AccueilCoopérants et coopération en Afrique : circulations et transferts culturels (de 1950 à nos jours)

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Coopérants et coopération en Afrique : circulations et transferts culturels (de 1950 à nos jours)

Cooperators and cooperation in Africa: circulation and cultural transfer (1950 to the present day)

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Publié le vendredi 26 octobre 2012

Résumé

Aux lendemains des indépendances en Afrique, d’intenses circulations de personnels aux compétences variées perdurent entre anciennes métropoles et colonies et les coopérants en sont des figures majeures. Si la sociologie et les sciences politiques se sont déjà penchées sur le cadre institutionnel, les figures et les pratiques des coopérants, l'histoire permet d’examiner à nouveaux frais cette question, en mobilisant les outils de l'historiographie transnationale et de la sociologie de la circulation des idées et en insistant sur les interactions, les médiations et les hybridations culturelles coproduites par cette rencontre entre coopérants et partenaires ou sociétés des pays d’accueil. Ce colloque examinera le sens et les discours de légitimation des trajectoires en coopération, à travers des portraits de groupes ; il analysera, sur le terrain, les interactions et les transferts entre acteurs mais aussi les circulations et reformulations des pratiques et des savoirs. Enfin dans une perspective comparative, il envisagera la coopération venu de « l'Est ».

Annonce

Colloque organisé par :

  • le groupe de recherches sur l’Afrique et l’Océan Indien (AOI) du Laboratoire SEDET-Université Paris 7 Denis-Diderot
  • et le Centre d'Histoire de Sciences Po (CHSP) de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

29 -30 novembre 2012, à l’Université Paris 7 Denis-Diderot, Bâtiment Olympe de Gouges, Campus Paris Rive Gauche

Présentation

Aux lendemains des indépendances en Afrique, les relations sont loin d’être rompues entre anciennes métropoles et colonies ; d’intenses circulations de personnels aux compétences variées perdurent. Ainsi en France, entre 1961 et 1998, avant d’être intégré au ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Coopération organise l’envoi de milliers d’assistants techniques et militaires d’abord dans les pays dits « du champ » - anciennes colonies françaises - puis dans d’autres pays, francophones et non francophones d’Afrique. La Grande-Bretagne mais aussi des Etats non colonisateurs comme les Etats-Unis, l’URSS ou Cuba ont envoyé des personnels travailler en Afrique dans le cadre d’accords bilatéraux.

La problématique de la « coopération » émerge cependant dès avant les indépendances : les puissances coloniales, notamment française, britannique et belge, organisent dès 1950 une Commission pour la Coopération technique au Sud du Sahara (CCTA), visant à coordonner les actions de développement en Afrique et à tisser des liens avec l’Europe naissante. Toutefois, avec les indépendances, les politiques de coopération sont surtout bilatérales. Ces quelques repères chronologiques invitent à considérer l’histoire de la coopération en explorant les continuités – en termes de politiques, de structures, de personnels…- en amont et en aval des indépendances, car les décolonisations constituent un processus inscrit dans la durée plus qu’une rupture brutale.

Si la sociologie et les sciences politiques se sont déjà penchées sur le cadre institutionnel, les figures et les pratiques des coopérants, l'histoire permet d’examiner à nouveaux frais cette question, en mobilisant les outils de l'historiographie transnationale et de la sociologie de la circulation des idées, en insistant sur les interactions, les médiations et les hybridations culturelles co-fabriquées par cette rencontre entre acteurs des anciennes métropoles et colonies.

Après une journée d’étude sur les coopérants en Afrique (Université Paris 7-Denis Diderot, décembre 2009) dans le cadre d’un groupe de recherche, le séminaire "Relations culturelles transnationales : institutions, savoirs, pratiques » du Centre d’Histoire de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris en relation avec le SEDET de Paris 7, a consacré sa troisième année d'existence (automne 2011) à l'étude des coopérants français en Afrique, comme situation de rencontre postcoloniale à grande échelle, des débuts de la coopération institutionnelle proprement dite dans les années 1960 aux années 1980, période la plus intense et la plus documentée pour l’instant. La France est en effet la première « exportatrice mondiale » de coopérants dans les années 1970.

