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Le rire

Laughter

Ve Printemps des sciences humaines et sociales

5th HSS Spring

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Publié le vendredi 22 mars 2013

Résumé

Le rire impressionne par son extension. Il est partout, pourrait-on dire. Chez l'enfant avant même qu'il ne sache parler, il traverse les âges, il traverse les codes sociaux, s'adapte aux cultures. Il s'en joue parfois pour les confondre. Le carnaval l'érige en moment de désordre salutaire. L'esprit souhaite le raffiner au possible et en faire un moment de distinction. La société du spectacle s'y alimente comme auprès d'une valeur commerciale et sûre de ses effets. Mais quelle que soit sa manifestation, on entend ses éclats. On le dit « le propre de l'homme », et ce serait presque un réconfort de savoir que cette énigme, ce moment de communion entre le sens et le corps (car il faut bien un corps pour rire), est une spécificité humaine. Le rire, disait Baudelaire, est l'idée dans l'homme de sa supériorité, et de sa misère infinie. Misère face au sacré, supériorité face aux animaux (De l'essence du rire). Et si pourtant l'animal riait ? De cette mauvaise nouvelle aussi peut-on rire ?

Annonce

Présentation

La MESHS propose un parcours dans cette réalité complexe, multiforme et captivante qu'est le rire. Il s'agira sans doute d'un exercice de réflexion et de description, il s'agira certainement aussi d'exercices pratiques. À vérifier sur place. Voici un bref aperçu des réjouissances.
Il nous faudra donc commencer par cette éternelle question du « propre de l'homme » (posée par Aristote, renouvelée par Rabelais ou Baudelaire). C'est pourquoi la paléoanthropologie ouvrira ce Printemps par des considérations sur les grands singes. L'homme a-t-il besoin d'être le seul à rire pour pouvoir continuer de rire (26 mars) ?
Une fois délestés de ce double infini de grandeur et de petitesse qui a maintenu longtemps le rire dans la référence religieuse et sacrée (« le sage ne rit qu'en tremblant »), nous pourrons nous attacher aux corps rieurs (27 mars), nous pourrons apprécier le spectacle du rire (28 mars), qu'il nous renvoie à la scène moderne ou à l'antique et fameuse comédie d'Aristophane (2 avril).
Nous envisagerons le rire là où il apparaît aussi contrasté que troublant : à l'hôpital (3 avril). Si la médecine a produit l'humour carabin, le monde de la santé réserve aux rieurs et faiseurs de rire d'autres égards que l'humour noir ou le rire jaune. Il y a peut-être, derrière le rire, une forme de sollicitude et pourquoi pas de soin, sinon de thérapie.
Nous irons visiter quelques grandes étapes historiques du rire public et retracerons ce chemin qui mène du libelle du XVIIe siècle aux talk-shows de notre modernité (4 avril) où la politique parfois s'abîme.
Ces détours historiques nous feront traverser le fascisme et le totalitarisme européens et les réactions qu'ils ont suscitées (8 avril), façon de s'emparer ou de dénoncer le rire et son attachement à une forme de populisme. L'histoire littéraire, quant à elle, nous permettra de saisir quelques grands traits du rire et de l'humour au XXe siècle (9 avril), parfois volontairement détournés des drames historiques.
Si l'on fait exception du fameux « rire des dieux » en Grèce ancienne ou dans les religions païennes, il semble de mauvais goût de faire rire le dieu ou le prophète. Il est encore moins recommandé de rire de lui. Nous revisiterons les trois monothéismes et chercherons dans la tradition la façon dont les usages du rire se sont institués (10 avril). Ce qui nous permettra d'appréhender plus finement des polémiques récentes, nées souvent de la méconnaissance des traditions textuelles.
Enfin, il est un fait de culture qui ne saurait nous laisser indifférents : le cinéma, art du XXe siècle s'il en est, a pris naissance dans le rire. L'arroseur arrosé des frères Lumière, les grands burlesques, le cinéma muet, puis la comédie américaine... Nous finirons ce parcours par un séjour dans le septième art, extraits à l'appui (11 avril).
Le Printemps des sciences humaines et sociales est ouvert à tous les publics. La parole s'y échange avec plaisir. Toutes les séances sont gratuites et libres d'accès, elles ont lieu à 18h.

