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L’organisation en mouvement

Organization on the move

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Publié le mardi 26 octobre 2010

Résumé

Traditionnellement l’organisation a été définie en tant que domaine particulier, « la chose organisée » : l’entreprise, l’administration, la personne morale. Pourtant, dans son sens étymologique, l’organisation renvoie aussi aux actions nécessaires « pour organiser quelque chose ». Il s’agit dans ce cas d’un mode d’existence (Latour, 2007) – un assemblage de processus organisant - ou plutôt, d’un mode de devenir : the organization in-the-making. Ces processus d’existence et de transformation appellent une conception dynamique de l’organisation, une conception qui met au cœur le mouvement, les actions, les évènements, le changement, le déplacement.

Annonce

Appel à communication

Journée d’étude 21 décembre 2010

Université du Québec à Montréal

Date limite pour la soumission des propositions de communication : 14 novembre 2010

Date limite pour la soumission des communications : 15 décembre 2010

Conférencière invitée

Ann Langley, HEC Montréal

Thème de la journée d’étude

Traditionnellement l’organisation a été définie en tant que domaine particulier, « la chose organisée » : l’entreprise, l’administration, la personne morale. Pourtant, dans son sens étymologique, l’organisation renvoie aussi aux actions nécessaires « pour organiser quelque chose ». Il s’agit dans ce cas d’un mode d’existence (Latour, 2007) – un assemblage de processus organisant - ou plutôt, d’un mode de devenir : the organization in-the-making.

Ces processus d’existence et de transformation appellent une conception dynamique de l’organisation, une conception qui met au cœur le mouvement, les actions, les évènements, le changement, le déplacement.

Il s’agit ainsi de prendre comme point de départ une perspective processuelle. Cela implique de passer d’une ontologie des états à une ontologie relationnelle et d’une épistémologie des variances à une épistémologie transactionnelle. Toutefois, le spectre des théories processuelles est vaste. Il va d’une conception des processus dans laquelle ces derniers forment (et transforment) le monde, à une conception dans laquelle le monde est processus. La notion de processus peut ainsi prendre différentes significations selon la ‘faiblesse’ ou la ‘radicalité’ des positionnements (Chia & Langley, 2004). Ces différents positionnements permettent d’explorer la diversité des théories qui prennent comme point de départ le processus pour comprendre comment et pourquoi les personnes, les organisations, les objets, les environnements bougent : comment ils se constituent, se reproduisent, s’adaptent, se disent et se vivent, en fluctuation constante.

Dans cette perspective, l'objectif de cette journée d’étude est de créer un espace de discussion pour l'échange d’idées, de problématiques et de questions concernant les théories processuelles des organisations et leurs implications pour la recherche et pour les pratiques de travail. Des questions telles que la relation au temps et à l’espace, la relation aux entités, la relation à l’ordre et au désordre, seront objets de discussion et de déconstruction.  Les communications proposées pourront s’articuler autour d’une lecture large et éventuellement croisée des axes suivants.

Axes 1 : La dynamique structure-action

L’organisation est lieu d’exercice du pouvoir. Si la sociologie des organisations inspirée par l’individualisme méthodologique (Crozier & Friedberg, 1977; Friedberg, 1997; Reynaud, 1989) a démonté les approches fonctionnalistes pour redonner du pouvoir à l’acteur, elle a en même temps minoré la force contraignante de la structure. Pourtant, les individus n’échappent pas aux logiques de contrainte et de domination. Les instruments de gestion, par exemple, imposent des choix (Berry, 1983) et orientent l’action organisationnelle. Ils sont, dans une perspective critique, des outils de contrôle. Ils établissent à la fois les bases de l’action et limitent par l’imposition et la légitimation d’une rationalité structurante la portée des remises en cause que pourraient souhaiter les individus.

Les approches structurationnistes (Giddens, 1984) réintroduisent le poids de la structure dans la dynamique organisationnelle. Elle est à la fois contraignante et habilitante et permet aux individus acteurs d’orienter le sens de leur action. La relation structure-action est alors pensée, non plus dans une simple opposition, mais dans une dualité où elles se produisent réflexivement et qui permet de repenser nombre de questions autour des pratiques dans les organisations dont celles autour des technologies (Orlikowski, 1992, 2000; DeSanctis et Poole, 1994) et des instruments de gestion perçus comme des objets techniques (Akrich, 1987).

