AccueilFenêtre : ouvertures et perspectives

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Fenêtre : ouvertures et perspectives

Window: openings and perspectives

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Publié le lundi 07 avril 2014

Résumé

La fenêtre revêt de multiples symboliques dont la plus commune est l'ouverture au monde et par conséquent aux divers savoirs. Elle permet l'accès à l'inconnu, voire aux savoirs nouveaux. La fenêtre a joué un rôle important dans les sciences, comme l'architecture, avec l'évolution des baies, ou l'économie, car elle a longtemps servi à faire entrer et sortir des marchandises et aujourd'hui souvent comme vitrine. Il s'agira dans ce colloque d'explorer les multiples fonctions de la fenêtre dans le texte ainsi que dans l'imaginaire, et d'analyser ses figures et ses rapports dialectiques dans la littérature, les arts (peinture, théâtre, cinéma, architecture...) et les différents types de discours.

Annonce

Argumentaire

La fenêtre revêt de multiples symboliques dont la plus commune est l'ouverture au monde et par conséquent aux divers savoirs. Ellepermet l'accès à l'inconnu, voire aux savoirs nouveaux. La fenêtre a joué un rôle important dans les sciences, comme l'architecture, avec l'évolution des baies, ou l'économie, car elle a longtemps servi à faire entrer et sortir des marchandises et aujourd'hui souvent comme vitrine. C'est également un motif central en histoire de l'art car elle a largement contribué à la naissance de la perspective ainsi qu'au théâtre où elle sert souvent d'interface entre le dedans et le dehors, le domestique et le public. C'est donc tout naturellement que ce colloque sur le thème de la fenêtre vient s'inscrire à l'axe de recherche Transferts de savoirs du laboratoire CRIT (Centre d’Études Interdisciplinaires et Transculturelles - EA 3224), d'autant plus que la littérature, elle-même est considérée comme une ouverture vers le monde. La fenêtre, en tant qu'ouverture, fait partie de l'imaginaire et en même temps constitue une ouverture vers l'imaginaire. Elle donne accès au monde extérieur et permet à l'extérieur de pénétrer dans l'intérieur, dans l'intimité du domestique à la fois.

Il s'agit donc, par excellence, d'une figure de la dialectique du dedans et du dehors. Ainsi la fenêtre apparaît souvent comme une barrière, une frontière, un espace de fracture entre le familier et l'étranger, en raison de sa double appartenance à l'espace public et l'espace privé. Gaston Bachelard, dans La poétique de l'espace1, la décrit comme la frontière entre l'en-deçà et l'au-delà. Par une dialectique de l'ouvert et du fermé, elle protège du « vertige extérieur ». Selon Bachelard, la fenêtre est une « surface qui sépare la région du même et la région de l'autre » permettant toutefois une vision vers un monde différent. Ainsi la fenêtre devient un « objet transitionnel » du dedans-dehors, un lieu de communication avec l'extérieur. En termes d'architecture, la fenêtre est une baie « muni[e] d'une fermeture vitrée et donnant du jour à l'intérieur d'un bâtiment. »2 En effet, elle permet le passage de la lumière, de l'air, des sons venus de l'extérieur, voire des informations. Cependant Jean Starobinski, dans une étude sur le jeu des fenêtres dans l’œuvre de Kafka3, remarque qu'elles sont des « lieux de passage, mais qui, d'être destinées au passage, mettent d'autant mieux en évidence l'impossibilité de passer outre, laquelle, à son tour, met en valeur le dangereux privilège du franchissement. »

Objet à double fonction donc, la fenêtre donne accès au monde extérieur et crée une distance de celui-ci à la fois. L'extérieur y apparaît sous le forme d'un tableau ou d'un cadre à l'instar des tableau de René Magritte où la fenêtre représente une ouverture et en même temps un cadre. Ce cadre a joué un rôle décisif à l'invention du paysage comme l'a démontré Anne Cauquelin.4 Pourtant ce cadre spatial permet l'accès à un fragment seulement du monde extérieur et par conséquent, à une perception limitée, morcelée de ce dernier. Ce cadre, ce monde en miniature permet toutefois l'organisation du réel qui justement rend le monde accessible à la perception. Selon Starobinski, la fenêtre, en tant qu'accès à une image, est « un lieu d'apparition de l'image », source parfois d'angoisse, qui influence forcément l'individu. L'image de la fenêtre peut également se présenter comme une image en abyme du personnage ou d'une situation décrite.

