AccueilÉcritures poétiques et écritures du sacré : interactions

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Publié le vendredi 27 avril 2012

Résumé

L’objet du colloque est d’inscrire les écritures poétiques dans la recherche des traces du sacré à l’époque contemporaine en nous demandant comment est formulé ou reformulé le sacré, s’il existe des réinventions du sacré, si l’émergence de nouveaux champs du sacré est décelable, enfin, si l’on peut parler d’une refondation du sacré, ou d’un processus de sacralisation de certains domaines du profane.

Annonce

Présentation

Dans le cadre du programme du CELIS : Dynamique des genres littéraires, un colloque international interdisciplinaire est organisé les 11 et 12 avril 2013, intitulé Ecritures poétiques et écritures du sacré : interactions. Un partenariat est assuré avec la SELIH (la Société des Etudes Littéraires et Humanistes) dont le directeur est Alfredo Pérez Alencart, professeur à l’Université de Salamanque, avec María Dolores Muñoz, membre du groupe de recherche Antropología y filosofía, SEJ 126 de l’Université de Grenade-Junta de Andalucía, et avec Danielle Boutet, docteur en philosophie, artiste interdisciplinaire, membre du CIRET (Centre international de recherches et d’études transdisciplinaires) et professeur à l’Université du Québec à Rimouski (Canada).

Résumé

L’objet du colloque est d’inscrire les écritures poétiques dans la recherche des traces du sacré à l’époque contemporaine en nous demandant comment est formulé ou reformulé le sacré, s’il existe des réinventions du sacré, si l’émergence de nouveaux champs du sacré est décelable, enfin, si l’on peut parler d’une refondation du sacré, ou d’un processus de sacralisation de certains domaines du profane. Étudier comment les formes expressives du sacré nourrissent les textes poétiques ou les œuvres d’art de leurs thèmes, de leurs motifs, de leurs procédés stylistiques, de leurs images et de leurs symboles, et de quelle manière elles propulsent l’expression poétique et créatrice dans la sphère du sacré est le but des recherches. La nécessité de combiner les approches anthropologique, historique, théologique, esthétique, et littéraire s’impose afin d’éclairer le fondement et le fonctionnement de l’interaction des principes discursifs entre la sphère du sacré et  l’écriture poétique. Éclairer, aussi, les fondements d’une interaction entre le poïétique, l’esthétique et le spirituel. Replacer les formulations de cette tension vers le sacré dans une perspective diachronique s’impose afin de calibrer le mode de transcription contemporain de la sacralisation. À travers cette étude des formes, l’objectif est  de rendre manifeste une  transversalité générique et transculturelle, une  perméabilité et une hybridation des modalités expressives des textes et des créations artistiques confrontés dans une perspective interdisciplinaire.

Problématique

L’idée de cette recherche est née de la visite de l’exposition Traces du sacré organisée par Jean de Loisy au Centre Pompidou et de la lecture du catalogue. Alain Seban rappelle que « Depuis l’origine, la question de l’existence d’un au-delà de l’ordinaire du monde taraude l’humanité. Cette interrogation, des premiers signes tracés au flanc des cavernes aux envolées baroques, en passant par les splendeurs byzantines ou romans, n’a cessé de nourrir les expressions artistiques », et il pose la question suivante : « Cette source féconde s’est-elle tarie au terme de ce long processus de ce qu’il est convenu d’appeler le « désenchantement du monde »? ». A son avis, il existe « une quête de l’homme moderne cherchant dans les cieux devenus profanes les réponses aux interrogations éternelles ». Nous voulons inscrire les écritures poétiques dans cette recherche des traces du sacré à l’époque contemporaine en nous demandant comment est reformulé le sacré, s’il existe des réinventions du sacré, si l’émergence de nouveaux champs du sacré est décelable, enfin, si l’on peut parler d’une refondation du sacré, ou d’un processus de sacralisation de certains domaines du profane.

L’observation et l’interprétation de points de convergence entre l’Orient et l’Occident quant aux rapports intextextuels entre les textes ou des créations appartenant à telle ou telle tradition sacrée et les créations poétiques contemporaines constitue un objectif privilégié au croisement entre plusieurs disciplines des arts et des sciences humaines.

Envisager de mener des recherches sur les interactions dynamiques et évolutives entre les écritures du sacré et les écritures poétiques implique tout d’abord une tentative de définition de concepts qui lui sont liés au sacré tels que la spiritualité et la mystique, lesquels, on le sait, s‘avèrent pourtant indéfinissables. Même si les définitions dans ces domaines se révèlent souvent réductrices, incomplètes ou parfois simplificatrices, il sera sans aucun doute fécond de les commenter ou d’en proposer de nouvelles.

