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Lutter dans les Afriques

Africa's struggles

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Veröffentlicht am Mittwoch, 23. Dezember 2009

Zusammenfassung

Rébellions armées et émeutes de la faim, révoltes urbaines et escapisme rural, mouvements sociaux et mobilisations associatives, luttes nationalistes et mouvements paysans, prédicateurs, syndicalistes et « altermondialistes africains »… Près de 50 ans après les indépendances, l’Afrique est plus que jamais « indocile ». Bientôt 30 ans après la naissance du courant « politique par le bas », la question des luttes et des formes de résistance sur le continent africain – et des outils théoriques qui permettent de les saisir - reste d’une vibrante actualité, à la fois scientifique et politique.

Inserat

Colloque organisé et soutenu par le projet ANR "Causes africaines", le CRPS (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), le CEMAf (Université Paris I - Panthéon Sorbonne) et le FASOPO

Rébellions armées et émeutes de la faim, révoltes urbaines et escapisme rural, mouvements sociaux et mobilisations associatives, luttes nationalistes et mouvements paysans, prédicateurs, syndicalistes et « altermondialistes africains »… Près de 50 ans après les indépendances, l’Afrique est plus que jamais « indocile[1] ». Bientôt 30 ans après la naissance du courant « politique par le bas », la question des luttes et des formes de résistance sur le continent africain – et des outils théoriques qui permettent de les saisir - reste d’une vibrante actualité, à la fois scientifique et politique.

Penser les luttes dans les Afriques, c’est ne pas céder à l’image éculée d’une Afrique en dehors de l’histoire, d’une Afrique de l’éternel consentement (des dominés) et de l’immuable autorité (des dirigeants), d’une Afrique du consensus qu’il conviendrait de laisser à une anthropologie a-historique. C’est en même temps poser la question de ce qui pourrait constituer la spécificité des formes et des registres des dissentiments qui s’expriment sur le continent (qu’en est-il, par exemple des dimensions idéologiques des protestations – absentes de l’étude contemporaine des luttes, alors qu’elles étaient omniprésentes dans la décennie des indépendances ?). C’est aussi analyser plus finement la diversité des modes protestataires : peut-on, par exemple, appréhender dans un même mouvement les modes de protestation professionnalisés autour des ONG et certains groupes violents, aux visées insurrectionnelles ? Cela implique enfin de penser les situations spécifiques de la protestation dans leurs rapports aux mutations des sociétés africaines contemporaines, qu’elles touchent aux transformations de la division urbain / rural, aux tensions foncières, tensions générationnelles, ou aux registres religieux, ethniques et mémoriels de l’énonciation du politique. En bref, il s’agira dans ce colloque d’étudier aussi bien les registres du non-consentement, que les stratégies des challengers (modalités de l’engagement, recours à l’extraversion, circuits d’accumulation des ressources…) mais aussi les formes de gestion étatique de la protestation par les appareils étatiques (répression, cooptation…).

Envisager la question des luttes politiques et sociales ne suppose pas croire qu’elles recouvrent toute la gamme des situations de non-consentement et de remise en cause des dominants. C’est sans doute un apport du courant du « politique par le bas »[2] que d’avoir invité à porter le regard en dehors des sites les plus évidents d’observation du politique, et d’avoir invité à examiner les pratiques par lesquelles s’énonce le dissentiment : car « qui ne dit mot ne consent pas toujours », comme en témoignent chansons, fuites, escapisme, et autres traces de l’indocilité.

