AccueilÉlites chrétiennes et formes du pouvoir en Méditerranée centrale et orientale (XIIIe-XVe siècle)

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Élites chrétiennes et formes du pouvoir en Méditerranée centrale et orientale (XIIIe-XVe siècle)

Christian elites and forms of power in the Central and Eastern Mediterranean - 13th-15th centuries

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Publié le vendredi 25 juillet 2014

Résumé

À travers ce colloque, nous souhaitons étudier les élites chrétiennes de Méditerranée centrale et orientale tout au long des XIII-XVsiècles, mais aussi leur relation au pouvoir. La nature de ces élites, leur évolution pourront être prises en considération, de même que les outils utiles à la reconstitution et à l’identification de ces groupes sociaux. Les territoires d’Europe centrale et orientale, du Caucase et du Proche-Orient possèdent pour la plupart une histoire commune et sont périodiquement dominés par de grands empires ou traversés par les croisades latines, et les élites qui les gouvernent fluctuent au gré des conquêtes et des jeux de pouvoir, d’où l’intérêt d’un renouvellement de la question.

Annonce

Argumentaire

Bien que le thème des élites ait connu un certain succès ces dernières années, comme en témoignent les diverses rencontres organisées sur ce sujet, il nous a paru assez novateur de considérer les élites chrétiennes de Méditerranée centrale et orientale dans une perspective générale, tout en examinant leur relation au pouvoir, dont elles sont le plus souvent actrices. Le vaste ensemble géographique considéré est composé de territoires assez variés, que ce soit du point de vue de la géographie physique (relief, hydrographie, climat...), ou des populations, de religions et confessions et/ou de langues différentes. Malgré ces disparités, ces territoires d’Europe centrale et orientale, du Caucase et du Proche-Orient possèdent pour la plupart une histoire commune et sont périodiquement dominés par de grands Empires ou traversés par les croisades latines. Si leurs populations sont chrétiennes en majorité, elles sont toutefois d’une grande diversité car, parmi elles, se côtoient des Latins, des Grecs et des chrétiens orientaux (Arméniens, Géorgiens, Syriaques de confession jacobite, nestorienne, maronite, melkite) ; quant aux élites qui les gouvernent, elles fluctuent au gré des conquêtes et des jeux de pouvoir pendant la période qui nous occupe.

Si le terme d’élites chrétiennes semble désigner de manière évidente les catégories dominantes de la population, cette expression, cependant, ne fait pas l’unanimité parmi les historiens. Élisabeth Crouzet-Pavan en a très bien fait l’analyse : ce terme générique n’est-il pas plus un instrument aux mains des historiens a posteriori, que le reflet d’un groupe social ayant réellement existé[1] ? En dépit des critiques, c’est pourtant l’expression que nous avons choisi d’adopter. Si ce terme présente l’avantage de son « imprécision », tel que Christian Settipani le présente, il est toutefois commode pour appréhender la diversité du groupe des dirigeants[2].

En effet, outre les souverains eux-mêmes, les élites chrétiennes sont représentées par plusieurstypes d’entités et d’institutions (dont la définition est plurielle pour des élites souvent hétéroclites) : il peut s’agir de dynasties et/ou de familles possédant une importante emprise territoriale, leur conférant un rôle politique à l’échelle d’un État, qu’elles fassent partie d’une noblesse ou d’une aristocratie en position d’exercer un pouvoir politique sur un territoire particulier ; de familles avec un rôle militaire traditionnel clairement défini, contribuant ainsi à la défense de l’État, de ses frontières et de la société dans laquelle elles s’insèrent ; d’élites lettrées, les« gens de savoir » chers à Jacques Verger, formant le personnel de l’administration, des chancelleries ou des grands tribunaux. Si l’intitulé du colloque inclut les serviteurs de l’État, il ne se limite pas à eux, car nous ne voulions pas nous orienter uniquement vers l’histoire administrative[3]. Dans tous les cas, ces élites peuvent être locales ou étrangères[4]. Outre les dynasties, pour la plupart terriennes et militaires, ces élites sont aussi constituées de dignitaires ecclésiastiques ; elles peuvent également prendre la forme d’institutions à caractère religieux, telles que les ordres religieux ou bien encore les ordres religieux-militaires, particulièrement influents et bien implantés dans l’Orient latin et même chrétien au sens large. Il peut également être question de communautés, dotées d’une certaine richesse, provenant d’un même lieu et s’installant en territoire étranger, ce qui est par exemple le cas des républiques maritimes italiennes, présentes dans toute la Méditerranée orientale.