Ce qui nous intéresse, c’est de faire un état de la question sur ces notions afin de déceler les incidences des écritures du sacré sur des œuvres ou des textes contemporains dont le contenu ne relève pas forcément du sacré ou du religieux, d’examiner comment est reformulé le sacré, et dans quelle mesure se jouent le glissement ou le déplacement de modalités expressives (thèmes, motifs, procédés rhétoriques) des œuvres ou des textes admis comme sacrés, spirituels ou mystiques vers des modes d’expression poétiques contemporains.

Pour orienter la réflexion, on admettra que si l’on peut entendre par sacré « la catégorie centrale par laquelle s’exprime l’aspect essentiel d’une vision religieuse du monde », tout ce qui relie l’homme au divin, ainsi que l’expérience du tout autre (selon le Dictionnaire de la spiritualité de Marcel Viller lequel croise les observations de Rudolf Otto, de Micea Eliade ou encore celles de Roger Caillois).
Quant à la spiritualité et à la mystique, elles appartiennent au domaine du rapport de l’homme au sacré. La mystique elle, suppose « que l’on tente d’établir un rapport direct, immédiat, intime avec Dieu », elle est, ce que Roger Caillois nomme le « sacré intérieur ». Appliqué à un texte donné, le qualificatif de mystique peut s’ouvrir considérablement, si l’on retient la définition de Philippe Sers dans la préface à Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier de Kandinsky : « Mystiques, en tant que modes de connaissance et d’existence à la fois étrangers et supérieurs à la connaissance et à l’existence normales ».

Traditionnellement, le sacré est associé à l’idée de transcendance divine, mais au vingtième et vingt-et-unième siècles d’autres types de transcendances, ou d’« épiphanies du sacré » ne sont-ils pas repérables? Des champs herméneutiques beaucoup plus vastes s’ouvrent avec la formulation de Michel de Certeau, à propos de la mystique comprise comme « l’émergence d’une réalité universelle ou absolue », avec l’expression de « mystique sauvage » de Michel Hulin, et avec celle du dictionnaire Robert, où la « spiritualité » est définie comme « ce qui est indépendant de la matière, mais toutefois d’ordre moral. ».

L’expression du sacré n’étant pas forcement liée à une croyance déterminée, on peut y intégrer tout ce qui touche au discernement du bien et du mal et plus largement au jugement que l’on porte sur les choses, et à la valeur qu’on leur accorde. Nous admettrons également les observations de Christian Bobin dans l’émission de France Culture « Les racines du ciel » du 03/11/09 qui ouvrent le spirituel à la captation d’un monde invisible, les choses étant plus que leurs apparences, plus que ce qu’elles donnent à voir. Il existe un monde infini et c’est dans le plus familier que peut se construire le plus lointain, l’infini. Le poète est privilégié dans cette démarche, il est un « éveilleur » d’infini. C’est avec justesse que Christian Bobin définit l’esprit comme « le vivant du vivant », et l’homme le trouve s’il regarde le monde avec une profondeur nouvelle. En donnant une grande place au spirituel, l’auteur se situe dans une tradition qui traverse l’histoire de notre pensée. Une attention remarquable au temps peut être portée : l’éphémère et l’éternel constituant la texture des textes étudiés. La quête de l’Être, conduite dans une mise en résonance de l’âme humaine dans un « voilé-dévoilé », est également une thématique privilégiée dans nombre de textes dits « sacrés » ou « spirituels ».
La spiritualité, comme la mystique, peut être également dialogue intérieur avec soi-même, une forme de présence à soi-même, cette « expérience du soi » dont parle Olivier Lacombe. Selon Marie de Hennezel, « en faisant grandir une force intérieure », cet « aller à l’intérieur de soi permet d’être présent aux autres ». Alors pourquoi ne pas parler de spiritualité de l’ici-maintenant et dans l’ici-maintenant lorsque le langage poétique s’approprient des éléments du langage mystique ? S’il ne sert pas à glorifier Dieu, le sacré n’est pas pour autant abandonné. Il émerge d’une parole qui est dépassement, ce qui se montre est un ailleurs qui est ici, une présence le plus souvent insaisissable. Il est retrouvé autrement, dans une permanence activée et réitérée de la quête de l’être, d’un principe de vie grâce auquel tout est sens, et signe vers un au-delà de la perception immédiate.

