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Organisations, performativité et engagement

Organizations, performativity and engagement

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Publié le jeudi 15 décembre 2011

Résumé

La chaire de relations publiques et communication marketing de l’UQAM et le MICA (EA 4426) axe communication, organisations et sociétés de l'Université de Bordeaux propose un colloque intitulé « Organisations, performativité et engagement » dans le cadre du 80e Congrès de l'ACFAS 2012.

Annonce

Appel à communication

Organisations, performativité et engagement

80e Congrès de l’Acfas

Palais des congrès de Montréal

7 au 11 mai 2012

Argumentaire

La théorie des actes de langage, énoncée par Austin, a influencé certaines approches de la communication des organisations (Taylor et Van Every, 2000 ; Gramaccia, 2001). Ici, la performativité est principalement étudiée d’un point de vue institutionnel. La communication des organisations (que ce soit à l’interne ou à l’externe) repose sur des règles conversationnelles qui donnent lieu non seulement à une compréhension mais surtout à une coopération entre les individus. Austin (1970) dans la théorie des actes de langage indique que les échanges communicationnels entre les acteurs ont un caractère performatif si et seulement si certaines conditions de félicité sont réunies : légitimité du locuteur, existence d’une procédure et intention d’exprimer l’acte/intention d’agir. Autrement dit, certaines conditions sont générales et communes à tous les actes de langage pour permettre leur réussite, leur succès. Tel que le précise Kerbrat-Orecchioni (2005), ces conditions touchent l’état des choses, le locuteur et le destinataire. Il est donc nécessaire qu’il y ait  un objet de l’énonciation et que le destinataire puisse interpréter, réaliser l’acte énoncé pour pouvoir prétendre à son accomplissement. Il est également nécessaire que le locuteur respecte la condition de sincérité, c'est-à-dire qu’il a l’intention réelle que l’acte soit accompli et que le locuteur ait la légitimité d’exécuter l’acte. En d’autres mots, il se doit de remplir ce que l’on appelle la condition institutionnelle. Enfin, le destinataire doit respecter, selon l’expression de Searle (1972), les conditions normales de départ et d’arrivée ; autrement dit, il doit être présent et capable (physiquement et mentalement) de recevoir et d’interpréter l’énoncé. Le locuteur et le destinataire sont mutuellement engagés pour engendrer la réussite, la performativité de l’acte de langage. Le concept d’engagement est approché par Searle (1972) ou Winograd (1988) qui le considèrent comme l’une des prémisses de l’acte illocutoire. Ainsi par leur nature engageante, les actes de langage engendrent non seulement d’autres actions mais préparent les actions à venir à travers le développement d’une économie des engagements.

L’engagement est une des conditions de l’interaction et donc de la réalisation des effets perlocutoires. C’est également la base de ce que Mead (1934) appelait l’action conjointe. Pour lui, l’homme est un acteur capable de transformer sa relation au monde. Il existe selon lui deux formes d’interaction sociale : l’interaction non-symbolique et l’interaction symbolique. Dans le cas de l’action conjointe, c’est l’interaction symbolique qui prévaut car les différents acteurs de l’interaction interprètent les gestes et les actes de l’autre de façon symbolique. Elle implique ce que Mead appelle l'interprétation (la signification) des actions de l'autre personne et les indications sur la façon dont l’autre personne doit agir. Nous parlons donc d’action conjointe, ou encore d’engagement de la part de chacun des interlocuteurs pour comprendre et interpréter les actes de l’autre. Ainsi, Mead (1934) voit l’action conjointe comme une forme collective de l’action, où les participants adaptent leurs propres actes aux actes en cours et guident ainsi l’autre dans sa manière de (ré)agir.

Par conséquent, l’action peut être une adaptation à la nature de la relation entre acteurs ou interlocuteurs. Mais la théorie des actes de langage ne nous informe pas sur la manière dont s’établit, se maintient et se développe la relation. D’autres approches sociologiques travaillent différents régimes d’engagement (Boltanski et Thévenot, 1987, 1991 ; Thévenot, 2006) qui peuvent aller du conflit ou de la domination (Follet, 1941 ; Crozier et Friedberg, 1977 ; Courpasson, 2006) à une coopération dans la convergence d’agentivités (Callon et Latour, 1981, Callon, 1986 ; Cooren, 2004, 2006).

Les modalités de l’engagement contribuent à la mise en action de l’autre et apparaissent par conséquent comme un des points essentiels pour comprendre la formation de l’effet perlocutoire. Car si la force illocutoire et la performativité sont des concepts qui ont été largement repris au-delà des pragmatiques cognitive et intégrée (Denis, 2006), les modalités de l’engagement qui en permettent la portée heuristique méritent encore d’être développées pour rendre compte d’une communication organisante où la capacité à faire agir l’autre est à la base de la constitution du collectif organisationnel.

Les possibilités sont nombreuses et les axes ci-dessous sont donnés à titre indicatif.

Axe 1 : Communication organisationnelle, communication constitutive de l’organisation : mécanismes et processus de l’engagement

Les acteurs organisationnels créent l’organisation dans leurs interactions. L’engagement mutuel sur lequel elles se développent leur permet de créer et de faire évoluer leur organisation (Weick, 1979 ; Latour, 2006). Celle-ci ne préexiste donc pas aux acteurs mais se construit dans leurs communications (Putnam et Nicotera, 2009). Celles-ci prennent alors selon Weick (1979) la forme d’un organizing dans lequel les acteurs s’engagent dans des actions de communication afin de réduire l’équivocité d’une situation par des comportements intelligibles et reliés. L’interdépendance des acteurs pour réaliser l’organisation impose une coopération autour d’événements dont l’articulation en termes de processus ou de trajectoires (Strauss, 1992) les incite à tenir un rôle qui, pour dynamique qu’il soit, balise le répertoire de leurs actions possibles. C’est dans leur compréhension des processus organisationnels qu’ils identifieront les ressources communicationnelles qui leur permettront, si ce n’est d’engager l’autre à agir, de connaître la portée de leur enrôlement (Latour, 1987, 2006 ; Quéré, 1989).

