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Corps et construction des catégories d’âge

Bodies and the construction of age categories

Sortir de l’enfance, entrer dans l’adolescence

Emerging from childhood, entering adolescence

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Publié le lundi 11 février 2013

Résumé

Ce colloque souhaite dresser un état des lieux des pratiques et des représentations autour de la sortie de l’enfance et de l’entrée dans l’adolescence et questionner ce nouvel âge de la vie : la « préadolescence ». Il constituera une occasion de comparaison entre sociétés et cultures, autour des changements à cet âge de la vie et permettra de mettre en tension la manière dont les transformations corporelles sont expérimentées par les enfants, la famille, l’entourage, et les regards portés par les professionnels de santé, de l’éducation et du social, les médias ou l’iconographie.

Annonce

Corps et construction des catégories d’âge : sortir de l’enfance, entrer dans l’adolescence,  Strasbourg, les 18 et 19 septembre 2013, Metz, le 20 septembre 2013

Le colloque vient clore une recherche financée par l'ANR coordonnée par le Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe (CNRS/Université de Strasbourg), intitulée « Expériences du corps et passage d'âge : le cas des 9-13 ans (France et Italie) » et menée en collaboration avec l'Université de Lorraine et l'Université Ca'Foscari de Venise entre 2010 et 2013. Il s’intégrera également dans un cycle de réflexion avec des professionnels de l’éducation et du social dans le cadre du réseau FOREAS (IRTS-Lorraine).

Objectifs

Ce colloque souhaite dresser un état des lieux des pratiques et des représentations autour de la sortie de l’enfance et l’entrée dans l’adolescence. Il constituera une occasion de comparaison entre sociétés et cultures, autour des changements du corps enfantin à cet âge de la vie et permettra de mettre en tension la manière dont ces transformations corporelles sont expérimentées par les enfants, la famille, l’entourage, et les regards portés par les professionnels de santé, du social et de l’éducatif, les médias ou l’iconographie. Par le corps, il s’agit en même temps de montrer la pluralité de logiques qui sous-tendent la construction d’une catégorie d’âge, dans sa dimension genrée et ethnicisée, ainsi que les transitions d’un âge à l’autre.  En effet en Europe et en Amérique du nord,  depuis les années 1980, une nouvelle catégorie d’âge, les « pré-adolescents », semble émerger et le corps est au cœur des débats sur l’émergence de cet âge de la vie. Inquiétudes autour de l’avancement de la puberté et de l’hypersexualisation, diversité des indicateurs de « maturité » physique et psychologique, exposition à des stimuli sexuels via les nouvelles technologies, contrôles vestimentaires dans les espaces scolaires et publics laissent penser à une forme de panique morale (Cohen 1972) autour des bornes de l’enfance et de l’anticipation de la jeunesse.  Ce colloque sera l’occasion de s’interroger sur ces questions à l’échelle de sociétés, de situations sociales, de contextes historiques et culturels variés, à travers six axes de réflexion : transformations corporelles et reformulations identitaires ; le gouvernement des corps dans les pratiques quotidiennes ; savoirs experts et profanes : les normativités du grandir ; méthodologie et épistémologie de la recherche autour du corps des enfants et des adolescents ; corps, rites et transmissions ; interroger  les asymétries : genre, âges, catégorie sociale et ethnicisation.

Soumission

Les chercheur-e-s et jeunes chercheur-e-s sont invité-e-s à envoyer une proposition de communication de 3000 caractères qui décrira la problématique, la méthodologie, les principaux résultats.

Les propositions de communications sont à adresser simultanément à : Nicoletta Diasio (nicoletta.diasio@misha.fr) et Virginie Vinel (vinel5@univ-lorraine.fr)

 avant le 20 avril 2013.

Les propositions de communications s'inscriront dans l'un des six axes définis ci-dessous : 

Axes du colloque

1. Transformations corporelles et reformulations identitaires

Le corps est une dimension centrale dans la manière qu’ont les enfants de construire les catégories de l’autre et du même, d’appréhender leur identité et celle de leurs interlocuteurs : la force, la taille, le poids, la forme, l’apparence physique, le genre, la performance de soi ont une signification particulière pour les enfants (James 1993, Prout 2000). Les communications qui s'inscrivent dans cet axe explorent, d’abord, ce que grandir veut dire pour les acteurs qui sont directement concernés à partir des pratiques intersubjectives qui définissent, dans le quotidien, les notions de « grand », de « petit », de « maturité », de « puberté ».

Un autre questionnement porte sur le concept même de transformation du corps : quand et comment un signe devient un événement significatif laissant éclore la préfiguration du grandir ou une « bifurcation » dans le cycle de vie (Bessin, Bidart, Grossetti 2010) ? Comment les différences de taille, poids, morphologie, sont mobilisées par les enfants pour construire leur identité et définir les limites d’âge, de genre, de statut ?

