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La poésie des femmes romandes

Poésie francophone des femmes

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Publié le mercredi 04 avril 2012

Résumé

La revue Le Pan poétique des muses (LPpdm) consacre le dossier principal du n°2 à la poésie des femmes poètes romandes, à paraître en automne 2012. Il s'agit de rouvrir le débat sur l'apport et la place de la poésie francophone des femmes dans l'histoire des idées. Date limite d'envoi des propositions : 5 juin 2012.

Annonce

Dossier et poèmes pour le thème :  Poésie francophone des femmes. 1er volet: la poésie des femmes romandes

Spring by John Byam Liston Shaw (1872–1919)

« Notre élan constructeur (n'est-il
que passager?)
par-dessus l'élément surpris,
domestiqué,
veut qu'entre les deux morts l'horizon
s'élevât,__
l'avant-poste de chair nous gagne
l'au-delà. »
(extrait du poème « Le Pont sur l'Abîme » de Simone Rapin, cité pp.103-104 par Michel R. Doret dans son ouvrage Poétesses genevoises francophones (1970 à 1980))

Si nous devons tomber
Que ce soit d’une même chute
Étincelants
Et brefs comme l’oiseau
L’arbre
La foudre
Pour tout bagage
Pour tout péage
Cet air de flûte qui chancelle d’un silence
À l’Autre
(par Anne Perrier, extrait de son livre La voie nomade)

Argumentaire

Être une femme poète, être une poétesse comme on dit, c'est accepter le statut de mineure dans un monde fait de grands poètes qui forment l'essentiel de l'Histoire de la poésie universelle (le simple dépouillement des ouvrages consacrés à la poésie le confirme).

Être une femme poète francophone, c'est constituer au sein de la minorité de ses semblables une branche encore plus minoritaire...

C'est autrement demander à l'histoire de la poésie française de se pencher sur l'apport de toutes ces abeilles éparpillées sur la surface de la terre et de reconnaître leurs valeurs intrinsèques.

C'est se rappeler enfin que quelque part là-bas, de l'autre côté des frontières réelles et/ou imaginaires, des femmes enrichissent depuis des siècles l'histoire des mineures rendues dernièrement majeures par le geste symbolique récemment attribué à une femme poète romande qui n'est autre qu'Anne Perrier (elle est la première femme poète qui a obtenu le Grand Prix national de la poésie française, cf. l'art. « La poétesse lausannoise Anne Perrier, Grand Prix national de la Poésie », url. http://www.ambafrance-ch.org/La-poetesse-lausannoise-Anne ).

Or, le récit de l'idée de cet appel trouve ses racines dans une amitié poétique nouvellement nouée avec Nicole Coppey qui m'a permis de m'interroger sur la rencontre entre la poésie dite française et de la poésie dite francophone des femmes.

Y-a-t-il une différence entre ces deux consœurs ? Y-a-t-il une âme commune qui en trace l'essence et en explore la quintessence ? Faut-il encore problématiser la poésie d'une femme en la rendant autre, dans le langage, en évoquant les questions ethniques et/ou nationales ? Que faire d'une belle poésie orientaliste et orientalisante ou d'une belle poésie occidentaliste et occidentalisante ? Comment parler des poésies des femmes vues au travers de leur pluralité identitaire? Comment se taire et penser que la poésie lumineuse d'une Angèle Bassolé-Ouédraogo ou d'une Alice de Chambrier ne sont pas tour à tour des pratiques de soi poétiques? De belles envolées lyriques, picturales et calligraphiques restent encore à découvrir au fur et à mesure du temps. N'y-a-t-il parmi nous, les femmes, des poètes à l'instar d'Aimée Césaire ou de Rimbaud ?

Que dire d'une Andrée Chédid, d'une Vénus, d'une Anne Perrier, d'une Simone Rapin et bien d'autres belles voix qui portent en elles leurs patries, leurs souvenirs en lyrisme de soi ?

L'histoire est pleine de femmes porteuses de cette poésie-là, de ce miroir qui laisse entrevoir l'autre autant que le même, le différent et le multiple...

