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Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Retour sur le Gilded Age

Revisiting the "first" Gilded Age

Monde des affaires et classe politique à la fin du XIXe siècle

Business and politics in the late nineteenth-century United States

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Publié le jeudi 07 octobre 2010

Résumé

La période de l'histoire des États-Unis allant de la fin de la guerre de Sécession au tournant du XXe siècle a connu un très profond renouvellement historiographique, à tel point que nombre d'historiens remettent en cause le terme de « Gilded Age » (Âge du Toc) souvent associé à ce moment. Malgré tout, ces réinterprétations oublient ce qui était au cœur de l'expression elle-même: à savoir les nouvelles relations, vues comme problématiques, entre des élus politiques à la tête d'un État fédéral renforcé par la guerre, et des hommes d'affaires dont le poids et la fonction sont transformées par l'industrialisation très rapide du pays. Nous cherchons donc des propositions de communications pour une journée d'études qui explorent, à la lumière de nouvelles recherches et de cette nouvelle historiographie, les liens entre monde des affaires et monde politique aux États-Unis, mais également dans d'autres pays (dans une perspective comparatiste) dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Annonce

Appel à contribution

L’expression « Gilded Age » est revenue en force ces dernières années : les scandales financiers qui ont accompagné les années 2000, les pratiques rapaces de certains hommes d’affaires, les opérations de fusion-acquisition géantes, ont fait resurgir la mémoire des États-Unis de la fin du XIXe siècle. Ce premier « Gilded Age » (« Âge du Toc »), selon l’expression forgée par le génie satiriste de Mark Twain et son coauteur Charles Dudley Warner, véhicule toujours une image de vénalité, de relations incestueuses entre politique et affaires, de manipulations anti-démocratiques par toute une classe ploutocratique – qui trouve une résonnance dans les controverses d’aujourd’hui.

Cette vision de la fin du XIXe siècle a toutefois été sérieusement révisée par les historiens, qui ont mis en garde contre l’exagération du pouvoir et de la cohérence des milieux d’affaires, ou critiqué l’idée de la « capture » des institutions politiques par les grandes entreprises. Pourtant cette expression de « Gilded Age » interroge toujours notre compréhension des liens entre démocratie et capitalisme, et finalement du type de société qui surgit aux États-Unis dans cette période.

Depuis un demi-siècle, l’historiographie a exploré des aspects très divers de la société américaine de la guerre de Sécession au tournant du siècle. Dans des travaux de synthèse récents, plusieurs historiens ont tenté de reformuler les interprétations générales de la période, et de restituer la rapidité et la profondeur des transformations que connaît alors le pays. Mais qu’ils insistent sur l’essor d’une société de consommation, sur les bouleversements engendrés par l’industrialisation effrénée, ou sur la mutation de l’idéologie libérale, ces travaux éludent la plupart du temps la question qui était au cœur de la critique résumée par l’expression « Gilded Age » : celle des rapports entre hommes d’affaires et classe politique. Alors que des débats émergent pour savoir si « Gilded Age » est une appellation appropriée pour cette période, il est temps d’affronter, à la lumière de la nouvelle historiographie et de nouvelles recherches, la question au cœur même du terme.

La journée d’études que nous proposons a donc pour but de s’interroger à nouveaux frais sur les liens entre deux milieux en mutation profonde : le monde des affaires et le monde politique, des années 1860 aux années 1890. Plusieurs pistes peuvent être explorées :

  • Dans quelle mesure les réseaux d’affaires et politiques se recoupent-ils et partagent-ils des intérêts communs ? Comment comprendre les multiples scandales de corruption de la période? Doit-on y voir un signe du pouvoir accru de l’État en matière économique ou la marque de profonds désaccords sur la manière de gérer les entreprises ? Ces scandales sont-ils liés à l’émergence de nouvelles formes de lobbying ?
  • Les institutions politiques se font-elles dépasser par les transformations économiques du pays ? Le système des partis jacksonien est-il devenu obsolète ? La persistance des alliances d’intérêts locaux, le poids des identités régionales, peuvent-ils servir d’ancrage démocratique dans ce nouveau contexte ? À quelles échelles se jouent les relations entre hommes d’affaires et hommes politiques ?
  • L’historiographie du libéralisme américain, qui définit cette notion comme idéologie autochtone et dominante, a identifié une mutation du libéralisme dans cette période. Quel est le rôle des hommes d’affaires et de leurs alliés journalistes ou lobbyistes dans ces redéfinitions ? Jouent-ils alors contre des hommes politiques, et ces derniers sont-ils entièrement voués à la perpétuation de leur parti, comme on le suppose habituellement ?