Organisation : Frédéric Gendre, chargé de médiation scientifique, MESHS

Programme

Mardi 26 mars 2013, Le Propre de l’homme ? Il y a de quoi rire ! Conférence inaugurale, par Pascal Picq

« Si on fait le bilan de ce que l’on a observé depuis 30 ans chez les chimpanzés, on s’aperçoit que tout ce que l’on avait cru voir se manifester en termes d’adaptation uniquement chez les hommes c’est-à-dire la bipédie, l’outil, la chasse, le partage de la nourriture, la sexualité, les systèmes sociaux, le rire, la conscience, l’empathie, la sympathie, les chimpanzés le font aussi. Donc, soit ils ont tout acquis indépendamment, soit cela vient du dernier ancêtre commun, ce qui est plus plausible. Cela veut dire que déjà dans le monde des forêts, il y a 6 à 7 millions d’années, toutes ces caractéristiques que l’on a cru propres à l’homme existaient et font partie d’un bagage ancestral commun. »

Pascal Picq est paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France où il collabore avec le professeur Yves Coppens. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques autour de la question de l’humain. ll est spécialiste également de l’étude des grands singes.

Présentation : Gabriel Galvez-Behar, directeur de la MESHS, maître de conférences en histoire à l’Université Lille 3 et membre de l’Institut universitaire de France.

Mercredi 27 mars 2013, Éclats de rire Conférence d'Olivier Mongin

Le livre d’Olivier Mongin, Éclats de rire, variations sur le corps comique, reprend l’une des questions fondamentales autour du rire : comment il se donne à voir. L’œuvre a l’originalité de s’articuler autour du groupe des rieurs d’un côté et de celui des faiseurs de rire, de l’autre, en s’interrogeant toujours sur ce qui les unit : la communauté des corps. Si la figure du grand comique carnavalesque n’est jamais loin, Olivier Mongin apporte un éclairage renouvelé sur le comique actuel en réhabilitant l’espace scénique, qu’il soit place publique ou scène de spectacle, mais toujours le lieu de communion entre les spectateurs et les comédiens.

Olivier Mongin est écrivain, essayiste. Il dirige la revue Esprit.

Présentation : Philippe Sabot, professeur de philosophie à l’Université Lille 3.

Jeudi 28 mars 2013 Pourquoi rit-on ? (Si l’on rit) Conférence mi-sérieuse de Dominique Sarrazin

Espèce de conférence sur le cas d’espèce de l’humour humain (si l’on peut s’exprimer ainsi), voire, du rire (si l’on a le temps).
POURQUOI RIT-ON ? (si l’on rit)…
Si la question mérite d’être posée, les réponses apportées depuis la nuit des temps (pourquoi « la nuit » ?) méritent-elles toujours le respect, l’attention, et la déférente componction que l’on se doit d’arborer à l’endroit des productions symboliques de l’espèce humaine socialisée ?
Rien n’est moins sûr, et surtout, rien n’est moins drôle. À l’égard de cette manifestation jouissivement pathologique (osons le mot), mieux vaut, à mon humble avis, entendre le malade que les spécialistes : c’est donc de l’intérieur de l’humour, me semble-t-il toujours, qu’il faut parler de l’humour, c’est aussi simple que cela et plus complexe qu’il n’y paraît.
Je m’y collerai donc, en excellente compagnie (la vôtre), m’appuyant (ma démarche se révélant parfois chancelante) sur les écrits d’un certain Robert BENCHLEY, lui-même atteint très tôt (1920) de non-sens aigu, par ailleurs chroniqueur acharné du célèbre New-Yorker et auteur, entre autres délires textuels, des fameux : « Est-ce que les insectes pensent ? » et de « Rêve-t-on à l’envers ? ».
Après quoi, j’aggraverai mon cas en me soumettant au feu de vos légitimes interrogations et/ou aux cendres méritées de votre objective somnolence.

