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Imaginaire sériel

Serial Imaginary

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Publié le lundi 13 octobre 2014

Résumé

Ce colloque fait suite à deux ans de séminaires sur le thème « Mythes et séries TV : regards croisés », qui se sont déroulées de 2013 à 2014 à l’iniversité Stendhal. Il nous permettra de mettre à profit la réflexion mise en œuvre lors de ces séminaires et de l’étendre à la notion d’imaginaire sériel, sans que ne soit exclue aucune école de pensée ni aucune discipline artistique. Ainsi pourront être analysées la littérature sérielle tels que les romans-feuilletons ou les cycles de littérature de jeunesse ou de science-fiction, les séries télévisées, la musique sérielle, mais aussi les séries dans la bande dessinée, le cinéma, les arts picturaux, la photographie, sans que cette liste ne soit exhaustive.

Annonce

Argumentaire

Ce colloque fait suite à une série de séminaires organisés à l’université Stendhal (octobre 2013 - décembre 2014) et dont l’objectif était de proposer une réflexion sur le rapport entre la série télévisée et le mythe. Ce colloque vise à présent à élargir ce questionnement de façon à interroger l’impact de la sérialité sur notre imaginaire.

Au-delà des débats idéologiques ou méthodologiques dans les études sur l’imaginaire, un point semble faire l’unanimité : l’imaginaire opérerait essentiellement selon les mécanismes de la répétition. Ainsi, pour ne citer que des exemples emblématiques, Mircea Eliade voit dans la reproduction des archétypes la raison de tout geste humain, Claude Lévi-Strauss souligne l’importance de la récursivité des mythèmes, alors que Gilbert Durand défend le principe de la redondance perfectionnante. En forgeant la notion de l’imaginaire sériel, nous proposons de revenir sur l’étroite solidarité entre, d’une part, cette faculté qui conditionne et organise les va-et-vient riches de sens entre l’expérience et sa représentation et, d’autre part, un mode opératoire qui repose sur la répétition cadencée d’un ou de plusieurs paradigmes, dans un ensemble isolable, déterminé et cohérent, qui permet leur reproduction et leur inflexion. Le concept de la sérialité de l'imaginaire suggère que ce dernier forme un ensemble inachevé, en évolution constante. Dans quelle mesure les mécanismes de la sérialité déterminent-ils le déploiement de l'imaginaire ? Existe-t-il une interdépendance entre les modes de production de l'imaginaire et les pratiques artistiques ? Les recherches menées par Patricia Falguières sur la portée philosophique du concept de la reproductivité incitent enfin à interroger l'historicité du phénomène : y a-t-il des époques ou des courants artistiques particulièrement sensibles aux mécanismes de la sérialité? Quelles seraient alors les raisons de cette prédilection ?

Dans cette perspective, les œuvres d’art sérielles forment naturellement un champ de recherches privilégié, puisqu’elles font de la récursivité et de la redondance un principe de construction. Toute discipline artistique est susceptible de porter un éclairage sur les questions évoquées. Ainsi, pourront être analysées la littérature sérielle tels que les romans-feuilletons ou les cycles de littérature de jeunesse ou de science-fiction, les séries télévisées, la musique sérielle, mais encore les séries dans la bande dessinée, le cinéma, les arts picturaux, la photographie. Pour la raison précisément que le terme de sérialité ne recouvre pas uniment les mêmes phénomènes, les dissonances et les contradictions contribueront à mieux saisir les particularités du déploiement de l'imaginaire, ou des imaginaires, sériel (s). La réflexion se portera prioritairement sur les axes suivants :

Le temps et l'espace dans l'imaginaire sériel

Afin de déterminer quel(s) imaginaire(s) la structure sérielle de ces œuvres met en mouvement, la réflexion pourra porter sur le traitement qu’elles proposent de la temporalité et de la spatialité. De fait, par opposition à l'unicité et à la ponctualité, la sérialité favorise l'émergence progressive de significations complexes, chaque terme apportant une configuration nouvelle à un ensemble en perpétuel mouvement. Le pacte de lecture sérielle doterait la sérialité d’une dimension exégétique en donnant à l’observateur (lecteur, spectateur…) l’opportunité d’associer et de réinterpréter ces significations complexes.

L'esthétique fragmentaire et l'imaginaire sériel

Il conviendra également d'étudier l'esthétique fragmentaire propre aux œuvres sérielles, car les poétiques de la discontinuité et de la rhapsodie participent activement de la constitution d'un sens mouvant. Par exemple, l’espace négatif entre chaque case d’une bande dessinée (la gouttière), permet d’anticiper le retour du récit, voire de le fantasmer. L'interstice se profilerait ainsi comme un lieu d'expression tout désigné de l'imaginaire, dans la mesure où le principe de suspension a pour effet d’impliquer l’esprit humain au cœur même du processus créatif.

