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Les aléas de la patrimonialisation urbaine

Issues of Urban Heritage

Appel à articles de la revue Espaces et sociétés

Call for articles for the Espaces et Sociétés journal

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Publié le lundi 20 décembre 2010

Résumé

Omniprésente dans les projets, plans et programmes d’aménagement portant sur des espaces construits, la patrimonialisation urbaine doit être interrogée. En tant que concept, d’abord, elle souffre d’ambiguïté, n’étant plus limitée à la préservation de traces matérielles du passé pour des raisons esthétiques ou culturelles. Elle tend maintenant à englober des réalisations récentes ou des lieux « ordinaires » avec les pratiques localisées qui y sont associées. Cette extension survient dans une conjoncture socio-historique où le rapport au temps, qu’il s’agisse du présent ou de l’avenir, est marqué par l’incertitude. D’où la nécessité d’une clarification sur la ou les significations à donner au terme de patrimonialisation appliqué à l’urbanisation en cours.

Annonce

En tant que politique, ensuite, la patrimonialisation obéit à des objectifs divers (marketing urbain, marchandisation culturelle, préoccupations écologiques…) voire contradictoires, sources de conflits entre acteurs aux intérêts tantôt convergentes tantôt opposés d’autant plus difficiles à démêler que les discours ne correspondent pas toujours aux actes. En résultent des décalages entre les intentions affichées, les mesures prises et les effets produits, en particulier par rapport à la mémoire collective et au vécu des habitants, plus ou moins dépossédés de leur usage propre des lieux sous l’effet des processus de muséification et de gentrification.
C’est à cette double interrogation que doivent tenter de répondre les articles de ce dossier.

Les aléas de la patrimonialisation urbaine

La préservation et la mise en valeur du « patrimoine urbain » comptent aujourd’hui parmi les objectifs omniprésents dans les plans, programmes et projets qui concernent des espaces construits ayant une certaine importance esthétique, historique ou ethnographique. Toutefois, la pratique réelle montre que la conception du patrimoine et de sa gestion matérielle sont très loin de faire consensus. Par exemple, pour peu que l’on examine les classifications patrimoniales ou les plans d’aménagement urbain ou de protection monumentale, il en ressort nettement des contradictions voire des confusions quant à ce que l’on considère comme patrimoine ou non, quant à la conception et la concrétisation de la « sauvegarde » patrimoniale, à l’identification précise des éléments qui doivent être retenus ou non, à quel degré ou selon quelles modalités…

Une clarification s’impose d’autant plus que le patrimoine urbain ne se limite plus à la « conservation des vieilles pierres » et de certaines parties anciennes des villes. La tendance se répand, en effet, parmi les chercheurs, les aménageurs et certains décideurs à intégrer dans leurs discours, scientifiques ou médiatiques, la dimension sociale des pratiques de conservation et mise en valeur du patrimoine, en incluant des réalisations urbanistiques et architecturales récentes (« cités » et « grands ensembles », usines, halles…) au-delà du « patrimoine savant », selon une vision de « patrimoine ordinaire ». Même une ville entière peut être considérée comme un bien à préserver, que ce soit dans le cadre de classement des « villes du patrimoine mondial », de stratégies de marketing urbain ou de préoccupations écologiques ; visions souvent fondées sur des réinterprétations nostalgiques ou utopiques qui nous éloignent des villes réelles actuelles, menacées dans leur unité et leur mémoire collective par l’étalement, la dispersion et la rapidité des changements des agglomérations, clivées par la ségrégation sociospatiale, traversées d’antagonismes et de conflits.

La complexité des signifiés du patrimoine et leur ambiguïté a déjà été relevée et analysée dans une perspective sociologique, géographique, anthropologique, voire philosophique. Dans son dernier ouvrage sur ce thème[1], Françoise Choay insiste sur la nécessité de prévenir certains risques graves de la patrimonialisation : ses décalages par rapport à la mémoire collective et au vécu des habitants, plus ou moins dépossédés de leur usage propre des lieux sous l’effet des processus de muséification et de marchandisation culturelle. Pourtant, les dynamiques sociales enclenchées sont plus diverses et non à sens unique. Existent aussi des cas où certains résidents des secteurs patrimonialisés ou « patrimonialisables » deviennent des acteurs des processus dont ils profitent ou essayent de profiter[2].