Après avoir examiné au cours de ce séminaire diverses figures de coopérants (militants, experts, intellectuels critiques…) et différents champs de la coopération (culturelle, artistique, administrative, judiciaire, scientifique…), l’interrogation sera centrée dans ce colloque international des 29 et 30 novembre 2012 sur la question des circulations et des transferts culturels.

Dans cette perspective, quatre problématiques se dégagent qui organiseront les sessions de ce colloque.

1) Sens et discours de légitimation des trajectoires en coopération - portraits de groupes

La sociologie propose une approche plutôt globale de ces dizaines de milliers d'hommes et de femmes, souvent jeunes, qui s'engagèrent dans une action de coopération. Mais au nom de quoi partaient-ils ? Quelles étaient leurs motivations concrètes et symboliques et leurs attentes ? Celles-ci recoupaient-elles les discours de justification des politiques de coopération ? Ces agents, découvrant un mode de vie particulier, des formes de sociabilité spécifiques, vivaient également une forme de désocialisation par rapport à l'espace métropolitain. Dans quelle mesure la coopération, expérience unique ou répétée dans des parcours complexes, est-elle vécue ou non comme une expérience de réciprocité, de solidarité ou de participation au « développement » et prend-elle une signification politique à l’heure du relativisme culturel anthropologique mais aussi des messianismes tiers-mondistes ? Comment ces discours et leur légitimation évoluent-ils au fil des années ?

2) Sur le terrain : acteurs et interactions. Transferts culturels, recompositions, hybridations

L’interrogation souhaite se placer au cœur des transferts de savoirs et de pratiques - en postulant que se trouve en jeu bien plus qu'un simple apport de qualification professionnelle ou d'aide technique. En variant les champs d’activités professionnelles ou de loisirs (théâtre et cinéma, administration, droit, enseignement et recherche…), en examinant l’inscription dans l’espace de ces rencontres, l'analyse de cas singuliers et des interactions multiples entre coopérants et ressortissants des pays d’accueil, permettra de voir précisément comment s'énonçaient, des deux côtés, l'offre et l'appropriation de références « occidentales » ou « communistes » et africaines. Quels étaient les obstacles – techniques, culturels… - à de tels transferts ?

3) Circulations et reformulations des pratiques et des savoirs

Le retour, souvent plusieurs fois ajourné, de l’expatrié(e) se produit néanmoins. Dans quelle mesure l’expérience à l’étranger, pour le compte d’universités ou d’organismes scientifiques, constitue-t-elle une rupture ou une parenthèse dans une trajectoire professionnelle, politique, personnelle ou une étape dans des parcours complexes ? Dans quelle mesure induit-elle des circulations et des transferts en termes de méthodologies, de propositions et de références scientifiques ? Ou encore des décentrements par rapport aux paradigmes de formation et des reformulations originales des savoirs ? Quelle diffusion et quelle réception sont réservées à ces propositions « hybrides » dans les champs scientifiques des pays d’accueil et d’origine ?

4) Une dimension comparative et transnationale : la coopération venue de « l’Est »

La coopération n’est pas seulement un phénomène occidental : l’envoi de specialisty (« spécialistes ») dans des pays en développement a été encouragé par l’URSS et les démocraties populaires. Quelles ont été les spécificités de l’expérience de coopération en Afrique de techniciens venus « de l’Est », de la Chine ou de Cuba, de « pays amis » et non d’anciennes métropoles ? S’agit-t-il ‘d’un choc culturel’ comme pour certains coopérants venus du camp soviétique ou d’une expérience structurante pour la construction de l’idée de la nation comme dans le cas de Cuba ? Quelle a été la perception de ces coopérants en Afrique ?

Programme

Jeudi 29 novembre 2012

Accueil : 8h30

Ouverture : 9h00

Philippe Hugon, Professeur émérite en sciences économiques, Université Paris Ouest Nanterre, directeur de recherche à l’IRIS, en charge de l’Afrique : « Portrait des coopérants et des administrateurs de la France d’outre-mer au tournant des indépendances. »

1e session : Sens et discours de légitimation des trajectoires en coopération, portraits de groupe : 09h45 – 12h00

Présidente : Françoise Raison, Professeur émérite, Université Paris 7 Denis-Diderot

Discutante : Emmanuelle Loyer, Professeur, Centre d’histoire de Sciences Po

  • Julien Hélary, doctorant Paris 7 Denis-Diderot, SEDET, AMN : « Des empereurs sans empire : l’administrateur colonial devient coopérant »
  • Julien Meimon, Chercheur en Sciences politiques, CERI : « Devenir coopérant. Les logiques contrariées de la professionnalisation des "développeurs »
  • Jean Fremigacci, CEMAF, Paris I : « Apogée et mise à mort de la coopération universitaire avec Madagascar (1975-1992) »
  • Véronique Dimier, ULB, Belgique : « Liaisons dangereuses : transferts et réseaux, de l'administration coloniale à l'administration européenne du développement ».

