AccueilL’expérience du temps. Enquête sur l’accélération et le ralentissement de l’histoire
L’expérience du temps. Enquête sur l’accélération et le ralentissement de l’histoire
The experience of time. Investigation into the acceleration and deceleration of history
Revue Traverse n°3/2016
Traverse journal no.3/2016
Publié le lundi 03 novembre 2014
Résumé
Le présent numéro de la revue Traverse vise à mettre en lumière la diversité historique de l’expérience temporelle, et à replacer dans la longue durée les différents modèles de perception temporelle. Les contributions devront permettre de détecter les moments où les contemporains ont eu la notion d’une accélération ou d’un ralentisement du temps historique ; elles devront aussi montrer en quoi les modèles servant à décrire et percevoir le fait temporel ont connu une continuité ou des ruptures. Elles poseront en outre la question des raisons et des conditions qui ont rendu possible la coexistence de différents modèles temporels à une même époque, en particulier les conceptions linéaires et cycliques de la temporalité.
Annonce
Argumentaire
C’est notre expérience historique qui détermine si nous avons l’impression de mettre le temps à profit ou de le gaspiller, si nous avons de l’avance sur le temps ou si nous le suivons tant bien que mal, si nous agissons trop vite ou trop lentement. Et cette expérience n’est ni le fruit du hasard, ni individuelle, ni naturelle ; elle est conditionnée par des modèles de temps à caractère social, évolutifs, qui d’une part ont la capacité de partager la vie en unités temporelles familières et efficaces, mais qui, d’autre part, peuvent être également ébranlés par des crises. Dans ce numéro de la revue, il s’agira de suivre à travers les siècles, depuis la fin du Moyen-Âge, la perception de la vitesse du temps, l’accélération ressentie, espérée ou déplorée de l’histoire.
Pendant longtemps, tantôt implicitement, tantôt explicitement, l’historiographie a pris pour base, pour l’étude des expériences du temps, des stéréotypes théoriques de modernisation. Dans cette perspective, le temps historique a été envisagé sous l’angle de la continuité, dans une tension entre tradition et modernité, retour en arrière et progrès, retard et élan vers l’avenir. Ces dernières années, cette approche historiographique des paradigmes théoriques de modernisation a été soumise à un procesus d’historicisation réflexive. Au lieu de devenir un concept pour l’analyse des évolutions historiques, la théorie de la modernisation est désormais interprétée comme un modèle qui a conditionné la perception et l’interprétation de l’expérience du temps des acteurs historiques. Ainsi, les tenants du progrès, au xviiie siècle, positionnaient les autres et se positionnaient eux-mêmes sur une échelle du développement de la civilisation, et c’est sur cette base qu’ils déterminaient si la société dans laquelle ils vivaient s’adaptait suffisamment vite aux conditions de vie modernes ou, au contraire, si elle était en retard sur son temps. Comme l’a pointé notamment Reinhart Koselleck, il y avait, derrière cette perception de la vitesse d’évolution du temps historique, l’idée d’un horizon du temps ouvert et en perpétuelle progression. Le modèle temporel du progrès apposait en quelque sorte le changement sur la permanence, puisque, par principe, le passé ne pouvait donner aucun renseignement sur l’avenir. De ce fait, la question de la cohérence avec l’évolution historique globale, de la conformité par rapport à la vitesse de l’histoire, est devenue un thème permanent.
Ces réflexions servent de point de départ et de fil directeur au présent numéro, qui vise à mettre en lumière la diversité historique de l’expérience temporelle, et à replacer dans la longue durée les différents modèles de perception temporelle. Les contributions devront permettre de détecter les moments où les contemporains ont eu la notion d’une accélération ou d’un ralentisement du temps historique ; elles devront aussi montrer en quoi les modèles servant à décrire et percevoir le fait temporel ont connu une continuité ou des ruptures. Elles poseront en outre la question des raisons et des conditions qui ont rendu possible la coexistence de différents modèles temporels à une même époque, en particulier les conceptions linéaires et cycliques de la temporalité.
Les questions et thèmes suivants constituent autant de suggestions pour de possibles contributions à ce numéro :
Comment les représentations religieuses des XVe et XVIe siècles concernant la fin des temps se positionnent-elles dans la problématique plus large de la perception de l’accélération de l’histoire, et quelles conséquences ces représentations eurent-elles à long terme ? Quelle perception et quelle expérience temporelles furent liées à ce que Wolfgang Behringer a appelé « la révolution de la communication » du début des temps modernes, à savoir la diminution des temps de trajet et la densification des contacts entre les espaces européens et extra-européens ? Quelles expériences temporelles sont à mettre en relation avec les tentatives d’accélération du travail à travers l’industrialisation et la rationalisation (taylorisme) ? Trouve-t-on, dans l’histoire des XIXe et XXe siècles, des formes de perception temporelle comparables à l’expérience du ralentissement et de l’arrêt du temps qui fut vécue dans les tranchées de la Première Guerre mondiale (Stephan Kern) ? – Des contributions exclusivement méthodologiques sont également souhaitées, tout comme les études qui embrassent plusieurs périodes ou plusieurs espaces.
Conditions de soumission
Il est prévu que les contributions soient présentées lors d’un workshop à la fin de l’été 2015 (probablement les 4 et 5 septembre 2015 à Fribourg) ; elles seront ensuite publiées sous la forme du numéro 3/2016 de Traverse – Revue d’histoire.
Elles devront compter au maximum 30 000 signes et parvenir à la rédaction au plus tard le 31.12.2015, de façon à ce qu’il reste suffisamment de temps pour la relecture.
Pour proposer une contribution, veuillez envoyer un résumé de 2 500 signes maximum et un bref CV à : juri.auderset@unifr.ch; andreas.behr@revue-traverse.ch; philipp.mueller@unifr.ch ; aline.steinbrecher@revue-traverse.ch ; bertrand.forclaz@revue-traverse.ch
d’ici au 31.12.2014
Comité scientifique
- Juri Auderset (Université de Fribourg)
- Andreas Behr (historien indépendant)
- Bertrand Forclaz (Université de Neuchâtel)
- Philipp Müller (Université de Fribourg)
- Aline Steinbrecher (Université de Constance)
Catégories
- Histoire (Catégorie principale)
- Esprit et Langage > Représentations > Histoire culturelle
- Périodes > Moyen Âge > Bas Moyen Âge
- Périodes > Époque moderne
- Périodes > Époque contemporaine
- Esprit et Langage > Épistémologie et méthodes > Historiographie
Dates
- mercredi 31 décembre 2014
Mots-clés
- expérience temporelle, temps historique
Source de l'information
- Bertrand Forclaz
courriel : bertrand [dot] forclaz [at] unine [dot] ch
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« L’expérience du temps. Enquête sur l’accélération et le ralentissement de l’histoire », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 03 novembre 2014, https://doi.org/10.58079/r71