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La formation dans tous ses états dans les pays du Maghreb

Training in all its states in the countries of the Maghreb

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Publié le mardi 27 novembre 2012

Résumé

Appel à articles pour le numéro thématique « La formation dans tous ses états dans les pays du Maghreb » pour la revue Esprit critique. L’objet de cet appel à articles est de faire le point sur les acquis en matière de formation dans les trois pays du Maghreb central ; d’identifier les ressources et les contraintes quant à la consolidation des systèmes éducatifs efficients ; et de faire toute sa part à la formation des jeunes et des femmes. C’est à coup sûr le critère pertinent dans la perspective de l’avènement d’une société salariale « protectrice ». Les propositions pourront porter sur des situations prises dans l’un ou l’autre pays. Des analyses comparatives sont fortement souhaitées. 

Annonce

Argumentaire

« Chaque dimension du rapport salarial acquiert sa spécificité dans une société donnée à travers les relations stables que cette dimension entretient avec les autres. L’étude de ces relations permet ainsi de lever l’indétermination qui semble résulter de l’observation de fortes différences nationales. Elle conduit en effet à affirmer la force des cohérences sociétales à travers lesquelles le salariat se construit dans chaque pays comme entité irréductible au rapport économique et au rapport social qui le fondent »[1]

Au Maghreb, la problématique de la formation est d’une actualité brûlante, car elle révèle au grand jour les maux qui affectent –inégalement, certes− le Maroc, l’Algérie et la Tunisie : pauvreté, précarité, chômage, y compris celui des diplômés, relative pression démographique et fuite des cerveaux vers d’autres cieux plus avantageux tirent ces trois pays vers des rangs assez alarmants des indices du développement humain. Parallèlement à ces difficultés chroniques, s’amplifient dans lesdits pays, à des degrés fluctuants et variables, l’analphabétisme, l’illettrisme, le suivisme ‘’aveugle’’ en matière d’éducation, l’inefficience des systèmes de formation, l’inadéquation des politiques éducatives, débordées ou simplement non pertinentes… La relation dialectique entre l’éducation, la formation et l’emploi, peut être analysée, et ce quel que soient les aménagements des politiques ‘’nationales’’, à travers des indices majeurs transversaux, telle la situation de la femme dans ces sociétés toujours considérées comme « patriarcales »[2], ou tel le degré de vulnérabilité de diverses tranches de populations. Si l’on ajoute à ces constantes sociétales les mutations qui s’imposent aussi bien de l’intérieur (l’irruption –souvent très violente− de la ‘’rue’’ comme source ou menace de revendication, les soucis de gouvernance de territoires où la paix et les équilibres sont de plus en plus difficiles à tenir…) que de l’extérieur (choix stratégiques de formation dans un contexte méditerranéen ou mondial…), l’enjeu de la formation semble, par ricochet, une entrée intéressante pour appréhender et comprendre les transformations des sociétés maghrébines ; qui toutes doivent compter avec un cercle bien moins vertueux que les revendications du bien hibernal ‘’printemps arabe’’ : ces sociétés ont besoin de créer les équilibres économiques rêvés, mais nul équilibre n’est possible sans les compétences idoines, pour lesquels les moyens font souvent défaut, en dépit des efforts consentis… 

La question des diplômés chômeurs dans les sociétés du Maghreb est centrale. Elle révèle l’état de la qualité de la formation et de ses débouchés effectifs, en même temps qu’elle interroge les collectivités nationales sur leurs capacités à offrir, à celles et à ceux qui ont réussi, au prix d’efforts titanesques consentis par ceux-ci, par leur famille et par les Etats eux-mêmes, à obtenir un diplôme et un poste rémunéré, une reconnaissance sociale. Subséquemment et à ce propos, et aussi bien les diplômés que leurs interlocuteurs gouvernants tentent de donner, chacun, une vision et une définition ‘’motivée’’ et orientée, territoriale (aussi bien au sens symbolique que stratégique)  de ce qui semblait faire consensus chez les spécialistes, des deux notions ‘’éducation’’ et ‘’formation’’ : si la téléologie de la première est ‘’citoyenne’’, la finalité ultime de toute formation est de mener à l’emploi, garant du lien social et de la citoyenneté active et fonctionnelle, face –entre autres− aux exigences du marché exacerbées par les processus de la mondialisation. Les Ministères de l’enseignement restent pour une large part, cantonnés dans l’éducation…

