AccueilRegards croisés sur l’expérience transgenre de la parenté

AccueilRegards croisés sur l’expérience transgenre de la parenté

Regards croisés sur l’expérience transgenre de la parenté

Crossed perspectives on the cross-gender experience of parenting

*  *  *

Publié le mardi 20 septembre 2011

Résumé

En mars 2008, The Advocate, un magazine gay et lesbien américain, publiait un article dans lequel un homme transgenre ayant légalement changé d’état civil, Thomas Beatie, annonçait qu’il était enceint d’une petite fille. Son histoire, qui a fait rapidement le tour du monde avec une manchette mille fois reprise : « le premier homme enceint du monde », n’est cependant pas si singulière qu’il y paraît car d’autres hommes trangenres l’ont précédé et d’autres le suivent dans cette voie de la mise au monde de leurs enfants. En proposant de réfléchir sur l’expérience transgenre de la parenté ce colloque veut prendre la mesure des interrogations qu’elle soulève non pas dans le but de définir un « prêt-à-penser » ou un « prêt-à-évaluer », mais plutôt avec l’idée d’essayer d’élargir les perspectives et d’explorer les manières diverses dont différentes disciplines peuvent construire des approches de ces modalités actuelles d’engendrement.

Annonce

Regards croisés sur l’experience transgenre de la parenté, 18 et 19 Octobre 2011, Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme. Aix-en-Provence

Organisé par

  • Laurence Hérault (Aix-Marseille Université, Idemec) &
  • Irène Théry (Ehess, Centre N. Elias)

Présentation

En mars 2008, The Advocate, un magazine gay et lesbien américain, publiait un article dans lequel un homme transgenre ayant légalement changé d’état civil, Thomas Beatie, annonçait qu’il était enceint d’une petite fille. Il y expliquait que sa femme Nancy et lui souhaitaient depuis longtemps avoir des enfants, mais Nancy ayant subi une hystérectomie suite à une endométriose, ils avaient décidé que Thomas porterait et mettrait au monde leur enfant. Au cours de sa transition, il avait réalisé une mastectomie et une hormonothérapie mais il indiquait avoir conservé ses organes reproducteurs. Il avait donc arrêté ses injections de testostérone, avait laissé son cycle menstruel reprendre son cours et ils avaient réalisé une insémination avec le sperme d’un donneur. Peu de temps après la publication de l’article, le couple Beatie a témoigné dans l’un des magazines télévisés les plus célèbres des USA, « The Oprah Winfrey Show » et a été dès lors au centre d’une tourmente médiatique qui s’est développée bien au-delà des frontières des USA. L’histoire de T. Beatie a fait rapidement le tour du monde avec une manchette mille fois reprise : « le premier homme enceint du monde ». Son expérience ainsi relayée a suscité de nombreuses réactions et Thomas Beatie est devenu en peu de temps une figure transgenre controversée à l’égale de sa compatriote Christine Jorgensen. Mais on comprend qu’avec lui, ce n’est plus la transition de genre à proprement parler qui interroge et dérange, c’est plutôt la manifestation des capacités procréatrices des corps transsexués qui vient poser, d’une nouvelle manière, la question de la définition des genres et de la constitution sexuée des corps.

L’histoire de Thomas Beatie n’est cependant pas si singulière qu’il y paraît car d’autres hommes trangenres l’ont précédé et d’autres le suivent dans cette voie de la mise au monde de leurs enfants. En juin 2000, par exemple, Patrick Califia, auteur de plusieurs ouvrages sur la question trans, annonçait dans le journal Newyorkais Village Voice que son compagnon, Matt Rice, était la mère de Blake, leur fils de huit mois.  Dans l’article intitulé «Two dads with a difference – neither of us was born male », il décrivait, à l’instar de T. Beatie, leur rencontre et leur projet d’enfant. A la suite de ces deux américains, un espagnol, Ruben Noé Coronado Jimenez, confiait aux médias en mars 2009 qu’il était enceint de jumeaux avant d’annoncer quelques mois plus tard qu’il avait fait une fausse couche. Enfin, en mars 2010, Scott Moore un britannique installé en Californie mettait au monde son fils Miles qui venait agrandir la famille qu’il formait avec son compagnon Thomas et les deux fils adoptifs de ce dernier. Parallèlement, un certain nombre de femmes transgenres procèdent désormais à la congélation de leur sperme de façon à préserver leur capacité d’engendrement après leur transition. En s’appuyant, comme bien d’autres, sur les techniques de PMA, on voit que ces hommes et ces femmes s’inscrivent dans un paysage où l’engendrement est en cours de recomposition.

En proposant de réfléchir sur l’expérience transgenre de la parenté à partir de l’histoire de Thomas Beatie et de celle d’autres personnes transgenres plus anonymes, ce colloque veut prendre la mesure des interrogations qu’elle soulève non pas dans le but de définir un « prêt-à-penser » ou un « prêt-à-évaluer », mais plutôt avec l’idée d’essayer d’élargir les perspectives et d’explorer les manières diverses dont différentes disciplines peuvent construire des approches de ces modalités actuelles d’engendrement : qu’est-ce que ces expériences, certes minoritaires, disent, nous disent, sur les pratiques et les conceptions contemporaines du genre, de l’engendrement, de la parenté en particulier de la filiation? Sommes-nous capables de relever le défi qu’elles lancent à nos capacités d’appréhension et de compréhension ?