Michèle Bitton, elle, s'est penchée sur la richesse de la poésie des femmes juives. Elle a écrit maints ouvrages pour déterrer les femmes juives poètes des poussières de l'Histoire universelle qui tend à gommer les différences et à stigmatiser la portée de l'histoire d'une minorité qui s'introspecte.

Michel R. Doret, lui, a tissé par le biais de ses livres dédiés à la poésie des femmes romandes une des plus belles histoires de fidélité à l'histoire des femmes poètes; une manière de rendre hommage avant l'heure à toutes celles qu'on honore aujourd'hui en la personne d'Anne Perrier provenant d'un poète francophone et d'un universitaire féministe (voir les livres de Michel R. Doret cités dans la bibliographie ci-dessous).

Comme tout poète prophétique, il voyait déjà l'intérêt qu'il y a à révéler au monde entier l'importance de la poésie des femmes romandes. Ses livres constituent, par ailleurs, la base de notre appel et son fondement scientifique. D'autres universitaires empruntent le même chemin depuis plusieurs décennies et découvrent au fond des archives, des bibliothèques, des librairies et des collections privées des trésors qu'ils/elles pressent de transmettre à leurs lectorats tout en songeant à la richesse idéologique d'un tel savoir émietté et oublié par l'Histoire des idées.

La démarche de la revue LPpdm s'inscrit dans le sillage critique de cette voie symbolique, dans cette volonté d'aller à la rencontre des poèmes des muses, de laisser la lumière du jour venir enfin s'immiscer aux creux des écrits poétiques des nos aïeules et contemporaines francophones (ou non).

C'est pourquoi aujourd'hui, on propose le premier appel (d'une longue série dédiée à la poésie francophone, ou non, des femmes) qui traite de la poésie des romandes.

Une autre façon de rendre hommage à notre tour à toutes celles, qui à travers les siècles, continuent à questionner la langue et l'art poétique français et nous apportent une des plus belles joies de notre histoire commune couronnée et légitimée (entre autres, par la poésie de Simone Rapin et d'Anne Perrier).

Nous signalons également que l’importance de la problématique de la poésie francophone des femmes poètes n'a pas contribué à la naissance d'une posture universitaire et à ce jour, peu de travaux lui ont été consacrés.

Alors qu’elle ne cesse de faire parler d’elle, la poésie francophone des femmes poètes n’arrive toujours pas à trouver sa vraie place dans le monde médiatique et surtout dans l’univers universitaire. Jugée secondaire comme sa mère (la poésie des femmes dite aussi la poésie de genre), elle ne bénéficie que rarement de l’attention des périodiques et d'autres médias et si l’on en parle, c'est pour exploiter les retombées économiques et culturelles d'un fait littéraire issu d'un prix plus que pour la diffuser et/ou pour opérer un vrai travail de réception journalistique critique.

Si Michel R. Doret, parvient avec une remarquable aisance à dresser une cartographie de la poésie des femmes poètes romandes, le questionnement de leur place demeure ouvert, puisque depuis longtemps, cette même poésie résiste, prolifère, défie les lois de la gravité des crises succinctes qui frappent l'Imprimé. Elle se développe, se peaufine et contourne avec subtilité les contraintes propres à la poésie romande et à la poésie en général. Quelles sont ses voies et voix ?  Voici un résumé qui en dit assez pour rouvrir le débat d'une poésie vivante, déjouant les représentations classiques et, qui se voue au corps, à la sensualité, au pays, à l'enfance, à l'au-delà, à l'autre, aux féminin et masculin revus et corrigés dans et par le langage.

