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Écrire en sciences sociales

Writing social sciences

Université de printemps à Tunis

Spring university in Tunis

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Publié le mercredi 16 novembre 2011

Résumé

Une initiative conjointe de l’Association tunisienne d’anthropologie sociale et culturelle (ATASC), de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC), du Laboratoire Diraset-Études maghrébines et de l’École doctorale « Structures, systèmes, modèles et pratiques en lettres et sciences humaines et sociales » dans le cadre du Réseau international des écoles doctorales de l’AISLF et de l’AUF.

Annonce

Présentation générale de l’université de printemps

Faire aboutir une thèse, c’est d’abord écrire un texte conforme à des normes et des standards académiques à propos d’un objet bien déterminé. Bien qu’évidente, peut-être même en raison de cette évidence, la centralité de l’exercice de l’écriture dans le processus de la préparation de la thèse est rarement pensée comme il se doit. Les doctorants, souvent livrés à eux-mêmes, la vivent sur des modes de subjectivation plus ou moins exacerbés ; de manière immédiate, voire parfois douloureuse et angoissée. Si l’on fait abstraction de cette pléthore de manuels de peu d’intérêt, construits sur la base d’un esprit de « recette » qui, paradoxalement, favorisent chez les doctorants un rapport à l’écriture extrêmement instrumental et contre-productif, l’exercice de l’écriture, ce lieu par excellence de la mise à l’épreuve que représente la préparation d’une thèse, demeure largement impensé. La difficulté de le penser tient à ce premier paradoxe : éminemment individuelle et intime, l’expérience de l’écriture est fâcheusement présentée comme une simple mise en mots ou en forme d’une pensée antérieurement construite, comme la conversion d’une masse de données collectées et de raisonnements préalablement échafaudés en texte. Ce qui occulte le fait qu’un aspect essentiel de la recherche, et de ce qu’il en advient en termes de produit final livré à l’évaluation publique des pairs, se joue dans l’écriture. A contre-courant d’une vision scientiste un peu désuète, il semble de plus en plus admis dans nos disciplines que « l’imagination sociologique » n’opère pas exclusivement en amont de l’écriture (Zaki) et que le raisonnement et l’écriture en sciences sociales sont indissociables (Passeron). Plus particulièrement, il n’est plus acceptable aujourd’hui de continuer de refouler l’expérience de l’écriture dans les arrières-scènes de l’entreprise scientifique, ni de dissoudre les dilemmes et les malaises qui accompagnent l’acte d’écrire dans des difficultés ou des maladresses de nature méthodologique.

Outre la nécessité de répondre à des exigences particulières liées à des traditions différentes selon les disciplines, l’écriture d’une thèse en sciences sociales relève du même degré de complexité qu’implique l’écriture d’un texte scientifique dans ces disciplines de manière générale. Ecrire un texte en sciences sociales consiste à opérer une alchimie, où se croisent plusieurs types d’opérations mentales et discursives, et fait appel à plusieurs formes de compétences : description et narration, restitution de données et interprétation, analyse et argumentation. C’est dans et par l’écriture que s’enclenche une part essentielle des opérations mentales qui permettent de passer d’un matériau empirique, archivistique ou documentaire à une analyse proprement dite, c’est-à-dire la mise en œuvre progressive d’un horizon de compréhension et de sens en rapport avec un ou des objets de connaissance particuliers (Paillé et Mucchielli). S’agissant de doctorants qui n’ont pas encore développé, dans leur majorité, de routines et de tours de main personnalisés dans leur rapport à l’écriture, les difficultés inhérentes à la complexité de cette expérience sont amplifiées. Il est important de les aider à dédramatiser le geste d’écrire, en leur apprenant, entre autres, à le faire par touches successives et à accepter l’idée qu’un texte ne prend sa forme définitive qu’au bout d’un processus long et laborieux de reformulation et de réaménagement (Becker). Comme il est important aussi de les amener à vivre de manière plus apaisée la publicité qui accompagne l’acte d’écrire ainsi que les différentes modalités d’évaluation par la communauté scientifique qu’il met en branle et qui viennent sanctionner ses effets.

