, des implications de tels acteurs dans divers domaines aura donc d’autant plus d’intérêt qu’il prendra en compte les multiples effets de passerelles et suggérera les capillarités en devenir.

Il conviendrait, ensuite, de s’interroger sur les territorialités perceptibles chez Aubert et ses émules. Qu’il s’agisse de migrations depuis les capitales (à rebours des courants dominants de la valorisation sociale et culturelle), des enracinements locaux — pour Aubert, Saint-Brieuc, alors en pleine expansion et moderne, — de l’élargissement progressif des horizons d’intérêts (d’abord limité à un département-mosaïque puis étendu à un ensemble régional compatible, voire pionnier, au modèle national), les spatialités auxquelles de tels visionnaires se sont référées n’ont pas cessé d’articuler le cours de leur pensée et de leur action. Produits de matrices et de temporalités successives, ils appartiennent souvent à une génération néo-provinciale et modernisatrice — marquée par la guerre. A ce titre, il s’agit aussi d’examiner d’autres trajectoires — convergentes ou au contraire divergentes, — afin non seulement de mesurer la représentativité de ces pionniers, mais d’identifier d’autres modèles d’émergence du débat de modernisation régionale.

< Enjeux et expérimentations autour du développement régional

Par ailleurs, passeur d’idées et transversal à divers milieux, Aubert a, de façon originale, su réunir autour de lui des collaborations improbables en d’autres circonstances. La mise à jour de ces réseaux, leurs compénétrations, les tensions entre noyaux culturels ou idéologiques parfois très éloignés les uns des autres méritent en tout cas l’attention — jusque et y compris dans la saisie des réflexivités entre « petites » et « grande patrie (s) ». La constitution d’un espace public régional et trans-partisan qui préfigure l’élan consécutif au second conflit mondial est en effet essentiel à la compréhension des chantiers alors engagés. Pour autant, on ne saurait faire l’impasse sur certaines ambiguïtés de projets autour desquels gravitent des individualités, certes secondaires, mais à l’avenir trouble. 

Enfin et dans le droit fil de cette dernière observation, on pourra s’interroger sur les apports, tant discursifs que méthodologiques, d’une pratique du développement régional qui peut, à la fois, s’être imposée comme étape intellectuelle, banc d’essai incomplet ou laboratoire de recherches dans l’attente de jours meilleurs. Bref, c’est à l’héritage et aux connexions, de part et d’autre du second conflit mondial, que pourrait se déployer la réflexion.

Partant de ces quelques remarques, les thèmes — non limitatifs, — sur lesquels des propositions de communications peuvent retenir l’attention sont les suivants :

·        Trajectoires culturelles et « invention » touristique

–        Filière ethnographique et « modernisation conservatrice »

–        Les mutations des registres scopiques  

–        Entreprises littéraires et sublimations culturelles 

–        L’ambition touristique au risque de la colonisation culturelle intérieure

·        Le milieu et les territoires 

–        Les matrices (Paris : jeunesse et formation ; Saint-Brieuc : on insistera notamment, si c’est possible, sur la modernité d’alors d’une ville appelée ensuite à un lent endormissement, des comparaisons autour d’ autres villes d’éveils sont bienvenues) 

–        Des Bretagne … et autres  régions : la constitution des répertoires discursifs et topographiques

–        Articuler le centre à la périphérie : aménagements et styles 

–        Du pittoresque au patrimoine ou comment faire du passé table pleine   

·        Réseaux d’influence et économie touristique

–        Milieux économiques et développement touristique régional

–        Contacts politiques et discours de modernisations

–        Vendre les désirs d’au-delà : promouvoir les « provinces » depuis les capitales

–        Les naissances d’espaces publics régionaux

·        L’héritage

–          Les enjeux régionaux à l’heure de la reconstruction (années 50)

–          La mise en œuvre des infrastructures (années 60)

–          Le programme du Celib et la préfiguration du découpage des régions 

–          La promotion de l’image touristique régionale : buts, méthodes et images » (de 1950 à nos jours)

–          L’irrigation du territoire par le maillage patrimonial

La classification actuelle ne préjuge bien entendu pas des découpes qui seront adoptées, plusieurs propositions pouvant s’avérer transversales.

Les réponses à l’appel à communication :

 

Les réponses à cet appel viseront à présenter des études ou réflexions issues de démarches analytiques. Les propositions devront comporter, outre le titre, une description de la problématique ainsi que les méthodes employées, les données empiriques utilisées, un bref descriptif de la réflexion (avec une définition des concepts, le cas échéant) permettant d’exposer les résultats ou les constats qui ouvriront la discussion. Ne dépassant pas une à deux pages (format Word ou PDF), elles devront préciser les coordonnées des auteurs et leur laboratoire de rattachement. Ces réponses sont à adresser au plus tard pour le 30 octobre 2009 à l’adresse électronique suivante: patrick.harismendy@wanadoo.fr

Une réponse de principe sera adressée le 30 novembre. Un résumé des communications finales retenues de 2 à 2.500 signes sera à envoyer pour le 30 mars 2010 et ne devra pas excéder un temps de présentation de 20 minutes, qui sera suivi d’un temps de discussion. Ultérieurement, en vue de la publication, les textes devront comporter 35.000 signes maximum (30.000 recommandés, 35.000 acceptés), résumé inclus.

Une sélection des textes à l’issue des interventions sera réalisée en vue de la publication des actes.

Tout complément d’information peut être demandé auprès de : patrick.harismendy@wanadoo.fr ou de solene.gaudin@uhb.fr

Jean-Yves Andrieux

Histoire de l’Art contemporain

Laboratoire « Histoire et critique des Arts 

andrieux.jean-yves@orange.fr

Patrick Harismendy

Histoire contemporaine

Laboratoire Cerhio

patrick.harismendy@wanadoo.fr

Solène Gaudin

Géographie

Laboratoire RESO

solene.gaudin@uhb.fr

Lieux

  • Campus Mazier Pôle Universitaire de Saint Brieuc
    Saint-Brieuc, France

Dates

  • vendredi 30 octobre 2009

Mots-clés

  • Tourisme, developpement local, territoire, économie, Octave-Louis Aubert

Contacts

  • Patrick Harismendy
    courriel : patrick [dot] harismendy [at] wanadoo [dot] fr
  • Solène Gaudin
    courriel : solene [dot] gaudin [at] univ-rennes2 [dot] fr

Source de l'information

  • Patrick Harismendy
    courriel : patrick [dot] harismendy [at] wanadoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Penser le développement du tourisme au XXe siècle : territoire, économie, patrimoine », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 24 août 2009, https://doi.org/10.58079/ey2

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