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Séminaire IDEMEC

IDEMEC seminar

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Publié le mardi 15 mai 2012

Résumé

Le terme communauté, en raison de sa polysémie, de sa prolifique médiatisation mais également de ses usages constamment renouvelés, constitue un réel objet d’interrogation sur un plan scientifique. Toutes les approches et définitions de ce concept au cours de son histoire, laissent transparaître l’existence et la permanence d’un lien social, constitué à partir d’un trait caractéristique, qui fasse « communauté ». Pour autant, le questionnement sur la construction, la reproduction ou l’appartenance à la communauté demeurent. La communauté se réduit-elle à un vocable permettant au chercheur de désigner le groupe sur lequel il travaille ? De ce fait, une réflexion sur le concept même de communauté nous semblait nécessaire.

Annonce

Argumentaire

L’emploi du terme communauté nous est devenu familier, son usage est prolifique dans les médias, admis dans les productions scientifiques et fait sens auprès des acteurs. Sa sémantique révèle pourtant divers niveaux de langage et sa polysémie des réalités sociales variées. La communauté se réduit-elle à un vocable permettant au chercheur de désigner le groupe sur lequel il travaille ?

Dans le contexte des sciences sociales, le terme communauté définit a priori un groupe de personnes liées par au moins un trait caractéristique partagé. N’y a-t-il pas de pertinence, au regard de l’historicité du terme, d’en faire usage en anthropologie ? Quelles en sont ses conceptualisations scientifiques aujourd’hui ?

Trouve-t-on dans la recherche actuelle des catégorisations opérantes pour définir la communauté ? C’est la question centrale que l’on a souhaité poser au cours de ce séminaire. Divers axes ont ainsi été privilégiés :

  • Malgré la variété des usages scientifiques, deux tendances conceptuelles de la communauté persistent : une approche culturaliste et une démarche historique. Comment, à partir d’une recontextualisation historique de la notion, peut-on interroger la pertinence des définitions scientifiques actuelles de la communauté ?
  • La pérennité de la communauté tient à sa reproduction entretenue par des modalités de filiation diverses. Quels sont donc ces socles communautaires ? L’affiliation –de sang, d’origine mythique, religieuse, géographique ou territoriale– peut-elle être pertinente comme condition sine qua non de l’appartenance ?
  • Dans les sociétés contemporaines, l’utilisation massive de ce terme pour désigner des groupes ayant acquis une nouvelle visibilité, remet en question la définition de cette relation sociale constitutive de la communauté (communauté homosexuelle ou communauté en réseau virtuel). Quelle est-elle ? Comment s’élabore et s’exerce-t-elle ? Est-on face à de nouvelles modalités d’exercice pertinentes ou au contraire, ne s’agit-il que de modifications ou d’applications élargies des définitions premières ?

Programme

Journée du 18 juin 2010 – « Doit-on jeter la communauté avec l’eau du bain ? Pour une approche critique de la communauté »

Au cours d’une première journée sur ce thème, nous avons placé le questionnement sur l’épistémologie et l’historicité de la notion. L’histoire complexe de la notion a été retracée dans une partie introductive.

  • « Die jüdische Gemeinde : une communauté fictive ». Karine Michel (IDEMEC)
L'objectif était d'apporter un regard critique sur la communauté, à partir du cas des communautés juives d’ex-Allemagne de l’Est. Cette communication, reprenant tour à tour les différents critères classiques de définition d’une communauté, a permis de démontrer la non pertinence de son usage face à une réalité observée.
  •  « Méditerranée : intercommunauté ? ». Marc Aymes (CNRS CETOBaC - EHESS, Paris)
Il s'agissait d'analyser les différentes acceptations et usages historiques de la notion : tout d’abord comme fétichisation du terme, puis comme syntagme relevant l’hétérogénéité de son emploi et enfin comme étant un paradigme de l’aire culturelle. Marc Aymes a aussi présenté une comparaison de ce qu’il a nommé les re-trans-cryptions de la communauté par comparatisme avec les terminologies de la notion au sein de l’aire méditerranéenne.