Le corps est un lieu central permettant l’inscription dans un genre et le jeu performatif des identifications sexuées. Les communications interrogent particulièrement la construction du genre en tant que processus actif et continuel, en collaboration et en interaction avec l’entourage (pairs, parents, germains…). Elles explorent comment les identifications de genre peuvent être rigidifiées dans certaines situations et le lieu d’expérimentations, de jeux performatifs dans d’autres. Une attention particulière sera accordée à la manière dont les garçons expérimentent les changements corporels et la transition d’âge car les techniques du corps spécifiques aux garçons restent encore largement inexplorées.

 2. Le gouvernement des corps dans les pratiques quotidiennes

Un deuxième axe aborde la manière qu’ont les enfants de jongler et de se familiariser avec les changements, de façonner un corps et d’en prendre soin, de mobiliser des procédures de connaissance, de savoir-faire et de maîtrise, par des « techniques de soi »  qui aboutissent à des formes différentes de gouvernementalité. Les constructions normatives proposées par les parents et l’entourage proche sont aussi questionnés, et mis en regard avec l’agency des enfants.

Nous  invitons les contributeurs à explorer les aspects sociaux, matériels, affectifs, physiques de l’apparition de la puberté, de l'apparition des caractères sexuels secondaires (poils, odeurs, transpiration, seins, voix, testicules etc.), de la gestion des premières règles, la prise en compte des conséquences de ces changements dans les différents lieux de vie des enfants : à l’école, dans le sport, dans les activités périscolaires, dans la famille, avec les pairs, avec les adultes...

Ces questions investissent également la fabrication sociale de l’intimité et de la distance, la redéfinition des espaces dans la famille, l'organisation des temps quotidiens, les techniques du corps transmises et réélaborées dans le domaine de la toilette, de la parure, de la modification de son apparence physique, de la gestion des odeurs. Cette dimension lie les techniques du corps aux techniques d'objets (produits de toilette, vêtements, accessoires, maquillage, chaussures…). Ces objets sont aussi des analyseurs des ambivalences d’un regard adulte sur l’enfance, en tant qu’intime combinaison de l’être et du devenir, du rapport au futur, au passé, au désir, qu’il sera fondamental d’approfondir.

 3. Savoirs experts et profanes : les normativités du grandir

Un troisième axe analyse la tension entre les savoirs experts et les savoirs pratiques dans la définition de ce corps en transformation et de son inscription dans un âge de la vie. D'une part, des communications s’intéresseront aux savoirs dits « profanes » et expérientiels sur le corps, aux représentations liées à son fonctionnement, aux imaginaires liées au développement des organes génitaux, aux hormones et à la croissance. D'autre part, des communications sont sollicitées sur les dispositifs de surveillance médicale (consultations, activités d'éducation à la sexualité, information, carnets de santé…) sur les questionnements posés par la prise en charge des enfants de ces âges, sur la manière dont les savoirs experts conceptualisent cette transition (Turmel 2008). Dans cet axe nous essaierons de comprendre comment se construisent les bornes d'âge entre la diversité des expériences vécues, la normativité des étapes de croissance, les modèles proposés par les médias, par les professionnels de l’éducation et de santé. Comment les représentations et les pratiques professionnelles participent de la construction de ce passage d’âge ? Dans quels contextes institutionnels ces pratiques s’inscrivent-elles ? Quels gestes professionnels sont-ils convoqués ? Quelles manières d’aborder, de regarder, de toucher les corps des enfants ? En retour, comment les enfants incorporent-, résistent- et modifient-ils les discours produits sur eux ?

Il s’agit aussi dans cet axe de proposer des communications sur les médias et l’iconographie  autour des corps en transition entre enfance et adolescence/jeunesse : quels modèles et stéréotypes de la pré-adolescence les médias proposent-ils ? Dans quelle mesure la médiatisation des enfants à la frontière entre deux âges se nourrit-elle du sens commun ou produit-elle de nouvelles représentations ? Comment ont évolué les images relatives à ces passages entre enfance et jeunesse au cours des siècles récents ?

 4. Méthodologie et épistémologie de la recherche autour du corps des enfants et des adolescents

Le concept d'enfant acteur, véhiculé par la sociologie de l'enfance, entre en résonance avec des théories et des recherches accordant une importance majeure à la dimension sensible et incarnée de l'action individuelle et des pratiques sociales. L'expérience de l'enfant est marquée par le changement corporel et par la réflexivité. Mais s'il a été montré que le corps vécu des enfants est, de manière non séparable, une production discursive et une réalité de transformation (Prout 2000, Diasio 2010), ce corps, toutefois, reste une entité ambiguë, difficile à définir et l'essaimage des études sur ce sujet n'a pas pour autant dissipé les flottements sémantiques et conceptuels qui le caractérisent (Warnier 2009). Corps représenté, vécu, hybride, médié, articulé (Latour 2004), les débats autour du corps sont légion dans l'anthropologie et la sociologie contemporaines. Ces positions épistémologiques comportent autant de méthodologies censées étudier les expériences enfantines du corps en situation. Comment travailler sur des questions qui touchent l'intimité et des expériences incorporées au point d'être indicibles ? Quelle place accordons-nous aux objets dans les pratiques d'incorporation ? Quelle est la place faite à l'entretien de groupe comme manière de faire ressortir des représentations partagées ? Comment relier le corps vécu au corps raconté ? Comment étudier les combinaisons de genre, d’ethnicité, de « classe » et le déroulement des âges entre enfance et adolescence ?

