Accueil L'évolution de la langue et le traitement des « intraduisibles » au sein de la recherche

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L'évolution de la langue et le traitement des « intraduisibles » au sein de la recherche

The evolution of language and the treatment of "untranslateables" within research

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Publié le mercredi 23 juillet 2014

Résumé

Le langage est le propre de l'espèce humaine et, par conséquent, c'est un prérequis inhérent à toute discipline. Au-delà des caractéristiques syntactiques et paradigmatiques des langues dites « nationales » ou « locales », toutes les disciplines comprennent des niveaux de langue différents et tendent à constituer des ensembles lexicaux et sémantiques – sociolectes, idiolectes – communs à la communauté scientifique ou culturelle. L'objet de cette journée interdisciplinaire est de réunir autour de quelques questions communes les chercheurs de la MSHPN, pour échanger de manière transversale et complémentaire sur le traitement de la langue et de la traduction dans leurs domaines spécifiques, dans le but de créer un espace d'échange, d'explorer la richesse de tout rapprochement interdisciplinaire, de favoriser la naissance de collaborations et de partenariats, intra et inter institutionnels.

Annonce

Argumentaire

« Les mœurs d'une nation ont un contre-coup sur sa langue, et d'autre part, c'est dans une large mesure la langue qui fait la nation. » Ferdinand de Saussure

Le langage est le propre de l'espèce humaine et, par conséquent, c'est un prérequis inhérent à toute discipline. Au-delà des caractéristiques syntactiques et paradigmatiques des langues dites « nationales » ou « locales », toutes les disciplines comprennent des niveaux de langue différents et tendent à constituer des ensembles lexicaux et sémantiques – sociolectes, idiolectes – communs à la communauté scientifique ou culturelle.

Si les mathématiciens disposent d'un méta-langage qui leur permet de communiquer entre eux en évitant des malentendus, dans les sciences humaines et les arts, il existe un véritable vocabulaire technique, parfois initiatique, qui peut rendre difficile la communication. En outre, ce langage spécialisé est souvent propre à une seule discipline ou même à un seul théoricien, et il est souvent porteur d'équivoques.

La MSHPN, par sa vocation internationale et interdisciplinaire, accueille des chercheurs issus de formations différentes (architecture, arts, économie, linguistique, médecine, nouveaux médias, etc.), d'origines géographiques et de cultures variées. Par quelle approche ces chercheurs abordent-ils la question du langage dans leur travaux ? Comment appréhendent-ils les termes spécifiques ou intraduisibles dans leurs domaines respectifs ? En ethnoscénologie, par exemple, les questions de la nomination, et de la compétence linguistique - parlée et écrite - du chercheur, ainsi que celle de la traduction, sont au cœur des préoccupations épistémologiques et méthodologiques.

L'objet de cette journée interdisciplinaire est de réunir autour de quelques questions communes les chercheurs de la MSHPN, pour échanger de manière transversale et complémentaire sur le traitement de la langue et de la traduction dans leurs domaines spécifiques, dans le but de créer un espace d'échange, d'explorer la richesse de tout rapprochement interdisciplinaire, de favoriser la naissance de collaborations et de partenariats, intra et inter institutionnels.

Axes thématiques

Pour cette journée d'étude, trois axes de réflexion seront privilégiés : 

1) INVENTION

Les chercheurs se trouvent souvent confrontés à un obstacle important : le manque de vocabulaire. Ainsi, comme le disait le neurobiologiste français Henri Laborit, « la plus grande difficulté c'est que nous travaillons sur des sujets du XXIe siècle avec un vocabulaire du XIXe».

L'histoire contemporaine du spectacle vivant montre que les réformateurs du théâtre ont été attentifs à produire des néologismes, ou à donner un sens particulier à des lexèmes en usage, afin de souligner le caractère novateur de leur création. Quelle place occupe aujourd'hui l'invention de termes nouveaux dans la recherche ? 

