Accueil« Changing the Tune » : musiques populaires et politique au XXIe siècle

Accueil« Changing the Tune » : musiques populaires et politique au XXIe siècle

« Changing the Tune » : musiques populaires et politique au XXIe siècle

"Changing the Tune": Popular Music & Politics in the XXIst Century

De la chute du communisme au Printemps arabe

From the Fall of Communism to the Arab Spring

*  *  *

Publié le mardi 30 octobre 2012

Résumé

Le champ d’étude dédié aux musiques populaires a abondamment exploré la question politique. S’y est développée une tradition, féconde, d’analyse des rapports entre musique et pouvoir, des pratiques symboliques par lesquelles passe l’affirmation identitaire des subcultures (cultural, gender, postcolonial studies), ainsi que de la politisation des musiques populaires, depuis les mouvements syndicaux du XIXe siècle jusqu’aux héritiers de la contre-culture des années 1960. En revanche, rares sont les auteurs à s’être penchés sur les effets du nouveau contexte géopolitique et technologique de la fin du XXe et du début du XXIe siècles. Les transformations géopolitiques, culturelles et technologiques suivant la chute du bloc soviétique, l’accélération de la mondialisation, l’avènement de l’ère numérique et d’internet ou, plus récemment encore, les bouleversements politiques tels que le Printemps arabe et les différentes déclinaisons du mouvement « Occupy », par exemple, sont encore trop timidement étudiés par les chercheurs. Depuis plus de vingt ans désormais, les musiques populaires ont recomposé les formes de leur engagement en puisant dans la diversité du matériau qu’offrent un long héritage tout autant que ce nouvel environnement. C’est sur ces nouveaux usages, pratiques et significations politiques que nous souhaitons réfléchir à l’occasion de cette conférence internationale.

Annonce

Argumentaire

Notre réflexion s’organisera autour de cinq axes :

1. La musique comme arme politique

Les musiques populaires ont accompagné l’histoire des luttes sociales, culturelles et politiques. Comment pouvons-nous analyser leur efficacité ? Quel est leur rôle dans l’accompagnement de luttes sociales : servent-elles à cimenter des mouvements déjà constitués et à galvaniser des troupes ? ou peuvent-elles véritablement porter un message et persuader, provoquer ou déstabiliser leurs adversaires ? Si ces musiques sont « la bande-son » de changements politiques ou sociaux, n’en constituent-elles qu’un simple accompagnement, ou participent-elles à leur avènement ?

La manière dont ces musiques fédèrent les masses ne doit cependant pas être conçue naïvement, en termes seulement progressistes. La question du rapport entre musique, action et imprégnée d’ambiguïté et de contradictions. Nous invitons donc les participants à interroger également l’envers de cette politisation : quelles sont les musiques populaires qui refusent toute « contamination » politique ou encodent dans leurs formes et significations mêmes un refus du politique ? N’y a-t-il pas des usages ambivalents de telles musiques, qui en contrediraient les fonctions d’origine et remettraient en cause cette dichotomie trop évidente entre musiques engagées et musiques « apolitiques » ? De même, si la musique peut accompagner une violence moins manifestement politique, voire nihiliste, et dont les usages ignorent ou méprisent ces objectifs émancipateurs , quel tableau dresser aujourd’hui de la politique des subcultures musicales ?

2. Musiques politiques, entre héritage et révolution

Dans la mesure où ces musiques s’inscrivent dans une tradition, il faut interroger leur originalité et la façon dont elles jouent avec leur héritage. Le nouveau contexte historique a-t-il bouleversé les choix et les formes de politisation des musiques populaires ? Quels sont les formes-sens qui, désormais, portent une parole politique, et à quelles conditions ? Et quel est le rapport que ces musiques entretiennent avec les traditions de politisation qui les ont précédées (phénomènes de reprises, de détournements divers : correspondances musicales en 2005 entre Katrina et d’autres inondations, participation de musiciens de la contre-culture des Sixties à Occupy Wall Street, etc.) ? Il s’agira de considérer les relations que les musiques protestataires entretiennent d’une époque à une autre, mais aussi entre mouvements contemporains. La question se pose également d’un point de vue géographique : y a-t-il une circulation mondiale entre les différentes traditions musicales de lutte ? Les musiques populaires jouent-elles le même rôle dans les différents mouvements actuels (Printemps arabe, mouvement #Occupy, Printemps Érable au Canada…) ? Les études comparatives seront privilégiées.

3. Musique, identité et nationalisme

Les musiques populaires accompagnent la cristallisation et la construction de nouvelles communautés (sub)culturelles. Ce fut le cas à l’occasion du processus d’effondrement du bloc soviétique, de l’éclatement de la Yougoslavie, ainsi que des ruptures politiques récentes dans de nombreux pays latino-américains. Certaines affirmèrent de nouvelles identités progressistes, opposées aux injonctions de l’ordre ancien. Les musiques populaires permettent également de rassembler des communautés d’immigrés, et de jeter un pont entre passé et présent en alliant structures traditionnelles et genres, instruments, médias nouveaux – nostalgie et revendications sociales. Elles peuvent ainsi se faire le support d’une transition identitaire, d’une assimilation d’une culture à une autre. Mais il arrive inversement qu’elles reflètent de nouveaux antagonismes de classes et de cultures, traduisent une radicalisation identitaire et accompagnent des mouvements nationalistes, comme ce fut notamment le cas dans les Balkans, en Europe de l’Est ou en Russie.

