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Crises, école de Francfort et théorie critique

Crises, the Francfurt School and Critical Theory

Revue Illusio n°10

Illusio journal issue no. 10

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Publié le mardi 08 février 2011

Résumé

Le numéro 10 de la revue Illusio sera consacré à la théorie critique de l'école de Francfort en lien avec les crises contemporaines.

Annonce

La société contemporaine est devenue une société de crises permanentes. Ces dernières prennent des formes multiples et variées, mais toutes sont le résultat de la productivité et du processus de production capitaliste, qu’elles soient :

  • financières (boursicotages, krachs, crise des valeurs…) ;
  • économiques (chômage, délocalisation, endettements névrotiques…) ;
  • démographiques (vieillissement ou au contraire croissance galopante…) ;
  • de subsistance (désertifications, appauvrissements, émeutes de la faim…) ;
  • climatiques (Tsunami, raz de marées, tornades, réchauffement planétaire…) ;
  • écologiques (disparition des espèces, atteintes à la biodiversité et à l’écosystème…) ;
  • technoscientifiques (remise en cause de l’idée de progrès) ;
  • politiques (disparition des idées et des projets potentiellement alternatifs au capitalisme, montée des politiques autoritaires, gestion comptable des populations…) ;
  • culturelles (industrialisation et spectacularisation des éléments de culture…) ;
  • sanitaires (pandémies, maladies professionnelles physiques et psychologiques…) ;
  • religieuses (nouvelle émergence des fondamentalismes et activismes religieux…). 

Dans ce contexte, entreprendre un travail collectif de réflexion sur le thème de la Théorie critique de l’École de Francfort, ce n’est pas faire une exégèse des textes ou des auteurs les plus classiques de cette théorie. Il ne s’agit pas non plus d’en faire exhaustivement l’histoire, même si cette dernière est sans doute indispensable pour la compréhension et l’appropriation des concepts et théories. L’ambition pour ce nouveau numéro n’est évidemment pas de s’attacher aux travaux des seuls membres de l’Institut für Sozialforschung (l’Institut de Recherche Sociale) mais, plus fondamentalement, de travailler à partir des thèses de tous les auteurs qui ont durablement marqué ce que l’on nomme désormais la Théorie critique. Ceci afin de produire, non pas une littérature d’observation, mais en vue de faire ré-apparaître la négativité du processus dialectique dans un effort d’analyse de la société contemporaine. 

La tâche que nous nous proposons d’entreprendre pourrait paraître d’autant plus difficile qu’une grande hétérogénéité règne sous le vocable de « théorie critique » ― terminologie donnée depuis 1937 et la publication de l’essai de Max Horkheimer Théorie traditionnelle et théorie critique[1] par les théoriciens proches de celui-ci aux travaux de leur groupe. En effet, en dehors de la grande variété de choix thématiques et méthodologiques entrepris par les auteurs, les travaux de chacun d’entre eux mettent en évidence parfois des oppositions, tant théoriques que politiques, quasi irréductibles. Il en va ainsi des divergences entre Érich Fromm et Theodor W. Adorno et des dissensions politiques entre le même Adorno et Herbert Marcuse, notamment lors des semaines agitées de 1968 et 1969. Les travaux de Siegfried Kracauer ou de Walter Benjamin semblent parfois s’éloigner ― est-ce pour mieux y revenir ? ― du programme proposé par Horkheimer lors de son discours inaugural de l’Institut (« La situation actuelle de la philosophie sociale et les tâches d’un institut de recherche sociale »). 

Néanmoins, s’il n’y a pas de paradigme unitaire au sein de cette « école » de pensée, et en dépit de toutes les divergences, une conviction était et, peut-être, reste commune. Comme le rappelle Rolf Wiggershaus : « la théorie devait être rationnelle, dans la tradition de la critique marxienne du caractère fétichiste d’une reproduction capitaliste de la société, et en même temps représenter le mot juste qui romprait la malédiction imposée aux hommes et aux choses et à leurs rapports réciproques »[2]

