AccueilEngagements et tensions autour de la rénovation urbaine

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Engagements et tensions autour de la rénovation urbaine

Expériences locales et comparaisons internationales

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Publié le mercredi 26 septembre 2012

Résumé

Le colloque « Engagements et tensions autour de la rénovation urbaine » organisé par l’UMR LAVUE et le centre SUD et qui se tiendra à Paris les 25 et 26 janvier 2013 a pour objectif d’appréhender la rénovation urbaine selon quatre principaux questionnements : quelles sont les convergences entre les formes historiques de la rénovation et ses modalités actuelles, dans des contextes sociétaux et urbains pourtant très contrastés ? Les développements récents des métropoles mondiales dans les pays en développement amènent-ils à reconsidérer les formes d’action et de justification des acteurs engagés pour ou contre la rénovation urbaine ? Comment appréhender les tensions que la rénovation urbaine peut générer, sachant que la multiplication des projets s’inscrit dans un double processus de métropolisation et de privatisation de l’espace urbain ? Enfin, quelles sont les réponses publiques et civiques (formes d’engagement, de mobilisations sociales ou de médiation) apportées à ces situations de fortes tensions urbaines et sociales ?

Annonce

PRESENTATION

Les processus récents de rénovation urbaine s’inscrivent dans des logiques d’internationalisation accompagnant de très fortes mutations urbaines et socio-économiques. On considère ici la rénovation urbaine dans une acception large. Elle renvoie certes majoritairement à des opérations publiques de démolition/reconstruction pilotées par des agences (ANRU en France)  mais aussi à des interventions qui conservent le bâti dans un souci patrimonial tout en entraînant des changements résidentiels et de fortes vulnérabilités. Nous pouvons à ce stade distinguer deux appareils argumentaires et opérationnels distincts. On peut ainsi identifier une première vague de rénovation d’envergure (autour des années 70) qui avance, en Europe, un objectif de résorption de l’habitat insalubre, dégradé ou taudifié (H. Coing, 1966). Elle  se justifie au nom de l’intérêt général et de la modernité. La seconde vague, qui prend corps surtout à partir de la fin des années 90 associe toujours la rénovation urbaine à un objectif de modernisation, souvent couplé à un renouvellement des populations ou à un référentiel de mixité sociale (C. Lelévrier, 2010). Elle s’accompagne volontiers de « mégaprojets » (U. Lehrer, 2008) dans la plupart des villes portées par un objectif de compétitivité internationale où s’investissent des capitaux en partie exogènes ou transnationaux. Dans la plupart des métropoles se désignant comme des villes internationales, l’habitat précaire périphérique et ou l’habitat central dégradé constituent une cible privilégiée pour la rénovation urbaine ou les opérations d’éviction en particulier les bidonvilles ou les quartiers en situation centrale et péricentrale (J.F Pérouse, 2007). Aux contours de ces opérations, de nouveaux modes opératoires apparaissent à travers la diversification des investissements disponibles (S. Benjamin, 2011).

La rénovation urbaine provoque le plus souvent des revendications citoyennes, identitaires, basées sur la peur de la perte matérielle et mémorielle, sur l’incertitude résidentielle. Ces changements brutaux mettent en crise les recours aux réseaux sociaux, les  solidarités locales et les représentations du vivre ensemble. Aussi, dans une perspective complémentaire, il s’agira d’appréhender les processus de production de projets ou les politiques publiques dans leurs modalités opératoires, en observant les formes de légitimation publique d’opérations le plus souvent redoutées ou impopulaires (F. Navez-Bouchanine, I. Berry-Chikhaoui, 2005). Le renouveau des formes de mobilisations sociales dans le sillage de ces rénovations urbaines réinterroge ainsi la question des mouvements sociaux autour de  la double question de l’ancrage et de l’éviction (Y. Cabannes et alii, 2010). De même, l’identification des modalités selon lesquelles les gouvernements locaux et les sociétés civiles s’emparent de ces processus conduit à questionner la démocratisation de l’aménagement, du projet urbain, et la gestion politique et locale des vulnérabilités sociales. Le renouvellement des exigences citoyennes draine, autour des variations de la rénovation urbaine, des collectifs de citadins et des associations (A. Deboulet, 2010) dont il faut cerner les contours et également les proximités croissantes avec les professionnels de l’urbain.