2) TRANSFORMATION

L'évolution de toute langue provoque des transformations importantes au sein du vocabulaire courant. Il peut arriver ainsi qu'un mot perde son sens premier. Ainsi, le terme français « panique » renvoyait, à l'origine, au dieu de la Nature tout entière, le grec « Pan ». Aujourd'hui cette référence a disparu et ce terme indique une « terreur subite, souvent irraisonnée ».

Les mots peuvent également perdre leur intensité par l'usage, et leur signification peut en être alors inversée. Ainsi, dans la langue française, le terme « terrible » issu du mot « terreur » suggère une « crainte violente ressentie » mais il est souvent employé aujourd'hui dans le langage courant comme synonyme de « fantastique, extraordinaire ».

Il existe ensuite des homonymes qui prennent des acceptions très différentes selon le champ d'application et le cadre dans lequel ils sont utilisés. Le terme « frustration », par exemple, n'a pas la même signification en physique, en psychanalyse ou dans le langage courant. Quels sont les termes dont le sens a évolué avec le temps, dans les différents domaines de recherches présents à la MSH ? Pourquoi et dans quelles mesures ces changements sont significatifs ? 

3) EMPRUNT

Nombreux sont les termes étrangers qui ont été introduits dans la langue française. Certaines de ces locutions, nées dans un contexte et une époque donnés, passent d'une langue à l'autre en perdant leur sens initial et en acquérant de nouvelles nuances. Tel est le cas du verbe « parfornir » qui, en ancien français, signifiait « exécuter, accomplir, parfaire ». Par la suite, ce terme a été adopté dans le moyen anglais sous la configuration de « to perform », et il a pris de multiples significations telles que : « to make, to construct, to produce, to bring out ». Dans le monde anglophone, les termes « performance », « performed », « performer » sont polysémiques : ils apparaissent dans le vocabulaire du sport, des courses hippiques, de la linguistique, du monde de l'entreprise et du spectacle vivant. L'adoption de ce terme en français s'accompagne d'une semblable polysémie.

Dans un autre cas de figure on voit certains mots transférés d'un champ sémantique à un autre. Par exemple, le terme religieux « messe » est employé aujourd'hui couramment dans la métaphore culturelle de « la grand-messe », dans le sens de « grand rassemblement », perdant ainsi sa connotation religieuse.

Dans quelles mesures les chercheurs de la MSHPN sont-ils confrontés à ce genre de problématiques ? Quel est le vocabulaire spécialisé dans leur domaine de recherche qui pose problème à l'international ? Quels genres de contraintes et d'obstacles sont engendrés par le caractère spécifique du langage scientifique ? Quel est le niveau de langage exigé du chercheur afin d'atteindre un degré de compréhension et de communication satisfaisant ? Quelles sont les stratégies mises en place pour aborder les termes intraduisibles ? 

Comité scientifique

  • Salih Akin (maître de conférence, Université de Rouen),
  • Véronique Alexandre Journeau (chercheure HDR Paris Sorbonne - Réseau Asie),
  • Françoise Decroisette (professeur émérite, Université de Paris 8),
  • Jean-François Dusigne (professeur, Université de Paris 8),
  • KIM Jin-Ok (maître de conférences, Centre Corée UMR 8173, Université Paris Diderot),
  • Jean-Marie Pradier (professeur émérite, Université de Paris 8),
  • Cécile Vallet (maître de conférence, Université Paris 13).  