Ce ne sont ici que quelques pistes possibles, et nous sommes intéressés par toute proposition de communication qui cherche à réexplorer les liens entre monde politique et milieux d’affaires dans cette période cruciale de l’histoire américaine. Nous encourageons également toute proposition portant sur les aspects transnationaux de cette thématique, ou permettant, par l’étude de la même problématique dans un autre pays, de jeter un éclairage nouveau sur la situation américaine.

Les propositions (2000-3500 signes) sont à faire parvenir avant le 14 janvier 2011 inclus,

à cfp.gilded.age@gmail.com. La journée d’études, co-organisée par l’université Sorbonne Nouvelle (EA CREW/OPA) et le CENA (EHESS-CNRS), est prévue à Paris pour le 29 avril 2011.

  • Nicolas Barreyre (université Paris Ouest Nanterre / CENA-MASCIPO)
  • Évelyne Payen-Varieras (université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 / CREW-OPA)
  • Naomi Wulf (université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 / CREW-OPA)

Call for Papers

The phrase “Gilded Age” has made a comeback in the past few years: the financial scandals of the early 2000’s, the reckless practices of some businessmen, the giant mergers, have conjured up memories of the late-19th century United States. The first “Gilded Age”, an expression we owe to the satirical genius of Mark Twain and his co-author Charles Dudley Warner, still smacks of venality, incestuous relations between business and politics, and anti-democratic scheming by a class of plutocrats. Today’s controversies have revived this whole imagery.

This view of the late 19th century has been seriously revised by historical scholarship, however. Historians have warned against the dangers of exaggerating the power and coherence of big business, or criticized the idea that political institutions could be “captured” by large business corporations. Nevertheless, the words “Gilded Age” still question our understanding both of the links between democracy and capitalism, and of the kind of society that emerged in the United States in the last decades of the 19th century.

The historiography of the past half-century has explored a great many aspects of American society between the Civil War and the turn of the century. In the more recent syntheses, historians have tried to reshape the general interpretations of the period, and to provide new accounts of the fast-paced and momentous transformations of American society at that time. But whether they focus on the development of a consumer society, on the upheavals caused by unbridled industrial growth, or on the transformation of the liberal ideology, these works most often elude the crux of the critique implied in the phrase “Gilded Age”: the question of the relations between business and politics. Whereas recent debates have questioned the validity of the phrase to characterize the period, we believe we need to tackle again this very question, in the light of recent historiography and new research.

The purpose of the one-day symposium we propose to organize is to work toward a reappraisal of the ties between the worlds of business and politics, which both underwent deep transformations from the 1860’s to the 1890’s. The issues that may be explored include the following:

  • To what extent did business and political networks overlap, and share common interests? How can we account for the many corruption scandals of the period? Did these scandals reflect an increase in government economic power, or deep-seated disagreements on how business enterprise should be run? Were they connected with the emergence of new forms of lobbying?
  • Did economic change outgrow the political institutions of the country? Was the Jacksonian-era party system increasingly obsolete? In a new context, did the enduring alliances of local interests, or the persisting force of regional identities, provide solid ground for democracy? On what different geographical scales were the relations between businessmen and politicians played out?
  • The historiography of American liberalism, which understands the notion primarily as an ingrained and dominant ideology, has documented various aspects of its transformation in this period. How did businessmen and their allies among journalists, lawyers and lobbyists, contribute to these shifts in the definition of liberalism? Did they work against politicians, and were the latter entirely committed to the mere perpetuation of their party, as usually assumed?

The foregoing questions are but a few possible lines of inquiry: we are generally interested in paper proposals seeking to re-explore the links between the world of politics and the world of business in this crucial period of American history. We also welcome proposals bearing on the trans-national aspects of this set of themes, or aiming at shedding new light on the American situation through the study of the same problem in other countries.

Proposals (300-500 words) should be sent by 14 January 2011, to cfp.gilded.age@gmail.com.

The symposium is scheduled for 29 April 2011 in Paris. It is co-organized by the University Sorbonne Nouvelle’s Center for Research on the English-Speaking World (CREW) and the Centre d’Études Nord-Américaines (EHESS-CNRS).

  • Nicolas Barreyre (université Paris Ouest Nanterre / CENA-MASCIPO)
  • Évelyne Payen-Varieras (université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 / CREW-OPA)
  • Naomi Wulf (université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 / CREW-OPA)

Lieux

  • Paris, France

Dates

  • vendredi 14 janvier 2011

Mots-clés

  • affaires, politique, Gilded Age, lobbying, corruption, économie politique

Contacts

  • Nicolas Barreyre, Évelyne Varieras-Payen, Naomi Wulf ~
    courriel : cfp [dot] gilded [dot] age [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Nicolas Barreyre
    courriel : nicolas [dot] barreyre [at] ehess [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Retour sur le Gilded Age », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 07 octobre 2010, https://doi.org/10.58079/gyn

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