AccueilÉthique et reconfigurations de l’économie de marché : nouveaux enjeux et nouvelles alternatives

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Éthique et reconfigurations de l’économie de marché : nouveaux enjeux et nouvelles alternatives

Ethics and reconfiguration of the market economy: new issues and new alternatives

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Publié le mardi 01 octobre 2013

Résumé

La revue Éthique publique existe depuis 1999. Elle s’adresse à un public francophone composé d’universitaires et de praticiens. L’ambition qui anime la revue est de faire connaître la recherche et la réflexion sur l’éthique publique, qu’elles proviennent des milieux universitaires ou des gens du terrain. Lieu d’échange, de circulation des savoirs sur les questions les plus fondamentales de nos sociétés et de nos États à une époque où ils connaissent de profondes transformations, Éthique publique espère contribuer à inscrire la sensibilité éthique dans la culture des acteurs sociaux et politiques. Pour notre numéro de l’automne 2014, nous sollicitons des textes susceptibles de s’inscrire dans la thématique de la crise financière de nos démocraties, la financiarisation de l’économie et le transfert de la régulation des gouvernements vers les entreprises.

Annonce

Argumentaire

Penser une éthique socio-économique et une éthique de la finance, c’est certainement réfléchir autour des questions suivantes : à quelle finalité répondent ou devraient répondre l’économie et la finance ? Quels sont les principes qui devraient les inspirer ? Quelles sont les valeurs qui les sous-tendent ou devraient les sous-tendre? Quelles normes, quelles dynamiques de régulation permettent le mieux d’actualiser ces valeurs ? Les moyens utilisés sont-ils en lien avec ces valeurs, normes et principes ? La valeur des moyens doit-elle être jugée en fonction de leur efficacité à atteindre les buts qu’ils cherchent à atteindre, ou plutôt en fonction de leur acceptabilité morale et leur finalité par rapport à des principes qui restent encore à clarifier?  Quels sont les moyens pouvant être déployés pour encadrer les pratiques économiques et financières? Peut-on compter sur les gens d’affaires et les financiers pour se réguler ou leurs actions doivent-elles être encadrées et normées?  Comment les gens d’affaires et les professionnels de la finance peuvent-ils se former et développer leurs compétences éthiques? Peut-on penser l’éthique comme un moyen interne à l’économie et une variable extra-économique à prendre en considération ou doit-on la penser en amont de l’économie?

Quant aux alternatives proposées par la société civile ou par les entreprises, par quelles valeurs et finalités sont-elles animées?  Quels en sont les résultats concrets pour les différents acteurs touchés par les activités économiques et financières? Dans quelle mesure permettent-elles de répondre adéquatement aux demandes des acteurs sociaux et des communautés envers un meilleur équilibre entre éthique et économie?

Présentation de la thématique

L’espace économique s’est profondément modifié au cours des vingt dernières années en raison, bien sûr, de la mondialisation, mais aussi en raison de la déréglementation et de la financiarisation de l’économie. D’une économie empirique fondée sur le travail humain, nous sommes ainsi passés à une économie virtuelle de la spéculation. Loin d’être anodin, ce passage à une financiarisation de l’économie a des conséquences humaines, sociales et environnementales, et soulève des enjeux éthiques de fond. La compréhension de ces enjeux éthiques est d’autant plus importante que cette financiarisation de l’économie a été accompagnée par une succession impressionnante de scandales financiers, allant de l’affaire Enron en 2002 à la crise financière mondiale de 2008, en passant par d’innombrables catastrophes et accidents environnementaux et sociaux. Ces scandales et catastrophes ont eu à leur tour des conséquences dévastatrices qui ébranlent la confiance des épargnants, des consommateurs et des citoyens envers les marchés financiers et le système économique.