Les recherches récentes semblent montrer la modification des formes de mobilisation et la montée en régime de nouvelles formes de médiation. Ces dernières permettent de voir émerger des demandes d’alternatives, des visions du futur qui mettent au défi les logiques financières de transformation de la ville (N. Brenner, 2010). Dans ce contexte, des métropoles voient émerger de nouvelles formes d’action publique et de mobilisation, voire de contre-projets ou de projets participatifs ou coopératifs qui sont tant le fait de professionnels – urbanistes, architectes notamment – que de chercheurs et de résidents.

Ce colloque se propose donc d’appréhender les relations complexes et changeantes des modèles d’intervention publique et des normes sociales locales (G. Pinson, 2010; P. Watt, 2009) pour comprendre la persistance et les modalités des rénovations urbaines et leur diverses résonances sur les tissus sociaux, économiques et urbains des métropoles.

  • Quelles sont ainsi les convergences entre les formes historiques de la rénovation et ses modalités actuelles, dans des contextes sociétaux et urbains pourtant très contrastés ?
  • Les développements récents des métropoles mondiales dans les pays émergents et/ou en développement amènent-ils à reconsidérer l’ampleur et la nature des grammaires de motivation des acteurs engagées pour, contre ou dans la réforme de la rénovation urbaine ?
  • Sachant que l’accélération du recours à la rénovation urbaine s’inscrit dans un processus de métropolisation et de privatisation, comment appréhender les tensions ainsi engendrées et les réponses publiques et civiques à ces incertitudes ?
  • Les engagements et les formes de médiation qui permettent de penser ces futurs proches à partir de pratiques existantes sont donc au centre de ce colloque. Comment analyser l’émergence de nouvelles pratiques amenant professionnels et citadins à inventer d’autres façons de produire de la ville ?

AXES DU COLLOQUE

Axe 1 : Politiques et acteurs de la rénovation urbaine à l’heure globale : une approche comparée

Cherchant à s’affirmer comme des acteurs politiques et des acteurs économiques compétitifs, les villes et métropoles multiplient les grands projets d’équipement et les opérations de rénovation des centres historiques et des quartiers populaires. Quels sont les modes opératoires de ces opérations de rénovation urbaine ? (étapes des projets, configurations d’acteurs, populations et territoires cibles …). Peut-on esquisser une tendance globale de la « rénovation urbaine », et y a t-il aujourd’hui vraiement l’espace pour la « rénovation douce » Qui sont donc les acteurs de la rénovation urbaine aujourd’hui dans les villes occidentales et dans les métropoles des Suds et du Nord ? Comment se formalisent leurs stratégies ? À quelle(s) étape(s) de la rénovation interviennent-ils ? Quelles compétences mobilisent-ils ? Comment comparer des expériences nationales et locales diversifiées ? (Contexte sociopolitique, politiques économiques, législation, etc.) En quoi ces croisements fabriquent et favorisent-ils la circulation de nouvelles pratiques ?

Axe 2 : Coalitions d’acteurs et visées de la rénovation urbaine : un examen critique

La combinaison de systèmes de financement et de montages opérationnels rend souvent la mécanique de la rénovation urbaine difficilement évitable par les collectivités locales (France, Etats-Unis, Turquie…). Quelles marges de manoeuvre sont malgré tout laissées au changement des pratiques ? Quels sont les registres discursifs relatifs à la rénovation urbaine et à ses attendus?

Il s’agira ici de réfléchir aux objectifs déclarés/reconnus mais aussi aux non-dits des projets. Et de cerner les modes opératoires et formes d’association entre capital financier et autres acteurs de la production foncière de l’économie formelle ou souterraine
(« thugs », démolisseurs, revendeurs de terres, négociateurs, vendeurs de promesses, etc.). Quels sont les enjeux et implication du secteur privé au sens large, dont le rôle décisif dans ces opérations est souvent négligé et de ses relations ou collusions avec le secteur public ?

De façon générale, on tentera de mieux entrevoir les visées réelles ou possibles des acteurs publics et privés de la rénovation urbaine ainsi que les effets sur les paysages urbains, les économies territoriales et les résidents.

Axe 3 : Engagements croisés des «habitants», praticiens et chercheurs : quel renouveau des formes de contestation, de coopération et de médiation ?