Axe 2 : Le changement engagé et sensible

Quand l’ontologie processuelle adopte pour vecteur le savoir sensible et, comme posture, la critique engagée, on peut détecter que les impératifs de la société mondialisée créent des turbulences aux effets toxiques pour les humains. À une époque cynique et désabusée, où des humains en quête de sens considèrent aujourd’hui le suicide comme solution à la toxicité organisationnelle croissante, étudier le phénomène organisationnel invite les chercheurs à une radicalité par l’engagement (Scharmer, 2009). Il s’agit de considérer comme mode de recherche et de création de connaissances le savoir sensible pour apprendre autrement.

Alors que le lien social s’effrite, le choix du savoir sensible constitue une perspective esthétique, (Strati et Guillet de Monthoux, 2002) qui œuvre en tant que cadre d’analyse et méthode. Les sources phénoménologiques (Küpers, 2005), la démarche de création artistique, les approches ethnographiques et les méthodes de recherche création deviennent ici autant d’ancrages et de moyens de faire de la recherche. Le regard du chercheur se rapproche alors de celui de l’artiste dont le travail d’analyse revient à traduire des réalités organisationnelles qui ont comme toile de fond des désirs collectifs en émergence : une responsabilité sociale et un humanisme radical traduits dans les pratiques. Ces pressions au changement pulsent dans l’organisation, il s’agit ici d’en prendre le pouls. 

Axe 3 : L’organisation en devenir 

Cette orientation découle d’une ontologie processuelle plus « radicale » qui considère l’organisation comme étant un flux d’actions constamment en mouvement. Profondément inspirée par les philosophes processuels (Bergson, Whitehead, James, Dewey, pour en nommer quelques uns), les « radicaux du processus » affirment que l’organisation n’existe qu’en mouvement. Pour tenter de (littéralement) la ‘saisir’, ils nous invitent alors à privilégier les verbes au noms (Weick, 1979) :  d’organizing, de changing, de strategizing, de framing, de spacing & timing, etc.;  l’ajout de l’ing étant ici plus qu’un marqueur de distinction. L’emphase est alors mise sur les activités,  le changement, l’innovation, l’expression (Carlile, Nicollini, Langley, Tsoukas, 2010).

Dans le domaine des études sur les organisations, l’approche radicale du processus, permet d’interroger le statut des flux, des changements, des disruptions, de l’indétermination et de la créativité qui constituent l’organisation. L’organisation en mouvement prend dans cet axe différentes formes selon les ‘forces’ qui la meuvent et qui l’émeuvent, basculant constamment du passif à l’actif - et de l’actif au passif (Derrida, 1968). Il s’agit donc de rendre compte du mouvoir, de se mouvoir et de l’émouvoir associés à l’expérience d’interagir collectivement avec d’autres: co-création, connexion, émergence – sont certaines des thématiques à explorer dans cet axe.

À travers ces trois orientations, nous vous invitons à aborder les problématiques clés associées aux études sur les organisations, comme la question de l’agentivité (agency), l’éthique et la responsabilité des collectifs, la domination et le contrôle, l’émergence et le partage des connaissances, la dualité micro-macro, parmi de nombreux autres questionnements. Cela nous amènera à discuter des enjeux méthodologiques et pragmatiques associés aux défis et risques de prendre un positionnement processuel pour étudier le mouvement de l’organisation. Si les réflexions sur ce qu’on nomme processus ne sont certainement pas nouvelles – Czarniawska (2007) nous rappelle, par exemple, que la notion de workflow prend ses origines dans le management scientifique de Frédérick Winston Taylor – , les enjeux que vivent les organisations de nos jours, que certains associent à une compression du temps et de l’espace, et les formes d’organizing qui s’en suivent, réactualisent  la pensée processuelle, la transforment, la font changer.  

Références

Akrich, M. (1987). « Comment décrire les objets techniques? », Techniques et Culture, 9, 49-64.

Berry, M. (1983), Une technologie invisible - L'impact des instruments de gestion sur l'évolution des systèmes humains, Cahiers du CRG, Paris, CRG-École Polytechnique.

Carlile, P.R., Nicollini, D., Langley, A., Tsoukas, H. (2010). Third Symposium on Process Studies : How Matter Matters: Objects, Artifacts and Materiality in Organization Studies (Call for papers). www.process-symposium.com, retrieved Septembre 2nd, 2010.

