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Mémoires des migrations et temps de l'histoire

Memories of migrations and historical time

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Publié le mardi 31 janvier 2012

Résumé

Depuis une trentaine d’années, les mémoires sont devenues omniprésentes dans l’espace public, et un objet d’étude pour l’histoire et les sciences sociales. Dans le champ des migrations, une première série d'études ont permis d’éclairer un groupe ou un événement, mais leur historicisation reste à définir et à explorer. La première série de questionnements posés par ce colloque renvoie à la place des migrations dans cette résurgence des mémoires. Mais l'expression au présent de ces mémoires ne peut se comprendre sans être replacée dans un processus de plus longue durée, au cours duquel le rapport au passé a revêtu des formes différentes, qu’il s’agira également de saisir. Enfin, il convient de réfléchir au rôle tenu par la mémoire dans l’histoire longue des migrations, notamment dans la formation des identités de groupe et dans la constitution de réseaux transnationaux et diasporiques.

Annonce

Mémoires des migrations et temps de l’histoire. Colloque du 22 au 24 novembre 2012, Cité nationale de l’histoire de l’immigration, appel à contributions

Argumentaire

Depuis une trentaine d’années, les mémoires sont devenues omniprésentes dans l’espace public, et un objet d’étude pour l’histoire et les sciences sociales. Dans cet ensemble, les migrants occupent une place singulière. En France, ils ont été acteurs de ces mobilisations mémorielles, sans toujours le faire au nom de leurs origines. Dans le champ scientifique, des études portant sur les mémoires des migrations ont déjà permis d’éclairer un groupe ou un événement, mais leur historicisation reste encore largement à définir et à explorer.

L’approche par les mémoires des migrations permet d’envisager l’émigration et l’immigration, mais aussi les différentes catégories de migrants quel que soit leur statut. Par ailleurs, elle pose comme hypothèse la pluralité des mémoires selon les groupes, les motifs et les conditions de départ, les espaces d’installation, les époques. Enfin, elle laisse ouverte la définition de ce qui fait mémoire, par-delà l’expression des souvenirs individuels.

La première série de questionnements renvoie à la place des migrations dans cette résurgence des mémoires. Quelles mémoires des migrations s’expriment ici ? Comment s’articulent-elles à l’évolution générale du rapport au passé ? Est-ce qu’elles ressortent, comme ailleurs, d’une revendication de reconnaissance, voire de réparation ? Si on les confronte aux autres mobilisations mémorielles, est-ce qu’elles portent une temporalité singulière ? Des modalités d’expression et de transmission différentes ?

L’expression au présent de ces mémoires ne peut se comprendre sans être replacée dans un processus de plus longue durée, au cours duquel le rapport au passé a revêtu des formes différentes, qu’il s’agira également de saisir.

Mais au-delà de ces mobilisations contemporaines, il convient de réfléchir plus généralement au rôle tenu par la mémoire dans l’histoire des migrations depuis le xixe siècle, notamment dans la formation des identités de groupe et dans la constitution de réseaux transnationaux et diasporiques.

Nous proposons de nourrir la réflexion autour de cinq axes, dont les frontières sont évidemment poreuses.

Événement, temporalités et transmission

Le concept de génération constitue une interrogation centrale. Comment s’opère la transmission d’une génération à l’autre ? Dans le domaine des engagements, la mémoire fonctionne-t-elle comme un palimpseste, chaque génération imposant une mémoire qui efface les précédentes ? Est-ce qu’elle procède, à l’inverse, de l’héritage, chaque combat se nourrissant de ceux qui l’ont précédé ? Comment le passage de la génération de l’expérience à celles qui n’ont pas vécu l’événement, transforme la mémoire ? Enfin, on s’interrogera sur les transmissions d’une vague migratoire à l’autre : les groupes les plus récents élaborent-ils des pratiques mémorielles fondées sur celles de groupes mieux établis ? Il faudra sans doute distinguer les transmissions liées aux mobilisations en migration, de celles qui relèvent de son expérience intime. Dans ces transferts générationnels, la famille occupe-t-elle une place centrale ? Il peut paraître utile de reprendre ici la notion de « post-mémoire », définie par Marianne Hirsch dans le cadre des mémoires de la Seconde Guerre mondiale et de l’extermination des Juifs, pour l’élargir aux migrations. Enfin, on essaiera de réfléchir, dans une perspective comparatiste, au rapport à la mémoire des différentes vagues migratoires.

Territoires géographiques, espaces sociaux, mobilités et jeu d’échelles

La construction et la circulation des mémoires peuvent aussi être approchées, à travers les territoires géographiques et les espaces sociaux.

Il s’agira d’abord de réfléchir à la pertinence du cadre national et de varier les échelles, du local à l’international, au transnational et aux diasporas. On pourra aussi décentrer les regards et étudier les mémoires à partir des pays d’origine, y compris celles des migrants qui sont rentrés.

La réflexion autour d’une géographie mémorielle peut nourrir d’utiles comparaisons. Le rapport à la mémoire, son expression dans l’espace public, les « politiques symboliques » ont-elles, dans les pays d’origine et dans les sociétés d’accueil, des points de convergence ou plutôt des spécificités nationales ?

La problématique des mobilités ouvre des pistes pour aborder le rôle, dans la construction des mémoires, de tout ce qui circule : les femmes et les hommes bien sûr, mais aussi les photographies, les correspondances ou les journaux intimes, ce qui renvoie à la question des sources. La multiplicité des lieux et des milieux en jeu impose aussi de réfléchir aux « frontières » entre les différents espaces sociaux des mémoires : espaces privés et familiaux, espaces publics ou semi-publics (les associations, le bal, les cafés, les foyers, etc.). Il s’agira de regarder comment s'y manifestent les processus mémoriels et ce qui relève, ou non, d'une spécificité des mémoires des migrations.