Journée du 13 mai 2011 – « Communauté : entre filiations et affiliations »

Pour cette deuxième séance, il nous semblait plus pertinent d’inverser notre approche de la notion. Les intervenants, non spécialistes de la « communauté », ont interrogé cette dernière à partir de contextes spécifiques et circonscrits. Il s’agissait ainsi de travailler autour des caractéristiques qui « font communauté », afin d’en analyser la pertinence dans une optique plus anthropologique.

L’axe de cette séance portait sur les phénomènes de filiations et d’affiliations à une communauté. Sa pérennité tient, en effet, à sa reproduction entretenue par des modalités de filiation diverses. Quels sont donc ces socles communautaires ? L’affiliation –de sang, d’origine mythique, religieuse, géographique ou territoriale– peut-elle être pertinente comme condition sine qua non d’une appartenance ?

 Introduction : Karine Michel et Marie-Laure Boursin

  • « Entre filiation et affiliation dans le Vieil Ordre Amsih : l'appartenance en jeu ». Fabienne Randaxhe, maître de conférences Université St-Etienne, GSRL.
  • « Identité, ordre et violence dans les Balkans ». Jean-François Gossiaux, directeur d’études à l’EHESS, Paris
  • « Les modes de filiation à la « communauté tsigane ». Le cas des Manouches et des Voyageurs en France». Alain Reyniers, professeur à l’Université Catholique de Louvain, (Louvain-la-Neuve, Belgique)

Journée du 25 mai 2012 – « De Facebook au LGBT : les nouveaux usages de la communauté »

Au cours d’une première journée, nous avons placé le questionnement sur l’épistémologie et l’historicité de la notion. Lors d’une deuxième séance, nous avons interrogé les phénomènes de filiation et d’affiliation à une communauté, au travers de trois critères principaux (la religion, la parenté et le sang), afin d’appréhender les mécanismes de reproduction et pérennisation de cette dernière.

Dans cette dernière séance, nous souhaiterions nous attacher à la diffusion médiatique et scientifique du terme de communauté pour désigner des groupes toujours plus diversifiés, tels que les communautés homosexuelles ou virtuelles et interroger ainsi la pertinence analytique de ses nouveaux usages. Dans ces acceptions élargies, que devient le lien social inhérent à la notion de communauté ? Sur quel trait caractéristique s’élabore-t-il et comment se pérennise-t-il ? Au travers du « réexamen serré » (Guérin, 2004) auquel nous invite ces nouvelles communautés, il s’agira donc de s’interroger sur les élargissements conceptuels éventuels, voire sur de nouvelles définitions à apporter à la notion de communauté, notamment dans le champ anthropologique.

14h00 - 14H30  –  Introduction, Marie-Laure Boursin et Karine Michel

  • 14h30 - 15h00 –  L’usage « entrepreneurial » de la communauté : l’exemple des communautés de pratique

    Francis Guérin, maître de conférences, INSA, Rouen

Le monde des organisations – et notamment celui des entreprises – n’est pas avare de l’usage du terme de « communauté ». Et cet usage ne va pas sans compliquer encore la tâche du chercheur qui cherche à l’interroger. En effet, depuis Frédéric Le Play, les sociologues sont avertis de la difficulté propre à leur entreprise de connaissance de leur propre société et que connaissent à un moindre degré ethnologues et anthropologues : doivent-ils se forger un vocabulaire propre à la discipline (ce à quoi appelait Frédéric Le Play) ou peuvent-ils se contenter en guise de concepts des termes fournis par le vocabulaire courant et utilisés par le sens commun ? « Communauté » pose ce problème avec une acuité toute particulière car les sociologues qui travaillent ou ont travaillé sur les mouvements contre-culturels des années 1970, les communautés de pratique actuelles ou encore les communautés de production nées après la Seconde Guerre mondiale se heurtent ou se sont heurtées à la difficulté particulière d’étudier un objet où la « communauté » est à la fois une appellation revendiquée par les acteurs du terrain et un concept pertinent pour l’analyse.

