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Persuasion et argumentation

Persuasion and Argumentation

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Publié le lundi 16 novembre 2009

Résumé

Appel à communications pour le colloque « Persuasion et argumentation » qui aura lieu à Paris, à l'EHESS, du 7 au 9 septembre 2010. Il est organisé par le CRAL (Centre de recherches sur les arts et le langage). L’objectif de ce colloque est de faire le point sur les rapports controversés qu’entretiennent de nos jours la persuasion et l’argumentation au sein des différentes théories de l’argumentation. Call for papers for an international symposium organized by the CRAL (Centre de recherches sur les arts et le langage), CNRS/EHESS, as part of a French-Mexican research project. It will be held in Paris, at the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, September 7th - 9th, 2010. Participants are welcome to deliver their papers in French or in English.

Annonce

Colloque international organisé par le CRAL, EHESS, dans le cadre d’un projet de recherche franco-mexicain. Il aura lieu à Paris, à l’EHESS, du  7 au 9 septembre 2010.

On a longtemps opposé la persuasion à la conviction. Dans cette optique, seule la conviction ressortissait de l’argumentation, parce qu’elle fait appel à la raison, tandis que la persuasion reposerait sur des techniques de manipulation visant seulement à produire un effet sur l’auditoire. Perelman, par exemple, bien qu’il ait mis l’accent sur l’importance de l’auditoire, n’en défendait pas moins une conception de la rationalité à prétention universelle qui devrait être partagée par tout être de raison et entraînerait la conviction lorsqu’elle s’adresse à un auditoire universel, tandis que la persuasion ne s’adresserait qu’à un auditoire particulier. Les choses n’en sont pas restées là. Ce qu’on a appelé depuis Hamblin le « tournant pragmatique » de l’argumentation a mis en question cette opposition, dans la mesure où, pour ce courant, l’argumentation ayant toujours lieu dans un contexte donné, voit son enjeu limité à ce contexte.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Si le champ de l’argumentation est vaste et ouvert à des positions distinctes, voire opposées, la question de la persuasion est l’une de celles qui divisent le plus les chercheurs. Pour le courant épistémique (John Biro et Harvey Siegel), persuasion et argumentation restent diamétralement opposés, car s’ils admettent que la persuasion peut parfois être le but de l’argumentation, la validité d’un argument doit être mesurée, à leurs yeux, à partir de seuls critères épistémiques. A partir d’une analyse différente, Marc Angenot arrive aux même conclusions dans son dernier livre (Dialogue de sourds, 2008) : le constat que « les gens se persuadent rarement les uns les autres tout en argumentant inlassablement » l’amène également à séparer radicalement persuasion et argumentation. A l’autre extrême se situe la conception de Douglas Walton, pour qui la persuasion constitue l’un des types de dialogues qui découpent pour lui le domaine de l’argumentation et fait donc pleinement partie de celle-ci. Entre ces deux extrêmes viennent prendre place toute une gamme de positions intermédiaires. Les pragma-dialecticiens opposaient (en 2004), le processus de persuasion, centré sur les effets à produire et relevant donc d’une recherche des catégories rhétoriques susceptibles d’influencer de manière efficace un auditoire donné, au processus de conviction qui repose sur la recherche des discours argumentatifs de nature à résoudre un problème de différence d’opinion. Depuis cette présentation, la position de Frans Van Eemeren et de ses co-auteurs a évolué. Ils considèrent aujourd’hui que ces deux éléments sont co-présents à des degrés divers dans toute argumentation. Leur concept de « manœuvre stratégique » cherche à rendre compte de la volonté, au sein de la pratique argumentative, de réduire la tension potentielle qui résulte de ces deux objectifs de l’argumentation, complémentaires mais distincts : viser en même temps le but « dialectique » de la « raisonnabilité » (reasonableness) et le but « rhétorique » de l’efficacité.

En revanche, pour les tenants de l’approche de la logique informelle (Tony Blair et Ralph Johnson), persuasion et argumentation ne sont pas vraiment opposés. C’est ainsi que Johnson définira le but de l’argumentation comme visant à une « persuasion rationnelle ».

L’objectif de ce colloque est de faire le point sur les rapports controversés qu’entretiennent de nos jours la persuasion et l’argumentation dans les différentes conceptions de l’argumentation. Plusieurs thématiques pourront être abordées, parmi lesquelles, à titre indicatif :

  • examiner l’importance du contexte dans les pratiques persuasives, dans la mesure où celles-ci sont toujours fonction d’un auditoire particulier ;
  • comprendre comment se présentent ces pratiques dans différentes disciplines, s’il est vrai qu’il y a aussi de la persuasion dans l’argumentation scientifique, par exemple, de sorte que la persuasion ne serait pas l’apanage des arts (littérature et arts visuels) ; l’étude comparative des différentes pratiques persuasives devrait à cet égard s’avérer particulièrement féconde ;
  • articuler plus finement persuasion et argumentation, au lieu de les voir comme opposés. Si tous les procédés persuasifs ne relèvent évidemment pas de l’argumentation, certains pourraient peut-être répondre aux critères épistémologiques et cognitifs qui règlent l’argumentation conçue come une entreprise rationnelle ;
  • en ce sens, intégrer ainsi à l’argumentation certaines des techniques persuasives devrait permettre de prendre en compte des types de discours encore trop souvent exclus du champ de l’argumentation, précisément parce qu’ils seraient de nature persuasive : littérature, discours publicitaire, propagande politique, argumentation visuelle.