Devant l’ampleur des problèmes engendrés par la prédominance croissante des logiques économiques et financières au sein de nos sociétés, une « demande sociale d’éthique » se fait entendre et plusieurs pistes de solution ont été avancées. On a notamment pu observer un mouvement de « moralisation du capitalisme » mis à l’avant-scène managériale par les grandes firmes internationales, mais aussi par nombre d’organismes issus de la société civile et par des chercheurs universitaires influents. Encouragée par les États libéraux, cette moralisation du capitalisme se veut toutefois volontaire. Ce faisant, les entreprises et les multinationales s’attribuent désormais un rôle normatif en matière d’éthique, au point de dicter aux États les bonnes pratiques. Or, ce mouvement d’autorégulation éthique ne cache-t-il pas une certaine invalidation du politique? Plusieurs soutiennent que oui et croient que cette moralisation du capitalisme fondée sur la seule bonne volonté des entreprises et des acteurs économiques ne suffit pas. La capacité d’empathie éthique des gens d’affaires et des financiers faisant défaut, il faut plutôt réguler l’économie. Mais quelles sont les conditions de possibilité d’une régulation politique incarnée par les lois par rapport à une emprise croissante de la logique économique, qui s’étend jusqu’à la sphère politique elle-même? Pour d’autres, il faudrait plutôt passer d’une moralisation volontaire à une réflexion sur les moyens alternatifs d’encadrer les pratiques et de former les financiers. Or, y a-t-il une place pour l’éthique dans la sphère économique et un espace de réflexion sur les valeurs qui sont au cœur des choix qui y sont faits?

Au-delà des inévitables questions économiques et sociologiques qui se posent là, se profile par conséquent une importante réflexion éthique. À travers cette réflexion, c’est non seulement le niveau de régulation devant être assurée par les uns et les autres qui est remis en question, mais c’est aussi le type même de système économique et de développement social qui est en jeu. Et, en parallèle, ce sont les réponses citoyennes et corporatives à cette remise en cause de la prédominance des sphères économique et financière dans nos sociétés – notamment les mouvements de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), de la Finance et de l’investissement socialement responsable (FSR/ISR), des coopératives et de l’économie sociale et solidaire – par-delà les décisions des grandes instances gouvernementales et internationales, qui doivent être considérées, évaluées et revisitées.

Ce sont ces thèmes que nous entendons traiter dans le présent numéro centré les nouvelles formes de régulation de la finance et de l’économie :

  • La gouvernance économique, le capitalisme financier et les mécanismes qui ont conduit aux dysfonctionnements actuels des marchés et de l’économie
  • Les types de régulation susceptibles de (mieux) encadrer les activités financières et économiques
  • Les initiatives corporatives (responsabilité sociale des entreprises, philanthropie, entrepreneuriat social, etc.) en réponse aux demandes sociales d’éthique en matière d’activités économiques et financières
  • Les initiatives de la société civile (économie sociale et solidaire, finance et investissement responsables, consommation responsable, coopératives, etc.) pour civiliser les nouvelles économies « financiarisées »

Axes de réflexion

1. La gouvernance économique : portrait actuel et pistes de reconfigurations

  • La réalité concrète du capitalisme : succès, dysfonctionnements et conséquences
  • La détermination des priorités et la conditionnalité des choix économiques et financiers : qui décide réellement et en fonction de quels critères et considérations? Quels en sont les effets?
  • Le rôle (ou absence) des différents acteurs (entreprises privées, gouvernements, mouvements sociaux, citoyens, etc.) dans la régulation sociale
  • Les motivations et valeurs des différents acteurs impliqués dans la gouvernance économique et de ceux qui en sont exclus
  • L’éthique professionnelle des gens d’affaires et des financiers : pratiques actuelles et pratiques à développer
  • La pertinence, le rôle potentiel et l’efficacité de l’éthique pour réorienter la gouvernance

2. Les enjeux éthiques et politiques des initiatives corporatives ou privées

  • Motivations, valeurs et finalités éthiques des initiatives corporatives ou privées : bien commun ou intérêts particuliers?
  • Quelles tensions entre les finalités économiques et les finalités éthiques?
  • Quelles implications politiques?
  • Résultats et conséquences concrètes des initiatives corporatives ou privées, telles que la responsabilité sociale des entreprises, la philanthropie, l’entrepreneuriat social, etc. : qui en bénéficie? Qui en souffre?
  • Dans quelle mesure ces initiatives répondent-elles aux demandes citoyennes?