L’objet de l’université de printemps qui sera initié à Tunis par le Réseau international d’écoles doctorales de l’AISLF et de l’AUF (Rédoc) en partenariat avec l’Association tunisienne d’anthropologie sociale et culturelle (ATASC), l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) et le Laboratoire Diraset-Etudes maghrébines (et qui viendra prolonger des activités de formation doctorales et des ateliers d’écriture antérieurement engagées par certaines de ces institutions) est de doter les doctorants qui prendront part à cette session d’une plus grande réflexivité dans le rapport qu’ils entretiennent avec l’écriture, en leur permettant de prendre conscience de la complexité de cet exercice et des moyens susceptibles de faciliter sa maîtrise. Quatre objectifs plus spécifiques lui sont assignés : 1- rationaliser, dans les limites du possible, cet exercice qui comporte une part considérable de contingence ; 2- le dédramatiser en mettant au jour et en explicitant une partie des mécanismes qui le sous-tendent ; 3- renforcer la vigilance des doctorants en leur qualité d’« auteurs », en les mettant au fait des enjeux rhétoriques, épistémologiques et éthiques qui accompagnent l’acte d’écrire ; 4- les aider à penser les interrelations entre les différentes disciplines des sciences sociales (sociologie, anthropologie et histoire) ainsi que la spécificité des modes de construction de leurs discours et leurs rapports particuliers à l’écriture.

L’écriture de la thèse, comme de tout autre texte en sciences sociales, requiert la gestion et la maîtrise d’un certain nombre d’enjeux rhétoriques, épistémologiques, voire éthiques qui se recoupent. Aujourd’hui, il n’est plus possible, dans les disciplines qui sont les nôtres, de continuer d’écrire en « toute innocence » ou de croire que les faits « parlent » d’eux-mêmes. Nous savons plus que jamais que les textes des sociologues, des anthropologues ou des historiens sont des « choses fabriquées » selon des procédés rhétoriques qu’il n’est pas indifférent de mettre à nu (Geertz). Nombre d’interrogations brûlantes sont alors à prendre au sérieux :

  • Quelle est la « place » de l’auteur dans le texte et comment « habiter » son texte en restant fidèle aux exigences de rigueur et de neutralité requise par les normes de la production scientifique ?
  • Comment faire cohabiter dans un texte sa propre voix en tant qu’auteur avec celles qui émanent du terrain et comment gérer les formes d’intertextualité qu’impliquent la citation et la capitalisation des lectures théoriques et la restitution des données d’enquête ?
  • Comment parler des autres et donner du sens à leur parole sans parler pour eux ?
  • Quels mots employer pour rendre compte des mondes historiques que nous décrivons, sachant que leur exploration implique un travail permanent sur le langage ?
  • Quelles sont plus généralement les différents processus de « traduction » en œuvre dans l’écriture et comment les maîtriser ?
  • Comment s’assurer de la « lisibilité » de ce que l’on écrit ?
  • Comment « dire vrai » malgré le recours nécessaire à des artifices rhétoriques et quelles sont les formes de persuasion considérées comme légitimes par la communauté scientifique ?

Structurée sous forme de conférences plénières et de travaux d’atelier centrés sur les enjeux de l’écriture et sur ses difficultés, cette session de formation doctorale insistera sur certains aspects en particulier, en s’articulant autour des axes suivants :

  1. L’écriture et ses effets : narration, description et restitution ;
  2. L’écriture comme praxis d’analyse ;
  3. L’écriture en sciences sociales entre rhétorique et éthique ;
  4. L’écriture entre langage naturel et catégories savantes.