4. Esthétique, pratiques numériques et politique

Les développements de l’informatique musicale et des nouveaux réseaux sociaux (de partage, de création) ouvrent un champ radicalement neuf aux pratiques tant esthétiques (reprises, sampling, mashups, shreds…) que sociales (réseaux sociaux, peer-to-peer & filesharing) au cœur des musiques populaires. En quoi cette nouvelle révolution musicale entraine-t-elle simultanément de nouveaux usages et de nouvelles significations politiques ? Ces changements technologiques participent-ils au développement de la puissance politique des musiques populaires ? Comment évaluer politiquement l’ambivalence de ces « arts de faire » qui, tout en exprimant une grande créativité esthétique, peuvent du même élan ignorer ou contribuer à faire disparaître des héritages symboliques ou politiques ? Les nouvelles technologies sont peut-être le lieu d’une collaboration ou d’un conflit entre engagement politique et émancipation culturelle.

5. La mise au pas des musiques populaires : censure, torture et propagande

La charge politique et la puissance fédérative des musiques populaires peuvent se mesurer à la réaction qu’elles suscitent des autorités. Certains États les identifient à une menace à leur stabilité et à la perpétuation d’un ordre dans lequel le peuple a peu voix au chapitre. Les musiques populaires sont, au XXIe siècle, encore la cible de censures et de répressions, partout dans le monde. Des chansons interdites après le 11 septembre à la violence à l’égard des « emos » en Irak, en passant par le procès de Pussy Riot, récemment, les régimes contre lesquels s’élèvent déviants et/ou contestataires prennent (parfois) les critiques musicales et l’anticonformisme artistique très au sérieux.

Conscientes de la puissance de la musique, les autorités politiques et morales cherchent également à s’en servir comme arme de propagande, qu’il s’agisse de « soft power » américain ou de l’instrumentalisation de succès musicaux pendant les guerres en Ex-Yougoslavie. Les états moraux et psychologiques des troupes peuvent également être altérés par l’écoute de musique lors d’opérations militaires. Reconnues comme armes de contestation et de propagande, les musiques populaires trouvent enfin leur détournement politique le plus extrême quand un régime les utilise à des fins de torture.

Conditions de soumission

Les propositions de présentations doivent être envoyées par email aux adresses suivantes :

avant le 31 décembre 2012.

Une réponse sera donnée avant le 30 mars 2012, après évaluation par le comité scientifique.

Elle comprendra :

  • nom et courte biographie ;
  • contacts (email, téléphone, adresse) ;
  • titre, présentation/résumé (800 à 1.000 mots) : ne pas envoyer l’ensemble de la présentation ;
  • en anglais, allemand ou français (mais la conférence aura lieu en anglais) ;
  • références bibliographiques (5 à 10) ;
  • word 2004 (.doc ou .rtf), Times, 12 pts, espacement 1,5.

Les présentations dureront 20 minutes +10 minutes de questions-réponses.

Des actes choisis seront publiés fin 2014. La participation à la conférence ne garantit pas la publication.

La conférence se tiendra à l’université de Strasbourg, les 7 et 8 juin 2013.

Informations pratiques

Les frais d’inscription s’élèvent à 30 euros – nous avons fait de notre mieux.

Hébergement : de plus amples informations seront données plus tard dans l’année sur des possibilités d’hébergement pas cher. Nous recommandons néanmoins aux participants de se renseigner assez tôt sur ces questions ;

Un dîner sera organisé : coût estimé : environ 20 €.

Organisateurs

  • Alenka Barber, Université de Hambourg, Arbeitskreis Studium Populäre Musik
  • Elsa Grassy, Université de Strasbourg, SEARCH (EA 2325), International Association for the Study of Popular Music-branche francophone d’Europe
  • Jedediah Sklower, Université Catholique de Lille, Volume ! la revue des musiques populaires

Comité scientifique (susceptible de modifications)

  • Ralph von Appen, Université de Giessen, Allemagne
  • Esteban Buch, École des Hautes Études en Sciences Sociales, France
  • Hugh Dauncey, Université de Newcastle, Grande-Bretagne
  • André Doehring, Université de Giessen, Allemagne
  • Gérôme Guibert, Université de Paris III, Sorbonne Nouvelle
  • Patricia Hall, Université du Michigan, États-Unis
  • Olivier Julien, Université de Paris IV, Sorbonne
  • David Looseley, Université de Newcastle, Grande-Bretagne
  • Rosa Reisamer, Université de Vienne, Autriche
  • Deena Weinstein, Université DePaul, États-Unis
  • Sheila Whiteley, Université de Salford, Grande-Bretagne
  • Intervenants principaux
  • Martin Cloonan, Université de Glasgow, Grande-Bretagne
  • Rajko Muršič, Université de Ljubljana, Slovénie

Dates

  • lundi 31 décembre 2012

Mots-clés

  • musiques populaires, musiques actuelles, politique, mouvements sociaux, Printemps arabe, Occupy Wall Street, militantisme, répression, censure, musique

Contacts

  • Jedediah Sklower
    courriel : jedediah-sklower [at] hotmail [dot] com
  • Alenka Barber-Kersovan
    courriel : fk8a003 [at] uni-hamburg [dot] de
  • Elsa Grassy
    courriel : grassy [at] unistra [dot] fr

Source de l'information

  • Jedediah Sklower
    courriel : jedediah-sklower [at] hotmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « Changing the Tune » : musiques populaires et politique au XXIe siècle », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 30 octobre 2012, https://doi.org/10.58079/lyi

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search