Les projets de rénovation provoquent de fortes tensions et incertitudes qui poussent les citoyens à se mobiliser, à s’organiser collectivement et à inventer de nouvelles formes de contestation, de résistances et de coopération. Les praticiens et les chercheurs sont au cœur de ces évolutions, étant de plus en plus nombreux à s’engager en-dehors des dispositifs institutionnels pour promouvoir une vision collaborative du projet urbain. Ils contribuent ainsi parfois à faire évoluer les dispositions des différents acteurs à coopérer ainsi que leurs représentations. À travers ces engagements croisés, de nouvelles formes de médiation sont expérimentées et de nouvelles compétences se formalisent. Ces engagements permettent aussi de faire évoluer les cadres juridiques et institutionnels.

Qui sont les différents acteurs engagés pour une rénovation urbaine citoyenne et collaborative ? Comment les citoyens vont-ils chercher des soutiens et ressources pour consolider leur mobilisation ? Comment interagissent-ils avec les praticiens et chercheurs qui s’engagent sur le terrain ? Quelles sont les attentes et revendications formulées à l’égard de ces professionnels engagés ? Quelles sont les modalités d’accès et d’appropriation de ces nouvelles formes d’engagement citoyen et collaboratif ? Quels savoirs sont échangés et quelles compétences formalisées dans cette interaction ? En quoi cela renouvelle t-il le champ de la critique urbaine ?

ORGANISATION

Modalités de l’appel à communication

Les propositions de communication devront parvenir avant le 22 octobre 2012 sous forme d’une page de 5000 signes maximum (espaces compris) accompagnée d’un CV.  Elles devront préciser les terrains et les méthodes engagées. Les réponses et résumés seront mis en ligne le 5 novembre 2012.

Les langues de travail des communications seront le français et l’anglais. 

Les communications retenues devront parvenir sous une forme rédigée le 11 janvier 2013 afin d’être transmises aux autres intervenants.  Il s’agira d’un document plus détaillé  :  texte de communication de 25000 signes maximum, déroulé de présentation détaillé, ou encore Powerpoint.

Le colloque se déroulera à l’ENSA - Val de Seine les 25 et 26 janvier 2013. Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine,
3, Quai Panhard et Levassor, Paris 13ème

Contact

Secrétariat du colloque : Bénédicte Dubiez
Courriel :  colloqueru@gmail.com

Site :  http://colloqueru.wordpress.com/

Comité scientifique

Isabelle Berry-Chikhaoui, Maître de conférences,  Université de Montpellier, ARC-DEV.
Olivier Boucheron, Maître assistant,  ENSA-Paris La Villette, LAA-LAVUE Paris.
Yves Cabannes, Chair of Development Planning,  University College of London.
Valérie Clerc, Chargée de recherche Institut de Recherche pour le Développement.
Agnès Deboulet, Professeure  Université Paris 8 Saint-Denis, CRH LAVUE Paris.
Mona Fawaz, Associate Professor, Département d’Architecture et de Design, Université Américaine de Beyrouth.
Muriel Girard, Maître assistante,  ENSA-Marseille, INAMA.
Matthieu Giroud, Maître de Conférences,  Université Paris-Est Marne-la-Vallée, CRH LAVUE Paris.
Rainier Hoddé, Professeur,  ENSA-Lyon, CRH LAVUE Paris.
Christine Lelévrier, Professeure,  Institut d’Urbanisme de Paris, LAB’URBA.
Jean François Pérouse, Maître de conférences,  Université Galatasaray, IFEA Istanbul.
Rafael Soares Gonçalves, Maître de Conférences, Université Catholique de Rio de Janeiro.
Paul Watt, Senior Lecturer, Département de Géographie, Birbeck University, Londres.
Murat Cemal Yalcintan, Lecturer,  Département d’Architecture et d’Urbanisme, Université des Beaux-Arts de Mimar Sinan, Istanbul.

Comité d’organisation :

Khedidja Mamou, Doctorante, Université Paris-Ouest La Défense, CRH LAVUE Paris.
Clémence Petit, Doctorante, Université de Strasbourg, GSPE, IFEA Istanbul.

Lieux

  • Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine - 3 Quai Panhard et Levassor
    Paris, France (75)

Dates

  • lundi 22 octobre 2012

Mots-clés

  • rénovation urbaine, tensions urbaines, engagement, mobilisation sociale, médiation, développement, métropole, métropolisation, privatisation, conflit, expulsion, gouvernance, partenariat, association, relogement, démolition

Contacts

  • Bénédicte Dubiez
    courriel : colloqueru [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Bénédicte Dubiez
    courriel : colloqueru [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Engagements et tensions autour de la rénovation urbaine », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 26 septembre 2012, https://doi.org/10.58079/lo7

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