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Normes religieuses à l'épreuve des mutations de genre XIXe-XXIe siècles

Religious Norms challenged by changes to gender relations, 19th-21st centuries

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Publié le mardi 05 juillet 2011

Résumé

Malgré l’importance reconnue des religions pour les questions de genre et la centralité du genre au sein des univers religieux, le champ de recherche qui croise Genre, religions et sociétés est encore largement à explorer. Pour confronter les recherches en cours et promouvoir cette problématique, le GSRL (Groupe sociétés religions laïcités EPHE / CNRS) propose d’aborder la question des normes religieuses à l’épreuve des mutations de genre.

Annonce


PARIS 29-30-31 Mai 2012

Les études de genre ont permis de mettre au jour l’historicité de la construction sociale des sexes et des catégories de féminin et de masculin. Le genre comme système de pensée et d’organisation sociale façonne les rapports entre les sexes, jusqu’à la définition même de la catégorie de « sexe ». Cette approche analytique ouvre d’emblée la question des normes, explicites ou implicites et du rôle spécifique des normes religieuses dans les processus de hiérarchisation des sexes. Elle incite notamment à une interrogation sur les normes religieuses de genre dans leur confrontation avec d’autres modèles normatifs et en étroite relation avec d’autres variables sociologiques, dans différents contextes géographiques, culturels, historiques.

Les enseignements religieux traditionnels ont placé les définitions du féminin et du masculin au cœur des conceptions normatives des relations humaines et des comportements à prescrire. L’étroite relation du genre avec la représentation des origines humaines, de la filiation, de la génération, de la nature, de l’altérité et de la sexualité, en fait un pivot civilisationnel majeur et un axe privilégié d’une pensée du devoir, de l’agir, du licite et de l’illicite. Les différents types de socialisations religieuses, de ritualisations, d’élaborations symboliques tendent le plus souvent à naturaliser les sexes, à substantialiser les identités de genre et ce dans plusieurs aires culturelles.
Les normes de genre prennent à la fois la forme de pouvoir discursif et de représentations et celle d’une discipline des corps efficace, malgré son irrémédiable faillite à s’imposer totalement. Elles n’agissent pas forcément comme contraintes, elles sont aussi portées par l’aspiration des individus ou de groupe d’individus à se conformer à une règle de vie, à un comportement valorisant aux yeux d’un collectif. Mais, même sous l’apparente immobilité qu’elles confèrent fréquemment aux principes de féminin et de masculin, les normes religieuses de genre n’en évoluent pas moins à la faveur d’une multiplicité de facteurs politiques, économiques, sociaux, culturels et religieux, et plus récemment, à la faveur de l’émancipation des femmes et des sexualités, de l’émergence puis de l’adoption de valeurs égalitaires et des conceptualisations du genre.

Ces mutations de genre sont alors à appréhender comme des changements profonds qui ébranlent les schémas hiérarchiques et inégalitaires et sont porteurs eux-mêmes de nouvelles normativités ou de nouveaux potentiels normatifs. Ont ainsi été remises en cause les représentations, les pratiques, les catégories qui tramaient les rapports sociaux de forme patriarcale. La conception d’un ordre divin ou naturel des sexes a été vivement contestée. L’interrogation porte désormais aussi sur les conceptions d’un « ordre symbolique » dans ses acceptions sexuées et celles d’une « anthropologie des sexes ». Les sphères religieuses participent de ces mutations de genre et sont parfois à l’origine de certaines de leurs expressions.

La normativité religieuse en ce qui concerne le genre doit être confrontée avec l’analyse de modes de transgressions et de subjectivation, notamment des femmes ou des sexualités jugées « déviantes » au sein d’un univers de sens androcentré et hétéronormé. Les formes de capacité d’agir (agency) des individus contribuent aussi à faire émerger une pluralité de normes alternatives plus ou moins reconnues socialement et plus ou moins en opposition avec des normes dominantes

Ce colloque vise donc à interroger les capacités de résistance aux changements des mondes religieux autant que leur potentiel d’adaptation à des modèles alternatifs ou concurrentiels.
On s’interrogera également sur les tentatives ou propositions de recompositions internes dont il conviendra de saisir les moments et les formes d’expression, les propositions théoriques et pratiques dans des contextes de sécularisation, de laïcisation ou de dé-sécularisation.
On confrontera le choix des individus, celui de la transgression, de la marginalité, de l’innovation ou de la conformité au contrôle social exercé par les groupes religieux en questionnant les leviers du changement éventuel de normes.

