AccueilPraxéologies et éthiques de la géographie sociale

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Praxéologies et éthiques de la géographie sociale

Praxeologies and the ethics of social geography

Expériences et regards croisés de chercheurs

Experiences and cross perspectives of researchers

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Publié le mardi 05 février 2013

Résumé

La géographie sociale ne se développe plus dans les mêmes contextes ni dans les mêmes cadres institutionnels qu’il y a vingt ans. Ses questionnements, ses méthodes, ses concepts sont introduits maintenant dans des institutions privées d’enseignement supérieur et / ou des formations axées sur la professionnalisation. Quelles sont les conséquences et les implications de ces changements de contextes organisationnels ? Quelles théories de l’action (tant au plan de l’enseignement que de la recherche) émergent ? Quelles sont les finalités poursuivies par les chercheurs dans leurs contextes professionnels et avec quelles implications éthiques ? Plus largement, où se fait aujourd’hui la géographie sociale et dans quelles conditions effectives ? Où peut-elle se faire et se dire ? Cette journée voudrait proposer un moment d’échange permettant de s’interroger collectivement sur « les lieux de la géographie sociale » aujourd’hui.

Annonce

La rencontre aura lieu le 28 juin 2013.

Argumentaire

Cette journée a pour objectif de poursuivre un type de questionnement initié par le passé dans d’autres contextes scientifiques, économiques, sociaux et institutionnels. Ce questionnement dans sa forme la plus simple vise à s’interroger sur les lieux légitimes d’une pratique et d’un discours de géographie sociale. Y a-t-il de « bons » lieux et de « bonnes » circonstances pour faire de la géographie sociale ?

D’un point de vue rétrospectif, les colloques de géographie sociale de Caen en 1996[1] et 1999[2] avaient respectivement pour titres « Espaces et sociétés de la fin du XXe siècle : quelles géographies sociales ? » et « Faire la géographie sociale aujourd’hui ». Implicitement, l’un et l’autre de ces colloques incitaient à interroger la légitimité scientifique de la géographie sociale au sein de la communauté des géographes et de celle élargie des chercheurs en sciences sociales. Ils visaient à interroger ses discours, ses pratiques de recherche, ses implications sociétales et celles du géographe lui-même, ses résultats significatifs, ses pistes de développement dans les champs didactique et méthodologique. Et de fait, ces deux publications ont réuni des travaux couvrant ces interrogations et ouvrant la voie à une réflexivité collective sur ce que signifie « faire de la géographie sociale ».

Une situation émerge qui semble nouvelle et pose donc de nouvelles questions. En effet, la géographie sociale – comme pratique d’enseignement et de recherche – sort de plus en plus de l’Université – notamment des UFR et Départements de géographie – et s’enseigne aujourd’hui en École de Commerce ou en IUT[3]. Elle peut se référer maintenant à des pratiques avérées et assumées de consulting[4]. Dans ces contextes organisationnels, la géographie sociale participe d’un processus dont la finalité est l’insertion professionnelle à court terme des étudiants (i.e. : dans les mois suivants la fin de leur formation) ou l’aide à la décision en développement territorial. S’agit-il de la poursuite d’un processus ouvert avec l’introduction des Licences et Masters Pro à l’Université ? Ou de tout autre chose ?

Une question en particulier se pose donc : la géographie sociale peut-elle s’enseigner et développer ses pratiques de recherche dans le contexte organisationnel d’une École de commerce ou d’un IUT ? Plus largement, d’une organisation et d’une formation dont le but explicite est l’accès le plus rapide et le plus sûr à l’emploi ? Peut-on « faire de la géographie sociale » en étant consultant ? Est-ce qu’une praxéologie de la géographie sociale ne peut se concevoir que dans un cadre universitaire « classique » ? Autrement dit, et de manière plus radicale, la géographie sociale ne peut-elle être faite que par des universitaires exerçant leur métier au sein de l’Université ? Qui est légitime à « faire de la géographie sociale » ? De quelle légitimité est-il question pour chacun de ceux se référant à cette géographie ? Et peut-on clamer « faire de la géographie sociale » et « faire du développement territorial » ? La géographie sociale, et plus précisément le géographe social, est-elle compatible avec un cadre privé de formation au management et à la gestion (dans le cas d’une École de commerce) ? Est-elle compatible avec les impératifs (normatifs, temporels, financier, organisationnels, etc.) de la professionnalisation (IUT et Écoles de commerce) ? Doit-elle y faire face à des contradictions liées à des références idéologiques ? Y rencontre-t-elle des obstacles, notamment quant à la dimension critique de toute science sociale ? Cette série de questions en pose d’autres encore : comment fait-on de la géographie sociale aujourd’hui ? Où la/en fait-on ?