A titre d’illustration, les statistiques disponibles à l’heure actuelle font état d’un accroissement du nombre des diplômés (chômeurs) dans les trois pays du Maghreb central (Maroc, Algérie, Tunisie) : mais il faut rester très vigilant quant à ces statistiques et procéder à une lecture lucide, compte tenu d’un environnement où règne en maître le secteur informel : « Vendeurs de cigarettes à la sauvette, pâtissières (crêpes) et boulangères (pain) à domicile, commercialisant le soir leur production du matin, marchands des quatre saisons, vendeurs d’eau, cordonniers en plein vent, pourvoyeurs de lunettes Ray Ban et autres contrefaçons à la terrasse des cafés, bonnetiers des coins de rues, écrivains publics, peintres et vitriers, plombiers et réparateurs se louant pour la journée aux abords des marchés, tout un peuple vit et survit dans les villes du Tiers Monde, et notamment dans celles du Maroc. Un peu d’astuce, beaucoup d’audace, rien à perdre, un peu de hasard ou de chance et quelques dirhams d’investissement initial, c’est tout ce qu’il faut pour pénétrer dans ce genre de profession »[3]. Ce tableau particulièrement éloquent des formes de travail dans la société marocaine, pour ne citer que celle-ci, garde encore aujourd’hui sa pleine pertinence ; les différentes « professions » ainsi inventoriées font plus figure d’un fait social total dans les pays du Maghreb. Les États s’en accommodent souvent ; fermer l’œil est plus aisé que de réprimer, ou que de trouver des solutions plus structurelles. Une profusion de diplômés chômeurs assure l’animation de ce secteur. Leur répartition est fortement tributaire du cursus ‘’de formation’’ suivi ; à cet égard les plus vulnérables sont issus, le plus souvent, des études ‘’générales’’ dont l’unique issue reste la fonction publique ou territoriale, pour lesquelles les emplois et les postes ouverts sur concours sont limités. On compte si peu de chômeurs exploitant réellement la formation correspondant à leur diplôme d’origine. Une reconversion ‘’sauvage’’ s’ensuit… 

L’introduction, ici et là, des modules de ‘’formation’’ de ‘’culture entrepreneuriale’’ est à la fois un aveu d’échec et une rustine qui ne comblera jamais les défaillances en formation dans des sections dont la conception même s’éloigne génétiquement de tout souci d’employabilité ou d’esprit d’entreprise. La formation, rappelons-le, dépend fortement de la variable de la CSP générant une forme de reproduction que P. Bourdieu a brillamment illustré à partir du cas français. Par ailleurs, les inégalités territoriales sont toujours aussi prégnantes en matière d’accès à la formation : ainsi les villes, vivier autant des écoles de formation que des industries et des services, connaissent un engouement des populations détentrices des capitaux économique, culturel, social et symbolique. Quant aux espaces ruraux reculés, ils se caractérisent par l’indigence de l’offre de formation, voire d’un déficit de scolarisation accru.

L’objet de cet appel à articles est de

  • faire le point sur les acquis en matière de formation dans les trois pays du Maghreb central ;
  • d’identifier les ressources et les contraintes quant à la consolidation des systèmes éducatifs efficients ;  
  • et de faire toute sa part à la formation des jeunes et des femmes. C’est à coup sûr le critère pertinent dans la perspective de l’avènement d’une société salariale « protectrice ».

Les propositions pourront porter sur des situations prises dans l’un ou l’autre pays. Des analyses comparatives sont fortement souhaitées. 

Les articles devront se rapporter à l’un des axes suivants :

  • Etat des lieux de l’emploi et de la formation dans des pays du Maghreb en pleine mutation économique, éducative, sociale et politique ;
  • Politiques de l’emploi suivies dans chacun des pays du Maghreb dans une perspective comparée ;
  • Vecteurs décisionnels et de gouvernance existants et alternatifs dans le domaine de l’éducation nationale et de la formation professionnelle ;
  • Facteurs et aspects majeurs de restructuration ou de redynamisation du « lien professionnel » ;
  • L’Université maghrébine face aux défis de la formation et de l’employabilité ;
  • Place et problématique de l’informel dans le marché du travail ;
  • La formation traditionnelle : ses ressorts et ses limites en matière de formation et d’emploi.

Soumission des propositions

Les articles proposés doivent comprendre notamment l’intitulé provisoire, la problématique du papier, les techniques méthodologiques mobilisées, les résultats de l’étude et les mots clés de la contribution, doivent être envoyées aux coordinateurs du numéro thématique :

avant le 31 mars février mars 2013 pour lecture en ‘’double aveugle’’.

Prière de se reporter aux règles de soumission des articles en suivant ce lien : http://www.espritcritique.fr/collaborer/soumettre.asp

Les auteurs seront avertis des décisions du comité de lecture le 31 mai 2013.

Notes

  • [1] Maurice M., Sellier F. et Silvestre J.-J. (Maurice et al. 1982), Politique d’éducation et organisation industrielle en France et en Allemagne, Paris, PUF, p. 14.
  • [2] Labari B., « Le patriarcat à l’épreuve de la mondialisation économique. Le cas du travail féminin dans les entreprises françaises délocalisées à Casablanca », in Marché du travail et genre. Maghreb – Europe, Jacqueline Laufer, Catherine Marry, Margaret Maruani, Danièle Meulders et al., Bruxelles, Brussels Economic Series, Editions du DULBEA, 2004, pp. 307-317.
  • [3] Daoud Z. (1980), Emploi sans formation, formation sans emploi. Le cas du Maroc, Annuaire de l’Afrique du Nord, p. 71

Comité de rédaction de la revue

http://www.espritcritique.fr/informations/comite.asp


Dates

  • dimanche 31 mars 2013

Fichiers attachés

Mots-clés

  • formation, emploi, travail

Contacts

  • Brahim Labari
    courriel : labarib [at] yahoo [dot] ca

URLS de référence

Source de l'information

  • Brahim Labari
    courriel : labarib [at] yahoo [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La formation dans tous ses états dans les pays du Maghreb », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 27 novembre 2012, https://doi.org/10.58079/m8b

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