Dominique Sarrazin est comédien et metteur en scène... Il dirige le Théâtre de la Verrière à Lille.
Conférence-spectacle suivie d’une discussion.

Mardi 2 avril 2013 Théâtres du rire : Antiquité et modernité | Autour d’Aristophane Table ronde, avec Fabienne Blaise, Anne de Cremoux, Aude Denis, Serge Valletti

« Est-ce possible ? Un auteur vieux de vingt-cinq siècles pourrait-il être moderne ? Sans équivoque, je réponds oui. »
Nous connaissons les textes d’Aristophane que la tradition a conservés. Nous les lisons, le comique y est flagrant même s’il demande, pour être goûté à plein, une culture générale de la chose grecque. Comment apprécier Les Grenouilles sans rien connaître d’Eschyle ou d’Euripide ? La difficulté grandit encore lorsque l’on porte Aristophane sur la scène. Un public n’est pas un lectorat. Le rire de situation que nécessite une scène n’est plus un comique « littéraire », de même que l’oralité n’est pas l’écrit. Les corps sont engagés sur scène et demandent au rire de composer avec eux.
Traduction, adaptation, respect ou forçage des textes, ces questions seront abordées par deux spécialistes de la culture grecque, traductrices, chercheuses et enseignantes, ainsi qu’avec un écrivain ayant entrepris (la formule sera expliquée en son temps) un Toutaristophane.
La preuve venant aussi par l’oreille, la comédienne Aude Denis proposera quelques lectures d’Aristophane et de Serge Valletti.

Fabienne Blaise est professeur de langue et littérature grecques et présidente de l’Université Lille 3 ;
Anne de Cremoux est maître de conférences en littérature grecque à l’Université Lille 3 ;
Serge Valletti est écrivain, auteur de théâtre et comédien.

Lecture de textes de Serge Valletti (Toutaristophane, éd. de L’Atalante) et d’Aristophane par Aude Denis, comédienne et metteur en scène.

Modération : Frédéric Gendre, chargé de médiation scientifique à la MESHS.

Mercredi 3 avril 2013 Le rire soigne-t-il ? Une réflexion sur le rire à l’hôpital Table ronde, avec Juliette Berry, Yvonne Delevoye-Turrell, Caroline Simonds

Association Le Rire Médecin
Pour les enfants et leurs parents, une simple visite ou un long séjour à l’hôpital est souvent synonyme d’angoisse, de solitude et de détresse. L’hospitalisation constitue une expérience cruciale à un moment où l’enfant construit sa future personnalité d’adulte. Cette expérience va influencer significativement la suite de la vie de l’enfant et son attitude face aux problèmes, tant physiques que psychiques, qu’il rencontrera ultérieurement.
Par le jeu, la stimulation de l’imaginaire, la mise en scène des émotions, la parodie des pouvoirs, les clowns permettent à l’enfant de rejoindre son monde, de s’y ressourcer. Spectacle après spectacle, ils découvrent ou redécouvrent que l’humour, le rêve et la fantaisie ont leur place à l’hôpital.
Chaque année, les 97 comédiens clowns de l’association offrent près de 71 000 visites aux enfants et à leur famille. L’association redonne aux enfants hospitalisés le pouvoir de jouer et de rire pour mieux faire face à la maladie.

La biologie du rire
Le rire est un comportement familier (sans doute) propre à l’homme qui tend à établir un contact entre les individus. Mais le rire demeure méconnu aux yeux de la plupart d’entre nous, il est ignoré par la science. L’exposé qui sera proposé aura pour objectif de répondre à la question suivante : le rire implique-t-il des mécanismes biologiques précis ? Ainsi, après avoir détaillé et mis en relief les causes, les mécanismes et les effets du rire, nous considérerons quelques idées clés qui ont donné émergence aux thérapies par le rire.

