Accueil« L’effet propre de la tragédie » de l’humanisme aux Lumières

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Publié le lundi 16 avril 2012

Résumé

Cette journée d’étude vise à réunir les doctorants et jeunes docteurs travaillant sur la tragédie de l’humanisme aux Lumières. Le thème retenu permettra d’explorer une notion problématique mais centrale pour l’étude de la tragédie française à l’époque moderne, c'est-à-dire depuis sa renaissance au XVIe siècle jusqu’à son déclin à la fin du XVIIIe siècle.

Annonce

Argumentaire

La réflexion critique des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles sur la tragédie repose sur le concept trouble d’ « effet ». Aristote a cherché à définir les « moyens de produire l’effet propre de la tragédie » (R. Dupont-Roc et J. Lallot éd., Seuil, 1980, 13, 52 b 28). À sa suite, les théoriciens et les dramaturges rappellent sans cesse la nécessité de « faire effet » mais la nature de l’ « effet » en question n’est définie qu’avec difficulté et réticence, alors que le terme lui-même est propice aux glissements de sens. La double acception d’ « impression » et de « conséquence » permet ainsi de passer facilement du registre affectif à celui d’une morale fondée sur l’exemplarité. « L’effet propre de la tragédie » ressemble à un mystère sur lequel se fonde pourtant tout un édifice de contraintes formelles rigoureuses.

  • Comment se définit cet effet ? Le couple aristotélicien de terreur et pitié est régulièrement convoqué. Mais sont-ils les seuls effets ? Qu’en est-il de l’admiration ? de la tristesse ? de l’horreur ? Valent-ils pour eux-mêmes ou par rapport à une hypothétique « catharsis » ? L’enjeu affectif se double-t-il d’un enjeu moral ? De plus, avant même de s'intéresser au niveau affectif et moral, on peut rendre compte d'effets subalternes, mais également plus tangibles tels que l'effet d'attente, l’effet d’annonce, l'effet de surprise, etc. On pourra également se demander ce qu’il en est de la question du plaisir, que Marmontel range parmi l’un des « effet[s] que la Tragédie se propose » (Poétique françoise, tome second, Paris, Lesclapart, 1763, p. 99) ou encore s’interroger sur la notion « d’unité d’intérêt » qui, selon Houdar de la Motte, « toute seule pourrait encore produire un grand effet » en tant que « vraie source de l’émotion continue » (« Premier discours sur la tragédie à l’occasion des Macchabées », in Discours de la tragédie à l’occasion des Macchabées, Paris, Prault l’aîné, 1754, p. 38). Il s’agira donc de rouvrir l’éventail des effets et de repenser leur rapport et leur hiérarchie.
  • « Faire effet » et « produire un effet » peuvent également renvoyer à l’enchaînement des événements dans l’intrigue. Corneille justifiait ainsi son choix de s’éloigner de la vérité historique dans Rodogune et de ne pas charger Antiochus d’un parricide :
    "Cela fait deux effets. La punition de cette impitoyable mère laisse un plus fort exemple puisqu'elle devient un effet de la justice du ciel, et non pas de la vengeance des hommes, d'autre côté, Antiochus ne perd rien de la compassion et de l'amitié qu'on avait pour lui, qui redoublent plutôt qu'elles ne diminuent, et enfin l'action historique s'y trouve conservée malgré ce changement, puisque Cléopâtre périt par le même poison qu'elle présente à Antiochus." (Trois discours sur le poème dramatique, « Discours de la tragédie » (1660), M. Escola et B. Louvat éd., Garnier-Flammarion, 1999, p. 117)
    Plus qu’une simple homonymie, y a-t-il un lien entre ces deux emplois ? Quelle est la conséquence de ce choix lexical ?
    Qu’implique par ailleurs la récurrence de cette notion ? En quoi cette insistance sur le thème de l’efficacité et de l’effectivité nous renseigne-t-elle sur les catégories de pensée de l’époque moderne et sur leur évolution ?
  • Comment s’opère l’articulation entre formes et effets tragiques ? De quelle manière la poursuite des effets tragiques détermine-t-elle – ou est-elle déterminée par – la mise en forme de la tragédie ? Dans quelle mesure l’invention de nouvelles formes tragiques entraîne-t-elle la promotion de nouveaux effets ?

Le choix d’une périodisation longue (qui dépasse les bornes traditionnelles du « classicisme ») nous permettra de mieux saisir l’évolution des rapports entre discours théorique et pratique et de leurs conditions et lieux de production. Il devrait également faire apparaître des éléments d’historicisation de la sensibilité et de la morale.

Participation

Propositions de communication (300 mots maximum) à envoyer à effet.tragedie@gmail.com, accompagnées d’un bref CV

avant le 3 juin 2012

Comité de sélection et d’organisation

  • Marc Douguet (Doctorant moniteur, Université Paris 8 – Vincennes à Saint-Denis)
  • Ouafae El Mansouri (Doctorante monitrice, Université Paris 8 – Vincennes à Saint-Denis)
  • Servane L’Hopital (Doctorante monitrice, Université Lyon 2 – Lumière)

Contact : effet.tragedie@gmail.com


Dates

  • dimanche 03 juin 2012

Mots-clés

  • tragédie, émotion, poétique, théorie

Contacts

  • Marc Douguet
    courriel : marc [dot] douguet [at] paris-sorbonne [dot] fr

Source de l'information

  • Marc Douguet
    courriel : marc [dot] douguet [at] paris-sorbonne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « L’effet propre de la tragédie » de l’humanisme aux Lumières », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 16 avril 2012, https://doi.org/10.58079/kqr

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