  5. Corps, rites et transmissions

Une autre dimension à approfondir, rarement mise en avant dans les sociétés contemporaines dites occidentales, est celle des rites marquant les passages d'âge, par exemple l'importance réservée aux fêtes d'anniversaire et à certains objets marqueurs offerts aux enfants, la présence de rites d'institution, des rituels religieux (première communion, bar-mitzva) ou politiques (Jugendweh), l'articulation entre rites religieux et médicaux censés façonner le corps de la jeune fille ou du jeune garçon, ou encore l'invention de rituels endossés à de nouvelles formes de spiritualité (Fellous 2001, Houseman 2010). Mais peut-on ranger toutes ces pratiques sous la même dénomination ? Qu'en est-il des « rites de passage aujourd'hui ? » (Centlivres et Hainard 1981) ? Quelle est la place de la réinvention de certaines « traditions » dans le contexte social contemporain ? Ces rites prennent-ils également de nouvelles formes comme par exemple le passage du primaire au collège (Delalande 2012) ? Ces rituels seront analysés en ce qu'ils permettent de signifier, façonner, marquer ce corps en transformation en l'inscrivant dans un âge, un genre, une collectivité, une histoire familiale, une transmission intergénérationnelle. Du point de vue des acteurs du rite, nous invitons les communicants à présenter des descriptions fines des engagements corporels et du cadre matériel dans les pratiques rituelles.

 6. Interroger  les asymétries : genre, âges, catégories sociales et ethnicisation

Le passage de l’enfance à l’adolescence a été peu investi par la sociologie des migrations et des relations interethniques, sauf en relation avec des problèmes sociaux touchant à l’espace public. Le colloque s’appliquera à développer la problématique de l’intersectionnalité à ces âges en questionnant l’articulation des modes de catégorisation de genre, de « classe » et d’ethnicisation dans les discours des professionnels encadrant les enfants et les adolescents (enseignants, animateurs, professionnels de santé et du social, professionnels du sport…), des parents, et dans les pratiques des enfants.

Sont attendues des communications éclairant la manière dont ces rapports de pouvoir se nouent dans des configurations sociales précises : sont-ils pensables en termes de domination, d’oppression, ou en termes de contraintes qui, aussi fortes soient-elles, autorisent conscience, ruse, stratégie ? Comment s’articulent-ils : se cumulent-ils, s’amplifient-ils (double voire triple discrimination) ou produisent-ils des configurations nouvelles ? Des communications réinscrivant l’intersectionnalité pendant l’enfance et l’adolescence dans une histoire sociale, institutionnelle et politique plus longue seront opportunes.

Les formes de subjectivité et de résistances empiriquement observables dans les ethnographies au quotidien sont ici à développer : comment les enfants mobilisent-ils ces formes d’appartenance et de catégorisation selon les situations (Thorne 1993) ? Comment s’identifient-ils à ces catégories, les combinent-ils, les subvertissent-ils ? Peut-on observer des récurrences dans les corporéités et subjectivités constituées par ces enfants soumis à des rapports de pouvoirs intersectionnels ? Autant de questions que les communications pourront aborder.

Comité scientifique du colloque

  • Natacha Collomb Centre Asie du Sud-Est (CNRS-EHESS)
  • Donatella Cozzi, Université Ca’ Foscari, Venise
  • Simona De Iulio, Université de Lille 3, GERiiCO
  • Julie Delalande, Université de Caen
  • Nicoletta Diasio, Université de Strasbourg, Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe
  • Pascal Hintermeyer, Université de Strasbourg, Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe
  • Marie-Pierre Julien, Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe
  • Salvatore La Mendola, Université de Padoue
  • Monique Legrand, Université de Lorraine, 2L2S
  • Antonietta Migliore, Université de Turin
  • Elodie Razy, Université de Liège
  • Régine Sirota, Université Paris Descartes, CERLIS
  • Charles-Edouard de Suremain, EHESS, Paris
  • Simona Tersigni, Université de Paris Ouest, Nanterre
  • André Turmel, Université Laval (Québec)
  • Virginie Vinel, Université de Lorraine, 2L2S
  • Ingrid Voléry, Université de Lorraine, 2L2S

Lieux

  • MISHA - 5 allée du Général Rouvillois Strasbourg
    Strasbourg, France (67)
  • Ile du Saulcy
    Metz, France (57)

Dates

  • samedi 20 avril 2013

Mots-clés

  • sociologie de l'enfance, anthropologie de l'enfance, préadolescence, corps, genre, professions de l'éducation, de la santé, du social, médias, ethnicisation

Contacts

  • Nicoletta Diasio
    courriel : nicoletta [dot] diasio [at] misha [dot] fr
  • Virginie Vinel
    courriel : virginie [dot] vinel [at] univ-fcomte [dot] fr

Source de l'information

  • Virginie Vinel
    courriel : virginie [dot] vinel [at] univ-fcomte [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Corps et construction des catégories d’âge », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 11 février 2013, https://doi.org/10.58079/mun

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