2e session : Sur le terrain : acteurs et interactions 14h00 – 17h00

Présidente : Anna Pondopoulo, SEDET, université Paris 7 Denis-Diderot, INALCO

Discutant : Omar Carlier, professeur, SEDET, université Paris 7 Denis-Diderot

  • Morgan Corriou, université de Bretagne-Sud :« Coopérants et ciné-clubs au Maghreb ».s
  • Céline Labrune-Badiane, AIHP/Géode, université des Antilles et de la Guyane : « Maryse Condé ou la coopération comme quête identitaire (1959-1972) ».
  • Honoré Ouédraogo, Université Saint Thomas d'Aquin, Ouagadougou : « Les coopérants dans l'enseignement secondaire en Haute-Volta : un regard de l'intérieur».
  • Jean-Claude Rabeherifara, sociologue, CILDA Université Nanterre Paris Ouest-La Défense : « Elève puis collègue au contact de coopérants entre 1964 et 1984 à Madagascar. Distances et interactions ».
  • Marc Michel, Professeur émérite, Université de Provence : « la coopération universitaire entre science et politique : l'exemple de Renaud Paulian ».

Vendredi 30 novembre 2012

3e session : Circulations et reformulations des pratiques et des savoirs 9h30-12h00

Président : Julien Meimon, chercheur en Sciences politiques, CERI

Discutante : Marie Scot, Centre d’Histoire de Sciences Po

  • Françoise Raison, professeur émérite, Paris 7 Denis-Diderot : « La pédagogie des coopérants enseignants. Un diagnostic délicat concernant les transferts culturels ».
  • Guillaume Lachenal, maître de conférences, IUF, Université Paris 7 Denis-Diderot : « Expériences franco-africaines de la recherche médicale en coopération »
  • Florence Renucci, chargée de recherche, CNRS, Lille 2 : « les professeurs coopérants et la reformulation du droit »
  • Marie-Albane de Suremain, maître de conférences SEDET, université Paris 7 Denis-Diderot, UPEC-IUFM de Créteil : « Expérience de coopération et reformulation des savoirs en sciences sociales ».

4e session : La coopération venue « de l’Est » 14h00-17h00

Présidente : Faranirina Rajaonah, Professeur, SEDET, Université Paris 7 Denis-Diderot

Discutant : Fritz Taubert, Professeur, Université de Bourgogne

  • Raquel Ribeiro, University of Nottingham : « le syndrome d’Angola. Une mémoire culturelle de la présence cubaine en Angola »
  • Anna Pondopoulo, INALCO/SEDET, Université Paris 7 Denis-Diderot : « les coopérants soviétiques en Guinée et au Mali dans les années 1960-80 »
  • Pedro Rosa Mendès, Doctorant, EHESS : « La Guinée-Bissau entre Communisme et Nationalisme : le rôle des coopérants soviétiques et cubains dans la formation des appareils militaires et sécuritaires en Afrique »
  • Berthold Unfried, université de Vienne : « La vie quotidienne des coopérants de la RDA en Afrique (les années 1970-1980) : entre la norme et sa transgression ».

Synthèse et conclusion

Lieux

  • 5 rue Thomas Mann
    Paris, France (75013)

Dates

  • jeudi 29 novembre 2012
  • vendredi 30 novembre 2012

Mots-clés

  • coopérants, Afrique, histoire sociale, histoire culturelle, circulations, transferts culturels

Contacts

  • Marie-Albane de Suremain
    courriel : marie-albane [dot] desuremain [at] u-pec [dot] fr

Source de l'information

  • Marie-Albane de Suremain
    courriel : marie-albane [dot] desuremain [at] u-pec [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Coopérants et coopération en Afrique : circulations et transferts culturels (de 1950 à nos jours) », Colloque, Calenda, Publié le vendredi 26 octobre 2012, https://doi.org/10.58079/ly4

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