L’évolution de ces élites pourra être prise en considération à travers plusieurs questions, telles que : leur origine géographique varie-t-elle selon les périodes ? Existe-t-il un statut héréditaire, une continuité entre les anciennes et les nouvelles élites ? Y a-t-il eu des alliances matrimoniales entre elles ? Qu’en est-il de l’évolution de leur emprise territoriale (maintien ou disparition de grands domaines) ? Ces milieux sont-ils ouverts ou fermés ?

Hormis leur indéniable rôle et pouvoir politique, voire militaire (il faudra, le cas échéant, s’intéresser aux charges et aux dignités qui leur sont conférées, ainsi qu’au degré d’importancede celles-ci), ces élites exercent également une influence polymorphe sur les sociétés qu’ellesdominent : elles tiennent les rênes de l’économie, taxant les communautés rurales et accordant droits et privilèges aux marchands ; elles imposent une direction religieuse en choisissant d’installer des prêtres latins, grecs, syriaques, arméniens ou autres ; elles jouent un rôle social en créant des structures d’accueil pour les plus indigents ; elles sont porteuses, en outre, d’« une influence » culturelle, en diffusant, malgré elles ou volontairement, une langue, une administration, une mentalité, une influence artistique (architecture des églises, des monastères, des châteaux, plans de villes ou de quartiers, style de fresques, peintures, sculptures), entre autres.

À l’extérieur de ces territoires gouvernés par des chrétiens, il existe également des élites chrétiennes. C’est le cas en particulier des communautés de marchands italiens qui se sont implantées dans le monde musulman, comme, entre autres, en Égypte, dans le port d’Alexandrie : elles ne doivent pas être oubliées.

Dans la perspective de ce colloque, il est intéressant de prendre en considération les outils utiles à la reconstitution et à l’identification de ces élites et des lignages des territoires envisagés, tels que les travaux concernant l’apparition des noms de famille, les généalogies ou la prosopographie (la publication de recueils prosopographiques ayant permis l’accès à des informations inédites ces dernières années), contribuant ainsi à notre connaissance sur l’émergence de nouvelles élites, de familles militaires, de différentes origines géographiques ou sociales, parallèlement à la disparition des anciennes.

Au XIIIe siècle, ces élites chrétiennes, dont la plupart sont alors de confession latine, dominent une partie de la Méditerranée centrale et orientale, puisqu’elles sont présentes dans les États latins du Levant (royaume de Jérusalem, principauté d’Antioche, comté de Tripoli, royaume de Chypre), dans le royaume d’Arménie cilicienne (dont le souverain s’est rapproché de Rome), dans l’Empire latin de Constantinople depuis 1204, en Morée franque, de manière générale dans les Balkans, et dans les États bordant les rives de la merNoire (Bulgarie, Empire grec de Trébizonde, Géorgie, Crimée, entre autres). Aux croisades de conquête ont succédé des phases d’installation, d’organisation du pouvoir, de la société et de l’économiequi forment l’unité temporelle de notre propos. C’est dans ce cadre que nous envisageons la Méditerranée centrale et orientale comme un espace cohérent, constitué de plusieurs entités distinctes, avec comme limite occidentale les rivages orientaux de l’Adriatique, incluant les pays des Balkans ayant une façade maritime, ou même le royaume de Hongrie qui en possédait une pendant la période considérée ; ce même État forme la limite septentrionale de l’espace considéré, incluant les États bordant le sud de la mer Noire. La frontière orientale de cet ensemble est constituée, au nord, par les pays chrétiens du Caucase méridional (Arménie et Géorgie) et au sud, par les États latins du Levant (jusqu’en 1291) et l’Empire mamelouk qui, bien que n’étant pas un État chrétien, n’en reste pas moins une zone essentielle dans cette Méditerranée orientale.