Juliette Berry est psychologue ; Yvonne Delevoye-Turrell est professeur de psychologie à l’Université Lille 3 ; Caroline Simonds est directrice de l’association « Le Rire Médecin ».

Modération : Yvonne Delevoye-Turrell et Frédéric Gendre.

En collaboration avec l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Lille.

Jeudi 4 avril 2013 Le rire politique et l’espace public Conférences | Arnaud Mercier, Claudine Nédelec, Jean Ruhlmann

Rires, politiques et plateaux télé : dérisoire ou dérision ?
Il est d’usage dans nombre d’émissions d’affirmer qu’on n’est pas sérieux, qu’on ne se prend pas au sérieux, qu’il faut donc faire preuve d’humour, ce qui peut aller jusqu’à l’idée qu’il faut faire rire à tout prix, avec rires en boîte préenregistrés, si besoin. Les émissions, mi-talk-show, mi-divertissement, se sont multipliées, regroupant des humoristes « professionnels » et des personnalités connues. On y parle souvent de politique, parfois avec des politiques, qui acceptent de célébrer leur propre mise en boite et qui essayent de participer à ce jeu du faire rire d’abord. Que se passe-t-il en fait ? Est-on face à une forme de dérision politique, contestataire et porteuse de sens ? Ou bien est-on face à un humour dérisoire et nihiliste ? Les conséquences pour l’image de la politique et des hommes politiques ne sont évidemment pas les mêmes...

Le farceur du Pont-Neuf : politique, rire et espaces publics au XVIIe siècle
C’est depuis les abords du Pont-Neuf, lieu d’intense vie publique, que nous observerons la combinaison au cours du premier XVIIe siècle de deux phénomènes : l’expansion du débat politique hors de la zone institutionnellement « réservée » sous l’Ancien régime, et la forte présente des différentes formes du rire. Ce fut en effet un centre majeur de circulation des libelles qui ont fleuri lors de trois moments de « troubles » majeurs : les derniers feux parisiens des guerres de religion, les violents désordres politiques au lendemain de l’assassinat d’Henri IV, et enfin les premiers temps de la Fronde.

L’âge d’or du comique politique
Au fil du XIXe siècle, l’extension du suffrage, la suppression des cens et obstacles à l’éligibilité, la libéralisation de l’expression des opinions et la parlementarisation des régimes ont des répercussions à la fois sur l’importance, mais aussi sur la configuration des discours tenus dans la Chambre basse, devenue centre névralgique du pouvoir sous la IIIe République.
Au moment où le rire sur la politique rassemble un public croissant, le comique sous diverses formes a désormais et sans conteste ses entrées à la Chambre des députés. Sa présence s’explique notamment par les ressources variées qu’il offre au tribun comme à l’interrupteur. Pour autant, son champ d’expansion est-il sans limite et cette parole est-elle sans tabou ? C’est ce que nous nous proposerons de voir dans cette intervention, centrée sur les débuts de la IIIe République.

Arnaud Mercier est professeur en sciences politiques et sciences de la communication à l’Université de Lorraine ; Claudine Nédelec est professeur de littérature à l’Université d’Artois ; Jean Ruhlmann est maître de conférences en histoire à l’Université Lille 3.

Modération : Claudine Nédelec.

Lundi 8 avril 2013 Rires et totalitarismes Conférences | Annette Disselkamp, Marie-Anne Matard-Bonucci

Adorno et le rire
Considérant le « fun » comme un « bain d’acier », T.W. Adorno décrit le rire comme réactionnaire, abrutissant, conformiste : être joyeux, c’est être d’accord, dit-il. Toute sa hargne se tourne contre l’industrie culturelle, qui dégrade tout plaisir en un produit de masse et dont la seule finalité consiste à faire oublier par là même qu’il n’y a pas de quoi rire. Cependant, en dehors du rire mauvais, confiné dans l’apparence, il existe également un rire libérateur et émancipateur. Nous allons essayer d’en retrouver les rares traces chez le philosophe.