Chia, R. & Langley, A. (2004). The first organization studies summer workshop : Theorizing process in organizational research (call for papers). Organization Studies, 25(8); 1486.

Crozier, M. et Friedberg, E. (1977). L'acteur et le système. Paris, Seuil.

Czarniawska, B. (2007). Reclaiming processes. Scandinavian Journal of  Management 23 : 353–355

Derrida (1968). La différance. Bulletin de la société française de philosophie, 62(3), 73-101.

Desanctis, G. et Poole, M. S. (1994). Capturing the complexity in advanced technology use: adaptive structuration theory, Organization Science, 5(2), pp. 121-146.

Friedberg, E. (1993) Le Pouvoir et la Règle: Dynamiques de l'action Organisée, Éditions du Seuil.

Küpers, Wendelin. (2005). Phenomenology and Integral Pheno‐Practice of Embodied Well‐Be(com)ing in Organisations, Culture and Organization, 11: 3, p.221 — 232

Latour, B. (2007). Résumé d'une enquête sur les modes d'existence ou bref éloge de la civilisation qui vient, Exercice de métaphysique empirique. Cérisy.

Orlikowski, W.J. (1992), The duality of technology: rethinking the concept of technology in organizations, Organization Science, 1992, (3 :3), pp. 398-427.

Orlikowski, W.J. (2000). Using technology and constituting structures : a practice lens for studying technology in organizations, Organization Science, (11 :4), pp. 404-428.

Reynaud, J-D (1989). Les Règles du jeu. L'action collective et la régulation sociale, Paris, Armand Colin.

Scharmer, C.Otto. (2009). The Blind Spot of Economic Thought: Seven Acupuncture Points for Shifting to Capitalism 3.0, Paper prepared for presentation at the Roundtable on Transforming Capitalism to Create a Regenerative Economy MIT, draft 1.3, June 8–9.

Strati, Antonio et Pierre Guillet de Monthoux, 2002, “Introduction: Organizing Aesthetics.” Human Relations 55(7), 755-766 (Special Issue on Aesthetics and Organization).

Weick (1979). The social psychology of organizing. (Rev.Ed.). New York: Random House.

Conditions de participation

La proposition de communication devra comprendre :

  • La liste des auteurs et des co-auteurs (prénom, nom, statut, institution)
  • Les coordonnées des auteurs (adresses, courriel, téléphone, etc.)
  • Un titre de 150 caractères maximum, espaces compris
  • Cinq (5) mots clés
  • Un résumé d’environ 3 000 caractères, espace compris
  • Une bibliographie (maximum une page)
  • L’objet du courriel sera intitulé : Proposition journée d’études l’organisation en mouvement

Les communications attendues après acceptation des propositions feront entre 20000 et 30000 caractères en vue d’une publication dans des actes. Les propositions et les communications peuvent être présentées en anglais ou en français. Elles devront être envoyées par courriel à : cordelier.benoit@uqam.caCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

CALENDRIER:

  • Date limite de réception des propositions de communication : 14 novembre 2010
  • Sélection par le comité scientifique :   du 8 au 12 novembre 2010
  • Retour vers les auteurs :  12 novembre 2010
  • Envoi par les auteurs de leur communication :  15 décembre 2010
  • JOURNÉE D’ÉTUDE : 21 décembre 2010

LIEU :

Salle des Boiseries, Université du Québec à Montréal (UQAM)

COMITÉ SCIENTIFIQUE:

  • Benoit Cordelier, professeur UQAM
  • Isabelle Mahy, professeure UQAM
  • Consuelo Vásquez, professeure UQAM

COMITÉ D’ORGANISATION:

  • Benoit Cordelier, professeur UQAM
  • Pauline Breduillieard, agent de recherche, Chaire de relations publiques et communication marketing

Catégories

Lieux

  • 1495 rue St-Denis (Montréal) - Salle des boiseries
    Montréal, Canada

Dates

  • dimanche 14 novembre 2010

Mots-clés

  • communication, organisation, approches processuelles, structuration, changement, esthétique

Contacts

  • Benoît Cordelier
    courriel : cordelier [dot] benoit [at] uqam [dot] ca

Source de l'information

  • Benoît Cordelier
    courriel : cordelier [dot] benoit [at] uqam [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’organisation en mouvement », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 26 octobre 2010, https://doi.org/10.58079/h5h

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