3. Les enjeux éthiques et politiques des initiatives citoyennes

  • Motivations, valeurs et finalités éthiques des initiatives citoyennes : bien commun ou intérêts particuliers?
  • Résultats et conséquences concrètes des initiatives citoyennes, telles que l’économie sociale et solidaire, la finance et l’investissement responsables, le commerce équitable, etc. : qui en bénéficie? Qui en est exclu?
  • Les solutions citoyennes « remoralisent-elles » l’économie? Peuvent-elles échapper aux pièges de l’économisme? Renforcent-elles la démocratie ou le néolibéralisme?

Démarche qualité de la revue

Avant publication, tout article fait obligatoirement l’objet d’une double évaluation par les pairs, lesquels évaluent son acceptabilité. En cas de controverse sur un article ou sur une partie d’un article, l’auteur est avisé et est invité à modifier sa communication à la lumière des commentaires des évaluateurs. Le comité de direction de la revue peut refuser un article s’il ne répond pas aux normes minimales d’article scientifique ou s’il n’est pas en lien avec la thématique choisie.

Modalités de soumission

Les chercheurs désireux de publier un article doivent faire parvenir une proposition d’article aux responsables scientifiques du numéro (adresses ci-dessus). Les propositions d’article doivent compter de 250 à 300 mots.

Le comité de direction de la revue fera part de sa décision dans les quinze jours suivant la date limite de remise des propositions. Les auteurs dont la proposition aura été retenue pourront envoyer leur article complet. Les articles doivent compter un maximum de 40 000 caractères (espaces et bibliographie comprises) et inclure un résumé d’environ 120 mots de même qu’une bibliographie complète. Le résumé sera publié en français et en anglais.

Les articles complets remis seront ensuite soumis à une double évaluation par les pairs (le processus est anonyme). Après l’évaluation, des modifications peuvent être demandées aux auteurs si l’article est accepté.

Délais et consignes

Date de remise des propositions d’articles : 15 décembre 2013

Date de remise des articles : 30 avril 2014

Responsables du numéro :

Comité de rédaction

Christian Arnsperger (Université catholique de Louvain), Luc Bégin (Université Laval), Ryoa Chung (Université de Montréal), Didier Froidevaux (directeur des études de la police cantonale de Genève), Diane Girard (consultante), Steve Jacob (Université Laval), André Lacroix (Université de Sherbrooke), Jean-Marc Larouche (Université du Québec à Montréal), Georges A. Legault (Université de Sherbrooke), Denis Mûller (Université de Lausanne), Florence Piron (Université Laval), Fernand Harvey (chaire Fernand-Dumont - INRS), Franz Schultheis (Université de Neuchâtel), Martine Xiberras (Université Paul-Valéry, Montpellier)

Comité scientifique

Claude Corbo (Université du Québec à Montréal), Robert E. Goodin (Australian National University), Guy Laforest (Université Laval), Frédéric Lesemann (INRS), Louise Melançon (Université de Sherbrooke), Patrice Ouellet (Bureau de dévelop­pement économique du Canada), Jacques Racine (Université Laval), Guy Rocher (Université de Montréal), Pierre Rosanvallon (École des hautes études en sciences sociales), Charles Taylor (Université McGill), Louise Vandelac (Université du Québec à Montréal), Philippe Van Parijs (chaire Hoover de l'Université de Louvain-la-Neuve), Johan Verstraeten (Université de Leuven)


Dates

  • dimanche 15 décembre 2013

Mots-clés

  • enjeux éthique, gouvernance économique, régulation, crise financière, financiarisation de l’économie, initiatives citoyennes

Contacts

  • Corinne Sarian
    courriel : ethiquepublique [at] enap [dot] ca

URLS de référence

Source de l'information

  • Corinne Sarian
    courriel : ethiquepublique [at] enap [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Éthique et reconfigurations de l’économie de marché : nouveaux enjeux et nouvelles alternatives », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 01 octobre 2013, https://doi.org/10.58079/obr

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