Pré-programme

Lundi 19 mars

  • 9h00-10h00 Accueil Inscriptions
  • 10h00-12h00 - Ouverture :
  • I. Melliti L’écriture en sciences sociales
  •  Présentation réciproque des participants
  • Conférences d’ouverture
  • D. Cefai L’écriture ethnographique comme moment de l’enquête
  • A. Hénia L’écriture de l’histoire et ses prisons, ou le mal de voir
  • J.-Y. Trépos
  • Apéritif dînatoire

Mardi 20 mars

  • 9h00-11h00 Conférences :
  • J. Boutier Y a-t-il une écriture historienne ?
  • S. Najar L’art de traduire le social : l’interprétation des données en sciences sociales
  • 11h30-13h00 et 14h30-16h00 3 Ateliers Communications des doctorants-es

Mercredi 21 mars

  • 9h00-11h00
  • Panel : L’écriture entre littérature et science
  • A. Eraly Ecriture littéraire, écriture sociologique
  • M.-H. Soulet L’écriture en sciences sociales, une question de style
  • 11h30-13h00 Ateliers Communications des doctorants-es
  • Après-midi  et soirée libres (visite de Hammamet)

Jeudi 22 mars

  • 9h00-11h00 Panel : Écriture et pensée
  • J. Dakhlia L’écriture des sciences sociales : le sens d’une exigence
  • B. Péquignot On écrit toujours trop tard
  • 11h30-13h00 et 14h30-16h00 3 Ateliers Communications des doctorants-es

Vendredi 23 mars

  • 9h00-11h00 Panel : Écriture de la thèse
  • C. Dardy Écrits intermédiaires
  • M. Hirschhorn Quelle place donner aux verbatims?
  • Conférence de clôture
  • C. Zytnicki, A. Petitat : Écriture en sciences sociales et pluralité des mondes
  • Cocktail de clôture

Pour s’inscrire

Les doctorants désireux de participer à l’Université de printemps doivent en principe être inscrits dans une Ecole doctorale participante au RéDoc. Mais nous avons jusqu’ici toujours fait une place à des candidats hors Rédoc. Le nombre de participants à la session de formation étant limité, une sélection des candidats sera faite, sur la base des critères suivants : recherche d’un équilibre entre les ED participantes, pertinence de la thèse, qualité du projet de communication. L’inscription se déroule par conséquent en deux étapes.

Les doctorants sont d’abord invités à nous envoyer un dossier de candidature avant le 25 novembre 2011.

Ils ne paieront leurs frais d’inscription à l’Université d’été que dans un deuxième temps, une fois leur candidature acceptée. Des bourses et soutiens financiers peuvent être apportés aux doctorants (participation des Laboratoires de recherche et des Ecoles doctorales, aide des bureaux régionaux de l’AUF).

Le dossier de candidature comprend obligatoirement :

  1. le formulaire de candidature complètement rempli (http://www3.unil.ch/wpmu/redoc/universite-de-printemps-de-tunis-du-19-au-23-mars-2012-ecrire-en-sciences-sociales/candidature-universite-de-printemps/ )
  2. un curriculum vitæ universitaire en français avec mention des travaux scientifiques et des éventuelles publications
  3. une attestation d’inscription de l’école doctorale d’appartenance ou du directeur de thèse
  4. le projet de thèse (deux pages A4 maximum)
  5. le projet de communication (2500 signes espaces compris maximum), qui peut consister en une présentation d’un ou plusieurs aspects de la thèse

Hébergement :

L’Université de printemps de Tunis se déroulera à Hammamet, en bord de mer, dans un superbe hôtel. Les prix obtenus pour les participant-e-s sont très attractifs :

  • 34 euros dans une chambre double, par jour avec pension complète
  • 42 euros dans une chambre simple, par jour avec pension complète
  • Les frais d’hébergement des doctorant-e-s du « Sud » seront pris en charge.

Lieux

  • Hammamet (Tunisie)
    Hammamet, Tunisie

Dates

  • vendredi 25 novembre 2011

Contacts

  • Méliné Zinguinian
    courriel : redoc [at] aislf [dot] org

Source de l'information

  • hayet naccache
    courriel : hayet [dot] naccache [at] irmcmaghreb [dot] org

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Écrire en sciences sociales », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 16 novembre 2011, https://doi.org/10.58079/jjq

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