Les communications peuvent être présentées en français ou en anglais.

Les personnes intéressées à participer sont invitées à adresser un courrier électronique avant le 15 février 2010 à Georges Roque : grgsroque@gmail.com

Ce courriel doit contenir un titre provisoire, un résumé de la communication proposée en Word (un feuillet de 1500 signes max.), votre adresse électronique, l’institution à laquelle vous appartenez, le cas échéant, ainsi qu’un bref CV (une page max.) La décision du comité de sélection vous sera communiquée avant le 28 février 2010. 

Persuasion and Argumentation

International symposium organized by the CRAL (Centre de recherches sur les arts et le langage), CNRS/EHESS, as part of a French-Mexican research project. It will be held in Paris, at the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, September 7th - 9th, 2010.

Persuasion has long been opposed to argumentation. From this standpoint, conviction would pertain only to argumentation because it is based on reason, whereas persuasion would rest on techniques of manipulation aimed at producing an effect on the audience. Perelman, for instance, even though he put emphasis on the importance of the audience, nevertheless defended a universally valid conception of rationality whose goal is to convince a universal audience, whereas persuasion is oriented toward a particular audience. Yet this opposition has been qualified by what is called, since Hamblin’s seminal work, the “pragmatic turn” of argumentation, as argumentation always occurs in a given context, limiting its scope to the context in which it occurs.

Nowadays, many distinct and even conflicting conceptions are held in the field of argumentation, among which persuasion is one of the most debated. For the epistemic trend (John Biro and Harvey Siegel), persuasion and argumentation remain quite distinct, for even if it is allowed that persuasion may sometimes be the aim of argumentation, proponents of this position nevertheless consider that the validity of an argument must be evaluated through epistemic criteria only. Based on a different analysis, Marc Angenot arrived at the same conclusion in his latest book (Dialogue de sourds, 2008): for him, argumentation rarely leads to persuasion, so that they should be radically separated. At the other end of the spectrum stands Douglas Walton’s position, as he considers persuasion to be one of the different kinds of dialogue that constitute argumentation as a whole. Between these extreme positions there is room for many intermediary ones.

The pragma-dialectical approach, for instance, evolved. In 2004, it insisted on the opposition between, on the one hand, the process of persuasion, centered on the effect to be produced and therefore on the rhetorical categories aimed at influencing effectively a given audience and, on the other, on the process of convincing which rests on how an arguer can resolve a difference of opinion by means of an argumentative discourse. Van Eemeren and his coauthors consider now that these two elements are always present to some degree in every argumentation. Their concept of “strategic maneuvering” is intended to take these two complementary but different aims of argumentation into account: both the dialectical objective of reasonableness and the rhetorical objective of effectiveness. Strategic maneuvering is also directed at reducing, within argumentative practice, the potential tension resulting from these opposed aims.

On the other hand, according to the informal logic approach (Tony Blair and Ralph Johnson), persuasion and argumentation are not really opposed. Hence Johnson’s definition of the aim of argumentation as that of a “rational persuasion.”

The objective of this conference is to review the controversial relationship between persuasion and argumentation within the different theories of argumentation. Several lines of research might be explored, among which:

  • examining the importance of context in persuasive practices, when they are considered context-dependent;
  • understanding how these practices appear in different disciplines, in so far as there are also forms of persuasion in scientific argumentation, for instance, so that persuasion would not be the prerogative only of the literary and the visual arts; a comparative study of different persuasive practices would be particularly fruitful;
  • articulating persuasion and argumentation more in detail instead of considering them as opposed. While it is clear that all persuasion processes do not fall within the province of argumentation, some could match the epistemological and cognitive criteria governing argumentation as a rational enterprise;
  • from this point of view, integrating some persuasive techniques into the field of argumentation would make it possible to take into account different kinds of discourse which are still too often excluded from the field of argumentation precisely because they would be more persuasive than argumentative: literature, advertising, political propaganda, visual argumentation.

 Participants are welcome to deliver their papers in French or in English.

Abstracts (c. 300 words) and provisional titles should be submitted, together with a brief résumé (one page) in Word format, to Georges Roque (grgsroque@gmail.com) no later than February 15, 2010.

The final decision of the selection committee will be communicated by February 28, 2010.

Lieux

  • EHESS, 105 Bd. Raspail
    Paris, France

Dates

  • lundi 15 février 2010

Mots-clés

  • persuasion, argumentation, rhétorique, rhetorics, conviction

Contacts

  • Georges Roque
    courriel : roque [at] ehess [dot] fr

Source de l'information

  • Georges Roque
    courriel : roque [at] ehess [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Persuasion et argumentation », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 16 novembre 2009, https://doi.org/10.58079/ffa

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