Ces terrains, s’ils ne rajoutent pas à la polysémie et à la profusion des usages du terme (cela est-il encore possible), posent la question de la relation, de l’enrichissement mutuel, voire de la contamination, entre les usages savants et les usages communs d’un même mot. Ils confrontent inévitablement à la porosité pouvant exister entre le monde des chercheurs et le monde des acteurs : les mots employés peuvent être l’un des vecteurs de cette porosité qui peut, dans un cas comme celui des communautés de pratique, confiner à la confusion pure et simple des deux univers.

Enfin, ces « nouvelles communautés » – pour reprendre l’argumentaire du séminaire – nous semblent d’une certaine manière être très classiques au regard des usages faits tant du concept de communauté dans la sociologie que de la revendication communautaire dans la société contemporaine : si le sens en est « nouveau » en ce que l’objet auquel ils s’appliquent est récent, la fonction remplie tant par la mobilisation du concept que par la revendication du terme restent exemplaires et archétypiques de leurs usages antérieurs. Et c’est précisément là le sens de notre communication : nous voudrions montrer que, dans ses usages contemporains, l’unité du concept et du terme même de communauté sont plus à chercher du côté du rôle qu’il remplit dans le discours que dans son contenu, irrémédiablement et irréductiblement polysémique.

  • 15h20 - 15h50  –  Lieux de drague et circuit festif gay : la communauté sexuelle en question

    Laurent Gaissad, chercheur associé LAMC, Bruxelles

Il existe des espaces à ciel ouvert ou à guichet fermé, en ville comme à la campagne, de jour et de nuit, où les hommes ont la possibilité d’avoir des relations sexuelles entre eux sans être reconnus, ou sans avoir à se reconnaître publiquement comme « homosexuels » (Gaissad, 2005, 2009, 2010).

On verra ici comment la persistance d’une telle « dispersion » sexuelle entre hommes est entrée en tension avec l’expression d’une homosexualité devenue un enjeu d’opinion et de droit au prisme du militantisme gay et de la lutte contre le sida. Loin d’une définition ethnographique de l’identité « mélangée, relationnelle, inventive » (Bayart, 1996), les recherches épidémiologiques ont construit une subjectivité problématique (Halperin, 2007) sur base d’une communauté comportementale spécifique, très tôt réduite à un « groupe à risque », et ignorant toute dimension culturelle des liens socio-sexuels en jeu. En rupture avec l’anonymat indifférencié des rencontres entre hommes dans les lieux de drague publics, mes enquêtes récentes sur le circuit festif gay, les réseaux d’amitié sexuelle et les usages de psychotropes, m’ont amené à poursuivre la critique des approches biomédicales tout en reconsidérant radicalement les formes collectives d’expression de l’identité (Lewis & Ross, 1995 ; Race, 2009) : les transactions sociales en vigueur dans cette subculture (Rubin, 2010) mettent en effet au défi la notion de communauté par un régime d’échanges ténus dans l’espace transnational européen et, simultanément, sur internet. Il s’agira dès lors de dire en quoi le corps, le désir et le social en interaction n’y produisent a priori pas que des isolats subjectivement « autres », marqués par le seul risque ou le manque à être soi, mais un ensemble de « formes intersubjectives autres ».

15h50 - 17h00  –  Discussion

Lieux

  • 5 rue du château de l'Horloge (MMSH)
    Aix-en-Provence, France

Dates

  • vendredi 25 mai 2012
  • vendredi 18 juin 2010
  • vendredi 13 mai 2011

Mots-clés

  • communauté, homosexualité, virtuelles, lien, réseau

Contacts

  • Karine Michel
    courriel : michel [at] mmsh [dot] univ-aix [dot] fr
  • Marie-Laure Boursin
    courriel : boursin [at] mmsh [dot] univ-aix [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Karine Michel
    courriel : michel [at] mmsh [dot] univ-aix [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Communauté(s) », Séminaire, Calenda, Publié le mardi 15 mai 2012, https://doi.org/10.58079/kz4

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