Alors que notre société contemporaine connaît désormais une suite de crises d’une ampleur méconnue depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, alors que le pouvoir financier et celui des banques croissent dans la quotidienneté et s’immiscent au sein de l’intimité des individus, alors que le monde du spectacle devient la réalité concrète du vécu de chacun et de tous, alors que le fétichisme de la marchandise atteint un apex, il nous semble indispensable de travailler encore les théories de tous ceux qui, comme Horkheimer, pensaient « que toute la puissance de l’ordre établi pousse à la liquidation de toute culture et à la barbarie la plus sombre », d’autant que « le cercle de ceux qui sont véritablement solidaires est de toute façon bien réduit »[3]. De ce point de vue une théorie critique de la culture contemporaine, de l’art au XXIe siècle, de la spectacularisation croissante et de la réification du vivant, de la technique et de la science et de leurs formes industrielles, les techno-sciences, de la corporéité sportive et non sportive, des institutions de formation ― particulièrement l’école et l’Université ― et, d’une manière plus générale de la vie contemporaine, de la quotidienneté, du capitalisme, de la domination, de la valeur et de la violence, est une nécessité au regard des travaux de Max Horkheimer, Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse, Jürgen Habermas, Erich Fromm ou des proches tels Siegfried Kracauer, Walter Benjamin ou encore Alfred Sohn-Rethel. 

Il ne s’agit donc pas d’opérer une réduction des travaux de l’« École de Francfort », mais de faire prévaloir une démarche ou, plus sûrement, un point de vue d’ensemble, par les analyseurs choisis, qui montrent la « capacité qu’a la culture établie de neutraliser [les] protestations »[4] ou les altérations possibles (réformes individuelles et collectives, révolutions ?) de la vie socialement, culturellement, politiquement, économiquement dominante. La cohérence d’une posture critique dans le monde contemporain est essentielle afin d’éclairer une potentielle situation crépusculaire qui n’est sans doute jamais totalement éloignée. 

Date limite : fin janvier 2012.

Comité de rédaction

  • Martin Benoist, Master 1 de Sociologie, Camille Dal, Professeur des écoles,
  • Ronan David, Doctorant en sociologie, Fabien Lebrun, Doctorant en sociologie,
  • Lucie Mercier, Doctorante en sociologie, Nicolas Oblin, Docteur en Sociologie,
  • Patrick Vassort, Maître de conférences en Sociologie-HDR,
  • Nadia Veyrié, Docteur en sociologie

Comité scientifique 

  • Pierre Ansart, Professeur émérite de sociologie - Université Paris 7 - Denis Diderot
  • Jacques Ardoino, Professeur émérite en sciences de l’éducation - Université de Paris 8-Saint-Denis
  • Gérard Briche, Professeur d’esthétique - Université de Lille III
  • Christophe Dejours, Professeur de psychologie - Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
  • Michel Dobry, Professeur de science politique - Université de Paris I-Sorbonne
  • Yves Dupont, Professeur émérite de sociologie - Université de Caen
  • Rémi Hess, Professeur en sciences de l’éducation - Université de Paris VIII-Saint-Denis
  • Luce Irigaray, Directrice de recherche en Philosophie au CNRS
  • Albert Jacquard, Biologiste - Généticien
  • Anselm Jappe, Chargé de cours en esthétique École d’art de Frosinone - Italie
  • Claude Javeau, Professeur émérite de sociologie - Université Libre de Bruxelles
  • Albert Memmi, Professeur émérite de sociologie de Paris X Nanterre
  • Edgar Morin, Professeur de sociologie, directeur de recherche au CNRS et chercheur au Centre d’études transdisciplinaires en sociologie, anthropologie et histoire
  • Ignacio Ramonet, Professeur de théorie de la communication - Université de Paris VII-Denis Diderot
  • Patrick Tort, Directeur de l’Institut Charles Darwin International - Professeur détaché au Muséum d’Histoire naturelle
  • Enzo Traverso, Professeur de science politique - Université d’Amiens

[1] Max Horkheimer, Théorie traditionnelle et théorie critique, Paris, Gallimard, 1974.

[2] Rolf Wiggershaus, L’École de Francfort. Histoire, développement, signification, Paris, PUF, 1993.

[3] Max Horkheimer, Théorie traditionnelle et théorie critique, op. cit., p. 80.

[4] Martin Jay, L’Imagination dialectique. L’École de Francfort 1923-1950, Paris, Payot, 1977, p. 10.


Dates

  • mardi 31 janvier 2012

Contacts

  • Revue Illusio
    courriel : revue [dot] illusio [at] wanadoo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Revue Illusio
    courriel : revue [dot] illusio [at] wanadoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Crises, école de Francfort et théorie critique », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 08 février 2011, https://doi.org/10.58079/hru

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