Où en est aujourd’hui le questionnement théorique sur ces formes du dissentiment en Afrique ? Un des ouvrages classiques[3] consacrés à la protestation s’inscrivait explicitement dans l’historiographie nationaliste – au point que le deuxième classique qui y fut consacré avait pour programme explicite de contrer ce positionnement[4]. Si le courant « politique par le bas » a largement contribué à la vitalité des études africaines, qu’en est-il aujourd’hui du rendement de concepts centraux comme ceux de « modes populaires d’action politique » ou « économie morale » ? Alors que la discussion critique de l’historiographie des résistances est déjà bien entamée[5], ce colloque  propose une discussion conceptuelle des travaux consacrés aux formes du non-consentement en Afrique en croisant ceux-ci avec d’autres traditions d’analyse de la protestation qui se sont élaborées plutôt sur des terrains occidentaux. Faut-il pour autant que le désenclavement théorique des études africaines aboutisse à y importer la sociologie des  mouvements sociaux au moment même où celle-ci tend à se routiniser et à laisser s’ossifier ses concepts clefs ? Comment les outils de réflexion sur la sociologie des mouvements sociaux ont-ils circulé et ont-ils été appliqués au continent africain ? Avec quel profit ? Quelle est leur plus (ou leur moins) value en comparaison des approches utilisées sur le continent (résistances, banditisme social, modes populaires d’action politique – grilles d’analyse dont la pertinence doit également être questionnée) ? Comment articuler les travaux récents de la sociologie des mouvements sociaux qui tiennent compte de la transnationalisation des mobilisations et les perspectives ouvertes par une sociologie historique de l’extraversion (J.-F. Bayart) ? Doit-on penser ensemble la circulation et l’internationalisation des modes de protestation et celle des outils théoriques qui s’en emparent ?

S’appuyant sur cette réflexion conceptuelle, le colloque cherchera également à susciter des travaux empiriques novateurs sur la question des luttes dans les Afriques. En effet, les décennies précédentes, celle des autoritarismes puis celle de la « libéralisation », ont paradoxalement mis de côté la recherche sur les mobilisations voire même sur les processus de délégitimation des autorités. L’intérêt porté aux pratiques d’échange entre les différentes strates de la société ont d’abord occulté les formes du non consentement, puis la décennie de la « société civile » a fini de « neutraliser » la recherche sur ce thème. Alors que la notion est définitivement rangée au placard des concepts non opératoires, les travaux sur les diverses formes de lutte peuvent de nouveau s’aventurer sur des terrains glissants (religieux, mouvements miliciens, paysans) et s’interroger sur les outils théoriques aptes à mieux les saisir.

Vendredi 22 janvier 2010

8:30 – 8h45 Accueil

9:00-9:15

Discours introductif de Jean-Claude Colliard, président de l’Université Paris 1

Discours de bienvenue de Frédérique Matonti, directrice du Département de science politique de l’Université Paris 1

9:15 - 12:30

Plénière 1: résistances, politisations, Subjectivations

Présidente de séance : Isabelle Sommier (Université Paris 1-CRPS)

Discutant : Klaas van Walraven (African Studies Centre, Leiden)

  • Samuel HUBAUX * (Université Catholique de Louvain – LASDEL). Aspirations et modalités d’action d’une jeunesse issue de la « société civile » militante de Niamey
  • Duncan Omanga (BIGSAS, Bayreuth University). Hip Hop Music as Social Protest in Urban Africa: The Music of Kenya's Ukoo Flani Movement
  • Zekeria Ould Ahmed Salem (Université de Nouakchott). « Militants aux pieds nus ». Les transformations du mouvement des Haratines de Mauritanie
  • Bukola Adeyemi OYENIYI (Department of History, Faculty of Arts, University of Ibadan). Gendering Protests and Baring the Breasts: New Forms of Civil Advocacy in Contemporary Nigeria.
  • Ophélie RILLON (Université Paris I – CEMAF). Corps rebelles : la mode des jeunes urbains dans les années 1960-1970 au Mali.
  • Susan M. THOMSON (University of Ottawa). Everyday Resistance to the Program of National Unity and Reconciliation in Post-Genocide Rwanda.
  • Denis Tull (German Institute for International and Security Affairs, Berlin). Political Protest in Bas Congo (DR Congo): The Challenge from the Margins
  • Marie BROSSIER * (Université Paris I – CRPS). Entre logiques de domestication et de déconstruction des espaces de l'autorité: le cas du militantisme confrérique et islamique au Sénégal