Dans la mesure où les plans et projets urbains sont censés être des outils incontournables pour la gestion matérielle du cadre bâti, ils entretiennent une relation inévitable avec ces dynamiques. D’abord, ces documents concrétisant la portée et les limites de l’« évolution souhaitée » du cadre bâti impliquent de manière explicite ou implicite, selon les cas, une conception ontologique et téléologique de ce qui est « patrimoine », tributaire de l’équilibre des forces entre les agents urbains. De plus, dans les documents opérationnels des politiques urbaines patrimoniales, les objectifs poursuivis ou les motivations affichées renvoient, très souvent, à des changements sociaux ou économiques attendus ou poursuivis. Autrement dit, ces politiques ne constituent pas seulement un observatoire privilégié  du sens paradoxal donné à la notion de patrimoine. Elles nous permettent aussi d’en approfondir la connaissance, en explorant dans la pratique – actuelle ou passée – comment se construisent ses diverses significations, quels en sont les agents et les mécanismes, et aussi d’en évaluer les divers enjeux.

Il peut être intéressant, par conséquent, de mettre en évidence la diversité des « outils » à la disposition des décideurs, de replacer les contextes – intérêts, stratégies et discours des acteurs urbains –, d’analyser de façon critique leurs implications politiques, sociales, culturelles ou économiques, de faire ressortir la pluralité – voire les contradictions – des objectifs des politiques urbaines patrimoniales, et les conflits d’usage ou d’acteurs auquels elles peuvent donner lieu.

À ce propos, la réflexion sur la requalification du patrimoine urbain comme ressource touristique ou culturelle et, au bout du compte, comme « marchandise », peut s’avérer très pertinente. La tertiarisation et la gentrification urbaines – deux processus particulièrement marquants dans les villes contemporaines –, sont également très fréquentes dans les secteurs « patrimonialisés ». Il conviendrait, en ce sens, d’analyser les liens entre la patrimonialisation effective (non nécessairement institutionnelle) des espaces urbains et les changements économiques ou sociaux.

Ce dossier vise ainsi à apporter une contribution à l’analyse critique des politiques de patrimonialisation, à partir de diverses sources (plans, projets, réglementations, rapports, discours…) provenant de différents domaines (urbanisme, architecture, culture, économie…) et à différentes échelles (locale, nationale, internationale). Il doit aussi inciter  à approfondir la réflexion sur les caractéristiques et les conditions d’une pratique urbanistique plus cohérente avec la prise en considération de la ville sous l’angle patrimonial qui, sans être exclusif, apparaît de plus en plus essentiel pour le devenir de l’espace urbanisé.

Coordination du dossier

María Castrillo Romón et Jean-Pierre Garnier

Calendrier

1er juin 2011 : date limite de remise des articles

1er septembre 2011  : informations aux auteurs

Adresses pour la correspondance

de préférence en version électronique par courriel

mariacr@arq.uva.es
jp.garnier34@dbmail.com

ou par voie postale en quatre exemplaires :

María Castrillo Romón
Instituto Universitario de Urbanística de la Universidad de Valladolid
Escuela Técnica Superior de Arquitectura
Avenida de Salamanca, s/n
47014 Valladolid
Espagne

Attention, dorénavant la revue ne demande plus de propositions d’articles mais directement les articles.

Les articles ne dépasseront pas 42 000 signes (espaces compris) en incluant : texte, notes, références bibliographiques, annexes, mais hors résumés.

Les conseils aux auteurs figurent dans chaque numéro.

Les normes de présentation et les conseils aux auteurs sont disponibles sur le site de la revue : http://espacesetsocietes-paris-msh.fr

[1]. Françoise Choay, Le patrimoine en questions, Seuil, 2009.

[2]. María Patricia Pensado, “El reconocimiento patrimonial como estrategia vecinal”, dans Mireia Viladevall et al., El espacio público en la ciudad contemporánea, Universidad de Valladolid, 2010.

Lieux

  • Paris, France

Dates

  • mercredi 01 juin 2011

Fichiers attachés

Mots-clés

  • patrimonialisation, patrimoine urbain, politiques urbaines, aménagement urbain, changement socio-spatial.

Contacts

  • Joëlle Jacquin (secrétaire de rédaction d'Espaces et Sociétés) ~
    courriel : espacesetsocietes [at] msh-paris [dot] fr

Source de l'information

  • Joëlle Jacquin
    courriel : Espacesetsocietes [at] msh-paris [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les aléas de la patrimonialisation urbaine », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 20 décembre 2010, https://doi.org/10.58079/hiy

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