AccueilEau et sel

AccueilEau et sel

Eau et sel

Water and salt

*  *  *

Publié le mardi 05 mars 2013

Résumé

Si l’on s’en tient aux hypothèses de la fameuse « soupe primordiale » (Oparin, 1924, et Haldane, 1929), l’eau serait antérieure à l’oxygène dans ce milieu liquide où la vie est supposée être apparue. Telle que nous la connaissons aujourd’hui, elle est à l’origine des formes de vie (cellulaire, végétale, animale, etc.) qui peuplent notre planète. Les chimistes réduisent sa formule brute à un H2o laconique. La plupart des traditions symboliques en font une substance purificatrice et synonyme de fécondité : l’eau est une des conditions, fondamentales, de la vie. Dans le Coran, cette substance est souvent désignée comme « élément pur(ificateur) ». Quant au sel, il est présent dans beaucoup de religions, de rituels et de mythes. Son image est souvent mêlée à des traditions et à des textes sacrés. Il est constamment présent en peinture, en littérature, en philosophie ou en poésie. Qu’en est-il justement des associations de ces deux matières à travers l’histoire et les cultures ? Tel est le questionnement qui est au centre de notre colloque.

Annonce

Le Laboratoire de Recherche « Études Maghrébines, Francophones, Comparées et Médiation Culturelle » et le Collège international du goût organisent le Troisième Colloque international  « Eau et sel » , Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités, La Manouba - Tunis 10 et 11 mai 2013 | Lamta - Monastir 12 mai 2013

Argumentaire

Si l’on s’en tient aux hypothèses de la fameuse « soupe primordiale » (Oparin, 1924, et Haldane, 1929), l’eauserait antérieure à l’oxygène dans ce milieu liquide où la vie est supposée être apparue. Telle que nous la connaissons aujourd’hui, elle est à l’origine des formes de vie (cellulaire, végétale, animale, etc.) qui peuplent notre planète. Les chimistes réduisent sa formule brute à un H2o laconique. La plupart des traditions symboliques en font une substance purificatrice et synonyme de fécondité : l’eau est une des conditions, fondamentales, de la vie. Dans le Coran, cette substance est souvent désignée comme « élément pur(ificateur) ». Quant au sel, il est présent dans beaucoup de religions, de rituels et de mythes. Son image est souvent mêlée à des traditions et à des textes sacrés. Il est constamment présent en peinture, en littérature, en philosophie ou en poésie, avec Plutarque, Homère, Philon, Léonard de Vinci ou Lucrèce.                                                               

Qu’en est-il justement des associations de ces deux matières à travers l’histoire et les cultures ? Tel est le questionnement qui est au centre de notre colloque. Eau et sel…  S’agirait-il de travailler sur la figure de l’hendiadyn ?  Eau et sel… donc l’eau salée, la mer à l’état naturel ou l’eau grégorienne ayant servi à consacrer dans le rituel catholique chrétien – du moins jusqu’en 1869 – ou encore le sérum physiologique… Avec une autre figure de style, la redondance, puisque le mot « sel » vient du grec als « la mer » ! Mais « eau et sel » c’est plus qu’un trope ; l’alliance a plus d’un tour dans son sac.

Le sel a parcouru l’histoire antique comme la légende du sel semé par les Romains sur les terres de Carthage ; on pense au Sel Noir d’Édouard Glissant qui rend hommage à la ville d’Elissa. Le sel porte en lui des significations paradoxales allant de l’acte de souffler la vie (fertilité) jusqu’à celui d’arracher la vie (stérilité). C’est également le symbole d’une valeur sacrée : la liberté ; l’exemple de la marche du sel de Gandhi, acte symbolique visant à arracher aux Anglais l’indépendance des Indes, est à ce titre mémorable. Cette matière qui marque le goût de nos plats est au centre d’une métaphore (de l’) essentiel(le). La Statue de sel d’Albert Memmi n’aspire-t-elle pas, entre autres, à réécrire les saveurs et les senteurs d’une « mémoire tatouée » (Abdelkébir Khatibi) ? Tel est le sens de cette quête interminable qui met les hommes sur les chemins labyrinthiques de l’Histoire et des cultures : « Nous marchions. Caravanes de thé. Caravanes de cotonnade. Caravanes de sel, mes préférées [...]. Les caravanes de sel restent pour moi un conte de lumière », affirme Malika Mokaddem dans Les Hommes qui marchent (Paris, Grasset, 1997).

Produit de luxe, le sel avait sa route, comme la soie, l’étain, l’ambre, etc. Depuis la nuit des temps, il a toutes sortes d’utilisations : culinaires, médicinales, religieuses… Dès lors il serait pertinent de s’interroger sur la nature, les propriétés et les fonctions du sel. D’un point de vue lexical, par exemple, le mot « sel » entre dans une grande quantité d’expressions : « mettre son grain de sel », raconter une « histoire salée », payer une « addition salée », « un propos qui ne manque pas de sel », un garçon « dessalé », être « le sel de la terre », être « un pur grain de sel », « sel attique », prendre « avec un grain de sel », cheveux « poivre et sel », « le sel de l’amour »… Tout seul, le sel est déjà un élément symbolique : symbole de justice pour Pythagore, symbole de sagesse chez les chrétiens, symbole de beauté chez le poète latin Lucrèce, symbole purificateur ou de malédiction, tantôt positif tantôt négatif, tantôt propitiatoire tantôt apotropaïque, dans l’antiquité grecque, chez les Celtes, au Moyen Âge avec le « pacte du sel », en Scandinavie, à Madagascar, au Japon dans le monde des sumos en particulier… et quasiment partout dans le monde.