Comité organisateur

  • Arianna Berenice De Sanctis,
  • AeRan Jeong,
  • HyunJoo Lee,
  • Eléonore Martin 

Modalités de participation 

Les propositions (500 mots maximum au format .doc), accompagnées d'un titre, de 5 mots clés, d'une courte bibliographie (5 ouvrages maximum) et d'une notice biographique (200 mots maximum), sont à envoyer au plus tard

le 15 août 2014

à l'adresse suivante : journee.langue.mshpn@gmail.com

Liste définitive des participants : 29 septembre

Programme de la Journée : 13 octobre

Références bibliographiques

  • Viviane Alleton, Michael Lackner : De l’un au multiple, Traductions du chinois vers les langues européennes, Editions Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 1999. 
  • Roland Barthes : Le Degré zéro de l'écriture, Editions du Seuil, Paris, 1953. 
  • L'Empire de signes, Skira, Genève, 1970. 
  • Le plaisir du texte, Editions du Seuil, 1973. 
  • Emile Benveniste : Dernières leçons : Collège de France 1968 et 1969, Seuil/Gallimard, Paris, 2012. 
  • Luc Bouquiaux : Linguistique et ethnolinguistique: anthologie d'articles parus entre 1961 et 2003, Peeters, Louvain, Dudley, MA, 2004. 
  • Annie Brisset : Sociocritique de la traduction - Théâtre et altérité au Quebec (1968 - 1988), Les Editions du Préambule, Longueuil, 1990. 
  • Barbara Cassin (dir.) : Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles, Paris, Le Seuil/ Le Robert, 2004. 
  • Françoise Champault : Japon et ethnoscénologie, quelques considérations linguistiques, « Internationale de l’Imaginaire », nouvelle série, n. 5, Babel, Actes Sud, 1996. 
  • François Cheng : L’écriture poétique chinoise, Paris, Le Seuil, Paris, 1996. 
  • Noam Chomsky : Réflexions sur le langage, traduit de l’anglais par Judith Milner, Béatrice Vautherin et Pierre Fiala, (Titre original : Reflections on Langage. Première édition en anglais : Pantheon Books, a division of Random House Inc., New York, 1975.), Flammarion, 1981. 
  • Jean-Michel Déprats : Traduire le théâtre, Actes des 6e Assises de la traduction littéraire en Arles, Actes Sud, Arles, 1990. 
  • Jacqueline De Romilly :  Dans le jardin des mots, Editions de Fallois, 2007. 
  • Jean-Paul Desgoutte, Jean-Léonce Doneux, In-ji Chong, Jin-Young Kim, Don-Ju Lee, Sejong : L’Ecriture du coréen: Génèse et avènement 훈민정음, Le prunelle du dragon: textes réunis et présentés par Jean-Paul Desgoutte, L’Harmattan, 2000.
  •  Umberto Eco : Les limites de l’interprétation, traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, Bompiani, Milan, 1990. Editions Grasset & Fasquelle, 1992, pour la traduction française.
    • Dire presque la même chose, Le Livre de Poche, 2010. 
    • Experiences in Translation, trad. Alastair McEwen, Toronto, University of Toronto Press, 2000. 
  • N. J. Enfield : Ethnosyntax, Explorations in Grammar and Culture, Oxford University Press, 2002. 
  • Daniel Fabre (sous la direction de) : Par écrit. Ethnologies des écritures quotidiennes, textes réunis par Martin de La Soudière et Claudie Voisenat, Éd. de la Maison des sciences de l'homme, 1997. 
  • Jeanne Favret-Saada : Les mots, la morts, les sorts, Editions Gallimard, 1977. 
  • Michel Foucault : Les Mots et les Choses, Paris, Gallimard, 1966.
    • L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.
    • L'ordre du discours, Paris, Gallimard, 1971. 

 