On aura compris qu’évoquer ces expériences ne revient pas pour nous à offrir des points de vue « experts » permettant de les évaluer et de se positionner « en connaissance de cause » mais bien d’essayer de proposer des voies de réflexion permettant justement de dépasser une catégorisation stigmatisante en terme de marginalité ou de « pathologique » ou encore d’échapper au catalogage souvent manichéen du tolérable ou de l’intolérable procréatif moderne. Comme bien d’autres expériences contemporaines de la parenté et de la parentalité (on pense notamment à l’homoparentalité ou encore à la gestation pour autrui), la question n’est pas tant de savoir si nous sommes pour ou contre, s’il convient d’autoriser ou d’interdire, mais, partant du simple constat de leur existence, il s’agit plutôt d’essayer de saisir ce que de telles expériences révèlent des possibilités que nos sociétés se montrent capables d’offrir en matière de procréation et ce qu’elles nous amènent à comprendre de nos manières communes d’envisager la parenté et en particulier la filiation. Il s’agit d’appréhender l’expérience de Thomas Beatie et des autres à la fois comme un révélateur et comme un « questionneur » des modalités de l’engendrement dans les sociétés contemporaines. Plusieurs questions seront ainsi abordées : en premier lieu, celle de la recevabilité sociale de ces expériences procréatives « trans », saisie notamment à travers leur traitement médiatique, mais aussi celle de la constitution et de la « gouvernance » des corps transgenres (notamment à travers la question de leur stérilisation) et plus largement des corps sexués, celle enfin de la déliaison contemporaine entre sexualité, engendrement et gestation et de ses effets sur les personnes et sur leurs relations.

Nous n’aborderons pas lors de ces deux journées la question, pourtant importante, des modalités de prise en charge et d’éducation des enfants, nous avons choisi plutôt de nous centrer plus particulièrement sur la dimension de la procréation et de l’engendrement afin de mener une réflexion pluridisciplinaire sur ce que peut vouloir dire aujourd’hui, dans nos sociétés, de mettre un enfant au monde.

Programme

18 octobre 2011. Regards croisés sur l’expérience de Thomas Beatie

10h-12h Présidence de séance : Agnès Martial, anthropologue, Centre N. Elias, Marseille

Introduction : Laurence Hérault

  • T. Beatie  et R. Jimenez : Enfanter en homme
    Karine Espineira Doctorante en sciences de l’information et de la communication, Université de Nice Sophia-Antipolis.
  • Récit de soi et construction d’une paternité dans « Labor of love » de T. Beatie.
    David Latour Doctorant en Littérature et Civilisation américaines, Université d’Aix-Marseille I.

13h30-17h Présidence de séance : Dominique Pezet, psychanalyste, Marseille

  • Être une mère comme un Homme.
    Vincent Bourseul Psychanalyste et psychologue clinicien, Paris.
  • Pour une déconstruction des règles élémentaires de la parenté : la filiation non phallogocentrique.
    Patrice Desmons, Philosophe, Université de Lille.
  • Procréer à la manière des femmes, engendrer en tant qu’homme : une mise en question des normes de genre ?
    Laurence Hérault Anthropologue, MCF Université de Provence, Idemec.

19 octobre 2011. Au-delà de Thomas Beatie, l’expérience transgenre de la parenté.

9h30-12h Présidence de séance : Dorothée Dussy, anthropologue, IRIS, Paris

  • Procréation et parentalité dans la population trans : genre, parcours biographique, parcours de transition
    Alain Giami, Directeur de recherche Inserm, Paris,
  • Transparentalité génétique ou biologique: rêve ou réalité?
    Petra de Sutter, Médecin gynécologue, directrice du Centre de Médecine reproductive, Hôpital de Ghent, Belgique.

13h30-17h Présidence de séance : Mireille Bonierbale, psychiatre, Hôpital Ste Marguerite, Marseille

  • Quand les hommes transsexuels souhaitent devenir pères par don de sperme.
    Jouannet Pierre, Professeur à l’Université René Descartes, ancien responsable du Service de Biologie de la Reproduction et du CECOS de l’Hôpital Cochin
  • Transsexualité et changement de la mention légale du sexe : réflexion renouvelée sur les formes autorisées de la stérilisation
    Laurence Brunet, Juriste, chercheur associé au centre de recherche  « Droit, sciences et techniques », Université Paris I.
  • Genre, engendrement et filiation : métamorphoses et impensés contemporains
    Irène Théry, Sociologue, Directrice d’Etude à l’EHESS, Centre N. Elias.

Entrée libre dans la mesure des places disponibles

Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme 5 rue du Château de l'horloge BP 647 13094 Aix-en-Provence cedex 2

Lieux

  • 5 rue du Château de l'horloge (Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme)
    Aix-en-Provence, France

Dates

  • mardi 18 octobre 2011
  • mercredi 19 octobre 2011

Mots-clés

  • transgenre, genre, transidentité, parenté, filiation

Contacts

  • Herault Laurence
    courriel : herault [at] mmsh [dot] univ-aix [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Laurence Hérault
    courriel : laurence [dot] herault [at] univ-amu [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Regards croisés sur l’expérience transgenre de la parenté », Colloque, Calenda, Publié le mardi 20 septembre 2011, https://doi.org/10.58079/j12

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search