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Fortifier la montagne (XVIIIe - XXe siècle)

Fortifying the mountain (18th-20th century)

Histoire, reconversion et nouvelles perspectives de mise en valeur du patrimoine militaire de montagne

History, reconversion and new perspectives of the promotion of the military heritage of mountains

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Publié le vendredi 07 février 2014

Résumé

Fortification et montagne partagent un vocabulaire étonnamment voisin fait d’escarpes, de défilés, de brèches et de lignes de crête. La montagne, elle-même souvent considérée comme une fortification naturelle, a toujours constitué un élément clé pour le contrôle et la mise en défense d’un territoire national largement bordé de massifs montagneux. La conquête des hauteurs, des pics et des cimes rythme ainsi les vitæ militaires antiques d’Alexandre Le Grand, Annibal et César jusqu’à l’épopée médiévale de Charlemagne dans La chanson de Roland (fin du XIe siècle). Dans la lignée de cette tradition épique du franchissement de la montagne, envisagé comme une prise de possession physique et symbolique du territoire, le peintre David a immortalisé en 1800 Bonaparte marchand sur « les traces effacées d’Annibal et de César » au col du Grand-Saint-Bernard durant la seconde campagne d’Italie.

Annonce

Argumentaire

Fortification et montagne partagent un vocabulaire étonnamment voisin fait d’escarpes, de défilés, de brèches et de lignes de crête. La montagne, elle-même souvent considérée comme une fortification naturelle, a toujours constitué un élément clé pour le contrôle et la mise en défense d’un territoire national largement bordé de massifs montagneux. La conquête des hauteurs, des pics et des cimes rythme ainsi les vitæ militaires antiques d’Alexandre Le Grand, Annibal et César jusqu’à l’épopée médiévale de Charlemagne dans La chanson de Roland (fin du XIe siècle). Dans la lignée de cette tradition épique du franchissement de la montagne, envisagé comme une prise de possession physique et symbolique du territoire, le peintre David a immortalisé en 1800 Bonaparte marchand sur « les traces effacées d’Annibal et de César » au col du Grand-Saint-Bernard durant la seconde campagne d’Italie.

Malgré ces visions héroïques, la montagne a souvent représenté un obstacle insurmontable pour le Génie militaire. Outre la complexité du bivouac, de l’hivernement et de la marche des troupes à travers goulets, cols et passages stratégiques, les questions de positionnement, de type et de construction des ouvrages militaires de montagne ont, de tout temps, nourri les débats sur l’art de la guerre.

Axes retenus: I. Territoire et représentation; II. Positionnement, étagement et mise en réseau; III. Typologie des ouvrages fortifiés de montagne; IV. Réhabilitation et mise en valeur

Le patrimoine militaire constitue encore un champ d’étude largement en friche. Bien que les travaux se soient multipliés depuis quelques décennies,force est de constater que la définition, la connaissance et la mise en oeuvre de pratiques architecturales et urbaines restent rares pour des objets patrimoniaux, dont la singularité, la pluralité, voire la sérialité, sont souvent confondantes. Si historiens et architectes du patrimoine ont abordé le sujet, ils l’ont généralement fait de manière contextuelle, privilégiant la multiplication d’histoires, de technicités locales et de questionnements ponctuels. Cette veine essentiellement historique et régionaliste, bien qu’elle ait activement participé de la constitution d’un paysage architectural militaire national, ne saurait assurer à elle seule la pérennité des recherches dans le domaine.

Ce constat est à la source du présent programme de recherche commencé en 2012. Fruit d’une collaboration envisagée sur le long terme entre les universités de Toulouse II Le Mirail (Nicolas Meynen) et de BordeauxMontaigne (Emilie d’Orgeix), il invite à opérer un renouvellement des problématiques liées au patrimoine militaire en croisant pratiques historiennes et architecturales. Conçu sous la forme de rencontres biennales publiées dans une série dédiée de la collection Architectures des Presses Universitaires du Mirail, il engage à l’étude de l’architecture militaire, non pas envisagée comme une sédimentation d’isolats et d’expériences « micro-territoriales », mais selon une double approche topographique et typologique. Ce parti pris permet d’éclairer les articulations fécondes qui unissent terrain et formes architecturales de manière diachronique tout en étudiant des territoires larges, rarement connectés.