Si Michel R. Doret décrit avec grâce la présence des femmes poètes romandes dans la poésie comme un fait poétique, comme l'expression de la virtuosité, comme  l'enchantement onirique post-moderne, il laisse également entrevoir la voie vers une histoire commune d'une jubilation créative et d'une poésie en amont comme on peut le  constater dans le discours d'une Claire Genoux (une des voix de la nouvelle génération romande):

La question de la féminité de l'écriture amène la question du féminisme. J'ai conscience que la génération de nos mères a dû lutter davantage que nous et que grâce à elles, nous pouvons prétendre, à ce qu'on nous reconnaisse une certaine autonomie : nous pouvons ainsi revenir sur notre féminité de façon plus légère. Ça me plaît qu'il y ait dans mes textes une trace de mon appartenance à un groupe sexuel et je me sens libre de donner une large place à la sensualité. Qu'est-ce que le féminin ? […] Le féminin, c'est aussi un vaste potentiel affectif, le plaisir de la séduction au sens étymologique d' « emmener à l'écart ». D'autre côté, j'aime jouer avec certaines formes de la masculinité, comme le désir de possession immédiate, l'impatience à l 'aide de l'agressivité ou du jaillissement de l'image. […] Ce n'est ni le militantisme, ni l'égalité que je cherche en écrivant, mais la richesse de la différence entre les deux sexes, qu'il me semble précieux d'aborder comme un jeu, un fonctionnement, comme on parle du jeu d'un ressort ou d'une marge qui reste […] La quête de soi est sérieuse et grave, mais rien n'empêche l'allégresse dans l'écriture et, pourquoi pas d'être homme et femme à la fois. » (Claire Genoux, « L'écriture féminine », dans la revue Poésie 1 Vagabondages, le magazine de la poésie; dossier « Les femmes et la poésie », éd. Le cherche midi, n°38, juin 2004, pp. 35-36)

On dit que la poésie romande est moribonde, mais elle est secouée et portée par les femmes, par une langue rendue pure, simple, musicale, picturale, sensuelle et foisonnante.  Parmi ses caractéristiques, on peut citer : le lyrisme, le questionnement du corps, la spiritualité, la simplicité, la musicalité, la pureté des mots, l'autre femme conçue par la femme-poète, etc. Les nouveaux visages, thèmes et supports de la poésie romande des femmes nous intéressent particulièrement et, d’après le propos exposé plus haut et sans que cela soit exhaustif, nous proposons de traiter les axes suivants :

  • L'apport des aïeules et l'histoire de leur réception confrontée à la problématique de la diffusion de leur poésie : leur place dans l'histoire des idées. Il s'agit d'éclairer le questionnement de la place de la poésie romande des femmes poètes dans l'histoire de la poésie française.
  • La poésie s'écrit, elle ne se pense pas comme on le voit surtout dans les œuvres d'Anne Perrier.
  • Le genre comme une histoire langagière du je (à étudier les spécificités de la poésie des femmes poètes romandes).
  • Les figures des femmes poètes romandes (compositrice, artiste-peintre, musicienne, artiste, etc.)
  • Une poésie perchée sur l'au-delà, penchée sur la spiritualité et vouée au lyrisme exacerbé.
  • La poésie des femmes poètes romandes ou les voix du corps (sensualité, érotisme, désirs, merveilleux, spiritualité, etc.

Modalités de soumission

Les propositions d'articles (d'une page) pour ce dossier et/ou pour le dossier permanent de la revue (voir page Contribuer du site www.pandesmuses.fr) doivent être envoyées à l’adresse contact.revue@pandesmuses.fr

au plus tard le 5 juin 2012

Les contributions complètes (articles, comptes-rendus, poèmes, textes et poèmes peu connus les femmes poètes, dessins, illustrations, etc.) doivent nous parvenir au plus tard le 30 août 2012 à l’adresse contact.revue@pandesmuses.fr

Consignes à respecter  

  • Prénom, Nom, nom de plume, adresse postale et profession.
  • Biobibliographie (de vingt lignes maximum).
  • Pièces jointes acceptées : en format Word (pour les textes) et JPEG (pour les illustrations, dessins et annonces), police Book Antiqua, taille 12, interligne double, justifier, notes de fin.
  • La contribution ne doit pas dépasser vingt-cinq mille caractères (espaces compris).
  • La revue accepte de publier des textes, et des poèmes déjà parus.