La géographie sociale a toujours eu cette ambition de ne pas être un discours réservé — dans sa formulation, dans sa rhétorique comme dans sa diffusion en vue de conséquences pratiques – aux universitaires. Du moins cette ambition semble-t-elle lisible depuis Renée Rochefort et plus encore autour de l’École caennaise depuis les années 1970 et jusqu’aux années 2000[5]. Depuis longtemps, beaucoup de géographes sociaux se préoccupent des conditions d’élaboration de leur discours, de sa relation aux vécus et aux représentations des groupes sociaux étudiés, de son caractère compréhensible pour les acteurs de la vie sociale. Les liens avec les aménageurs, décideurs politiques et économiques, au niveau national, régional ou local, ont favorisé des passerelles entre différents mondes sociaux, non pas seulement en termes de compréhension du discours géographique scientifique mais aussi quant à l’énonciation même d’un discours de géographie sociale. Un pas supplémentaire est finalement franchi avec l’irruption de la géographie sociale dans l’enseignement supérieur privé et/ou professionnel. Tous ces acteurs – « chercheurs », « enseignants », « formateurs », « consultants », « aménageurs », « urbanistes », « décideurs », voire « étudiants » – interviennent indubitablement dans la formulation des discours de géographie sociale et dans leurs évolutions. Mais qui a le pouvoir de les légitimer en tant que « discours scientifique », « discours expert/professionnel » ou « discours citoyen » ? Ces différentes légitimités sont-elles en contradiction ? En confrontation ? En concurrence ? Ont-elles des domaines réservés de la vie sociale dans lesquelles elles peuvent s’exercer moyennant le respect des frontières invisibles que produit cette même vie sociale ?

Au final, cette journée voudrait proposer un moment d’échange permettant de s’interroger collectivement sur « les lieux de la géographie sociale » aujourd’hui. Il s’agit d’apporter quelques éléments de réponse à cette question simple : sur quelles justifications nous appuyons-nous les uns et les autres quand nous estimons « faire de la géographie sociale » ? Bref, à quelles « théories de l’action », comme chercheurs et comme acteurs, recourrons-nous pour nous formuler à nous-mêmes cette affirmation et, le cas échéant, en défendre la validité face à d’autres acteurs ? Et à quelles éthiques ces praxéologies s’adossent-elles ?

Cette journée scientifique s’inscrit aussi dans le contexte du débat plus large qui traverse les communautés de chercheurs en sciences sociales sur les conditions actuelles et à venir de leurs recherches.

Références

  • BAUTÈS Nicolas et MARIE DIT CHIROT Clément, 2012, « Pour une géographie sociale de l’action », Carnets de géographes, n° 4, septembre 2012 [Disponible à : http://www.carnetsdegeographes.org/PDF/rech_04_01_Bautes.pdf, consulté le 24/09/2012]
  • BECKER Howard S., 2012, « Rendre la sociologie pertinente pour la société », SociologieS [En ligne], numéro thématique : Débats, La situation actuelle de la sociologie [mis en ligne le 09 mai 2012, consulté le 03 septembre 2012. URL : http://sociologies.revues.org/3961 ]
  • COUTURIER Yves, 2000, « L'inflation réflexive dans le courant praxéologique : indice de la reconstruction de l'idéologie professionnaliste », Nouvelles pratiques sociales, vol. 13, n° 1, p. 137-152[Disponible à : http://www.erudit.org/revue/nps/2000/v13/n1/000010ar.pdf, consulté le 24/09/2012]
  • DELÉPINE Samuel et Alii, 2011, « la fabrique des enseignements supérieurs professionnels en géographie : retour sur une journée d’étude », ESO TRAVAUX ET DOCUMENTS, n° 32, décembre 2011, pp. 75-82.
  • HÉRIN Robert, 1999, « Pour une géographie sociale critique et responsable », in : CHIVALLON Christine et alii, Discours scientifiques et contextes culturels. Géographies françaises et britanniques à l’épreuve postmoderne, Actes des rencontres franco-britanniques de 1997, TIOE-Bordeaux et Université de Liverpool, Talence, éd. MSH d’Aquitaine, pp. 129-139.
  • LHOTELLIER Alexandre et ST-ARNAUD Yves, 1994, « Pour une démarche praxéologique », Nouvelles pratiques sociales, vol. 7, n° 2, pp. 93-109 [Disponible à : http://www.erudit.org/revue/nps/1994/v7/n2/301279ar.pdf, consulté le 24/09/2012]
  • PANELLI Ruth, 2004, Social Geographies, From Difference to Action, London, Sage Publications, 287 pages.
  • RIPOLL Fabrice, 2006, « La géographie comme science sociale, la démarche « critique » et l’épistémologie. Réflexions à partir d’une thèse sur les mouvements sociaux », EEGS « L’espace social : méthodes et outils, objets et éthique(s) », Rennes, 8 pages [Disponible à : http://eegeosociale.free.fr/IMG/pdf/RipollEthique.pdf, consulté le 24/09/2012]

Modalités de soumission

Le principe de cette journée scientifique est de réunir des enseignants-chercheurs d’horizons divers et de leur donner l’occasion de partager leurs perspectives praxéologiques et éthiques de l’enseignement et de la recherche en Géographie sociale. Il s’agit avant tout de partager nos doutes et nos questionnements.