Rire sans éclats : le rire sous le fascisme
Comment et de quoi riait-on sous le fascisme italien ? Que nous apprend le rire sur le totalitarisme ? Ces questions seront posées en examinant les différentes facettes du rire – comique théâtral ou cinématographique, satire politique, plaisanteries – et les tentatives du régime pour les contrôler. On reviendra aussi sur la volonté du régime  de programmer un rire sur ordonnance et de provoquer un « rire sans éclats » et sur ce que nous apprend l’échec de telles tentatives.

Annette Disselkamp est maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 1 ; Marie-Anne Matard-Bonucci est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 8 et membre de l’Institut universitaire de France.

Modération : Holger Schmid, maître de conférences en philosophie à l’Université Lille 3.

Mardi 9 avril 2013 Rire, humour et littérature Conférences : Alastair B. Duncan, Elsa Kammerer, Jean-Marc Moura

Bergson et le rire littéraire au 20e siècle
Au début du siècle, Bergson a défini la signification du rire dans un livre qui a fait long feu. Mais le rire au 20e siècle a pris d’autres voies. Cette intervention tentera d’en tracer quelques courants : le rire carnavalesque, le rire existentiel, le rire postromantique.

La dimension littéraire du rire. Du comique à l’humour
Il s’agit de présenter quelques particularités du texte destiné à faire rire : quelles sont les caractéristiques des écrits comiques et peut-on dégager quelques éléments généraux à travers l’histoire littéraire ? Je voudrais développer un large questionnement sur les formes, la rhétorique et la thématique du rire en littérature, en m’interrogeant notamment sur les distinctions entre comique, satirique et humoristique et sur la dimension de l’humour, à partir d’exemples tirés des lettres européennes des XIXe et XXe siècles.

Alastair B. Duncan est professeur de littérature à l’Université de Stirling (Royaume-Uni) ; Jean-Marc Moura est professeur de littérature à l’Université Paris 10.

Modération et lecture d’extraits de textes de Rabelais : Elsa Kammerer, maître de conférences en littérature comparée à l’Université Lille 3.

Mercredi 10 avril 2013 Le rire des religions Conférences : Jean-Robert Armogathe, Pierre Lory, Gérard Rabinovitch

Le christianisme et le rire
« Les grandes joies sont ordinairement mornes et sérieuses, il n’y a que les médiocres et passagères qui sont accompagnées du rire », Descartes (à la princesse Élisabeth, 6 octobre 1645).
Depuis le rire de Sara dans le livre de la Genèse et ses différentes interprétations, le rire occupe une fonction ambiguë dans la tradition chrétienne : si le Christ n’a jamais ri (une question débattue...), il fut l’objet de railleries. Le rire au pied de la Croix influence profondément le jugement des humanistes et des dévots. Il est assumé sous le mode ambigu de l’ironie.

Usages de l’humour dans la littérature religieuse en Islam
Les injonctions du Coran et de la tradition sunnite insistent beaucoup sur la reconnaissance d’une autorité, sur l’obéissance à un pouvoir et sur la conformité à un comportement précis. Les textes humoristiques se sont de ce fait déployés dans trois directions : un courant anticonformiste raillant les prétentions des lettrés et des puissants, un humour théologique disqualifiant les hérétiques et les libres penseurs, enfin une dimension plus mystique jouant sur la condition à la fois dérisoire et sublime de l’individu humain face à l’infini divin.