S’inscrivant dans la continuité de premières rencontres consacrées en décembre 2012 au petit patrimoine militaire maritime[1], ce deuxième appel à communications a pour ambition d’explorer la spécificité de la fortification de montagne si fortement marquée, tant sémantiquement (escarpes, défilés, lignes de crête) que structurellement (forts d’appui, d’arrêts, positions d’interdiction, casemates Mougin, cuirassement Séré de Rivières), par des paradigmes de terrain et de formes.

Les différentes interventions présentées durant ces journées s’inscriront dans les thématiques suivantes :

1. L’intelligence du territoire

Quelle connaissance avons-nous de la conduite des opérations militaires en montagne (Pyrénées, Alpes, Jura, Vosges) et des types de documents servant à son intelligence ? Comment l’anatomie de la montagne, à laquelle les ingénieurs du génie faisaient référence au XVIIIe siècle (notamment les levés de terrain) s’est-elle exprimée ? Quelle est la part de l’écrit (mémoires, rapports, visites) dans la documentation spécifiquement liée à la montagne ? Et de manière plus spécifique, peut-on définir des moments de rupture et de renouvellement marqués par la mise en place de nouvelles techniques de représentations (plans-reliefs, plan à courbes de niveau équidistantes, photogrammétrie)

2. Construire en altitude : adaptation et invention formelles et techniques

Constructions sous roc ou enracinées sur la falaise, passages souterrains, galeries à flanc de falaise, abris sous-roche, grottes casematées dans le rocher…, la construction en milieu contraint a conduit à déployer pleinement les inventions techniques en montagne. L’occupation de mêmes sites pendant plusieurs générations, la reprise de constructions existantes peut-être plus que partout ailleurs, ont conduit à adapter les plans et à innover techniquement et formellement. Peut-on parler de modèle fortifié montagnard ? En montagne, la rareté fait-elle exception ? De même, la question des matériaux (acheminement, disponibilité, résistance au climat) se pose de manière particulière : utilisation de circuits courts (marbre vert de Serennes pour le fort de Tournoux, par exemple), adaptation des cuirassements, réflexion sur l’utilisation du béton, de sa composition et de son armement …

3. Camoufler et intégrer la nature

En haute montagne, le terrain tout autant que la végétation participent naturellement à l’intégration des constructions dans le paysage. Pour autant, le camouflage, décor artificiel, a pu marquer certains ouvrages : l’artillerie « Bison » prenant l’aspect de faux-rocher, une batterie « coiffée » d’un pseudo chalet en bois dans un style régional,… On s’attachera non seulement à comprendre les raisons de dissimuler, mais aussi à montrer l’inventivité pour ainsi dire artistique déployée par les ingénieurs militaires pour fondre ces ouvrages dans ce territoire dur.

4. Un réseau défensif mais pas seulement…

En montagne où le terrain est par nature difficile aux opérations de siège, les forts se couvrent mutuellement en ligne de crête pour contrôler des passages et défendre les places-fortes en contrebas (Colmar-Les-Alpes, Guillaume, Mont-Louis,…). De nombreux ouvrages annexes (redoutes, batteries,…) permettent de compléter le système là où les vues échappent aux forts. La montagne s’équipe par ailleurs de places-fortes, de casernes, d’hôpitaux militaires de proximité, d’établissements thermaux réservés aux malades (Cauterets par exemple).

5. Conserver et mettre en valeur

Ce dernier volet s’attachera à dresser un état des expériences récentes menées en matière de restauration et de mise en valeur des ouvrages dont la difficulté d’accès et la dureté du climat ont pu freiner leur prise en compte patrimoniale. En outre, en raison de sa faible densité d’habitants, la haute montagne peut être oubliée de la question primordiale de l’aménagement durable du territoire. Dès lors, la pérennisation des ouvrages et, d’une manière plus complexe, le maintien de la trace, directement, sont-ils fragilisés ? Des sentiers de montagnes existent pourtant mais ne relèvent-ils pas d’abord d’une approche « nature » ?