De nombreux thèmes, approches ou dimensions sont envisageables. Selon les contributions reçues, un programme sera établi par le conseil scientifique en tentant de trouver le meilleur équilibre entre les cohérences et les résonnances entre certaines propositions, d’une part, la mise en évidence des contrastes voir des contradictions, d’autre part.

Il est demandé à chaque intervenant d’exposer de manière synthétique le thème, la problématique, le questionnement et les idées directrices qu’il souhaite communiquer à cette occasion. Il peut aussi s’agir d’interventions plus « empiriques » restituant et re-situant des situations vécues ou observées dans leurs contextes organisationnels, idéologiques, politiques, géographiques, etc.

Langues : Français et Anglais

Format :

  • Résumé : 1500 caractères espaces compris
  • Développement : 10.000 caractères espaces compris

Contact pour l’envoi des propositions d’intervention : l.jeanne@em-normandie.fr

Calendrier

  • 31 Janvier 2013 : Envoi de l’appel à communication
  • 31 Mars 2013 : Réception des propositions

  • 26 Avril 2013 : Confirmation des propositions retenues
  • 2 Mai 2013 : Diffusion du programme de la Journée
  • 28 Mai 2013 : Date limite d’inscription à la journée
  • 28 Juin 2013 : 1ère Journée Scientifique de l’IDéT

Comité scientifique

  • Arnaud BRENNETOT, maître de conférences en Géographie, UMR IDEES, université de Rouen
  • Pascal BULÉON, directeur de recherche au CNRS - UMR ESO, Directeur de la MRSH de Caen, Université de Caen Basse-Normandie
  • Isabelle DUMONT, docteur en géographie sociale, Assistante de Recherche à la Università degli Studi di Roma Tre
  • Jean-Marc FOURNIER, professeur de Géographie, UMR ESO, Université de Caen Basse-Normandie
  • Robert HÉRIN, professeur émérite de Géographie, Université de Caen Basse-Normandie
  • Sabrina JACQUELINE, professeur de Management du développement territorial, IDéT, EM Normandie
  • Ludovic JEANNE, professeur de Management interculturel, IDéT, EM Normandie

Déroulement de la Journée

  • 8h45 :  Accueil des participants
  • 9h15-9h30 : Introduction par la Directrice de la Recherche de l’EM Normandie et la Directrice de l’Institut du Développement Territorial
  • 9h30-10h15 : Session N° 1 : Interventions de 20 minutes – 2 intervenants + un modérateur
  • 10h15-10h35 : Pause
  • 10h35-11h20 : Session N° 2 : Interventions de 20 minutes – 2 intervenants + un modérateur
  • 11h20-12h15 : Débat croisé
  • 12h15-14h00 : Pause Déjeuner à la Cafétéria Le Spot – EM Normandie
  • 14h00-14h45 : Session N° 3 : Interventions de 20 minutes – 2 intervenants + un modérateur
  • 14h45-15h05 : Pause
  • 15h05-15h50 : Session N° 4 : Interventions de 20 minutes – 2 intervenants + un modérateur
  • 15h50-16h45 : Débat croisé
  • 16h45-17h00 : Conclusions

Autres informations

Inscription gratuite mais obligatoire

Contact scientifique : l.jeanne@em-normandie.fr

Contact organisation : idet@em-normandie.fr


[1] Hérin R., Muller C. et alii, 1998, Espaces et Sociétés à la fin du XXè siècle – Quelles géographies sociales ?, Caen, Maison de la Recherche en Sciences Humaines, 302 pages.

[2] Fournier Jean-Marc, dir., 2001, Faire la géographie sociale aujourd’hui, Caen, Presses Universitaires de Caen, 255 pages.

[3] Sur un effort de réflexivité collective quant aux problèmes posés par l’enseignement supérieur professionnel en géographie : Delépine S. et Alii, 2011.

[4] Voir par exemple cet auteur : Guilluy C. 2011, « Les métropoles et la France périphérique – Une nouvelle géographie sociale et politique », le débat, numéro 166, pp. 42-52.

[5] Hérin Robert, 1999.

Lieux

  • Institut du Développement Territorial - Campus Caennais de l’EM Normandie - 9 rue Claude Bloch
    Caen, France (14)

Dates

  • dimanche 31 mars 2013

Mots-clés

  • éthique, pratique, géographie sociale, praxéologie, expérience

Contacts

  • Ludovic Jeanne
    courriel : l [dot] jeanne [at] em-normandie [dot] fr

Source de l'information

  • Ludovic Jeanne
    courriel : l [dot] jeanne [at] em-normandie [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Praxéologies et éthiques de la géographie sociale », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 05 février 2013, https://doi.org/10.58079/msu

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