AccueilLes capitales : échelles, trajectoires, pratiques

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Publié le vendredi 03 octobre 2014

Résumé

Siège du pouvoir, la ville capitale est un objet sous-étudié en tant que tel en géographie. Plus qu’un simple chef-lieu administratif, la capitale impose dans sa forme, son paysage urbain et par ses fonctions de commandement des spécificités dans le concert des réseaux urbains. L’étude des capitales se trouve en effet au croisement de plusieurs champs de recherche comme la géographie politique, la géographie urbaine, la géographie historique ou la science régionale. Les contributions visées par cet appel à communications pourraient aborder les trois thèmes suivants : le rapport entre les capitales et l’évolution géo-historique de leurs territoires, la position des capitales dans l’armature des échelons de pouvoir et les pratiques politiques et sociales qui traversent spécifiquement ces villes, en lien avec leur statut de capitale.

Annonce

Argumentaire

Siège du pouvoir, la ville capitale est un objet sous-étudié en tant que tel en géographie (Andrew et al., 1993 ; Sohn et Weber, 2000 ; Kirsch, 2005). Plus qu’un simple chef-lieu administratif, la capitale impose dans sa forme, son paysage urbain et par ses fonctions de commandement des spécificités dans le concert des réseaux urbains. L’étude des capitales se trouve en effet au croisement de plusieurs champs de recherche comme la géographie politique, la géographie urbaine, la géographie historique ou la science régionale. Au-delà d’un véritable intérêt pour les spécificités des capitales par rapport à tant d’autres objets urbains telles les villes globales, les métropoles, les mégapoles, cet appel à articles cherche à rassembler des contributions permettant d’aborder les pratiques politiques en lien avec ces villes et d’interroger leurs trajectoires et les relations de ces dernières avec le territoire dont elles sont chefs-lieux.

Les contributions visées par cet appel à communications pourraient aborder les trois thèmes suivants : le rapport entre les capitales et l’évolution géo-historique de leurs territoires, la position des capitales dans l’armature des échelons de pouvoir et les pratiques politiques et sociales qui traversent spécifiquement ces villes, en lien avec leur statut de capitale.

Capitales et évolution géo-historique

Plusieurs études récentes ont abordé la question des capitales par l’entrée d’une géographie historique (Djament-Tran, 2011 ; Montès, 2008, 2014). Elles mettent en avant l’idée que les capitales contribuent à la construction territoriale de l’espace qu’elles administrent sur un temps long et tissent en leur sein les traits d’une identité nationale incarnée dans une concentration de lieux symboliques ou fonctionnels. Les mouvements des capitales sur le territoire national sont autant de moments où l’identité du siège du pouvoir d’un Etat ou d’un territoire est remise en question, débattue, et où s’expriment souvent les représentations d’une société ou de ses décideurs vis-à-vis de leur espace (Musset, 2002 ; Djament-Tran et Laporte, 2010 ; Vidal, 2003). Ces déplacements de capitale sont aussi l’occasion d’ambitieux projets d’aménagement urbains et architecturaux, liant message politique et morphologie urbaine (Sonne, 2003). Des articles interrogeant les conditions de maintien ou de déplacement du pouvoir avec pour exemples des capitales d’Etats du Nord comme du Sud seraient bienvenus.

Capitales et hiérarchie des échelons territoriaux

Par facilité de langage, on entend souvent les capitales comme chefs-lieux des seuls Etats. Comme l’Etat impose les normes les plus structurantes, qu’il est considéré comme l’échelon le plus important, il est évident que sa capitale devient le chef-lieu par excellence, le modèle le plus abouti de concentration et de représentation du pouvoir. Cependant, la forme et le statut de la capitale peuvent beaucoup varier sur les types d’organisations territoriaux, de la fédération à l’Etat unitaire. L’idée que l’influence de la capitale s’étend sur un territoire bordé de frontières et non sur une aire de chalandise comme pour des fonctions économiques serait à réinterroger. Les décisions prises dans un Etat s’appliquent à un territoire donné mais peuvent avoir des influences qui le dépassent largement. Par ailleurs, la question de la décentralisation d’un certain nombre de compétences, tendance déjà ancienne de la géographie administrative d’un grand nombre d’Etats, réinterroge le rôle spécifique de la capitale par rapport à d’autres villes de l’Etat. D’autre part, le rapport de la ville-capitale avec la forme, l’étendue et le statut de son maillage régional (province à statut particulier, région dessinée sur mesure, district fédéral) doit aussi être interrogé sous l’angle d’une gouvernance locale ou métropolitaine qui serait spécifique ou non. Par ailleurs, si l’Etat n’est pas le seul agent de pouvoir, d’autres niveaux territoriaux peuvent avoir à leur tour cette capacité à s’incarner dans un tissu urbain. Le niveau de la région ou de l’Etat fédéré peut donner lieu à l’émergence de villes, qui sans être capitales nationales au sens strict, en portent néanmoins certaines de leurs spécificités ou de leurs attributs, en particulier dans les fédérations ou les Etats très décentralisés. Munich ou Barcelone pourraient être des exemples tout comme les capitales des Etats fédérés étasuniens (Montès, 2014). Les efforts faits en termes d’architecture par certains conseils régionaux en France est un bon exemple de telles évolutions. L’émergence de structures supranationales pose l’hypothèse de l’affirmation de capitales dont l’influence dépasse largement un Etat souverain comme quelques articles sur Bruxelles (Hein, 2006 ; Chilla, 2009) ou Washington D.C. (Blaser, 2005, 2007) le suggèrent.