S’il existe un reniement de l’ici-maintenant pour un au-delà, de quelle manière est-il formulé? L’expérience de l’Autre ou du tout autre est-elle coupée du réel, faut-il laisser « tomber le corps, le quotidien » (pour reprendre une expression de Fabrice Midal, dans Risquer la liberté ), ou s’agit-il d’un déchirement entre l’ici-maintenant et son au-delà possible ? Comment est exprimé l’ici-bas comme tremplin pour une expérience de l’autre, ou de l’Autre, en résonance avec les textes renvoyant à une parole sur le sacré ? On s’attachera à montrer quelles modalités expressives du sacré sont réutilisées ou de nouvelles sont créées, puisque certaines « réalités, mots, choses, temps, espaces peuvent acquérir la valeur du sacré lorsque se manifestent en elles» ce qui peut être assimilable à « l’efficacité de la puissance divine. ».

Comme le montre Michel de Certeau, la mystique est un « territoire de déploiement entre le vide et l’évidence » en rapport avec « une origine manquante », ainsi, pour rendre compte de la perte, de l’absence et de l’alliance des contraires convient-il d’étudier comment est mise en oeuvre une rhétorique de l’indicible, de « l’espace du désir ». La spiritualité ne consiste pas forcément à s’élever hors de l’immédiateté ; elle peut se dire sans abandon de la réalité, mais plutôt, à la manière de certains mystiques, comme une entrée en elle, comme une mise en présence des choses et des êtres avec une intensité rare. L‘écriture, dans son versant mystique, ne peut-elle pas aussi être l’expression d’une « faim irrestible d’ exister », comme l’explique María Zambrano à propos de Saint Jean de La Croix ? On pense également à Romain Rolland qui, à la manière de Bergson , décrit l’expérience mystique comme « quelque chose d’illimité, d’infini » ou encore comme « une sensation religieuse toute différente des religions proprement dites : sensation de l’éternel, sentiment océanique ». À ces approches, nous ajouterons celle d’une recherche « fruitive de l’absolu ou d’un absolu », telle qu’est définie l’expérience mystique, dans les travaux de Louis Gardet et Olivier Lacombe ; et Jacques Maritain de préciser : « C’est à dessein que le mot absolu est écrit ici sans A majuscule. […], toute expérience mystique n’est pas expérience de Dieu ».

On l’a compris, l’objet de cette recherche consistera à étudier comment les formes expressives du sacré nourrissent les créations poétiques de leurs thèmes, de leurs motifs, de leurs procédés stylistiques, de leurs images et de leurs symboles, et de quelle manière elles propulsent l’expression poétique dans la sphère du sacré, d’où la nécessité de combiner les approches anthropologique, historique, théologique et littéraire afin d’éclairer le fondement et le fonctionnement de l’interaction des principes discursifs entre la sphère du sacré et l’écriture poétique. Replacer les formulations de cette tension vers le sacré dans une perspective diachronique s’impose afin de calibrer le mode de transcription contemporain de la sacralisation. À travers cette étude des formes, l’objectif est de rendre manifeste une transversalité générique et transculturelle, une perméabilité et une hybridation des modalités expressives des textes confrontés dans une perspective interdisciplinaire.

Modalités de soumission

  • Des communications sont attendues dans des différentes disciplines des arts et des sciences humaines.
  • Les propositions devrons être envoyées par courrier électronique (en fichier attaché sous le format « doc ») à l’adresse suivante : hidalgo.bachs@yahoo.fr
  • avant le 30 septembre 2012.

  • Les propositions de communication se présenteront sous la forme d’un résumé de 15 lignes environ, et comporteront le nom, les coordonnées et l’institution du ou des auteurs, un bref CV, ainsi que cinq mots clé de recherche.
  • Lieu du colloque : MSH. Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.
  • Organisatrice: Bernadette Hidalgo Bachs, MCF HDR Université Blaise Pascal, Clermont II. CELIS.

Comité scientifique :

  • Danielle Boutet, (Professeur. Université du Québec à Rimouski (Canada)
  • Jean-Pierre Dubost (Professeur. UBP. Clermont II)
  • Bernadette Hidalgo Bachs ( MCF HDR, UBP Clermont II)
  • María Dolores Muñoz (SEJ 126. Université de Grenade-Junta de Andalucía)
  • Saulo Nieva ( Professeur. UBP. Clermont II)






Lieux

  • 4 rue Ledru (CELIS - Maison des Sciences de l’Homme)
    Clermont-Ferrand, France

Dates

  • dimanche 30 septembre 2012

Mots-clés

  • écritures, poétiques, écriture sacré, anthropologique, historique, théologique, esthétique, littéraire, interaction, esthétique, spirituel

Contacts

  • Bernadette Hidalgo-Bachs
    courriel : CELIS [at] univ-bpclermont [dot] fr

Source de l'information

  • Bernadette Hidalgo-Bachs
    courriel : CELIS [at] univ-bpclermont [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Écritures poétiques et écritures du sacré : interactions », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 27 avril 2012, https://doi.org/10.58079/ku5

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