Bibliographie sélective :

Sources

  • Bourcet Pierre Joseph (de), Principes de la guerre de montagnes, Paris, Imprimerie Nationale, 1888.
  • Darde (commandant), Étude sur la guerre de montagne d’après les enseignements de la campagne d’Orient, Ministère de la Guerre - Etat-Major de l’armée, Imprimerie nationale, 1921
  • Delaborde Pierre, Réflexion sur la géographie militaire des Alpes françaises, Recueil des travaux de l’institut de géographie alpine, Vol.3, 1915, p.425-431.
  • Sandier Jean-Marie, capitaine du génie, De l’attaque et de la défense des positions d’arrêt situées en pays moyennement accidenté et en pays de montagne, Paris / Nancy, Berger-Levrault et Cie éditeurs, 1894.
  • Touzac (M.), Traité de la défense intérieure et extérieure des redoutes avec les méthodes de les construire tant en plaine qu’au sommet et au pied des montagnes, enfin entre le sommet et le pied des montagnes et dans les vallons, Paris, Claude Hérissant, 1762.

Ouvrages

  • Culman (général F.), La Fortification permanente aux frontières, Charles-Lavauzelle & Cie, Paris, 1931.
  • Darde (commandant), Étude sur la guerre de montagne d’après les enseignements de la campagne d’Orient, ministère de la Guerre - état-major de l’armée, Imprimerie nationale, 1921.
  • Gariglio (D.) et Minola (M.), Le fortezze delle Alpi occidentali, L’Arciere, Cuneo, 1994.
  • Ortholan (colonel H.), Le général Séré de Rivières, Bernard Giovanangeli, Paris, 2003.
  • Rocolle (colonel P.), Deux mille ans de fortification française, Charles-Lavauzelle, Paris, 1973.
  • Truttmann (lieutenant-colonel P.), La Barrière de Fer, Gérard Klopp, Thionville, 2000, p.421 et 531.
  • Truttmann (capitaine), « Les fortifications alpines de 1888 à 1940 », Revue historique des armées, n°1/1988, p.39-45.
  • Truttmann (lieutenant-colonel. P.), La Muraille de France, ou la Ligne Maginot, Gérard Klopp, Thionville, 1985
  • Villate (R.), Les conditions géographiques de la guerre, Paris, Payot, 1925.

[1] Battre le littoral. Histoire, reconversion et nouvelles perspectives de mise en valeur du petit patrimoine militaire maritime, 15 et 16 novembre 2012, Bordeaux, auditorium du Musée d’Aquitaine. Actes annoncés à paraître aux PUM au printemps 2014.

Modalités de soumission

Appel à candidatures pour le colloque international Fortifier la montagne (XVIIIe - XXe siècles) : Histoire, reconversion et nouvelles perspectives de mise en valeur du patrimoine militaire de montagne (13 14 novembre 2014, Maison de la Recherche, Université Toulouse II - Le-Mirail).

Les propositions de communication (1 page maximum, bibliographie comprise) doivent être envoyées avant le 25 avril 2014 conjointement à Nicolas Meynen (nicolas.meynen@univ-tlse2.fr) et à Emilie d’Orgeix (emilie.dorgeix@u-bordeaux3.fr). Pour plus d’informations, vous pouvez les contacter.

Comité scientifique

Colloque international sous la direction scientifique d’Émilie d’Orgeix (Bordeaux Montaigne, EA538-Centre FG Pariset) et de Nicolas Meynen (Toulouse II–Le Mirail, FRAMESPA/UMR5136 CNRS).

Lieux

  • 5 allées Antonio Machado
    Toulouse, France (31)

Dates

  • vendredi 25 avril 2014

Mots-clés

  • fortifications, montagne, architecture, système défensif, patrimoine militaire, valorisation

Contacts

  • Nicolas Meynen
    courriel : nicolas [dot] meynen [at] univ-tlse2 [dot] fr
  • Emilie D’Orgeix
    courriel : emilie [dot] dorgeix [at] u-bordeaux3 [dot] fr

Source de l'information

  • Nicolas Meynen
    courriel : nicolas [dot] meynen [at] univ-tlse2 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Fortifier la montagne (XVIIIe - XXe siècle) », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 07 février 2014, https://doi.org/10.58079/pd9

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