12:45 – 14:15 Déjeuner

14:30 – 17:30

Plénière 2 : Espaces et échelles des mouvements

Président de séance : Frédéric SAWICKI (Université Paris 1-CRPS)

Discutant : Miles Larmer (University of Sheffield)

  • Françoise Blum (CHS-Université Paris I). « Mai » africains et malgaches : transferts et jeux d’échelle (Dakar, mai-juin 1968, Madagascar, mai 1972)
  • Karine Delaunay (Univ. Paris 7/Univ. Nice/IRD URMIS). (Dé)moralisation et (re)professionnalisation associatives. La revendication d’un accès aux traitements du sida à l’épreuve d’une initiative internationale (Abidjan, Côte-d’Ivoire, 1998-2000)
  • Habibou Fofana (Université de Ouagadougou-GRIL). La revendication d’indépendance de la magistrature: Problématisation et publicisation d’une lutte corporative au Burkina Faso
  • Mathieu Hilgers (FNRS – Université Libre de Bruxelles). Semi-autoritarisme, perceptions et pratiques contestataires du politique
  • Marie Hrabanski * (CIRAD) Dynamiques endogènes, Etat, et recours à l’extérieur : Pour une sociologie historique du mouvement paysan sénégalais depuis les années 1960
  • Anneeth Hundle (University of Ann Arbor, Michigan). Acceptable Protest: New Eastern Neoliberal Formations, Asian Re-territorialization and Logics of Dissent in Kampala, Uganda
  • Marie-Emmanuelle Pommerolle (Université Paris 1 - CRPS). Penser l’extraversion des mobilisations collectives : conditions, histoires et usages de l’international dans les luttes en Afrique
  • Alexis ROY * (Centre d'Etudes Africaines, EHESS). Retour sur la grève des producteurs de coton maliens en 2000
  • Jérôme Tournadre-Plancq *  (ISP-CNRS). Définitions et usages des frontières de l’espace des mouvements sociaux en Afrique du Sud post-apartheid

Samedi 23 janvier 2010

9:00 - 12:00

Plénière 3 : Economies morales et économies de la morale

Présidente de séance : Anne-Catherine WAGNER (Université Paris 1, CSE)

Discutant : Vincent Foucher (CEAN)

  • Julie Aubriot * (LATTS CNRS). Le recours au droit comme mode de résistance des nouveaux mouvements sociaux en Afrique du sud ? L’exemple de la ‘guerre de l’eau de Soweto’
  • Patrick Awondo (LAS-EHESS, IRD-URMIS). Contre l’ordre sexuel ? Réflexion sur l’émergence de la mobilisation homosexuelle en Afrique à partir de l’exemple camerounais
  • Vincent Bonnecase (Institut d'Etudes avancées de Nantes). Faim et mobilisations sociales au Niger dans les années 1970 et 1980 : une éthique de la subsistance ?
  • Christophe BROQUA * (IRD). Naissance d’une cause ? L’émergence contrariée de mobilisations homosexuelles en Afrique de l’Ouest francophone
  • Nigel Gibson (Emerson College, Boston / University of KwaZulu Natal). Unfinished struggles against apartheid: The shack dwellers movement in South Africa
  • Marc PONCELET (Université de Liège). Des contestations à caractère socio-économique mais aussi politique
  • Benjamin Rubbers (Université de Liège). Revendiquer ses droits au Congo-Kinshasa. Le cas du collectif des ex-agents de la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines).
  • Johanna SIMEANT (Université Paris I – CRPS). « Economie morale » et action collective dans les Afriques : valeur heuristique et usages d’un concept
  • Leo ZEILIG * (University of the Witwatersrand). From food riots to political resistance (and back again): charting popular struggles in Africa 1980-2008