Bibliographie de l'appel

  • BAUDE Jeanne-Marie, Anne Perrier, Paris, Seghers, 2004
  • BEAUSOLEIL Claude, La Poésie suisse romande, 1996 (1ère éd.)
  • BITTON Michèle, Poétesses et lettrées juives. Une mémoire éclipsée, Paris, 1999, 222 p. ; Présences féminines juives en France. XIXe-XXe siècles. Cent itinéraires, éd. Pertuis, , 2002, 276 p. (2ème éd.)
  • DORET Michel R., Poétesses genevoises francophones (1970 à 1980), Genève,  éd. Aquarius, 1987 (2ème éd.), 121 p.; Panorama de la poésie féminine suisse romande: des origines à nos jours, éd. Amon Râ, 1987, 405 p. (et éd. Ornex-Maconnex, 1988)  ; La Poésie francophone, éd. M.R. Doret, 1989.  Anthologie de la poésie féminine suisse romande,  [S.l.] : [s.n.], [1990?]Panorama de la poésie féminine francophone [8], [Introduction].
  • Bibliographie de la poésie féminine suisse romande jusqu'à 1980, Ornex-Maconnex, éd. Amon Râ, 1991, 17 p.
  • GUITTON Edouard (textes réunis par), Poétesses et égéries poétiques (1770-1830), Versailles, éd. Société des amis de J.A. Roucher et A. Chénier, DL, 1998
  • IGLY France, Un demi-siècle de poésie romande, poètes d'hier et d'aujourd'hui, 1969 (1ère éd.)
  • IZQUIERDO Patricia, Devenir poétesse à la Belle époque : 1900-1914. Étude littéraire, historique et sociologique, Paris, éd. l'Harmattan, DL, 2009
  • JUNOD Huguette, Si les femmes nous étaient contées..., url. : http://rd.edutonic.net/archives/realisa/travaux/francais/sifemmes/poemes.pdf
  • La poésie féminine, t.1, du XIIe au XIXe siècle, textes recueillis et commentés par Jeanine Moulin, Paris, éd. Seghers, 1966; La poésie féminine, t. 2, Époque moderne, textes recueillis et commentés par Jeanine Moulin, Marie Dauguet, Rachilde, Marie Krysinska, etc., Paris, éd. Seghers, 1963
  • LYSØE Eric et SCHNYDER Peter (dir.), Ombre et lumière dans la poésie belge et suisse de langue française, Actes du colloque international organisé par le centre de recherche sur l'Europe littéraire, université de haute-Alsace, les 26, 27 et 28 mai 2005, centre de recherche sur l'Europe littéraire, 2007 éd. Presses universitaires de Strasbourg, 487 p.
  • MONNIER Marc, Genève et ses poëtes du XVIe siècle à nos jours, 2ème éd., Paris, Librairie Fischbacher, 1885
  • MOULIN Jeanine, Huit siècles de poésie féminine, Paris, éd. Seghers, 1975
  • PLANTÉ Christine (dir.), Femmes poètes du XIXe siècle : une anthologie, Lyon, éd. Presses Universitaires de Lyon, 2010; (dir.), Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXème siècle, éd. Presses Universitaires de Lyon, coll. Littérature et idéologies, 2002, 517 p.
  • Poésie 1 Vagabondages, le magazine de la poésie; dossier « Les femmes et la poésie », éd. Le cherche midi, n°38, juin 2004
  • RAPIN Simone, VON HUER Anouchka, Vivre c'est dire: entretien avec Simone Rapin, Genève, éd. Poésie vivante, 1984, 18 p.

Pour joindre l'équipe de la revue :

contact.revue@pandesmuses.fr ou contact@pandesmuses.fr

Responsables scientifiques : Michel R. Doret & Dina Sahyouni


Dates

  • mardi 05 juin 2012

Mots-clés

  • poésie romande, femmes poètes, Anne Perrier, Simone Rapin, poésie francophone

Contacts

  • Le Pan poétique des muses
    courriel : contact [dot] revue [at] pandesmuses [dot] fr
  • Dina Sahyouni
    courriel : contact [at] pandesmuses [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Le Pan poétique des muses
    courriel : contact [dot] revue [at] pandesmuses [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La poésie des femmes romandes », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 04 avril 2012, https://doi.org/10.58079/knf

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