L'imaginaire sériel et l’idéologie

Le retour régulier d'un univers fictif, et donc son inscription dans le calendrier habituel d'une communauté, contribuent, sur le plan de la réception, à une illusion de réalité parfois extrêmement forte. Une attention particulière pourra donc être portée à la puissance mimétique et à l’ambiguïté des modes de représentation de l’imaginaire sériel. La série télévisée Twin Peaks, par exemple, entraîne le public en jouant avec les signes du récit initiatique avant de piéger héros et téléspectateurs dans une contre-initiation interrogeant notre rapport à la réalité et à sa représentation médiatique. Dans quelle mesure, espace privilégié de questionnement des récits, l’imaginaire sériel pourrait-il devenir un espace de domination idéologique ?

L’imaginaire sériel et l’économie

L’industrie culturelle pourrait être vue, selon le positionnement critique d’Adorno et Horkheimer, comme une production en série dans la mesure où « la technologie de  l’industrie culturelle n’a abouti qu’à la standardisation et à la production en série, sacrifiant tout ce qui faisait la différence entre la logique de l’œuvre et celle du système social » [2]. En suivant cette logique, on pourra penser aux travaux de Walter Benjamin sur « l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », où la production en série transforme l’art en marchandise, en loisir culturel.

La matérialité de l'imaginaire sériel

Il conviendra aussi d'envisager la question des supports matériels des œuvres sérielles et des media qui les véhiculent. Si, sans conteste, ces créations sont tributaires des ressources techniques qu'elles mobilisent, il ne faut cependant pas négliger la manière, d'une part, dont l'imaginaire s'empare de ces moyens ni, d'autre part, le rôle dynamique qu'il joue dans leur apparition. Existerait-il, par conséquent, un rapport entre le support et son impact sur l’imaginaire ? Une œuvre picturale sérielle telle que « Les Trente-six vues du Mont Fuji » de Katsushika Hokusai s’imprimerait-elle de la même manière sur l’esprit du spectateur qu’un roman feuilleton ou qu’une série de films ?

Ces axes de travail sont donnés à titre indicatif et toute proposition de communication sera étudiée avec intérêt.

Modalités de soumission

Les propositions de communication en anglais ou en français d’une longueur de 300 à 400 mots, ainsi qu’une courte notice bio-bibliographique sont à envoyer à l’adresse suivante mythes.seriestv@gmail.com

pour le 5 février 2015.

Le colloque aura lieu les 28 et 29 mai 2015.

Comité scientifique

  • Isabelle Krzywkowski : Professeur des universités, Université Stendhal, Grenoble 3, directrice du CRI, littératures comparées.
  • Catherine Delmas : Professeur des universités, Université Stendhal, Grenoble 3, directrice du CEMRA et de l’ED Grenoble, littérature anglaise, littérature du Commonwealth.
  • Philippe Walter : professeur émérite de littérature française du Moyen Âge, Université Stendhal, Grenoble 3, mythologie.
  • Hélène Machinal : Professeur des universités, université de Bretagne Occidentale, Etudes anglophones
  • Charles Delattre : Maître de conférences, Université Paris-Ouest Nanterre, langues et littératures anciennes, mythologie.
  • Donna Andreolle : Professeur des universités, Université du Havre, cinéma et séries télévisées.
  • Anne Besson : Maître de conférences, Université d'Artois, littératures sérielles.
  • Carlos Carreto : Professeur des universités, Universidade Aberta, Lisbonne, littératures populaires.
  • Patricia Cardoso : Professeur des universités, Universidade Federal do Paraná, Brésil, coordinatrice du Master bilatéral entre l’Universidade Federal do Paraná et l'Université de Lyon 2 Lumière, littérature et cinéma. 
  • Daniella Musso, Docteur CRI
  • Ilona Woronow, Docteur CRI
  • Jonathan Fruoco, Docteur (soutenance en octobre 2014) CEMRA.  

Lieux

  • Université Stendhal, domaine universitaire - 1180, avenue centrale
    Saint-Martin-d'Hères, France (38)

Dates

  • jeudi 05 février 2015

Mots-clés

  • mythe, série, feuilleton, imaginaire, représentation

Contacts

  • Jonathan Fruoco
    courriel : jonathan [dot] fruoco [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Jonathan Fruoco
    courriel : jonathan [dot] fruoco [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Imaginaire sériel », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 13 octobre 2014, https://doi.org/10.58079/qy6

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