Organisateurs 

  • Marie-Anna Chevalier, Maître de Conférences en Histoire médiévale, Université Montpellier III (marie-anna.chevalier@univ-montp3.fr ou chevalier_marieanna@yahoo.fr).
  • Isabelle Ortega, Maître de Conférences en Histoire médiévale, Université de Nîmes (isabelle.ortega@unimes.fr). 

Modalités pratiques d'envoi des propositions 

Les propositions de communications doivent être adressées aux organisateurs

avant le 31 décembre 2014,

délai de rigueur, par courrier électronique. Elles doivent être accompagnées d’un résumé d’une demi-page, à défaut duquel il ne sera pas possible de les prendre en compte. Le comité scientifique fera connaître le 30 janvier 2014 les contributions retenues. 

Comité scientifique 

  • Michel Balard, Professeur émérite en Histoire médiévale, Université Paris 1
  • Marie-Anna Chevalier, MCF Histoire médiévale, Université Montpellier 3
  • Nicholas Coureas, Senior Researcher, Cyprus Research Centre, Nicosie
  • Gérard Dédéyan, Professeur émérite en Histoire médiévale, Université Montpellier 3
  • Isabelle Ortega, MCF Histoire médiévale, Université de Nîmes 

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[1]E. Crouzet-Pavan, « Les élites urbaines : aperçus problématiques (France, Angleterre, Italie) », Les élites urbaines au Moyen Âge, XXIVe Congrès de la S.H.M.E.S. (Rome, mai 1996) (Collection de l’École française de Rome, 238), Palais Farnèse-Paris, Ecole française de Rome-Publications de la Sorbonne, 1997, p. 10.

[2]Chr. Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs, Paris, De Boccard, 2006, p. 14.

[3] Un recueil coordonné par Patrick Gilli lui a été consacré : Les élites lettrées au Moyen Âge. Modèles et circulation des savoirs en Méditerranée occidentale (XIIe-XVe siècle), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2008. La comparaison entre l’histoire sociale et l’histoire administrative a déjà été l’objet de l’ouvrage de Wolfgang Reinhard : Les élites du pouvoir et la construction de l’État en Europe, Paris, 1996, p. XIII.

[4] À Byzance, il y a eu implantation de dynasties italiennes, arabes, syriaques et arméniennes, ainsi que l’a présenté Christian Settipani dans son ouvrage sur la Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs, Paris, De Boccard, 2006.

Catégories

Lieux

  • Site Vauban - Rue du Docteur Salan
    Nîmes, France (30)
  • Rue Henri Serre
    Montpellier, France (34)

Dates

  • mercredi 31 décembre 2014

Mots-clés

  • élite, moyen âge, noblesse, famille, méditerranée orientale, méditerranée centrale, pouvoir

Contacts

  • Marie-Anna CHEVALIER
    courriel : marie-anna [dot] chevalier [at] univ-montp3 [dot] fr
  • Isabelle Ortega
    courriel : isabelle [dot] ortega [at] unimes [dot] fr

Source de l'information

  • Isabelle Ortega
    courriel : isabelle [dot] ortega [at] unimes [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Élites chrétiennes et formes du pouvoir en Méditerranée centrale et orientale (XIIIe-XVe siècle) », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 25 juillet 2014, https://doi.org/10.58079/ql0

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