De l’humour juif et de l’humour en général
Joyeux et désenchanté, joyeux parce que désenchanté, l’humour juif est, comme tout art véritable, une forme de pensée, une manière de connaissance.
À rebours des clichés et des malentendus fréquents qui mettent en général l’humour juif en posture mortifiée, cette conférence proposera, à la confluence de l’histoire, de la philosophie et de la psychanalyse, une nouvelle lecture de cet humour.
Reprenant encore la genèse de la pensée sur le rire dans la tradition philosophique occidentale depuis l’Antiquité, elle montrera que si la pratique d’autodérision de l’humour juif laisse déjà ses traces documentées au XIIe siècle dans le monde séfarade, avant d’être relayée ensuite par le monde ashkénaze, c’est en Angleterre chrétienne que la notion se construit au tournant du XVIIIe siècle.
Ainsi l’humour comme le plus sublime des rires naît dans le champ éthique des enracinements bibliques juifs et chrétiens, et se distingue radicalement des autres formes de rire moqueurs, méprisants, voire « pousse au meurtre ».
L’humour, génériquement, devient alors une manière profane et éthique qui participe de l’« élévation dans la vie de l’esprit » selon l’expression de Sigmund Freud.

Jean-Robert Armogathe est directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes études, section des sciences religieuses ; Pierre Lory est directeur d’études à l’École pratique des hautes études, section des sciences religieuses ; Gérard Rabinovitch est philosophe, sociologue, chargé de recherche au CNRS, directeur des enseignements universitaires à l’AIU (Institut européen Emmanuel Lévinas).

Modération : Arnaud Berthoud, professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1.

Jeudi 11 avril 2013 Comique et cinéma burlesque Conférence d'Emmanuel Dreux

Un burlesque, des burlesques
Cette séance proposera une traversée du genre burlesque au cinéma illustrée par l’exemple. Au-delà de ce qui réunit les différents acteurs-auteurs du genre — le comique visuel et gestuel, volontiers brutal ou absurde, le goût du gag — nous montrerons que le genre est aussi fondé sur la singularité radicale de ses protagonistes, de leur manière toujours unique et inédite d’agir et de se mouvoir dans des situations parfois comparables.
Nous verrons ainsi quelques gestes singuliers de Max Linder, Charlie Chaplin, Buster Keaton, Charley Chase, Harry Langdon, Harold Lloyd, W.C. Fields, Marx Brothers, Jerry Lewis, Jacques Tati, Pierre Étaix, etc.
Parmi les extraits de films diffusés : 7 ans de malheur (Linder), The Floorwalker (Chaplin), Mighty Like a Moose (Chase), Duck Soup (Marx Bros.), Steamboat Bill jr. (Keaton), Tramp Tramp Tramp (Langdon), The Ladies Man, The Patsy (Lewis).

Emmanuel Dreux est maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Paris 8.

Présentation : Jacques Lemière, maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 1.

Toutes les rencontres sont libres d’accès et gratuites, dans la limite des places disponibles.
Informations complémentaires : 03 20 12 58 30
Pour tout renseignement sur la manifestation, contacter :

Retrouvez l’ensemble des enregistrements du Printemps des SHS et des conférences de la MESHS sur http://publi.meshs.fr

Lieux

  • MESHS, salle Baïetto (18h-20h) | Hôpital Saint-Vincent-de-Paul - Salle des conférences (18h-20h) (3 avril) - 2 rue des Canonniers | Boulevard de Belfort
    Lille, France (59)

Dates

  • mardi 26 mars 2013
  • mercredi 27 mars 2013
  • jeudi 28 mars 2013
  • mardi 02 avril 2013
  • mercredi 03 avril 2013
  • jeudi 04 avril 2013
  • lundi 08 avril 2013
  • mardi 09 avril 2013
  • mercredi 10 avril 2013
  • jeudi 11 avril 2013

Fichiers attachés

Mots-clés

  • anthropologie, antiquité, art, biologie, corps, éthique, histoire, littérature, pathologies, philologie, philosophie, politique, sciences cognitives, sociologie, société, théâtre, théologie

Contacts

  • Amandine Briffaut
    courriel : amandine [dot] briffaut [at] meshs [dot] fr
  • Frédéric Gendre
    courriel : frederic [dot] gendre [at] meshs [dot] fr

Source de l'information

  • Amandine Briffaut
    courriel : amandine [dot] briffaut [at] meshs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le rire », Cycle de conférences, Calenda, Publié le vendredi 22 mars 2013, https://doi.org/10.58079/n4a

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