12:00 – 13:30 Déjeuner

13:30-14h30

Débat :

John Lonsdale (Trinity College, Cambridge University), Jean-François BAYART (CERI-SciencesPo), Alex de WAAL (sous réserve)

14:30 – 17:30

Plénière 4 : Mouvements, idéologie et violence

Président de séance : Michel DOBRY (Université Paris 1, CRPS)

Discutant : Richard Banégas (Université Paris 1, CEMAf)

  • Marielle DEBOS (CERI/University of Berkeley). Des paysans en armes aux professionnels de la guerre : la professionnalisation de la lutte armée au Tchad
  • Miles Larmer (Université de Sheffield). Towards a History of Social Movements in Post-Colonial Africa
  • Pedro Monaville (University of Michigan). Comrades and Traitors: June 4, 1969 in Kinshasa
  • Tchouaké NOUMBISSIE (Université de Douala). L’idéologie dans le maquis de l’Ouest-Cameroun: Revendications et contestations
  • Kathryn Nwajiaku-Dahou (Department of Politics and International Relations, University of Oxford). From Bleeding Heart to Hollow Drum: The making and breaking of Struggle Nigeria’s Niger Delta
  • Kate SKINNER (Centre of West African Studies, University of Birmingham). 'Ablode Safui' ('The Key to Freedom'): a vernacular newspaper and the quest for 'truth' in African rural politics.
  • Klaas Van Walraven (African Studies Centre, Leiden). Sawaba, Niger and the Revolution of a Social Movement (1954–1974)

18h00

Mot de conclusion des organisateurs :

Richard BANEGAS (Université Paris 1, CEMAF), Marie-Emmanuelle POMMEROLLE (Université Paris 1, CRPS), Johanna Siméant (Université Paris 1, CRPS)

Les communications précédées d’un * sont des tabled papers, certains communicants n’ayant pu participer physiquement à la conférence et le nombre d’intervenants ne permettant pas à tous de prendre la parole. Ces communications sont discutées, leurs auteurs (dans le cas où ils ont présents) pouvant répondre aux questions de la salle, et elles sont disponibles dans le livret de la conférence.

L’accès à la conférence est gratuit sous réserve d’une inscription par e-mail auprès de Catherine Bailleux (crps@univ-paris1.fr)


[1] MBEMBE, Achille, Afriques indociles. Christianisme, pouvoir et État en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988

[2] BAYART, Jean-François « Le politique par le bas en Afrique Noire : questions de méthode », Politique africaine, janv 1981, p. 53-82.

[3] Rotberg, Robert I., Mazrui, Ali A. (ed.), Protest and power in Black Africa. New York: Oxford university press (Center for International Affairs, Harvard university), 1970.

[4] Crummey, Donald (ed.), Banditry, rebellion and social protest in Africa. London: J. Currey Portsmouth : Heinemann, 1986.

[5] van Walraven Klaas, Abbink Jon, 'Rethinking Resistance in African History: An Introduction', in Abbink J., de Bruijn M., van Walraven K. [eds], Rethinking Resistance: Revolt and Violence in African History (Brill Academic Publishers: Leiden and Boston, 2003), pp. 1-40

Orte

  • Amphithéâtre Bachelard - Université Paris I Panthéon Sorbonne
    Paris, Frankreich

Daten

  • Freitag, 22. Januar 2010
  • Samstag, 23. Januar 2010

Schlüsselwörter

  • Afrique, mobilisations collectives, résistances, luttes

Kontakt

  • Marie-Emmanuelle Pommerolle
    courriel : mepommerolle [at] free [dot] fr

Informationsquelle

  • Marie-Emmanuelle Pommerolle
    courriel : mepommerolle [at] free [dot] fr

Lizenz

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Zitierhinweise

« Lutter dans les Afriques », Kolloquium , Calenda, Veröffentlicht am Mittwoch, 23. Dezember 2009, https://doi.org/10.58079/fmj

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