Le rôle et la fonction de la fenêtre dans le récit ne se limite pas à cette image en abyme. Dans certaines œuvres, comme Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, les fenêtres, les portes et les passages jouent un rôle capital pour l'intrigue et revêtent le symbole d'un espace d'effraction et de violence. Si la fenêtre ne joue pas toujours un rôle aussi décisif, les séquences concernant la fenêtre remplissent de multiples fonctions, comme le démontre Philippe Hamon dans son ouvrage fondamental Du descriptif5.

Selon cette étude, quand un personnage se met devant la fenêtre, déclenche très souvent une description, soit du paysage qu'il contemple, soit, par résonance, une réflexion sur soi, donc un autoportrait, ou bien sur les autres, donc le portrait d'un autre personnage. Nous pouvons ajouter que la description, générée par l'arrêt du personnage devant la fenêtre marque un ralentissement, un arrêt de l'intrigue et une dilatation du temps fictionnel. Selon Hamon, la contemplation devant la fenêtre relève du spectaculaire et entraîne souvent d'autres motifs comme la lumière, le regard... Hamon relève également la métaphore entre la fenêtre et la page, le texte. Par ailleurs, Eugène Finck dans l'ouvrage De la phénoménologie, établit aussi le parallèle entre « l’œuvre close sur elle-même et ouverte au monde comme une 'fenêtre'6 ». C'est cette organisation binaire du monde et du texte que relève Roland Barthes dans S/Z7 où il présente sa théorie du texte. D'après Barthes, la figure du narrateur qui se tient à l'embrasure de la fenêtre, moitié dedans, moitié dehors constitue une antithèse qui fonctionne comme opposition. Ainsi les antithèses de l’œuvre renvoient aux transgressions et oppositions sémantiques. Comme le démontre Barthes, le personnage à la fenêtre est une figure d'antithèse, de contraste, mais aussi figure du déclenchement du récit.

Par ailleurs, la fenêtre relève également de la dialectique du visible et de l'invisible: bien que source de visibilité, elle ne permet qu'une vue distanciée du monde. Car le regard ne peut percevoir la totalité. Pour Starobinski, les fenêtres sont aussi des « obstacles infranchissables »8 qui privent de visibilité et condamnent l'individu à la solitude de la maison. Ou bien, comme le remarque Marie-Laure Noëlle9, dans certains récits un caractère anthropomorphique est attribué à la maison dont les fenêtres représentent les yeux.

Notes

  1. BACHELARD Gaston, La poétique de l'espace, PUF, 2012.
  2. PEROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie, Architecture, méthode et vocabulaire, Éditions du Patrimoine, 2000.
  3. Regards sur l'image in Le siècle de Kafka, Centre Pompidou, 1984.
  4. CAUQUELIN Anne, L'invention du paysage, PUF, coll. Quadrige, 2013.
  5. HAMON Philippe, Du descriptif, Hachette, 1993.
  6. cité par RICOEUR Paul, Temps et récit II, Seuil, 1991.
  7. BARTHES Roland, S/Z, Seuil, 1976.
  8. STAROBINSKI Jean, Fenêtres (de Rousseau à Baudelaire) in L'idée de la ville, Actes du colloque international de Lyon, Seyssel, Editions du Champ Vallon, 1983.
  9. NOËLLE Marie-Laure, La fenêtre: quelques angles d'approche http://www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article831

Modalités d'envoi des propositions

Il s'agira dans ce colloque qui aura lieu le 23-24 janvier 2015, d'explorer les multiples fonctions de la fenêtre dans le texte ainsi que dans l'imaginaire, et d'analyser ses figures et ses rapports dialectiques dans la littérature, les arts (peinture, théâtre, cinéma, architecture...) et les différents types de discours.

Les contributions de la part d'historiens d'art, architectes, sémioticiens ou philosophes sont également très recherchées.

Merci d'adresser vos propositions accompagnées d'une courte biographie à Mme Karolina Katsika katkarolina@yahoo.fr

jusqu'au 15 juin 2014 au plus tard

Comité scientifique

  • Karolina Katsika
  • Laurence Dahan-Gaïda

 

Lieux

  • 30, rue Mégevand
    Besançon, France (25)

Dates

  • dimanche 15 juin 2014

Mots-clés

  • fenêtre, littérature, architecture, peinture, arts, représentations

Contacts

  • Karolina Katsika
    courriel : karolina [dot] katsika [at] univ-fcomte [dot] fr

Source de l'information

  • Karolina Katsika
    courriel : karolina [dot] katsika [at] univ-fcomte [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Fenêtre : ouvertures et perspectives », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 07 avril 2014, https://doi.org/10.58079/prh

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