Ces questions concernent autant les spécialistes du religieux que celles et ceux des études de genre. La confrontation des grilles d’analyse et des études de cas devrait permettre d’affiner l’approche d’une des questions fondamentales dans les sociétés contemporaines, à savoir la centralité du genre dans la modernité comme dans l’ultra-modernité et les interactions qu’elle entretient avec les univers religieux.

Les communications porteront ainsi sur trois thématiques :

1-Changements religieux internes

  • la répartition des rôles et des places au sein des institutions religieuses
  • l’accès à l’autorité religieuse
  • les innovations ou les crispations théologiques en matière de genre
  • les théologies féministes
  • les innovations rituels ou liturgiques

2-Religions, genre et sexualités

  • les définitions du « masculin » et du « féminin », les normes de « la masculinité » et de « la féminité »
  • la hiérarchie des corps et des sexualités
  • les enjeux politiques et éthiques de la normalisation sexuelle

3-Genre et enjeux politico-religieux

  • conflits autour des droits des femmes et des droits sexuels
  • débats bioéthiques
  • enjeux de genre dans les mutations politico-religieuses

Les propositions de communication sont à renvoyer au plus tard le 1er octobre 2011. Elles seront accompagnées d’une notice bio-bilbiographique.

A Danielle R. Breseghello : r-danielle.breseghello@gsrl.cnrs.fr

Comité d'organisation au GSRL

  • Joëlle Allouche-Benayoun, Psychosociologie, Université Paris-Est Créteil/GSRL
  • Séverine Mathieu, Sociologie, EPHE/GSRL
  • Denis Pelletier, Histoire, EPHE/GSRL
  • Philippe Portier, Science politique, Directeur du GSRL
  • Florence Rochefort, Histoire, CNRS/GSRL
  • Maria Eleonora Sanna, Science politique, GSRL
  • Virginie Vaté, Anthropologie, CNRS/GSRL

Conseil scientifique

  • Jean Baubérot, Sociologie historique, EPHE/GSRL
  • Céline Béraud, Sociologie, Université de Caen
  • Roberto Blancarte, Sociologie, Colegio de Mexico (Mexique)
  • Blandine Chelini-Pont, Histoire, Université Paul Cézanne Aix-en-Provence
  • Martine Cohen, Sociologie, CNRS/GSRL
  • Vincent Delecroix, Philosophie, EPHE/GSRL
  • Mathilde Dubesset, Histoire, IEP Grenoble
  • Marie-Dominique Even, Anthropologie, CNRS/GSRL
  • Sébastien Fath, Histoire, CNRS/GSRL
  • Vincent Goossaert, Histoire, CNRS/GSRL
  • Danièle Hervieu-Léger, Sociologie, EHESS/CESPRA
  • Claire de Galembert, Science politique, CNRS/ISP
  • Martine Gross, Sociologie, CNRS/CEIFR
  • Jacqueline Heinen, Sociologie, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
  • Stéphanie Latte-Abdallah, Histoire et Science politique, CNRS/IREMAM
  • Sandra Laugier, Philosophie, l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Philippe Portier, Science politique, EPHE/GSRL
  • Rebecca Rogers, Histoire, Université Paris Descartes Paris 5/ CERLIS
  • Micheline Milot, Sociologie, Université de Québec Montréal (UQAC)
  • Ayse Saktamber, Sociologie, Middle East Technical University (Ankara)
  • Ann Laura Stoler, Anthropologie et Histoire, New School for Social Research (New-York)
  • Eleni Varikas, Science politique, Université de Paris 8
  • Jean Paul Willaime, Sociologie, EPHE/GSRL
  • Michelle Zancarini-Fournel, Histoire, Université de Lyon 1/ LARHRA

Lieux

  • 59-61, rue Pouchet
    Paris, France

Dates

  • samedi 01 octobre 2011

Mots-clés

  • genre, religions, sexualités, politique

Contacts

  • Danielle Breseghello
    courriel : r-danielle [dot] breseghello [at] gsrl [dot] cnrs [dot] fr

Source de l'information

  • Maria Eleonora Sanna
    courriel : mes972 [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Normes religieuses à l'épreuve des mutations de genre XIXe-XXIe siècles », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 05 juillet 2011, https://doi.org/10.58079/is8

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