Identités et multi-appartenances

Les mémoires des migrants ne peuvent se penser en référence au seul fait migratoire. Il nous paraît important de les confronter au cadre théorique élaboré dans l’entre-deux-guerres par Maurice Halbwachs, y compris dans ses évolutions, et de voir quels rôles respectifs jouent dans la construction des mémoires de migrants, la migration mais aussi d’autres appartenances : politique, territoriale, religieuse, sociale ou de genre. Ces mémoires sont en effet à penser comme un processus d’interactions entre l’individu et le groupe, mais aussi entre les différents groupes sociaux. On pourra également mettre en regard le rôle des mémoires dans les constructions identitaires, et la valeur que leur accordent les sociétés d’accueil. À titre d’exemple, l’identité européenne permet désormais aux migrants originaires de l’Union des appartenances multiples, posture souvent refusée aux migrants extra-européens.

Politiques symboliques et patrimonialisation

Depuis les années 1980, les politiques symboliques ont répondu à des mobilisations mémorielles, dans le champ des migrations et ailleurs, suscitant en retour d’autres initiatives. Les pouvoirs publics participent ainsi au jeu des constructions mémorielles, qu’ils peuvent activer, soutenir, mais aussi empêcher, notamment par le bais des politiques culturelles et des financements. Quels sont les processus de reconnaissance possibles, et à l’œuvre, pour les mémoires de migrations ? Les pouvoirs publics se préoccupent-ils de mémoire ou d’une gestion du fait minoritaire ? L’Union européenne exerce-t-elle une influence particulière, à travers ses subventions et la définition d’enjeux qui dépassent le cadre national ?

Quel rôle tient la patrimonialisation, et selon quelles formes, dans le processus de reconnaissance ? Poser cette question renvoie à d’autres interrogations : quel rôle est dévolu aux migrants, et quel rôle revendiquent-ils ? On s’intéressera notamment aux musées dans leurs différentes formes, et à la création artistique confrontée aux mémoires, à leur usage, à leur médiation et à leur réception.

Historiens de l’immigration et mémoires des migrations

Les débats historiographiques des dernières décennies ont permis de réfléchir au rôle du témoin et de la mémoire dans l’écriture du passé. Ils ont aussi tourné les regards vers l’histoire de ceux qui laissent peu de traces dans les archives, faisant ainsi émerger une réflexion sur les sources et sur d’autres manières d’écrire l’histoire.

À l’intersection de ces évolutions, il semble utile d’analyser la place qu’occupent les mémoires dans les travaux des historiens et dans les débats historiographiques sur les migrations.

Organisation du colloque

Envoi et choix des propositions

Les propositions de communication doivent être envoyées en français ou en anglais (fichier attaché en format word ou rtf)

avant le 25 mars 2012

Elles comporteront un titre et un résumé d’environ 3000 signes (450 mots), les coordonnées complètes de l’intervenant (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, courriel, adresse postale du domicile, téléphone) et une courte biographie.

Le texte définitif des communications devra être envoyé trois semaines avant le colloque pour être transmis aux discutants.

  • Plusieurs types de propositions seront plus particulièrement appréciées : celles privilégiant une analyse dans le temps long de l’histoire, celles prenant en compte les mobilités entre espaces sociaux ou géographiques, celles enfin développant une perspective comparative entre pays d’origine ou pays d’accueil.
  • Dans ce colloque à vocation interdisciplinaire, les propositions intégrant une réflexion épistémologique seront les bienvenues.
  • Une attention particulière sera apportée aux propositions des doctorant(e)s et des jeunes chercheurs et chercheuses.

Adresse courriel  colloquememoires@histoire-immigration.fr

Calendrier

  • Date limite d’envoi des propositions : 25 mars 2012
  • Choix définitif des propositions par le comité scientifique : début mai 2012
  • Réception des textes des communications : 31 octobre 2012

Déplacements

  • Les frais de voyage et d’hôtel sont pris en charge par les organisateurs du colloque.
  • L’organisation sera précisée aux intervenants retenus au mois de juin.

Comité scientifique

Marianne Amar (Cité nationale de l’histoire de l’immigration), Michèle Baussant (Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Hélène Bertheleu (Université de Tours, CITERES), Yvan Gastaut (Université de Nice Sophia Antipolis, Urmis), Nancy L. Green (EHESS, Centre de recherches historiques), Jim House (University of Leeds), Tony Kushner (University of Southampton), Marie-Claire Lavabre (Institut des sciences sociales du politique, Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Sabina Loriga (EHESS, Centre de recherches historiques), Denis Peschanki (Centre d’histoire du xxe siècle, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), Laure Pitti (Université Paris 8, CSU-CRESPPA), Henry Rousso (Institut d’histoire du temps présent), Scott Soo (University of Southampton), Laure Teulières (Université Toulouse-Le Mirail / FRAMESPA).

Partenariats

Le colloque est organisé par la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, en partenariat avec les laboratoires Framespa (CNRS / Université Toulouse II-Le Mirail, UMR 5136) et Citeres (CNRS / Université de Tours, UMR6575)

Lieux

  • 293 avenue Daumesnil (Cité nationale de l'histoire de l'immigration)
    Paris, France

Dates

  • dimanche 25 mars 2012

Mots-clés

  • Histoire, mémoires, migrations

Contacts

  • Marianne Amar
    courriel : marianne [dot] amar [at] sciencespo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Marianne Amar
    courriel : marianne [dot] amar [at] sciencespo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Mémoires des migrations et temps de l'histoire », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 31 janvier 2012, https://doi.org/10.58079/k4b

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