Mais le mot « sel » entre en relation – voire en composition au sein d’expressions – avec d’autres mots tels que le « pain » ou la « fève » ; ainsi l’amitié est-elle liée au partage du pain et du sel pour les Sémites ; et, chez le Grec Plutarque, elle est liée au sel et à la fève. Synonyme de cordialité, la relation du sel avec le goût et l’authenticité conserve, au Maghreb, le même apport.

C’est donc le couple constitué par « l’eau » et « le sel » qui s’invite à la table de notre colloque – table d’amitié puisque, en dialectal tunisien, l’expression « d’eau et de sel » condense la valeur d’une vraie amitié –, nous prévenant de ne pas renverser maladroitement la salière des mots. L’expression « à la sel et eau » existe au Canada pour dire « sans autre assaisonnement ». Dans la Tentation de Saint-Antoine, Flaubert écrit : « Ils disent : par le sel, par l’eau, par la terre, par le ciel, par l’air et par le vent » ; on baptise « par le sel et par l’eau » dans L’Île des Pingouins d’Anatole France ; les juifs purifient la viande avec de l’eau et du sel. Serait-ce parce que le sel et l’eau s’attirent selon le principe chimique d’hydrophilie, engageant ainsi des dimensions à la fois imaginaires et symboliques ? Mais le sel mélangé à l’eau n’est-il pas amené à se dissoudre ? Auquel cas l’on revient à l’eau salée… et l’hendiadyn retrouve son unité sans redondance.

Il conviendra donc d’explorer toutes les directions anthropologiques, sociologiques, géologiques, scientifiques, littéraires, linguistiques, artistiques… de cette association de l’eau et du sel, en partant du rite de l’hospitalité, donc en ne fermant aucune porte à une quelconque interrogation ouverte, dans une quête du sens indécidable, pour constituer une communauté interprétative qui ne déplairait nullement à Stanley Fish. 

Axes de recherche

  1. L’eau, principe et vecteur de la vie… 
  2. L’eau, composant élémentaire et source de symboles profanes et sacrés….
  3. L’eau, métaphore obsédante des artistes et des créateurs…
  4. Le sel, note(s) culinaire(s) incontournable(s) : variétés d’usage…
  5. Le sel des diététiciens, des médecins et des chimistes : entre saveur(s) et danger(s)… 
  6. Le sel des origines, dans les grands textes fondateurs…
  7. Les routes du sel : une odyssée de l’Histoire et des cultures…
  8. Métaphores et représentations du sel dans les arts et les lettres…
  9. Les paradigmes du sel dans les langues, les parlers et les façons de dire…
  10. Toute association de l’eau et du sel, dans quelque domaine que ce soit, à titre d’expérience ou de représentation…

Conditions de soumission

Les propositions de communication (ne dépassant pas une page) doivent être envoyées au professeur Habib Ben Salha, directeur du Laboratoiredes Études Maghrébines, Francophones, Comparées et Médiation Culturelle :  

habib.salha@yahoo.fr

Calendrier

  • Dernier délai pour les propositions de communication : le 13 avril 2013

  • Réponse du comité scientifique : le 27 avril 2013
  • Programme officiel : le 4 mai 2013

Comité scientifique

  • Habib Ben Salha (Université de Manouba)
  • Hamdi Hmaïdi (Université de Manouba)
  • Patrick Voisin (Classes Préparatoires aux ENS Paris et Lyon, Pau)
  • Sadok Gassouma (Université de Manouba)

Comité d’organisation

  • Rym Kheriji (Université de Manouba)
  • Sana Dahmani (Université de Sousse)
  • Ibtihel Ben Ahmed (Université de Manouba)
  • Hanène Harrazi Ksontini (Université de Carthage)
  • Donia Maraoub (Université de Manouba)
  • Habib Ben Salha (Université de Manouba)
  • Adel Habbassi (Université de Tunis)

Lieux

  • Campus universitaire de Manouba - Faculté des Lettres, Arts et Humanités de la Manouba
    Tunis, Tunisie

Dates

  • samedi 13 avril 2013

Mots-clés

  • eau et sel, sociétés, arts, littérature, cultures, sciences, cuisine, textes fondateurs, langues

Contacts

  • Patrick Voisin
    courriel : patrick-voisin [at] wanadoo [dot] fr
  • Habib Salha
    courriel : habib [dot] salha [at] yahoo [dot] fr

Source de l'information

  • Patrick Voisin
    courriel : patrick-voisin [at] wanadoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Eau et sel », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 05 mars 2013, https://doi.org/10.58079/n05

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search