StartseiteEnfances (dé)placées. Migrations forcées et politiques de protection de la jeunesse, XIXe-XXe siècles

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Enfances (dé)placées. Migrations forcées et politiques de protection de la jeunesse, XIXe-XXe siècles

(Dis)placed childhoods. Forced migration and youth protection policies in the 19th-20th centuries

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Veröffentlicht am Donnerstag, 28. Juli 2011

Zusammenfassung

La plupart des jeunes placés en institution dans le cadre des politiques de protection de l’enfance ont été en réalité déplacés, non seulement dans le but des les éloigner de chez eux, mais aussi en vertu d’une volonté de les enraciner ailleurs. Ainsi, certaines politiques mettent en œuvre un programme raisonné de déplacement massif de populations juvéniles, souvent au delà des frontières nationales, selon des visées colonisatrices, du fait de conjonctures politiques spécifiques – guerres et changements de régimes, d’utopies pédagogiques et idéologiques, ou de stratégies institutionnelles particulières. Le numéro 14 de la Revue d'histoire de l'enfance « irrégulière » portera sur les politiques migratoires contraintes concernant les jeunes placés en institution dans l'objectif de comprendre comment ces enfants (dé)placés deviennent des enjeux de pouvoir, des acteurs des relations internationales, des sujets politiques sans droits politiques.

Inserat

Rhei n°14 (édition fin 2012)

Appel à contributions

« Enfances (dé)placées. Migrations forcées et politiques de protection de la jeunesse, XIXe-XXe siècle »

 Direction David Niget et Mathias Gardet

 La plupart des jeunes placés en institution dans le cadre des politiques de protection de l’enfance ont été en réalité déplacés. Coupés des liens avec leur famille jugée corruptrice, tenus à l’écart de leur quartier et d’une sociabilité criminogène, éloignés des villes dans le rêve récurrent d’inverser un exode rural au départ largement fantasmé puis de plus en plus réel, pouvoirs publics et sociétés philanthropiques ont procédé, depuis deux siècles, au déplacement de dizaines de milliers d’enfants.

Mais certains enfants ont été déplacés de manière systématique et planifiée, non seulement dans le but des les éloigner de chez eux, mais aussi en vertu d’une volonté de les enraciner ailleurs. Ainsi, certaines politiques mettent en œuvre un programme raisonné de déplacement massif de populations juvéniles, souvent au delà des frontières nationales, selon des visées colonisatrices, du fait de conjonctures politiques spécifiques –guerres et changements de régimes-, d’utopies pédagogiques et idéologiques, ou de stratégies institutionnelles particulières. D’emblée, les discours justifiant le retrait de l’enfant de son « milieu » naviguent entre volonté de punir et utopie de réhabilitation. Des enjeux biopolitiques se font jour : s’agit il de saigner le corps national pour en extirper les mauvaises humeurs, ou de régénérer la nation en transplantant ses rejetons dans un substrat sain et prometteur ?

Au nom du rêve impérial ou des aléas de la colonisation, on envoie, à compter des années 1870, des enfants de familles populaires anglaises au Canada, en Australie, en Nouvelle Zélande ou en Rhodésie, ainsi que des pupilles ou des jeunes délinquants de France en Algérie. Selon des visées « civilisatrices » de sédentarisation ou de mission religieuse, de jeunes Roms, de jeunes aborigènes, de jeunes indiens, de jeunes malgaches ou réunionnais, sont placés autoritairement dans des familles d’accueil, des internats, ou sont déplacés vers la métropole coloniale. Les totalitarismes du XXe siècle radicalisent et systématisent ces interventions d’Etat : aryanisation nazie, propagande communiste, terrorisme des régimes sud américains, tous ont pris pour prétexte la protection des enfants pour organiser leur enlèvement collectif, leur migration forcée. Les démocraties, à travers les organisations internationales en genèse tentent, dès 1919, de réguler les mouvements de populations juvéniles, selon un droit international encore balbutiant et au nom d’une nouvelle morale humanitaire. Ces déplacements d’enfants ne relèvent donc pas de la simple conjoncture politique, de l’aléa dont seraient victimes les plus vulnérables. La migration devient un outil, du XIXe au XXe siècle, de gestion politique des populations, dont l’enfance constitue un objet emblématique.

