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Les enjeux de l'intervention sociale territoriale

The stakes of territorial social intervention

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Publié le lundi 04 juin 2012

Résumé

À partir d’un regard multidisciplinaire — où se croisent le travail social, les sciences politiques, la géographie, la sociologie, les études urbaines, etc. —, nous voulons dans ce dossier soulever les enjeux, les défis, et analyser de façon critique les conditions à mettre en œuvre pour développer de façon démocratique des interventions sociales territoriales locales avec les communautés.

Annonce

Argumentaire

À partir d’un regard multidisciplinaire — où se croisent le travail social, les sciences politiques, la géographie, la sociologie, les études urbaines, etc. —, nous voulons dans ce dossier soulever les enjeux, les défis, et analyser de façon critique les conditions à mettre en œuvre pour développer de façon démocratique des interventions sociales territoriales locales avec les communautés. En fait, tout en focalisant sur le développement territorial à l'échelle locale, l'axe central de ce dossier porte sur comment, selon une perspective multiscalaire — à plusieurs échelles de territoire ou inter-territoire —, les pratiques de développement social territorial local peuvent créer des conditions politiques, culturelles et économiques en appui au pouvoir des personnes et des communautés pour transformer leurs conditions de vie et d’existence? La question de la construction identitaire des territoires est également au centre de cette perspective : comment, au travers d'actions concrètes, en arrive-t-on à développer des représentations du territoire local qui permettent aux résidents, individuellement et collectivement, d'accroître leurs capacités d'action dans leur vie? Comment investir le local en considérant le rôle interactif joué par les autres niveaux régional, provincial et national?

Ce questionnement, posant l’intervention sociale selon un horizon territorial local, tout en comprenant ce local dans ses appartenances et dynamiques plus verticales, peut constituer un lieu de réflexion et d'innovation privilégié pour l’avancement des connaissances sur les pratiques sociales à visée démocratique; des pratiques ancrées localement et en mesure de développer des ressources et des conditions d’action — objectives, subjectives et intersubjectives — permettant aux personnes et aux communautés de se reconnaître et d’être reconnues comme actrices de leur développement.

Nous entendons ici « l’intervention sociale territoriale » au sens d'un développement local à la fois économique, social, politique, culturel et géographique. À partir de territoires de quartier, petites villes ou villages, et la participation citoyenne comme socle, s'articulent différentes méthodes d’intervention — individuelle et collective — dont la co-construction de projets intersectoriels. Différents acteurs (écoles, services sociaux, logements, employeurs, organismes, citoyens, etc.) reconfigurent leurs liens et leurs approches pour intervenir de manière plus globale auprès des personnes comme des communautés. À l’encontre de postures en extériorité à la culture, l'histoire et les particularités des milieux, nous sollicitons des réflexions et des analyses de pratique impliquant les populations locales dans toute leur diversité, dont les personnes directement visées par ces projets. L'intervention sociale territoriale constitue donc un enjeu important pour le renouvellement démocratique de l'action sociale, tant sur les plans de la conception des services publics, du rôle des organismes communautaires et de la manière d'intervenir auprès des personnes.

De façon plus générale, quelles conceptions de la pratique démocratique sous-tendent l’intervention sociale territoriale? Pour quelles finalités? De longue date, les pratiques d'organisation communautaire ont investi les mobilisations citoyennes opérant selon, et au nom, de l'appartenance territoriale locale. Pensons par exemple au grassroot democracy aux États-Unis, mais également, dans les années 1960, à l'émergence des comités de citoyens dans des quartiers de Montréal et d'autres villes du Québec et, en milieu rural, dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, à l'expérience du Bureau de l'aménagement de l'est du Québec (BAEQ) suivi, dans les années 1970, des Opérations dignité et des expériences de développement intégré du JAL .
Or, depuis une vingtaine d'années, sous d'autres modalités, nous assistons à une résurgence de ce référent local, et souvent au sein même du discours public. Tout un mouvement au Québec, notamment autour des expressions de développement social, de développement des communautés et de revitalisation intégrée vise à mobiliser dans leur diversité les communautés locales autour de projets intégrés de développement. En fait, la plupart des acteurs publics, le plus souvent chacun de leur côté, qu’il soit de la santé et des services sociaux, de l’emploi, des municipalités ou du développement local, font valoir dans leur politique, du moins à certains moments, le besoin d’interventions intersectorielles et de mobilisation citoyenne. Comment interpréter ces discours? Expriment-ils une réelle volonté de poser les communautés locales actrices de leur développement? Comment dépasser les modes d'intervention en silos? Ces orientations annoncent-elles une transformation des rapports des institutions publiques avec les communautés locales? Enfin, dans quelle mesure cette ouverture des services publics sur l'action territoriale, dont les modes de gestion et les programmes demeurent centralisés, ne bloquent-ils pas le développement d’un potentiel d’autonomie sociale des communautés locales?