Capitales et pratiques politiques et sociales

La manière dont le pouvoir s’intègre dans les espaces urbains est également un thème prometteur en termes de perspectives de recherche. L’installation du pouvoir institutionnel peut donner lieu à un véritable système spatial comme à Berlin (Laporte, 2012) ou à Rome (Djament-Tran, 2005, 2011) qui peut être analysé en explorant les réseaux professionnels multiples concourant à la prise de décision politique, dans le monde des institutions, des médias, des lobbys ou encore de la diplomatie. La distorsion entre des prises de décision, qui produisent de l’espace à une échelle locale voire micro-locale, et leur portée nationale ou internationale fait de la capitale un espace très original. Les rapports entre ce pouvoir d’un niveau supérieur à celui de la ville capitale (sauf dans le cas rare des villes-Etat ou villes-Etat fédéré) et celui de la gouvernance de l’agglomération même doivent également être interrogés.

La capitale est donc le lieu d’un certain nombre de pratiques politiques et sociales. L’association de la ville et des décisions qui y sont prises attire fréquemment la contestation ou la révolte. La lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, plusieurs épisodes du printemps arabe ou des récents événements sur la place Maidan à Kiev montrent l’importance de ces hauts-lieux politiques. Les lieux et les parcours de manifestation imposent une sorte de contre-capitale, juxtaposée aux espaces de l’activité politique. En temps de guerre, les capitales sont souvent des lieux stratégiques et du dénouement des conflits, de la bataille de Berlin en 1945 jusqu’à la prise de Tripoli par les anti-Khadafi en 2011. Cette « lutte des places » entre pouvoir et contre-pouvoir dans les capitales forme une géographie urbaine encore largement inexplorée.

Délais et consignes

Les auteurs s’adresser aux coordinateurs du numéro, Antoine Laporte (antoine.laporte@ens-lyon.fr) et Christian Montès (christian.montes@univ-lyon2.fr), pour signaler leur intérêt et poser toute question scientifique en lien avec ce texte.

Conformément à notre nouvelle procédure de soumission, les articles seront déposés sur notre interface en ligne (http://manuscrits.revues.org/index.php/geocarrefour)

au plus tard au 1er janvier 2015.

Ils pourront être rédigés en français ou en anglais. D’un volume optimum de 40 000 signes, espaces compris (la rédaction se réservant la possibilité de rejeter les articles dépassant 60 000 signes), ils respecteront les normes de la revue indiquées sur le site (http://geocarrefour.revues.org/index1017.html).

Les articles seront évalués en double aveugle par le comité de lecture. Les auteurs recevront notification de la décision (et des instructions de correction) en février 2015. Les articles corrigés seront remis en mars 2015 pour une publication fin 2015.

Vous pouvez retrouver ces informations en ligne à cette adresse : http://geocarrefour.revues.org/9294

Conditions d'évaluation

Les articles reçus sont adressés sous anonymat à deux lecteurs, choisis parmi les personnes reconnues pour leur compétence dans le domaine scientifique concerné. Les articles peuvent être : acceptés sans modification ; acceptés avec demande de modification ; rejetés. La décision finale de rejet ou d'acceptation appartient au directeur de la revue, après avis de l'éditeur scientifique et du comité de rédaction.


Dates

  • jeudi 01 janvier 2015

Fichiers attachés

Mots-clés

  • capitale, ville, État, géographie du politique, géographie historique, représentations

Contacts

  • Antoine Laporte
    courriel : antoine [dot] laporte [at] ens-lyon [dot] fr
  • Christian Montès
    courriel : christian [dot] montes [at] univ-lyon2 [dot] fr

Source de l'information

  • Antoine Laporte
    courriel : antoine [dot] laporte [at] ens-lyon [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les capitales : échelles, trajectoires, pratiques », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 03 octobre 2014, https://doi.org/10.58079/r06

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