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Coping with Copia

Coping with Copia

Surabondance épistémologique entre art et science dans la première modernité

Epistemological overabundance between art and science in early modernism

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Publié le jeudi 17 avril 2014

Résumé

Un appel à contribution pour un colloque qui unira des historiens de l'art, des sciences et des idées, autour des stratégies visuelles employées aux XVIe et XVIIe siècles pour faire face à la surabondance épistémologique exceptionnelle de cette ère. À cette époque, l'optimisme quant aux perspectives ouvertes par les nouveaux savoirs était inextricablement mêlé aux craintes d'avoir « trop à savoir » – ainsi qu'à la difficulté à comprendre, sélectionner et organiser des informations en quantité constamment croissante. À l'époque, comme aujourd'hui, les artistes et les chercheurs étaient à la pointe de l'entreprise visant à digérer et à discipliner les savoirs – ou, à l'inverse, cherchant à dénoncer sa surabondance et à exprimer l'inévitable échec humain à organiser tout ce que l'on sait et à y donner un sens.

Annonce

Argumentaire

Nous vivons dans une ère de débordement d’informations sans précédent. Voilà un des lieux communs les plus fréquemment utilisés pour caractériser ce début du XXIe siècle, à la fois dans le débat universitaire et dans l’imaginaire collectif. Comme souvent dans le cas des lieux communs, celui-ci comporte une part de vérité. L’ère d’Internet représente en effet, au moins d’un point de vue quantitatif, la plus formidable multiplication d’informations disponibles que l’humanité n’ait jamais vécue. Une grande partie de ces informations prend une forme visuelle : nous avons à notre disposition toujours plus d’images et de diagrammes représentant toutes sortes de choses, et nous souhaitons souvent – ce qui est peut-être un phénomène anthropologique plus général – donner un aspect visuel à des informations qui, à l’origine, ne s’adressent pas nécessairement au regard.
Le caractère inédit du débordement épistémologique actuel mériterait cependant d’être relativisé. En effet, certaines périodes du passé ont connu des situations culturelles similaires si l’on considère, d’un côté, l’augmentation objective de la quantité d’informations disponibles et, de l’autre, le sentiment subjectif de vivre dans une époque de saturation épistémologique sans précédent. Un moment emblématique où de telles conditions ont été réunies sont les XVIe et XVIIe siècles en Europe, une période où l’expansion des connaissances géographiques côtoyait une activité scientifique accrue menant à la « Révolution Scientifique », concept aujourd’hui souvent contesté mais toujours bien ancré dans l’historiographie; une période d’intenses bouleversements esthétiques aussi.

À cette époque, tout comme aujourd’hui, l’optimisme quant aux perspectives ouvertes par les nouveaux savoirs était inextricablement mêlé aux craintes d’avoir « trop à savoir » (« Too Much to Know », pour reprendre le titre de l’ouvrage fondamental d’Ann Blair) – ainsi qu’à la difficulté à comprendre, sélectionner et organiser des informations en quantité constamment croissante. À l’époque, comme aujourd’hui, les artistes et les chercheurs étaient à la pointe de l’entreprise visant à digérer et à discipliner le savoir – ou, à l’inverse, cherchant à dénoncer sa surabondance et à exprimer l’inévitable échec humain à organiser tout ce que l’on sait et à y donner un sens. À l’époque, comme aujourd’hui, les artistes et les érudits contribuaient, souvent à leur insu, à cette même copia qu’ils critiquaient si souvent.

Le débordement épistémologique est un défi constant pour ces personnes dont la fonction sociale est de représenter différentes facettes de la réalité. Les deux professions qui sont appelées le plus souvent à fabriquer des représentations visuelles du monde – générales ou spécifiques, systématiques ou aléatoires – sont probablement les scientifiques et les artistes. Dans leurs univers professionnels, le plus souvent totalement séparés, les acteurs de la science et des arts plastiques cherchent – et cherchaient dans le passé – à donner forme et à organiser cette abondance épistémologique qui les entoure. Il arrive aussi qu’ils cherchent, au contraire, à représenter justement l’irreprésentabilité d’une réalité multiple et ostensiblement inépuisable. Cela dit, les artistes et les scientifiques sont loin d’être simplement réactifs vis-à-vis de la multiplication du savoir disponible; ils sont parmi les responsables de l’existence même de ce savoir, et ce rôle doit, lui aussi, être pris en compte.

Les différentes stratégies conçues pour la représentation visuelle du débordement épistémologique seront au cœur de ce colloque organisé à Montréal en mai 2015, et qui accueillera des historiens, des historiens de l’art, des historiens de la science et des chercheurs de disciplines connexes. Si les propositions d’interventions doivent traiter de la première modernité (XVIe-XVIIe siècles), les séances seront quant à elles commentées par des répondants spécialistes de la science contemporaine et de l’art actuel, soulignant ainsi la pertinence de l’exemple historique pour les débats et la création à notre propre époque.
Dans le domaine artistique, les stratégies esthétiques et épistémologiques des artistes contemporains et des peintres et sculpteurs de la Renaissance tardive, du maniérisme et du Baroque offrent, en effet, un terrain fécond de comparaisons. Si l’on peut raconter l’histoire de l’art à l’aube de l’âge moderne comme une série de tentatives pour représenter visuellement du savoir et refouler la complexité insupportable d’une telle entreprise – un récit que ce colloque cherchera à vérifier et à approfondir – l’art autour des années deux mille est concerné par un défi étonnamment analogue.

Quant à la science et à ses propres politiques visuelles, la prolifération des images dans les sciences cognitives actuelles, parmi d’autres domaines, et les espoirs liés à ces représentations visuelles, rappellent des phénomènes semblables au sein de l’histoire naturelle aux XVIe et au XVIIe siècles ainsi que l’usage toujours plus fréquent, à l’époque, de diagrammes afin de représenter et d’organiser les savoirs.

Des stratégies visuelles étaient utilisées à la fois pour figurer des objets épistémiques et ainsi produire du savoir sur ceux-ci et pour ordonner, classer et analyser ce savoir. Les questions autour du « Big Data » dans la science de nos jours auraient, elles aussi, des antécédents dans les tentatives d’assembler et d’analyser des informations sur toutes sortes de « particuliers naturels » (Grafton & Siraisi), recueillies par les érudits de la première modernité et propagées à travers leurs réseaux tentaculaires de correspondance.

Modalités d'envoi des participations

Nous invitons des propositions d’interventions en histoire de la science, histoire de l’art et d’autres disciplines proches.

Dates du colloque : 14-16 mai 2015

Envoi de propositions (maximum 300 mots, titre compris) pour des interventions en français ou en anglais, à Fabian Kraemer (Fabian.Kraemer@lmu.de) et Itay Sapir (sapir.itay@uqam.ca)

avant le 31 mai 2014.

La sélection se fera par les deux organisateurs
  • Fabian Krämer (Histoire des sciences, Ludwig-Maximilians-Universität Munich, Allemagne)
  • Itay Sapir (Histoire de l'art, Université du Québec à Montréal, Canada)

Lieux

  • Montréal, Canada

Dates

  • samedi 31 mai 2014

Mots-clés

  • art, sciences, épistémologie, Renaissance, baroque

Contacts

  • Itay Sapir
    courriel : sapir [dot] itay [at] uqam [dot] ca

Source de l'information

  • Itay Sapir
    courriel : sapir [dot] itay [at] uqam [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Coping with Copia », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 17 avril 2014, https://doi.org/10.58079/pvm

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