  • Jack Goody : Entre l’oralité et l’écriture, traduit de l’anglais par Denise Paulme et révisé par Pascal Ferroli (titre original: « The interface between the written and the oral » by Jack Goody, Cambridge University Press, 1993), Presses Universitaires de France, 1994. 
  • Bernd Heine : Cognitive Foundations of Grammar, Oxford University Press, Oxford/New York, 1997 ;
  • Christine Jourdan et Claire Lefebvre (dir.) : "L'ethnolinguistique", in "Anthropologie et sociétés", vol. 23, no°3, 1999, p. 5-173. 
  • John E. Joseph : Language and Identity: National, Ethnic, Religious, Palgrave macmillan, 2004. 
  • Pierre Lassave : Traduire l’intraduisible, « Archives de sciences sociales des religions » (en ligne), 147, juillet-septembre 2009, mis en ligne le 01 octobre 2012, consulté le 12 mars 2013. URL: http://assr.revues.org/21307 . 
  • Madeleine Mathiot (dir.) : Ethnolinguistics : Boas, Sapir and Whorf revisited, Mouton, La Haye, 1979.
  • Gary B. Palmer : Toward a Theory of Cultural Linguistics, Texas University Press, Texas, 1996. 
  • Bernard Pottier :  Le domaine de l'ethnolinguistique, in "Langages", 5e année, n° 18. L'ethnolinguistique pp. 3-11. Georges Mounin : Les problèmes théoriques de la traduction, Editions Gallimard, 1963. (Notamment cinquième partie : Civilisations multiples et traduction, p. 227-248). 
    • La sémantique, Editions Seghers, 1972/ Editions Payot&Rivages, 1997. 
    • Introduction à la sémiologie, Les Editions de Minuit, 1970. 
  • Friedrich Nietzsche : Le Gai Savoir, traduction d’Henri Albert, revue par Marc Sautet introduction et notes de Marc Sautet, Librairie Générale Française, 1993. 
  • Michaël Oustinoff : La Traduction, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 2003. 
  • Jean-Marie Pradier : La scène et la fabrique des corps : ethnoscénologie du spectacle vivant en Occident (Ve siècle av. J. C. - XVIIIe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000. 
    • L’ethnocentrisme nominal et arts du spectacle vivant In Béatrice Bonhomme, Christine Di Benedetto et Jean-Pierre Triffaux (sous la direction de) :  « Babel revisitée, L’intervalle d’une longue à l’autre, du texte à la scène », Thyrse, n° 3, La collection du CREL Université de Nice-Sophia Antipolis, L’Harmattan, 2012. 
    • La performance ou la renaissance de l'action in Performance. Le corps exposé, Communications n° 92, Seuil, 2013. 
  • Paul Ricoeur : Sur la traduction, Bayard, 2004. 
  • Jean-Paul Sartre : Les mots, Gallimard, 1977. 
  • Farzad Sharifian ; Gary B. Palmer (ed.) (2007) : Applied cultural linguistics: Implications for second language learning and intercultural communication, John Benjamins, Amsterdam/Philadelphia, 2007. 
  • Jürgen Trabant : L'antinomie linguistique: quelques enjeux politiques, Politiques & Usages de la Langue en Europe, ed. Michael Werner, Collection du Ciéra, Dialogiques, Editions de la Maison des sciences de l'homme, Condé-sur-Noireau, 2007. 
  • Yi-Fu Tuan : Topophilia: A study of environmental perception, attitudes, and values, Englewood Cliffs, N.J., Prentice Hall, 1974. 
  • Anna Wierzbicka : Semantics, Culture, and Cognition: Universal human concepts in culture-specific configuration, Oxford University Press, New York, 1992. 
    • Understanding Cultures through their Key Words, Oxford University Press, Oxford, 1997.
    • Emotions across Languages and Cultures, Cambridge University Press, Cambridge, 1999.
    • Semantics: Primes and Universals (1996), Oxford University Press, Oxford, 2004. 

Lieux

  • Saint-Denis, France (93)

Dates

  • vendredi 15 août 2014

Fichiers attachés

Mots-clés

  • linguistique, évolution, intraduisible, langue

Contacts

  • Arianna Berenice De Sanctis
    courriel : arianna-berenice [dot] de-sanctis [at] univ-cotedazur [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Arianna Berenice De Sanctis
    courriel : arianna-berenice [dot] de-sanctis [at] univ-cotedazur [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L'évolution de la langue et le traitement des « intraduisibles » au sein de la recherche », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 23 juillet 2014, https://doi.org/10.58079/qmn

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