Cette histoire mouvementée mais méconnue suscite des questions pour l’historien :

  • Quels sont les liens entre biopolitique et enfance ? Comment le souci de plus en plus prégnant de mener une politique des populations, dans une perspective planification de l’avenir et de gestion des ressources humaines des sociétés contemporaines, a-t-il conduit à penser les politiques de l’enfance au sein des entreprises de maîtrise démographique, et en particulier de contrôle des flux migratoires ? Comment les organisations humanitaires sont-elles intervenues dans cette entreprise ?
  • Quel est le statut de l’enfance dans les politiques d’édification de l’Etat nation ? Du citoyen à l’ « homme nouveau », comment l’enfance et la jeunesse sont-elles investies d’un sens politique et mobilisées au sein du corps national ? Qu’en est-il de l’idée d’Empire et de l’instrumentalisation de l’enfance dans l’entreprise coloniale ?
  • Comment croiser les analyses de genre, de classe et d’ethnicité dans ces questions migratoires ? Les jeunes filles sont-elles sujettes au déplacement, dans une perspective de peuplement ? Dans l’entreprise coloniale, s’agit-il, en déplaçant de jeunes orphelins de la métropole vers l’Afrique, de « blanchir » les colonies, ou de perpétuer, s’agissant du Canada, de l’Australie ou de la Nouvelle Zélande, des colonies ethniquement homogènes ? Qu’en est-il des visées d’acculturation dont témoignent les déplacements d’enfants « autochtones » ? Enfin, à quelles classes sociales se destinent ces interventions de l’Etat et des entreprises philanthropiques ? S’agit il de former, à partir des enfants déshérités, une nouvelle élite coloniale ou politique ?
  • Quelles organisations prennent en charge ces déplacements ? Pré carré de l’Etat, les politiques de déplacement sont aussi le fruit d’intervention d’acteurs privés, philanthropiques, religieux ou de partis politiques. Quels types de dispositifs ces politiques de déplacement mettent elles en place ? Quels types d’institutions ? Sont elles ouvertes, fermées, éducatives ou punitives ? Suscitent-elles des violences institutionnelles et ont elles donné lieu, ces dernières années, à des politiques de réparations ?
  • Quelles expertises sont mobilisées dans cette entreprise ? Mobilise-t-on la raison démographique et économique ? Quel est le rôle du travail social dans le repérage des populations à déplacer ? A-t-on recours à la médecine et aux sciences du psychisme pour sélectionner les jeunes ?

Au final, à l’occasion de cette livraison de la RHEI qui portera sur ces politiques migratoires contraintes, nous voulons comprendre comment les enfants (dé)placés deviennent des enjeux de pouvoir, des acteurs des relations internationales, des sujets politiques sans droits politiques.

Les propositions de communication (FR ou EN) doivent contenir les informations suivantes : nom et prénom, université, fonction, court CV avec e-mail, titre de la communication, résumé de 250 à 500 mots.

Deadline : 28 septembre 2011.

Adresse de contact pour propositions de communication et informations : david.niget@uclouvain.be

Kategorien


Daten

  • Mittwoch, 28. September 2011

Schlüsselwörter

  • histoire, enfance irrégulière, protection de l'enfance, migration

Kontakt

  • david niget
    courriel : david [dot] niget [at] univ-angers [dot] fr

Informationsquelle

  • david niget
    courriel : david [dot] niget [at] univ-angers [dot] fr

Lizenz

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Zitierhinweise

« Enfances (dé)placées. Migrations forcées et politiques de protection de la jeunesse, XIXe-XXe siècles », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Donnerstag, 28. Juli 2011, https://doi.org/10.58079/iv8

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