Par exemple, le programme national de santé publique du Québec (2003-2012) invite explicitement les acteurs dans le champ de la santé à développer des stratégies d’action de soutien au développement des communautés, une « action intersectorielle favorable à la santé et au bien-être ». On parlera également de la responsabilité populationnelle comme levier pour innover dans la mise en œuvre de nouveaux programmes. Ces ouvertures sont intéressantes, mais, faute d’en faire connaître les repères théoriques, idéologiques et politiques, elles peinent dans les faits à faire sens localement. Sur le terrain, à l’échelle locale, les intervenants, soumis à des logiques verticales de programme et de reddition de compte manquent de marges de manœuvre. Comment est-il possible de contourner ces rigidités de facto bloquant le chemin aux processus d'innovation, d’appropriation locale des communautés et de négociation avec les acteurs institutionnels intersectoriels? Et qu'en est-il de l'action communautaire autonome dans ce contexte? Les logiques sectorielles d'appartenance entrent-elles là aussi en tension avec les dynamiques d'appartenance territoriale locale? En référant aux organismes communautaires, les uns feront valoir qu'une compréhension territoriale d'eux-mêmes peut favoriser des dynamiques positives de transformations sociales locales; les autres, à l'inverse, percevront dans la participation du communautaire à des projets locaux d'intervention sociale territoriale le danger du repli, sur un local, qui entrave une lecture plus structurelle des problèmes sociaux? Et puis, pour le milieu communautaire, investir le local, se joindre à d'autres acteurs selon un référent spatial local d'appartenance, n'est-ce pas glisser vers une logique de compromis venant atténuer la capacité du milieu communautaire à se fonder selon une posture autonome et des revendications particulières?

Voici un certain nombre de questionnements pouvant faire l'objet d'articles dans ce dossier :

  • Comment définit-on l’intervention sociale territoriale et ses finalités?
  • Quelles sont les conditions favorables au renouvellement démocratique des processus d’intervention sociale territoriale?
  • Comment les politiques publiques peuvent-elles favoriser l’émergence de dynamismes territoriaux locaux et demeurer en dialogue avec ces mêmes communautés locales sur les paramètres du développement local?
  • Comment peuvent s'articuler les logiques de mouvements sociaux, communautaires ou autres avec celles des mobilisations citoyennes et multi-acteurs autour de projets locaux?
  • Comment penser et articuler les objectifs de lutte à la pauvreté et l’exclusion avec ceux de l’intervention sociale territoriale?
  •  Dans la sphère de l'habitat et du logement, comment les défis de la gentrification, de la mixité sociale et des projets de revitalisation urbaine posent-ils l'enjeu de l'intervention sociale territoriale?
  •  En santé mentale, quels enjeux de cohésion et de participation soulèvent le développement d'approches plus territoriales d'intervention?

Modalités de soumission

Les manuscrits doivent être soumis par courrier électronique à Nouvelles pratiques sociales (nps@uqam.ca).

avant le 15 novembre 2012

Aucun article ne devra dépasser 35 000 caractères (espaces compris), notes, bibliographie et tableaux inclus.

Pour toute question relative à ce dossier thématique, les auteures et auteurs sont invités à communiquer avec les responsables :
  • Jacques Caillouette
    Professeur
    Département de service social
    Université de Sherbrooke
    Tél. (819) 821-8000 (poste 62251)
    Courriel : jacques.caillouette@usherbrooke.ca
  • Jean-François Roos
    Organisateur communautaire CSSS-IUGS de Sherbrooke
    Regroupement québécois des intervenants et intervenantes en action communautaire en CSSS (RQIIAC)
    Tél. (819) 823-8152 (poste 46345)
    Courriel : jfroos.csss-iugs@ssss.gouv.qc.ca
  • Jean-François Aubin
    Directeur
    Réseau québécois de revitalisation intégrée (RQRI)
    Tél. (819) 386-7764
    Courriel : jfaubin@rqri.org
Vous trouverez le guide pour la présentation des articles dans la revue et vous pouvez le consulter sur notre site Web (http://www.nps.uqam.ca/appel/guide.php).

Dates

  • jeudi 15 novembre 2012

Mots-clés

  • organisation communautaire, territoire, représentations, construction identitaire, renouvellement démocratiques des pratiques sociales

Contacts

  • Elisabeth Cote
    courriel : nps [at] uqam [dot] ca

Source de l'information

  • Elisabeth Cote
    courriel : nps [at] uqam [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les enjeux de l'intervention sociale territoriale », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 04 juin 2012, https://doi.org/10.58079/l56

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