Axe 2 : La performativité dans la communication externe, les publics et les parties prenantes : stratégies et paradoxes des discours de l’engagement

La légitimité est à la base de la force illocutoire ; pourtant les positionnements ambivalents, voire paradoxaux, des entreprises n’en limitent pas la performativité. Ce qu’il est convenu d’appeler, par exemple, le « greenwashing » n’est pas le moindre de ces paradoxes. Tout se passe comme si la perte de confiance que de telles options communicationnelles peuvent entraîner pouvait être ainsi compensée. Quelles sont alors les conditions qui préservent ou restaurent cette nécessaire légitimité ? Qu’est-ce qui fait que le destinataire du performatif accepte de « jouer le jeu » de la performativité ? Ces questions se posent de façon aigüe dans le cadre des communications institutionnelles et sociétales mais elles restent tout aussi cruciales dans l’ensemble des communications organisationnelles.

Axe 3 : La performativité organisationnelle des dispositifs technologiques

Après la prise en compte de la contextualisation du sens (Gumperz, 1989), il conviendrait de souligner aussi l’importance des supports dans la relation interpersonnelle. Le développement et le maintien de la communication, c’est-à-dire de la rétention de l’échange verbal, renvoient toujours à une  situation et à un milieu technologique. La nature des supports de la grammatisation (Derrida, 1967 ; Auroux, 1994 ; Stiegler, 2005)  possède une incidence sur les formes d’organisation dans les sphères de l’activité  communicationnelle. Ainsi, le passage du texte à l’action (Ricoeur, 1998) ouvre les  sciences du langage sur ce qui fait tenir ensemble les collectifs par le biais des supports, aujourd’hui de plus en plus  numériques. Les objets techniques organisent les relations et les interactions sociales (Akrich, 1987). Ils agissent sur l’organisation et sont réflexivement transformés par elle (Weick, 1990 ; Orlikowski, 1992, 1995) en suscitant l’engagement des acteurs.

Responsables scientifiques :

  • Benoit Cordelier, Université du Québec à Montréal (UQAM)
  • Gino Gramaccia, Université de Bordeaux

Comité scientifique :

  • Françoise Bernard, Université de la Méditerranée
  • Jérôme Denis, Telecom ParisTech
  • Bertrand Fauré, Université de Toulouse
  • Franck Cochoy, Université de Toulouse
  • François Cooren, Université de Montréal
  • Franck Cormerais, Université de Bordeaux
  • Catherine Loneux, Université Européenne de Bretagne
  • James Taylor, Université de Montréal

CONDITIONS DE PARTICIPATION

La proposition de communication devra comprendre :

  • La liste des auteurs et des co‐auteurs (prénom, nom, statut, institution)
  • Les coordonnées des auteurs (adresses, courriel, téléphone, etc.)
  • Un titre de 150 caractères maximum, espaces compris
  • Cinq (5) mots clés
  • Un résumé de 10 lignes
  • Une proposition d’environ 3 000 caractères, espace compris
  • Une bibliographie (maximum une page)

Les propositions de communications au format Word (.doc) devront être envoyées par courriel à : cordelier.benoit@uqam.ca

L’objet du courriel sera intitulé : Proposition ACFAS 2012

Publication :

Les communications attendues après acceptation des propositions feront entre 20 000 et 30 000 caractères.

Les actes du colloque seront publiés en ligne sur le site du MICA (Université de Bordeaux).

Une sélection d’articles sera ensuite publiée dans un ouvrage collectif édité par une maison de presses universitaires.

Calendrier :

Date limite de réception des propositions de communication : 29 janvier 2012

Retour vers les auteurs : 15 février 2012

Envoi par les auteurs de leur communication : 17 avril 2012

Date du colloque : 8 et 9 mai 2012

Conditions d’inscriptions au congrès :

http://www.acfas.ca/evenements/congres/inscription

Les frais d’inscription au colloque sont seulement ceux prévus par l’ACFAS pour tous les participants au congrès et se règlent directement auprès de l’ACFAS.

L’inscription au congrès de l’ACFAS donne accès à l’ensemble des colloques au programme.

Informations pratiques :

http://www.acfas.ca/evenements/congres/informations-utiles

MICA (EA 4426), axe Communication, Organisations et Sociétés, Université de Bordeaux

http://mica.u-bordeaux3.fr/index.php/fr/equipes/2-com-a-organisations

Chaire de relations publiques et communication marketing, UQAM

http://www.crpcm.uqam.ca

Lieux

  • Palais des congrès de Montréal
    Montréal, Canada

Dates

  • dimanche 29 janvier 2012

Mots-clés

  • organisations, performativité, engagement, actes de langage

Contacts

  • Benoît Cordelier
    courriel : cordelier [dot] benoit [at] uqam [dot] ca

Source de l'information

  • Pauline Breduillieard
    courriel : breduillieard [dot] pauline [at] uqam [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Organisations, performativité et engagement », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 15 décembre 2011, https://doi.org/10.58079/jtq

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